UTMB 2017

Date de publication : Sep 17, 2017 3:9:28 PM

Cette année je suis plutôt vernis en termes d'objectifs sportifs, d'abord la Pierra Menta et l'UTMB... car j'ai eu la chance d'être "pris" sur les 2 !! au 2ème tirage pour l'UTMB.

Attention: je crois que j'ai écrit un roman; amateurs de CR concis, passez votre chemin :-D

La Course

Vendredi 1er septembre, le parcours normal est maintenu malgré une météo plutôt mauvaise (pluie, vent, neige): on shuntera juste la Tête aux Vents et le col Pyramide avant Courmayeur.

Chamonix est bondé, la place avec l'arche du départ est un joyeux bazard , l'organisation chauffe le public, les familles et traileurs se mêlent, il n'y a pas vraiment de couloir pour les coureurs. .

Je ne sais pas trop où je me trouve dans le peloton au moment ou l'on part; je marche près de 5min dans les rues pleines de monde, les spectateurs nous encouragent, les enfants cherchent à se faire claquer dans les mains , ce sera une grosse ambiance jusqu'aux Contamines...

Coté course, j'essaie de suivre les conseils: ne pas s'emballe même si je double doucement mais surement tout le temps... après les Houches, on monte à bon rythme, la descente aussi mais le sentier est un single et ça bouchonne dès que ça devient à peine technique.

Je me sens donc bien jusqu'à Notre Dame de la Gorge, malgré la bruine ; Même bien chargé en vivres, je me jette sur les premiers ravito: sucré, salé, boissons... je sors des 2 premiers avec une boule de feu dans le ventre: quel âne!!

Après les Balmes, le sommeil commence à se faire sentir; en me retournant, je vois une longue file de frontale derrière, souvenir de la SainteLyon... Le vent fort et pluie (ou neige je sais plus) au col du Bonhomme vont me réveiller.

la descente sur les Chapieux est assez raide, glissante, mais efficace. Au ravito Petzl est présent et change les batteries de NAO si besoin, classe!

Je m'arrête pour une soupe, du fromage... 12 minutes, correct .La suite est un gros morceau : Courmayeur par la col de Seigne.. après une section assez plate et longue, vient la montée au col: je me mets dans les pas d'un anglais qui a bon rythme qui me permet de rester constant. Le dernier tiers se fait dans la neige, mais je n'ai pas du tout froid, tout va bien, c'est très agréable de sentir la neige!

Lac Combal de l'autre coté du col de Seigne, ravito: soupe, brésaola, fromage, ça passe nickel cette fois, j'ai faim.

Vient ensuite le grand plateau du lac, le jour n'est pas encore levé mais on sent que c'est surement très beau mais le départ à 18h nous fait passer ici de nuit... D'ailleurs je commence à avoir des idées négatives: je vais faire plus de nuit que de jour sur cette course!? Ça passe lentement, j'ai hâte d'être à Courmayeur, d'être à La Fouly... bref ça commence à tourner du mauvais coté dans ma tête.

Après le lac vient une remontée que je n'avais pas imaginé. Elle me semble interminable, je souffre, impossible de garder le rythme, je double puis perds beaucoup de places... le jour arrive, on voit le soleil sur le sommet du Mont Blanc: quelques photos, je me dis que la météo va tourner, le mauvais temps est derrière nous... en fait non, pas du tout. Ensuite vient la longue descente sur Courmayeur: après le col Checruit les 4 derniers km de déroulent sur un sentier raide dans la forêt, ça use pas mal les jambes mais j'y vais assez franchement... Enfin le ravito tant attendu, j'essaie d'être efficace: je me change complètement, avale une assiette de pâtes , j'oublie un peu de boire. Pas de stand Petzl pour refaire ma frontale, à la place je récupère dans mon sac d'allègement une batterie et charge ma montre et la batterie NAO (j'emporte tout ça dans le sac ensuite). Au final 1H d'arrêt, c'est bien...

