Echappée Belle 2014 (Vécue par Sam)

Date de publication : Sep 03, 2014 12:2:2 PM

Je viens de réaliser un rêve, pas un de ces rêves qui sont facilement réalisables. Il a fallu deux ans pour y arriver. Tout commence fin 2012, création de l'Echappée Belle 2013. Un parcours auquel aucun superlatif ne convient et surtout qui traverse le massif de Belledonne dans lequel nous avons trouvé refuge depuis quelques années. Je m'inscris et échoue après 80 km de course car c'est mentalement trop difficile. Les copains finissent, je suis content pour eux, très déçu pour moi mais je me dis que l'an prochain j'y serai. Une année de préparation pas forcément ciblée uniquement sur l'Echappée Belle mais j'y pense et les copains me le rappellent... La superbe affiche restera plusieurs mois collée sur le frigo de la cuisine pour me rappeler à mon objectif. Sur celle-ci, il n'y a que l’essentiel, la date (29 août), La distance (145 km) et le dénivelé (10800 m). Pendant l'hiver, Loïc me propose de vivre l'aventure avec moi à partir du Pleynet. Quelle chance de pouvoir vivre une nouvelle fois une aventure avec "Binôme". La préparation se passe bien, j'essaie de ne rien laisser au hasard pour cette fois-ci aller au bout. Vendredi matin à 6h, nous sommes sur la première ligne ou presque, concentrés, déjà dans la bulle !! C'est parti, Jé et Manu partent devant, je prends mon rythme et me cale sur ma montre (interdit de dépasser les 850 m/h) car on a tendance à s'emballer. A l'Arselle (km 16), les premiers encouragements sont là (Guylaine, Adé et Daniel). Ça fait du bien et je repars assez vite avec Seb et Steph. Jusqu'ici, le terrain est facile mais nous allons rentrer dans l'univers belledonnesque, les cailloux commencent à arriver, les sentiers se rétrécissent, mais en même temps, nous passons de lacs en lacs, tous magnifiques, les décors de cette matinée deviennent somptueux et ce n'est que le début... La Pra (km 28), tout va bien, je me ravitaille, je retrouve toujours Steph et Seb, on fait des bouts de chemin ensemble puis on se sépare pour se retrouver plus loin. Le premier gros morceau arrive, la montée au Col de Freydane, je me rappelle de mon premier coup de moins bien l'an passé alors j'essaie de gérer au mieux. Juste avant le col, ça devient vraiment technique et on bascule rapidement sur le lac Blanc. Dans la descente, je vois une fusée me doubler, c'est Steph Vial, il est sur une autre planète, je ne le reverrai pas puisqu'il finit avec près de 5h d'avance sur moi. Bravo !!

Revenons à la course, en arrivant à Jean Collet, j'entends une voix qui me fait un bien fou, c'est Jeff, je ne m'attendais pas à le voir ici, il m'aide pour le ravito et je repars pour un gros morceau jusqu'au Pas de la Coche en passant par la Mine de Fer et Roche Fendue. Ces passages sont très techniques, les sentiers n'existent pratiquement pas et nous passons d'éboulis en éboulis, de blocs en blocs. La concentration est à son maximum et même si physiquement ce n'est pas trop difficile, ça devient très dur dans la tête. Juste avant le Pas de la Coche, je croise Norbert et Michel, ce qui me reboostent bien. Au Pas de la Coche (km 46) je fais un arrêt express et repars avec Seb avec qui nous ferons toute la difficile montée au Col de la Vache et la descente au Pleynet (un bon moment de partage). L'arrivée au Pleynet est fantastique, ça fait presque 13h que je cours et je retrouve tous les supporters. Je ne les cite pas de peur d'en oublier et quand on voit leur importance, ce serait vraiment dommage. Sur cette base de vie, après 62 km de course, je retrouve Manu qui souffre du genou. Je m'assoie et c'est là que Guylaine, mon assistante de choc entre en jeu. Je n'ai qu'à me laisser faire et 20 min après je suis neuf pour repartir. Elle est au top !!

