L'Échappée Belle intégrale par Maurice (25 au 27/08/2017)

Date de publication : Aug 29, 2017 7:23:12 AM

Prologue

Je me suis inscrit sur l'Échappée Belle dans un moment d'euphorie, ou j'étais en pleine forme, en début d'année. J'ai voulu faire ça au plus vite pour ne plus pouvoir reculer. Je savais que je m'embarquais dans un gros truc. Cette course est reconnue comme étant dans les plus dures sinon la plus dure de France. Bref un beau défi à relever!

Chapitre 1 – L'allégresse

C'est le père de Jérôme qui fait office de chauffeur. On récupère David à Goncelin et on file direction Vizille. Là bas on croise Lionel Voinot qui fera serre file, la bande des montées sèches : Nicolas, Maxime, Alexandre, Thomas, Thibault, Léon. La nuit de sommeil a été plutôt courte, j'ai eu du mal à m'endormir mais avec l'ambiance sur place l'énergie commence à se faire sentir. Pas besoin de s'échauffer sur une distance comme celle là. La météo annoncée est parfaite pour les deux jours à venir, du soleil avec quelques nuages.

Le départ est donné et c'est parti pour une traversée du massif de Belledonne de 144 kilomètres et 11 000m de dénivelé positif et négatif. Il fait encore nuit et les coureurs sont plutôt calme, vaut mieux. Au départ le parcours suit des routes forestières assez large et ça ne bouchonne pas trop. Vite fait et sans savoir, je me retrouve au même rythme que celui qui sera mon partenaire pour toute la course, Maxime. La même chose était arrivé sur le Grand Trail du lac sans que ce soit prémédité on avait fait presque toute la course ensemble.

C'est le début de la journée et malgré que ce ne soit pratiquement que de la montée dans cette première partie les sensations sont excellentes. Le bleu du ciel commence à se faire de plus en plus intense jusqu'au lever du soleil près de l'Arselle qui est le premier ravitaillement. S'en suit une panoplie de panorama plus impressionnants les uns que les autres jusqu'au refuge de la Pra, deuxième ravito. Les kilomètres passent comme si de rien n'était.

De là commence la montée vers la Croix de Belledonne, le sommet de la course à presque 3000 mètres d'altitude. Ça passe bien pour moi, Maxime la sent un peu. Petit arrêt de 30 secondes pour toucher la croix et c'est parti pour la descente. Je redoutais cette dernière sous le col de Freydane mais c'est passé beaucoup mieux que je le croyais. Lac Blanc et vite fait on se retrouve au ravito de Jean-Collet. Je retrouve Charlotte qui est bénévole et Maxime ses parents venus l'encourager. On fait une petite pause pour discuter un peu.

Le col de la Mine de Fer se fait sentir un peu dans les cuisses mais passe bien. Pas facile de trouver de l'eau dans ce coin et le soleil commence à bien plomber. Une petite source près du Pas de la Coche dans les alpages permet de se mouiller la tête et fait grand bien, Maxime a eu l'oeil. Descente au Habert d'Aiguebelle et là c'est la fête. Norbert, Michel et leurs familles sont là pour nous encourager. Manu est passé par là avec d'autres du BGSA et les dames du ravito nous encouragent à fond! Deux minutes après arrivent Lio et Olivia qui avaient fait une boucle d'Aigleton avec Jé et nous suivaient depuis le Pas de la Coche. Les parents de Maxime sont à nouveau là et on a droit aux petits gâteaux de sa maman qui sont excellents. C'est sous les acclamations de la petite trompette de Norbert que l'on reprends la montée avec Lio et Olivia. La moitié de l'Aigleton passe sans même qu'on s'en rende compte.

Le col de la Vache tire un peu plus dans les jambes. On aura tour à tour notre coup de super bien et de moins bien un peu en décalé avec Maxime mais globalement on se rends au lacs des Sept Laux en grande forme. On se fait déjà des scénarios de prédiction de temps de course, c'est génial. Je me vois presque sur la ligne d'arrivée, tout frais, saluant les jolies filles de chaque côté. Avec la nuit arrive en vue le Pleynet et chacun on se sent de moins en moins frais. Il est 21:32, la nuit est tombé, quand on y met pied.65 km de parcouru et 5141m de dénivelé de fait, on est presque à mi course. Ça va vraiment bien, sauf qu'arriva...