C'est difficile de repartir, il fait grand jour, plutôt grand beau et chaud, et j'ai du mal à me sentir réveillé... la montée se fait en doublant des coureurs, je suis fatigué mais cette montée efficace me motive finalement. Refuge Bertone, je suis rapide et ne m'arrête que quelques minutes, j'ai hâte de passer à la suite: je sais qu'en Suisse à la Fouly Cécile sera là !!

Malgré cette perspective motivante, la suite me casse un peu le moral: c'est long, les km ne défilent pas vite, c'est plat ou ça monte un petit peu tout le temps, bref je suis dans le dur.... et le vent se lève, les montagnes se bouchent, au fond le col Ferret est dans des nuages de tempête bien noirs... je broie du noir: je pense abandonner à la Fouly, je vais dire à Cécile que c'est bon, j'ai vu, ça suffit j'ai plus envie, ça va mais c'est bon... Alors que jusqu'à Courmayeur j'avais répondu à tous les SMS, j'arrête de répondre, j'ai peur qu'on m'empêche d'arrêter... bref l'état moral est bien mauvais! Finalement je me dis que je ne peux pas abandonner juste à la Fouly, si on vient me voir il ne faut pas arrêter juste là, je continuerai donc une bosse après... tout doucement l'idée d’arrêter s'éloigne.

Avant de monter au col du Grand Ferret, long ravito à Arnouvaz au chaud, je mange, je m'habille avec tout ce que j'ai (surpantalon obligatoire, neige et 80km/h de vent en haut)... j'ai dû perdre 30 / 40 minutes , c'est un peu trop long, mais je n'ai pas envie de ressortir.

On monte d'abord sous une pluie battante, puis la neige: je vais finalement trouver un rythme soutenu (par rapport aux autres concurrents!!), et j'ai un coureur qui ne me lâche pas les baskets, ça m'aide bien à tenir jusqu'en haut: j'ai doublé beaucoup de coureurs, dans la descente je me ferai reprendre un peu mais là où je perds des places gratuitement / inutilement c'est aux ravitos, je suis trop long, je repasse souvent des coureurs que j'avais déjà doublé plus tôt.

Descente sur la Fouly: j'ai hâte d'y être... mais c'est interminable!!! La fin est un long plat: j'ai vraiment l'impression d'être à l'arrêt, je fractionne: 120 pas en courant, 120 en marchant...

La Fouly enfin et de la compagnie!! Yes, mais en fait pas d'assistance ici, c'est à Champex... ça parait pas loin quand on m'annonce le programme, et pourtant je vais mettre 2H pour y aller!! La section sur la route me donne des ampoules sous le pied, et dans les 400m de D+ de montée pour Champex, c'est l'un des pires moment: plus de jus, plus de lumière non plus j'ai envie de dormir, je titube un petit moment... allez Champex enfin, je profite de Cécile qui gère un peu tout, me force à manger et surtout à boire... ça me réveille mais évidemment, je n'ai pas envie de repartir et je vais rester longtemps (1H15) à ce ravito...

A partir de Bovine je connais, pour y parvenir il y a 900m de montée; sauf que d'abord c'est plat descendant un sacré long moment, la lassitude reprend directement avec la pluie forte dès la sortie de Champex. Je m'étais bien habillé pour la pluie et la nuit, mais finalement la pluie se calme et la température ici est douce: trop chaud, j'ai très soif et vide mes flasque à vitesse grand V: aie aie aie...

Après Bovine c'est le festival de la boue... descente sur la Giete où je rempli les flasques, puis le col de la Forclaz et enfin Trient! Je crois que j'y arrive pas trop mal physiquement.

Trient 1H d'arrêt, je connais la suite et la montée me convient bien, pas de plat, ça sent la fin... mais Cécile devra quand même me pousser hors de la tente...

Avec cette longue pause j'ai perdu pas mal de places, car ensuite je double énormément de coureurs dans la montée, je suis en mode "KV", ça file, les coureurs sautent les uns après les autres, idem dans la descente boueuse, je reprends aussi des places... le cheminement par les pistes puis sur le sentier est long mais je suis motivé pour en finir: dans ma tête après Vallorcine il ne reste que 8km, la montée à la Flégère directe sans passer par la Tête aux Vans ne sera qu'une formalité...

