Mon TOR jusqu'à Valtournanche.

Date de publication : Sep 19, 2015 6:18:23 PM

Dimanche 13 Septembre : Chouette, il pleut et pas qu'un peu.

Je file déposer mon sac qui me suivra sur chaque base de vie distante d'environ 45 bornes et rejoints Isa et les enfants pour le petit dèj.

Vers 9h15 nous nous dirigeons avec nos parapluies vers le départ dans la rue piétonne de Courmayeur.

Jérôme me rejoint et on se place juste derrière la première ligne pour ne pas être embêté dans la première montée.

L’émotion est forte, nous prenons le départ d'une des plus dures et plus belle course au monde.

Et c'est parti au milieu d'une foule en délire.

Après quelques minutes nous rejoignons le premier sentier, c'est encore bien fluide, bonne option.

Nous passons sans encombre le premier col de la semaine et descendons sur la Thuile.

Premier ravito, on tombe la veste, bisous à la famille et direction le col du Haut Pas; La pluie a cessé et le ciel se découvre un peu.

Belle descente technique puis direction le col de Crosatie. Jérôme est juste devant, je perds quelques mètres et je sent que mon TFL gauche commence à tirailler.

A la bascule je comprends vite le problème; Il va falloir marcher toute la descente.... :-(

Je gagne la 1ère base de vie à 20h08, Jérôme est là depuis 20'.

Je repart au bout d'une heure, pour ma première nuit, en direction du col de la Fenêtre.

Col franchi sans encombres et descente assez bien négociée malgré ma tendinite jusqu'au ravito de Rhème à 0h43.

Lundi 14 Septembre : Une soupe de pâtes et me voilà sur les pentes du Col Entrelor; Le petit crachin se transforme vite en déluge, un éclair claque au loin.

Vers 2800m d'altitude, je suis bien gelé et je décide d'enfiler un pantalon étanche et mes gants au moment même ou un éclair suivi instantanément du tonnerre illumine la nuit noire.

Je détale jusqu'au col à 3000m que je franchi sous la neige. j'essaie de perdre de l'altitude tant bien que mal car je suis presque en hypothermie et la limite pluie/neige est largement descendue.

J'arrive décomposé vers 6h du mat à Eaux Rousse ou l'on m'informe de l'arrêt momentané de la course.

Je retrouve Jérôme bloqué depuis plus d'une heure ici, il a réussi à se reposer un petit peu sur un fauteuil...Pour moi, se sera les marches d'un escalier en carrelage bien froid.

La course est relancé à 7h, je veux abandonner, mes affaires sont trempées, il n'y a plus que ma veste de la Pierre qui est sèche...Je l'enfile en restant torse nu en dessous.

D'Jé m'a motivé et je parts à l'attaque du col avec lui.

Ce col à 3300m d'altitude est interminable, j'ai dit à mon ami de filer sans moi et j'arrive complètement oxi au sommet.

La descente jusqu'à la base de vie de Cogne sera un calvaire, j'arrive là bas exténué à 14h32, je veux jeter l'éponge, Isa et Arno me reboostent au téléphone, les copains m'envoient des messages de soutien. Isa averti aussi Mamiche pour qu'elle vienne me remotiver.

Je prends une douche, mange deux plats de pâtes et parts me coucher. 1h30 plus tard me voilà en train de manger de nouveau et à 18h30 me voilà repartant sous les encouragements de ma maman en direction de la Fenêtre de Champorcher.

Petit arrêt rapide pour avaler une soupe au refuge Sogno di Berdzé, ensuite le Col est vite avalé et j'arrive à bien négocier le début de la descente en rattrapant même quelques coureurs.

Nouvelle soupe au refuge Dodéna d’où je reparts super motivé.

Mardi 15 Septembre : J’arrive au ravito de Chardonnay à 0h41, je bois juste un verre et continue en direction de Donnas à vive allure. Je ne peux pas vraiment courir mais le terrain me plait et je gagne Donnas à 4h10.

Petite douche puis dodo jusqu'à 6h45 et j’engloutis quelques pâtes pendant que Mamiche m'aide à préparer mes affaires; Elle m'annonce beau et chaud pour la journée, je suis reboosté à fond, je regarde rapidement le parcours jusqu'à la prochaine base de vie et...je me plante lamentablement en pensant partir pour une courte section qui va être vite avalée.

