Grand Trail du Lac (18-10-2015)

Date de publication : Oct 21, 2015 6:12:19 PM

Réveil brutal. Un peu plus de deux heure trente du matin, c'est mon amie Lucy qui me fait le wake up call comme à l’hôtel. Elle m'appelle des US où il est encore tôt en soirée, son ton est enjoué, le mien un peu moins. Difficile de coordonner l'ensemble dans cellules du corps mais tout était prêt la veille. La cafetière était sur le rond, le verre pour le jus, la planche à pain, le pain, etc. Je n'avais qu'à suivre ce qu'il y avait sur le comptoir de la cuisine pour savoir quoi faire ensuite. Un petit coup d’œil par la fenêtre me permet de voir des étoiles dans le ciel, bon signe car la météo annoncée pour la journée est un peu maussade.

J'enfile mes vêtements et prends la direction du Bourget-du-lac. Sur place je retrouve Stéphane Vial et Maxime, son coéquipier sur l'Échapée Belle. On discute un peu en dégustant le smoothie du chef dans l'Espace Traverse, au chaud, avant d'aller sur la ligne de départ. Petit échauffement symbolique pour m’assurer que tout est correctement en place. Juste avant d'entrer dans la zone je croise, le troisième mousquetaire du BGSA, Lionel Voinot et un ami à lui. C'est pas la top forme pour lui mais ça devrait le faire. Cinq, quatre, trois... C'est parti pour 75 km et 3500 m de dénivelé positif et négatif. Au départ ça bouchonne un peu avant de rejoindre la piste cyclable qui longe le lac en direction d'Aix-les-Bains. On est environs 200 coureurs, dont certains feront le parcours en relais de deux ou de quatre.

C'est ni plus ni moins par 10 km de plat sur le bitume que commence la journée. Dimanche matin à cette heure c'est le calme plat autant sur le lac que dans la ville. Steph et Lionel sont devant, du moins je crois bien. Les coureurs commencent tranquillement à prendre leur marque et le peloton s'étire de plus en plus. Passé l'Esplanade on quitte le lac pour suivre le Sierroz qui nous mènera vers la forêt et le début de la montée vers Brison-Saint-Innocent. Il fait encore nuit noire et les conversations sont rares, les gens courent en silence. C'est paisible comme atmosphère.

Premier ravito liquide vite passé et s'est reparti. Aussi, première montée significative de quelques centaines de mètres, les jambes sont chaudes et je prends plusieurs places. La lumière du jour commence à poindre timidement à travers les feuilles des arbres. Je talonne un coureur un certains temps que j'arrive à doubler et c'est lui qui suit au pas. Un peu avant le ravito de la Chambotte on peut voir par un éclairci vers l'est, le lever du jour et les montagnes des Aravis et des Bauges. C'est très beau mais le ciel est gris et ce sera la couleur dominante pour cette journée.

Au ravitaillement, je m'enfile des bouts de fromage, de pâte d'amande, de saucissons et ça fait grand bien. Le coureur qui était derrière moi me dit : « Tu es le pote à Steph? » C'est Maxime que j'avais rencontré ce matin. Plus ou moins à partir de ce moment on ne se quittera plus de la course, sans vraiment s'en parler en se calant sur le rythme un de l'autre on fera les 50 km et plus restant, en équipe. Au départ du ravito premier moment étrange Lionel Voinot : je le vois qui court dans la direction opposé avec une vingtaine d'autres... Petit moment de doute. Je questionne autour de moi mais je suis dans la bonne direction. On traverse le village de La Chambotte pour ensuite entamer la longue descente vers le lac. C'est magnifique, les points de vue sont superbes, le lac en bas à gauche et la falaise à droite. Je croise, Stéphanie, une amie, au passage qui fait le relais à quatre. Un peu plus de quatre heure de course et on est déjà au delà de la partie nord du lac, presque la moitié de fait! Possible que je termine en moins de 10 heures...

Châtillon. Il fait froid, le vent souffle sur le lac. Heureusement les petites dames nous offrent la soupe chaude, les patates ainsi que les autres mets traditionnels de ces arrêts au puit. Pour les petites patates, j'ai eu un doute sur le résultat dans mon estomac mais Stéphane approuve totalement, elles étaient semblent-ils, excellentes. Presque 35 km du parcours de fait, pratiquement la moitié. Quelques kilomètres de faux plats montant, une petite bosse et nous voilà sur Chanaz. C'est Maxime qui tire la remorque durant cette partie du trajet, j'ai un petit coup de moins bien et j'arrive tout juste à me caler sur sa foulée.