Chapitre 2 – Le mur

Malgré toute la préparation mentale et physique, malgré que je savais pertinemment que je me prendrais un gros coup de bâton, celui là je l'ai pas vu venir. Arrivé au Pleynet sous les applaudissements de Pierrot, Gilbert, Norbert, Michel et compagnie. On se dit qu'une bonne pause et un bon repas nous fera du bien. Le repas est servi aux Airelles par les proprios du resto qui sont au petits oignons avec nous. Je mange en compagnie de Pierrot qui va nous accompagner pour la nuit à partir du Gleyzin. Une fois les fesses sur la chaise la nuit s'installe dans ma tête comme a l'extérieur. Le coup de moins bien s'installe. Bim. Je dis à Maxime que je vais aller faire une sieste d'une demi heure que je n'arrive pas à repartir. Il va se poser aussi. J'ai peut être dormi cinq minutes mais ça m'a fait du bien de me poser.

C'est à quatre qu'on repart du Pleynet après deux heures de pause avec Tom, le frère à Maxime, et Léon. La montée de la Valloire est fraîche, ça fait du bien mais je suis derrière silencieux et j'avance en mettant un pied devant l'autre. Les refuges de la Valloire et du Léat me semble un peu flous. J'étais un peu dans un rêve. Le ciel étoilé, l'orage au loin, les frontales en haut et en bas, les grands feux aux refuges me semblent irréels. Pourtant mes jambes me rappellent à chaque instant que je suis bien sur terre. On perd Léon en chemin qui a mal aux chevilles. Arrivé à la cabane du Bout on trouve un ravito abandonné avec un grand feu. Je suis mal...

Gleyzin. Plusieurs ont abandonné ici. J'y ai passé à un cheveux. Presque 3h30 du matin quand on y arrive avec la pluie. Pierrot est là, il a dormi un peu. Les parents de Maxime habitent ici et on a une voiture pour faire la sieste. Un matelas dans le coffre du break (station pour les amis du Québec) sera notre bonheur pour une demi heure. Je me suis endormi sans m'en rendre compte, Maxime me dit que j'ai ronflé. Dormi cinq minutes. Au réveil une seule idée me tourne en boucle dans la tête : « Mais qu'est-ce que je fous là!! » Au son du réveil de Maxime, je lui dit que j'abandonne. Et lui : « Te poses pas de question et on continue jusqu'à Super Collet, on verra après. Allez on y va! » Heureusement qu'il était là.

C'est avec Pierrot qu'on entame sous la pluie la montée vers le refuge de l'Oule, le premier palier vers le col du Morétan. Le pauvre, malgré qu'on soit à trois se retrouvera bien seul... Il essaie d'entamer la conversation mais comme il dira plus tard de nous deux, il n'y avait pas de son, pas de lumière. Mais malgré tout on avance d'un bon rythme. A mi-chemin on croise Laure, une coureuse qu'on a et qui nous a doublé à plusieurs reprises, assise sur un cailloux la larme sur la joue qui nous dit avoir des hallucinations et qui n'arrive plus a monter. Maxime lui dit de nous suivre à l'Oule où on la laisse pour gravir le col. La montée est merdique avec de grands pas, il ne pleut plus mais le vent s'est levé et ça fouette dans tous les sens. Enfin la levée du jour, le sommet du Moretan, le basculement vers Belledonne Nord...

Chapitre 3 – Le retour

Descente foireuse avec les cordes et puis le ravito de Périoule. On se pose, histoire de bien manger et faire une petite sieste. On y croise Thomas qui titube et dit être très mal. J'étais tellement cuit que je me suis couché en pleine trajectoire des coureurs devant la tente du ravito ce qui fera bien marré Maxime. Une soupe, un café et quinze minutes de sieste me feront un bien énorme. Lui aussi retrouvera la pêche. C'est à nouveau le jour et la forme est revenue! Ce qui nous permet de relancer dans la longue descente avant de remonter vers Super Collet. Sans être difficile la montée est bien raide. Près du refuge de la Pierre du Carre, Jorge et Rémi viennent se joindre à nous. Ça rigole, ça déconne et sans s'en rendre compte on courre comme si on étais tout frais jusqu'à Super Collet.

