Humani'Trail Les Diablerets (27-09-2014)

Date de publication : Sep 30, 2014 7:24:17 PM

Quatre heure, la petite musique digitale de mon portable me sort d'un profond sommeil. Pas le moment de remettre la tête sur l'oreiller, faut s'activer. Petit déjeuner, café, un peu d'eau dans le visage et je prends la route en direction de Les Diablerets. Je me rends au Centre des Congrès récupère mon dossard. Pas chaud au petit matin, un gros quatre degré, normal c'est encore la nuit et on est à plus de 1000m d'altitude. Difficile de savoir quoi porter pour la journée, la météo annonce grand beau mais pas plus de 20 degrés. J'opte pour les manches longues.

Six heure, on se rend à la ligne de départ pour le briefing. Présentation du parcours. Sangé Sherpa nous fait un petit discours sur les fonds qui seront distribué aux enfants népalais. Same thing but in english this time. Les coureurs ne tiennent plus en place, « les » inclus le gars qui tape sur le clavier présentement. Dans la liste de matériel obligatoire il y avait, entre autre, une lampe frontale. Je me suis dit qu'à 6h15, l'heure de départ, le ciel commencerait à s'éclairer. J'ai pris ma vieille Petzl toute pourrie qui s'éteint toute seule à la moindre vibration mais qui est très légère. A titre informatif, à 6h15 à cette période de l'année, c'est un magnifique ciel étoilé et encore la nuit noire pour au moins 45 minutes. Heureusement, que la plupart des coureurs avaient dans le front un phare d'autobus.

Nous sommes 155 à prendre la départ pour un parcours de 55 km et 3500 m de dénivelé. Plus de quinze nationalités. Un beau mélange. Après les discours enfin le décompte, c'est Sangé lui même qui s'en charge. C'est parti! Rapidement à la sortie du village on entre en forêt et on commence la montée vers Meilleret. Une affiche nous indique le passage des kilomètres. La terre est grasse humide, les sentiers boueux à souhait. Je crois qu'au deuxième kilomètre j'ai les pieds trempés, au troisième j'en suis certains. On traverse un étang de boue, qui nous monte au dessus des chevilles.

Tranquillement, les lueurs du jour commencent à poindre. Étant arrivé tard au soir la veille, je ne savais pas du tout à quoi ressemblait le panorama. Petit à petit se découpe la silhouette des montagnes environnantes. Je mets rapidement ma frontale dans une poche, quitte à par moments deviné un peu le terrain. Ce qui se dessine à l'horizon est juste splendide. Derrière, de magnifiques montagnes vertes tout en alpages, sur ma gauche un immense cirque rocheux couvert de glaciers. Arrivé au sommet de la montée on peut enfin voir devant. Le lever du jour dans toute sa splendeur. Au dessus des pointes rocheuses, la majestueuse tête enneigée du Mont Blanc reflète les rayons orangés du soleil levant. Plusieurs s'arrêtent pour faire la photo. Le paysage est à couper le souffle. Passage délicat et technique, les yeux doivent aussi regarder le sol. La crête rocheuse n'est pas très large et le sol plutôt glissant.

Premier ravitaillement, environs une douzaine de kilomètres de couru. Les sensations sont excellentes. On arrive dans une zone d'alpage qui fait station de ski l'hiver. Une autre montée de trois cent mètres et on commence la descente de la première moitié de la course. Je discute avec un Suisse qui est à la quête de points pour l'UTMB. Il vient de faire l'Iron trail, un parcours de 200 km, il y a trois semaine et aujourd'hui il aura enfin les points nécessaire pour 2015. Et ben moi c'est mon premier trail de plus de 50 km! Je pars devant lui et entame une belle descente technique de quelques kilomètres. Je peux presque sentir le souffle du coureur qui me talonne de près derrière mais je ne lâche rien. Les mouvements sont fluides, les jambes vont à merveilles avec plus de 20 km de parcouru. Arrivé à un replat, une jolie allemande me dit avec un sourire « That was really nice! ». C'est vrai qu'elle était chouette cette descente, c'est elle qui me suivait de près. C'est son premier trail, elle adore le sport qu'elle me dit... Y a juste moi qui trouve ça impressionnant de courir plus de 50 km en montagne ou quoi!? On se suit un certains temps puis elle me dépasse, elle terminera 10 minutes devant moi.