Bien décidé à cette fois ne pas m'arrêter au ravito, j'apprends que ce n'est pas 8 mais 17km qui m'attendent encore! Je craque, et fais encore une pause à Vallorcine...

C'est reparti pour le col des Montets; c'est un long faux plat montant, je suis un italien qui marche à toute vitesse... trop vite même, à la moitié j'ai besoin de souffler. Je prends un rythme plus lent, et commence à m'endormir debout... étrange sensation, je ne dors évidemment pas, je marche, mais il faut retenir les paupières, c'est dingue!! Heureusement à partir de là je vais tout faire avec un compagnon rattrapé au col, ce qui nous permettra de rester un peu éveillé!

Le parcours attendu (une montée directe à la Flégère) n'est évidemment pas celui-la: on monte, puis tout à coup descente de 300/ 400m de D- dans un sentier hyper technique: on doute entre nous, est-ce bien le parcours? ... finalement la montée reprend, ca parait long et je m'endors: impossible de me poser tout est mouillé, je décide de me reposer debout sur mes batons! Et ca marche, après quelques minutes (??) à vaciller debout, je me force à ouvrir les yeux et repartir: à partir de là, je prends la pêche, remonte tous ceux qui m'ont doublé pendant mon "repos" et arrive devant tout le groupe à la Flégère, ça me plait! J’enchaîne directement sur la descente sans m'arrêter... cette descente est longue mais passe très bien, les jambes sont là et j'arrive dans Chamonix en courant, je me sens un peu fatigué mais sans plus, surtout trop content d'en finir, d'être arrivé!

Conclusion: une 1ère partie en forme, sans être atteint par les éléments, je profite du monde et de l'ambiance "gros événement". Un milieu de parcours avec un gros coup au moral, pas de problème physique... alors je continue même si j'ai pensé abandonner, c'est surtout grâce à Cécile (et Gisèle) qui m'attendent à la Fouly! Et un final avec quelques coups durs, du sommeil mais globalement une forme et une envie qui revient de plus en plus et toujours pas de problème physique!!

Au niveau émotion, j'ai l'impression que ce n'est pas aussi fort à l'arrivée que ce que j'avais imaginé; bien moins que mon arrivée à l'Echappée Belle, mais 2 nuits dehors m'ont bien entamé; en fait je n'étais pas bien préparé à cet aspect de la course..

La préparation et l'entrainement

Comme c'est le cas depuis maintenant près de 4 ans, je suis les plans de Alain Roche. Bon, avec une contracture le 6 juillet, j'ai dû faire un break forcé tout juillet, test / repos / reprise / etc... et plus de vélo... cela m'a permis d'éviter les séances de seuil à plat de cet été, que je n'aime pas du tout :-D

Bilan de l'entrainement juste avec les baskets depuis avril:

Coté alimentation, comme toujours j'applique le régime d'Alain les 6 jours d'avant: Alimentation la semaine avant votre course : Optimiser votre stock de glycogène

J'ai prévu un sac pour Courmayeur avec en gros, une tenue complète de rechange, baskets comprises.

Je récupère une batterie pour charger ma Garmin FR920XT (en vain donc, elle va planter sur la ligne d'arrivée...), et ma NOA.

Cécile a aussi un sac pour les assistances à partir de Champex, avec des vivres, quelques habits plutôt chauds.

En gros j'aurai prévu trop de choses à manger; ce que j'ai pris à fait le tour sans que j'y touche, en gros, j'ai largement beaucoup (trop?) mangé sur tous les ravitos.

J'avais préparé 2 montres GPS Garmin, vérifié leur autonomie en les faisant tourner sur le balcon etc etc... au final la FR920XT se plante à l'enregistrement sur la ligne d'arrivée: pas de trace GPS donc :-(

@sebspi