Isa, qui supporte Manu sur le 85, est au petits oignons avec moi. Guylaine et Célestins aussi sont là. On passe une demi heure sur place, Maxime est avec ses enfant, sa femme et ses parents. On reprends à midi sous un soleil bien chaud. On se fait doubler par le premier du 85 km qui fait cavalier seul, les autres sont loin derrière. Montée aux Plagnes, col de Claran, Pré Nouveau ça passe bien. La montée aux Férices sera un peu plus difficile, il fait une chaleur atroce dans le fond de la vallée, pas un brin d'air. Heureusement qu'il y a des torrents glacés pour se mouiller la tête. Juste avant d'arriver au refuge on voit Manu. Il n'a pas la grande forme, l'estomac un peu en vrac il n'arrive pas à bien s'alimenter. Mais il continue sur un bon rythme. On croisera Sam, qui pète la forme vers le col de l'Arpingon. Maxime à la cheville bien enflé et ne sait pas si il va continuer. Il va voir avec le docteur au ravito. Merde. On peut enfin voir Val Pelouse, c'est bon ça commence à sentir...

Chapitre 4 – La fin

Val Pelouse, je suis accueillie par les copains qui crient mon nom. J'en ai presque la gorge serré. La famille BGSA est là. Même Loïc qui semble dans une forme légendaire est sur place. Pierrot nous quitte et sera remplacer à nouveau par Thomas, le frère de Maxime. Il est venu avec des chaussures neuves qu'il est allé acheté dans l'après midi chez Chatain pour remplacer celle que Maxime avait dans les pieds dont la semelle était en train d'exploser. C'est pas génial ça! La cheville va bien, c'est reparti de plus belle! Stratégie de course, je propose d'attendre le Champet avant de mettre les gaz et pouvoir bien relancer sur la fin. ( Pour la petite histoire, on ne relancera pas du tout sur la fin) Les Sources, col de la Perche, Grand Chat, Champet, Richesse. On avance bien. Retour de la nuit. Longue et interminable descente au Pontet.

Charlotte, Julien et Jé sont sur place! Trop bien de les voir. Le ravito est en bordel, ils sont en train de tout déménager à l'intérieur. Café, deux trois trucs en bouche et hop dernier tronçon avant Aiguebelle! La dernière montée et la dernière descente. On a l'impression de ne jamais arrivé. Maxime a très mal à un pied. Mes deux petits orteils sont éclatés. Tom commence lui aussi à souffrir. Incapable d'ouvrir ma poche pour prendre ma batterie de rechange pour la frontale. Je dois m’arrêter pour percer un trou dans mon sac. A moins de cinq kilomètres de la fin je commence à saigner du nez. Pas envie d'arrêter, pas de mouchoirs, je courre en me pinçant le nez la moustache et la barbe pleine de sang. Heureusement, ça s'arrête et je croise un bassin d'eau où je me rince le visage plus ou moins. Aiguebelle enfin! On termine la course synchro avec Maxime en 43 heures et 46 minutes pour une 98 et 99ième position! Top 100!

Épilogue

Dur, dur. Durant la course je me suis dit plus jamais ce genre de format. Maintenant je sais pas. Un parcours grandiose. Un défi de taille. Organisation au top. Un seul petit point pour les ravitos, sur une course aussi longue faudrait autre chose que de la soupe, autre que les traditionnel Tuc, saucissons, banane, etc sur les ravitos après le Pleynet. Balisage impeccable.

Un grand merci à toute la famille BGSA élargie pour vos encouragements, votre présence. A Tom et Pierrot de nous avoir accompagnés et changer les idées mais surtout à Maxime sans qui je ne serais probablement pas aller au bout.

Jé et Oliv' abandonneront au Pleynet.

David, qui est parrain de l'édition 2017 termine... Vous lirez son compte rendu. ; )

Les résultats