Thierry Feltrin est à Chanaz, il attend Lionel et leur pote. Je suis pas encore au top mais l'arrêt me fait du bien. Je mange encore de tout pour reprendre de l'énergie. On a parcouru 43 km, un peu plus d'un marathon, mais seulement 1500m de dénivelé positif. Il en reste donc 2000m devant. Avec Maxime, on reprend le sentier et on attaque la montée devant. Étant à deux, on arrive à prendre le relais pour les coups de fatigue et a discuter tout en courant. Peu de distance nous sépare du prochain ravito mais l'espèce de faux plat casse vraiment les pattes et le moral aussi. On ne voit plus le lac, le parcours est à l'ouest de la crête dans la forêt.

Au belvédère d'Ontex les parents de Maxime sont là pour l'encourager. Moment étrange Lionel Voinot numéro deux, il est au bord de la route sous un duvet. Il me salut tout relax. Il me dit que Thierry est devant pour me prendre en photo. Dans ma tête Lionel est derrière, je lui demande mais Lionel il est où? J'avais encore besoin d'une soupe. Dur, dur. Il me raconte qu'il a abandonné à Chanaz car il avait mal au genou et savait qu'il n'aurait pas terminé en bon état. On reprend la route qui continue à monter vers le col du Chat qui est notre prochain arrêt. Encore une fois, heureusement, Maxime prend les devant et me tire littéralement. C'est vraiment bien de pouvoir mettre le cerveau complètement à off et suivre les pieds de l'autre devant. Le sentier n'est pas trop technique et permet d'avancer assez rapidement malgré la fatigue. On se fait une petite bosse pour ensuite descendre vers le col.

Col du chat, presque neuf heures qu'on est parti du Bourget. Il reste devant une grosse montée de plus de 1000m avec un terrain technique et bien raide. Impossible de terminer sous la barre des dix heures. Les parents de Maxime, Stéphanie et son équipe sont au ravitaillement. Je n'ai pas vraiment faim mais je sais que mon corps a besoin d'énergie, de beaucoup d'énergie pour ce qui s'en vient. Je me goinfre le plus que je peux. Afin de rencontrer une autre amie à l'arrivée Stéphanie me dit : « Tu dois arriver à 16h42, c'est tout. Tu as deux heures, tu te démerdes. » Deux heures pour faire 12 km, 1000 mètres de montée et 1250 mètres de descente c'est jouable. On se remet en action. C'est au tour à Maxime d'avoir un coup de moins bien. Moi, par contre je reprends la forme. Ça monte sec, le terrain est instable, les pierres polies, les racines sortent de partout. Bref un beau terrain de trail mais avec plus de 60 km ça commence à être dur dans les cuissots. On passe sous la dent du Chat côté ouest avec un petit passage délicat. Une personne de l'organisation était sur place pour nous rappeler de bien tenir la corde. Pas de soucis mon homme, je l'aurais bien tenu la corde de toute façon. Le petit sentier de 30 cm de large au dessus de la falaise de 200m ne m'inspirait pas vraiment confiance. Dernière montée vers Mollard Noir et là c'est le haut du massif, le point le plus haut du trail. On ne peut que redescendre. Ça fait du bien au moral.

Ravitaillement du relais de l'Aigle, le vent qui souffle est glacial. On ne traîne pas. On peut voir l'aéroport en bas, la fin approche rapidement. Plus que quelques kilomètres de descente! On augmente la vitesse. Chacun prend son tour jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus et c'est l'autre qui passe devant. C'est vachement motivant d'être deux, tu te permets pas de ralentir ou d'arrêter. On double plusieurs coureurs, les jambes raides. On commence tranquillement a voir des signes de civilisations, une grange, un champ, etc. Et puis un moment on sort du sentier pour revenir sur une route. Sur la gauche dans un champ non clôturé se dresse un bel étalon. Musclé, nerveux, racé. J'ai dit nerveux? Le cheval se met en travers de la route en respirant bruyamment. Maxime, fils du pays, s'y connaît plus que moi en grosse bête, ou a simplement très hâte d'enlever ses baskets, lui chuchote deux trois mots et nous voilà reparti à fond. Les maisons deviennent de plus en plus fréquentes et bientôt c'est le Bourget. « Arrivée à 600m » que nous dit une dame sur un coin de rue. Trop bien! On serre les dents, on y va a fond et on traverse la ligne en 11h37 et des poussières. Désolé Stéphanie, j'ai eu 5 minutes d'avance.

Stéphane est là pour nous accueillir. Il a terminé en 10h35 pour une 32 ième position au scratch. Nous on se classera 71 et 72 ième sur 157. Stéphanie et son équipe 27 sur 31 pour les relais à 4. Merci à l'organisation et à tous les bénévoles pour le super travail, les ravitos au top et le balisage parfait. Merci à Lionel Bouzon pour mon calendrier d’entraînement cet été en vue de cette course. Et un merci spécial à Maxime pour avoir partagé cette course.

Bon alors c'est quoi la prochaine étape!!

Maurice

Les résultats