XIV 2000m des Bauges - 20/06/2020

Date de publication : Jun 23, 2020 7:23:56 AM

Après de belles sorties dans les bauges en mai et juin et les discussions des copains du 13ème qui veulent se lancer sur ce défi Vincent me dit : «Flo, au prochain créneau météo on le fait » … Je me dis : vu que ça a l’air impossible autant le tenter 😉 et avec Vincent je sais qu’on ne lâchera rien.Départ samedi matin du cul du bois à 08h00 Thierry et Chantal nous déposent (et nous bloquent pour un départ à 08h pile 😉) c’est parti pour une belle bambée. Trélod (2181m) : Gestion sera le maître mot (800 m/h max), montée tranquille et super belle redescente sous une cascade. Le chemin est ultra gras et les prairies humides les pieds seront trempés pour les prochaines heures. Colombier (2043m) : On continue sur notre rythme, on est bien il fait beau pas trop chaud. Arclusaz (2040m) : Passage par Epernay pour récupérer le ravito planqué dans un arbre, Antho est là avec du coca et de l’eau fraîche ! Premier ravito après 5-6h. Il fait la montée avec nous ça fait du bien, on monte encore pas trop mal.

On bascule sur le joyau du massif délimité par des lignes de crêtes acérées ou les chamois et mouflons profitent de la topologie et de la beauté des lieux. C’est parti pour quelques heures techniques sur le fil pour faire une partie du fer à cheval.

Grand Parra (2063m) : Notre trace nous fait faire un gros détour (merci fanfoué) hors sentier… Le moral en prend un coup. Petite rencontre avec la deuxième vipère de la journée dans les hautes herbes. Dré dans le pentu pour atteindre le sommet. Enchainement de la Pointe des Arlicots (2060m) et des Arces (2076m). Premier coup de moins bien pour moi mais la beauté de cette ligne fait oublier la douleur. On sort du technique pour retourner sur des sentes direction le Mont d’Armenaz (2158m) puis remontée rapide sur le Pecloz (2197m). La descente sur Bellevaux est très raide ça commence à faire mal de partout.

Grosse pause de 2 h au camion (12h30 depuis le départ deuxième ravitos) sur le parking de Bellevaux, on a tout ce qu’il faut des pâtes, des chips, du coca, des mars, du café. Le moral est bof mais une fois rechargé en calories on est à bloc. On part dans la nuit, on a prévu pantalons doudounes, bonnets etc car la nuit s’annonce froide, elle sera glaciale. Au bout d’une heure de montée et le passage aux chalets d’Orgeval le froid fait ses effets, l’énergie décroît exponentiellement il faut manger et boire. On part hors sentier, perdu au milieu des blocs, rejoindre le Mont de la Coche (2070m) et Tré le Mollard (2035m) qu’on atteindra à 1h du matin. La montée à l’Arcalod (2217m), point culminant du massif, de nuit restera un souvenir épique. C’est un sommet très accessible mais il faut bien suivre les passages dans le dédale de dalles. Cramé et de nuit ça rend l’exercice un peu plus acrobatique. On redescend vers le col d’Orgeval. La nuit est étoilée et l’ambiance magique, des yeux brillent au loin à la lueur des frontales, les montagnes paraissent énormes. On parle peu avec Vincent, chacun est dans son effort et sa lutte contre le froid et le sommeil. Les regards échangés en disent souvent bien plus que de longues phrases. On remonte la crête jusqu’au sommet de Chaurionde (2173m) avec le levé du jour sur le lac d’Annecy et le massif des bornes. (Moi :« c’est la tournette là-bas à chaille ? » Vincent : « Non c’est pas la dent de Cons ? … » 😉). Belle traversé de crête pour rejoindre le pied de la Sambuy. Le rocher est détrempé et la partie « escalade » est rendue plus difficile. Il faut bien gérer ses prises car la chute est interdite. Arrivés au sommet de la Sambuy (2198m) on voit au loin le dernier sommet et … il est super loin.

Descente sur la route du Tamié ou Thierry et Anthony nous attendent pour le 3ème et dernier ravito. Du thé chaud et du frometon ça recharge les batteries. La dent de Cons est-elle vraiment dans les Bauges ? A ce moment-là on aurait préféré que non. Antho termine le parcours avec nous pour peaufiner la reconnaissance en vue de leur tentative prévue dans deux semaines avec Quentin et Steeve. La montée est longue (Vincent : « On ne prend pas de dénivelé ! Je vous le dis il est loin le sommet on va se taper toute la crête !!! »), je suis cuit mais d’imaginer de boucler ce défi ça me colle un sourire qui cache la souffrance. Puis s’enchaine une longue (mais longue) ligne de crêtes avec des petites remontées. Et enfin le soulagement on voit le sommet à 10h45 dimanche matin ça fait presque 27h que l’on est parti et enfin on a relié ces 14 sommets (Dent de Cons 2063m). Les nerfs se relâchent et l’émotion monte, tellement heureux d‘avoir bouclé ce parcours hors norme avec Vincent (de par son exigence et sa technicité). On se regarde avec Vincent et pas besoin de parler on est fier de nous et l’un de l’autre, on sait que cette réussite on se la doit mutuellement. On a partagé des valeurs oubliées dans notre société : la solidarité, l’écoute, l’entraide, le respect de l’autre et du milieu dans lequel on vit…

Après tes deux années de galères, tes doutes, ta souffrance quotidienne tu as pu te prouver que malgré des sensations différentes tu étais capable physiquement de faire comme avant (voir pire 😉). On a fait une bonne équipe on s’est complété mutuellement pendant les hauts et les bas, tu m’as guidé sur les passages techniques (Sambuy, Arcalod, …). Pleins de souvenirs gravés a jamais.

Antho et Papa merci à vous pour l’accompagnement et les ravitos, on était content de vous voir sur le parcours ça redonne la pêche. Papa spécial remerciement pour avoir monté la voiture à l’arrivée et être descendu à « pied » avec les cales et le vélo de course. Voilà il va falloir repartir dans le quotidien… toujours un peu dur après avoir vécu des moments forts comme ceux qu’on a partagé ce weekend de juin en bauges.

95kms 9 000 m de D+

Merci Flo pour ton billet - tu es le bienvenu au BGSA ;-)