Le grand beau annoncé n'est pas au rendez-vous et le vent souffle fort sur les crêtes, puis, je me rends compte de mon erreur d’appréciation, quand un coureur me montre où l'on est sur la carte...Je croyais attaquer la dernière zone de cette section mais je viens juste de finir le premier tiers...J'suis mal.

En plus une nouvelle tendinite s'est déclenchée, cette fois, côté interne du genoux. Il a bien enflé et c'est gênant en côte comme en descente.

Heureusement quelques excellents ravitaillements me permettent d'arriver en début de nuit à Niel après avoir franchi le col Marmontana puis De La Vecchia.

Je m'enfile une bonne plâtrée de Polente, on m'aide à me "soigner" un peu et je parts vite franchir le col Lasoney.

Il pleut et la descente sur Greyssoney est détrempée mais agrémentée d'un arrêt à un ravito sauvage au son des trompettes et tambour.

Je marcherais en dormant tout le long de la longue route qui va m'emmener à la base de vie de Greyssoney St Jean. Il est 0h36.

Mercredi 16 Septembre : Je suis au radar à mon entrée dans le gymnase et je croise Jérome qui vient de se lever...On a des sacrés têtes de détéré.

Une douche et je file me reposer quelques heures.

A 5h30 je me lève, le genoux toujours bien enflé, je vais voir les kinés pour un massage et des straps puis rejoinds pour une dernière fois ma maman qui est encore là pour m'aider. Pour les prochaines bases de vie je devrais être seul.

A 7h me voilà parti en direction du col Pinter sous la pluie (tient bizarre) que je passe dans le brouillard et le vent en compagnie de Catherine avec qui je vais faire un petit bout de chemin.

Arrêt obligatoire au refuge de Crest pour un gueuleton, vu la grandeur et diversité du buffet.

La forme est là et mon arrêt dans la vallée fut très bref à St Jaques, avant de monter jusqu'au col Di Nana, sans oublier de m'être arrêté prendre des forces au refuge du Grand Tourmalin.

Il ne pleut plus mais les sommets sont dans les nuages et la vue sur le Cervin tout proche ne sera pas au rendez-vous.

J'arrive à la base de vie de Valtournanche à 17h02 en bonne forme mais je préfère quand même me faire masser et dormir un peu.

Les conditions météo annoncées sont assez pourries mais je préfère avancer toute la nuit quand même.

Je me prépare à partir vers 20h 15 quand on m'annonce que la course est stoppée jusqu'à demain 6h car il y a trop de brouillard et on ne voit plus rien en montagne.

On mange, on discute, certains se lâchent sur la bière et je retourne me coucher vers 22h.

Jeudi 17 Septembre : je me prépare vers 5h15, mange encore une fois et attends l'heure avec les coureurs et coureuses croisés sur le parcours.

On nous annonce que le départ est reporté à 7h puis, plus de nouvelle jusqu'à l'annonce de l'arrêt définitif de la course vers 8h.

Un peu de déception mais les guides n'arrivaient pas à rejoindre certains cols et les prévisions météo n'étaient pas bonnes.

On nous rapatrie sur Courmayeur sous des trombes d'eaux...Content de ne pas être sur les sommets à ce moment là.

On se retrouve tous au centre sportif puis, rendez-vous le lendemain pour la cérémonie des podiums et remise des prix.

Je fini 111ème sur 763 partant, pas du tout mécontent vue que je n'ai plus pu galoper à partir du 35ème kilomètre.

Une merveilleuse aventure achevée un peu trop tôt dans une région magnifique avec des habitants extraordinaires qui donnent vraiment envie d'y retourner...Croisons les doigts pour le prochain tirage au sort. :-)

Samedi 12 Septembre : Ça y est, le grand jour est arrivé et nous voilà parti en famille pour Courmayeur.Je retrouve mes parents sur place et fais la queue avec Papy Daniel pour récupérer notre dossard; Jérôme est à la bourre, c'est sa journée loose.Arrive le moment du contrôle de matériel; il faut tirer trois tickets dans une corbeille, un bénévole coche le matériel à présenter au stand suivant.

Je jette un œil sur la fiche, j'ai à présenter des gants et sur-gants étanches; des vivres de course et...mes chaussures de trail. Super, je suis en sandale.

Ça commence bien mais heureusement mon père n'a pas les mêmes choses à présenter et j'enfile ses Hoka.

Dossard et sac Grivel pour les bases de vies récupérés, plus qu'à signer le panneaux de départ et attendre tranquillement la pizza du soir.