Ultra Tour du Beaufortain (18/07/15)

Date de publication : Jul 20, 2015 7:42:14 PM

105km - 6400mD+

Départ à 4h. 600m d’altitude, il fait 23°C. 437 coureurs au départ. On fait un tour du petit lac, c’est rigolo parce qu’on peut voir tous les coureurs. Je pars tranquille, le cœur ne monte pas dans les tours. On arrive vite dans les premiers singles, il y a tellement de monde qu’on est en file indienne, au pas. Et ça dure, peut-être plus d’1h. Le jour se lève. C’est beau. Les premiers 1900D+, jusqu’au col des lacs, sont avalés sans problème. Première belle descente et j’en profite pour envoyer, ça fait plaisir de commencer à courir. Je remonte plein de places et double Doumé (le 3ieme mousquetaire de Lionel V et Thierry).

Refuge des Arolles : 1er ravito, tout va bien. J’enchaine sauvagement la descente jusqu’au lac de St Guérin. Que du bonheur. Je fais un bon temps sur ces 25kms. Passerelle de St Guérin : c’est rigolo et y’a plein de public.

Montée au Cormet d’Arêches : LE gros coup de bambou, chaleur, poussière. Si ça continu ça va pas aller au bout. Les autres coureurs autour de moi ont l’air de souffrir aussi. Heureusement le ciel est couvert. Je me refais bien au ravito.

Je repars bien. C’est beau. Magnifique montée au pied de la Pierra Menta. Cagnard. Un coureur fait un malaise juste sous le col bien technique. Y’a déjà un secouriste avec lui. Il ira mieux après une sieste. Descente du col avec corde, direction le refuge de Presset. A mi-chemin un coureur tombe et se cogne la tête. Il ne va pas bien du tout, on fait un téléphone arabe pour prévenir le secouriste du col.

Ravito au refuge, beaufort, soupe, jambon. Je repars, toujours en plein cagnard. On traversera l’unique tout petit névé du parcours juste sous le col du Grand Fond. Je suis bien essoufflé là-haut, mais on est à 2700m quand même. C’est beau, poussière, chaud.

Brèche de Parozan ! J’adore, long pierrier bien raide à descendre. Tout le monde hésite un peu. Je m’engage direct dans la pente. Beaucoup de poussière. C’est raide et ça tape dans le ventre. J’arrive en bas avec les intestins tout coincés. Puis c’est parcours roulant-marchand jusqu’au ravito mi course du plan de la laie. C’est long mais vue magnifique sur le lac de Roselend.

Cagnard, poussière. Obligé de voir le kiné pour me faire masser le ventre. Je prends du temps pour manger et vérifier les pieds.

Kiné = ok

Manger-boire = ok

Vider les cailloux des chaussures = ok

Changer de T-shirt = pas besoin, mon odeur me suivra

Pieds = RAS

Changer de chaussettes = bof, la flemme, ça ira

Faire le plein de patators = ok

Je repars. Cagnard + montée + digestion = coup de bambou. Dur.

Puis c’est le tunnel, c’est rigolo, J’ai la flemme de sortir ma frontale alors je me colle à 2 coureurs équipés. A la sortie, la vue est magnifique sur le lac de roselend. La suite du parcours aussi jusqu’à La Gittaz. Les chemins en balcons du rocher du vent à la crête des Gittes sont de toute beauté et bien aériens. Bien sur je ne cours plus trop. Juste un peu dans les descentes. Le ciel s’est couvert et ça limite la chaleur. Orages ? Le vent me rafraichi.

Refuge de la croix du bonhomme, col du même nom puis je retrouve ma chérie au point contrôle de La Sauce ! Je papote et pose pour quelques photos et continu la descente jusqu’au ravito de la Gittaz où je retrouve Sylvain et Mag et leurs filles. Et la pluie. Déjà 15h de course. Ça passe vite dis donc ;-) … Reste 40kms, soit un marathon… Sylvain m’indique que pour l’élite c’est que 2h. Mais pour moi et avec le décalage horaire, dans le beaufortin, c’est plutôt 10h. Même avec du beaufort a tous les ravitos.

Sylvain m’emmène sous la pluie (de courte durée) jusqu’au col suivant où je pensais trouver un ravito. Erreur ! Encore 6km. Et 6km c’est long à cette heure là. Je trotte encore sur les plats et dans les descentes. Et même plutôt bien grâce aux « Gu-patator ». Mais arrivée au col du Joly je suis à sec ! En hypo. J’y retrouve Doumé qui est séché aussi. De plus on en a ras le bol tout les 2. Lui à cogné la tête dans le tunnel et a du se faire poser 2 points de sutures. C’est dur de manger maintenant et difficile de reprendre des forces. J’ai froid et repars dans la nuit noire habillé de toutes mes couches.

Reste 30kms. Il fait chaud. J’enlève toutes les couches. Jusqu’aux Saisies c’est interminable et y’a rien à voir. 20km sur des crêtes d’alpages, dans la nuit noire complète. Je ne vois que la poussière des chemins dans le faisceau de ma frontale. Même pas envie d’essayer de courir. Même plus envie de continuer. Ras le C**. Je m’arrête tout le temps pour le moindre truc. Chaud. Froid. Pipi. Manger. Contrôle. Poussière. Noir. Vent.

C’est interminable. De la poussière tout le temps. A un moment je trouve une fille couché au bord du chemin. J’y mets ma frontale NAO surpuissante dans la tête : « ça va ? ». Juste besoin d’une sieste. Bon. Après sa sieste elle finira avant moi. Je devrais peut-être aller me coucher moi aussi. Au loin on voit une rangée de frontales qui montent de façon rectiligne. C’est super loin et super noir. Un coureur s’acclame « c’est Bisanne ». La dernière difficulté. On est carrément dans le seigneur des anneaux quand les hobbits découvrent le Mordor au loin.

Les Saisies. Dernier ravito. Grosse fatigue. Je ne suis plus qu’une loque. Mais pas question d’abandonner. Je suis arrivé là, je fini. Ça va être long mais je fini. Mais avant faut manger. J’avale 2 bols de soupe et me mets à grelotter de partout. Je dors assis et grelotte un bon moment. Peu plus me lever. Je veux une perf et de l’oxygène. Vous avez pas ? Bon je me casse alors. Je remets toutes mes couches et pars en grelottant. J’attaque le mont Bisanne. Un truc monstrueux de 340D+ ;-) Je mange plus que des bonbons Gu, y’a que ça qui m’aide. Mais ça fait pisser. Finalement je gravis le Mordor en 30min (temps subjectif qu’il faudra verifier avec le GPS). J’ai froid. Plus que 10kms, c’est interminable. Parfois seul dans la foret, les arbres me parlent. L’herbe me trouble la vision. Ça devait descendre tout le temps mais ça remonte. L’itinéraire fait des détours et traine en longueur sans descendre. Poussière tout le temps. Mal aux jambes et aux pieds évidement. Les kms ne défilent pas. Soit c’est de la piste à plat. Soit c’est du single piste noire de VTT. C’est long. Dernier point de control. Un bout de route. Ca sent l’arrivée quand même. Je relance tout doucement. J’ai du réussir à trotter les 2 derniers kms, me suis perdu dans le village par manque de lucidité mais j’arrive enfin et passe la ligne d’arrivée au pas de course. C’est trop bon !

25h23.

Ju