Rapidement, je peux entendre la voix de Moniseur Trail qui résonne dans la vallée. Ca annonce la mi-parcours. Je ne sais pas quelle heure il est mais je sais qu'il n'est pas encore midi, loin de là. J'avais l'impression qu'il était entre neuf et dix heure. Mais réellement je passe le point de contrôle à 10:47 déjà plus de 4h30 en course quand j'ai l'impression que ça ne fait que trois. Ravitaillement, liquide et solide tout passe bien. Deux minutes après c'est parti pour la deuxième boucle. Elle ne sera pas de tout repos.

Après quelques minutes de faux plat montant, je me trouve devant la grosse montée du parcours. C'est plus ou moins un kilomètre vertical. Mille mètre à monter sur une distance de trois ou quatre kilomètre. Le paysage est grandiose, monumental. Sur notre gauche une énorme muraille de pierre coiffée de neige. Devant nous la pente verte et raide qui se termine au pied de falaises multicolores. Le soleil chauffe bien, pas d'ombre, j'hésite à enlever complètement mon chandail dont les manches sont relevées depuis des heures. Bien heureux d'avoir mes bâtons, je pousse dessus le plus que possible pour essayer de soulager mes jambes, je ne suis qu'au kilomètre 30. La montée se fait lentement, du deux à l'heure. C'est pénible, je m’accroche, je ne veux pas prendre de pause, pas d'arrêt... Jusqu'au moment où le parcours croise ce superbe torrent qui dévale la montagne. L'eau est froide, limpide, parfaite! Sur la tête, dans le cou, sur les bras quel bonheur. C'est bon de boire quelque chose de froid.

En haut de la montée on suit la falaise sur un ou deux kilomètre sur une vire pas très large. Certains moments, un fil de fer ou une chaîne permet de s'assurer. La pente est raide, très raide. Un faux pas dans cette direction et hop c'est la descente sur Les Diablerets un kilomètre plus bas. Une fois de plus c'est grandiose. La falaise dont la pierre miroite du jaune, orange, mauve et rouge, le vert tendre de l'herbe sur la pente, celui de la forêt tout en bas, le blanc du glacier, ce ciel magnifique... J'en prends plein les yeux!

Longue descente vers Pillon dans les cailloux, les sentiers boueux. Presque 40 km dans les pattes et ça va vraiment bien. Les articulations couinent un peu mais rien d'anormal. A 200 m du ravitaillement, Isabelle qui a fait le voyage avec moi m'attend sur le parcours. Je lui fait l'honneur de ne pas la reconnaître tout de suite. Elle vient avec moi au ravito. On discute. Je bouffe. Elle me dit que je suis sale et que je devrais me laver plus souvent. On rigole. Je bois. Il me reste que de la descente, ça devrait aller vite que je lui dit. Eh... Non, qu'elle me dit. Là tu montes. Merde. 15 minutes après être parti je me rends compte que j'ai pas fait le plein de liquide. Re-merde.

Effectivement, si j'avais regardé le profil altimétrique du parcours qui était sur mon dossard, très bonne idée en passant, je me serais rendu compte que j'allais monter un bon 600 mètres bien raide. Il fait chaud. Ça casse les jambes. Dur sur le moral aussi mais le sommet est à porté de vue. Suffit d'y aller un pas à la fois. Là haut je me dit que là c'est la descente finale mais je ne vois pas les coureurs dans la pente. Ils ne vont pas dans la direction du bas de la vallée. A ce point je rattrape presque une argentine qui a un bon rythme. Elle me servira de point d'ancrage pour garder une bonne vitesse jusqu'à la fin.

Ravitaillement liquide au km 46 suivi d'une longue montée jusqu'au 50 ième. Hey ho, mais c'est quand qu'on redescend! La vue du panneau 50 me donne un coup de fouet. Même si les jambes sont raides, le moral est au top. On entre dans le couvert forestier. De l'ombre. Du sol mou qui fait swiche, swiche sous le pied. Le confort, presque l'impression de courir sur de la guimauve. Je ne la quitte pas des yeux devant. On arrive dans la zone habité. La ligne d'arrivée se rapproche rapidement. 3 km, 2, enfin Les Diablerets. Je reconnais la route où je me suis réchauffé au matin. A 200 m, je me mets en mode BGSA et j'entame le sprint final pour terminer en 10h20 pour une 62 ième place sur les 124 qui terminent la course. Il y a 31 abandons. Sans grande surprise Sangé termine 1er en 6h43, la machine!

Super journée magnifique dans ce parcours grandiose. Bien content d'avoir parcourue cette région de Suisse. Une des plus belle course que j'ai fait cette année. Merci à Isabelle pour la compagnie et les photos.

Maurice