Comme prévu je repars avec Loïc, lui tout frais, moi un peu moins mais très rapidement l'équipe se crée. Je lui refais la course depuis le début, on arrive à Fond de France, nous retrouvons rapidement nos supporters et rentrons dans la forêt pour une belle montée jusqu'à la Grande Valloire. On dépasse Manu dans la montée qui n'est vraiment pas au top (il abandonnera au Gleyzin), mais moi aussi j'ai mon premier coup de moins bien. Et oui, la nuit est tombée et nous ne sommes pas des animaux nocturnes alors forcement, ça coince un peu. Un café servi avec une gentillesse extrême à la Grande Valloire et je me refais... On arrive au Gleyzin à 23h après 75 km de course, tout va bien, je retrouve Guylaine et tous les autres et repars pour "LA" partie que je redoute le plus. Celle que l'on ne peut pas décrire tellement c'est dur physiquement, mentalement et techniquement. Le passage du Col du Morétan.

Un chemin de croix pour moi, 10 km dans un état second pour arriver à Périoule. Ce col, situé à 2496 m est un des cols les plus reculé de Belledonne et aussi bien la montée hors sentier, dans les blocs que la descente sur les névés ou la raide moraine restera pour moi le passage le plus difficile de cette traversée. Nous arrivons enfin à Périoule. Il faut que je dorme un peu, je ne tiens plus debout. C'est donc au milieu de nulle part dans le Veyton, avec mon binôme que nous nous engouffrons dans une tente sous une couverture de survie pour dormir un peu. Ce n'est pas forcément facile de dormir car les canons à loup fonctionnent à plein régime toutes les 3 minutes. Après une grosse heure de repos, nous retournons dans la tente orga et retrouvons Arno qui Pace Alain (champion des V3). Un café et c'est reparti pour la descente. Le jour se lève, la forme est revenue, nous ferons donc une belle montée jusqu'au Super Collet (km 98) où nous attend Guylaine qui nous fait une assistance encore une fois au top. Prochain objectif : Val Pelouse, 15 km plus loin. Normalement, je connais bien cette partie mais une fois le refuge des Férices passé, j'ai l'impression qu'ils ont rajouté des montagnes, des cailloux sur les sentiers, qu'ils ont réduit la largeurs des sentiers qui n'étaient déjà pas bien larges. Autrement dit, c'est long, très long et en plus nous sommes dans le brouillard...

A Val Pelouse, j'ai le genou qui tire, Marina s'occupe de moi, l'organisation est au top. Je retrouve forcément tout le monde, on est chez nous, c'est super agréable d'être soutenu après 32 h de course.

C'est avec grand plaisir que je repars avec Loïc et Lionel qui finiront avec moi. Tranquillou, je passe la grande montagne d'Arvillard que je ne reconnais même pas et arrive au Col de la Perrière. Pendant la descente, on croise Mélissa et les Mini Valette en train de braconner les myrtilles et qui m'encouragent. J'arrive aux sources du Gargoton.

Je suis sur un nuage, dans notre terrain de jeu, ce n'est que du bonheur. La montée au Col de Perche passe nickel, celle du Grand Chat est un peu plus difficile à cause du genou mais à partir du Champet, mon cerveau se met en mode "Finischer" et là, je retrouve de l'énergie, relance même sur le plat et arrive encore une fois au milieu des supporters en pleine forme.

Guylaine me ravitaille, je mange un cookie magique de Jeanne et c'est reparti jusqu'à Aiguebelle en apesanteur et dans ma tête des millards de pensées qui se croisent. Je profite de cette fin de parcours que je n'aurai pas pu rêver mieux avec deux super potes et sans aucune douleur !! J'aurai même souhaité que ce moment dure encore plus longtemps tellement tout était au top. L'arrivée à Aiguebelle est fantastique, c'est indescriptible, il y a l'herbe verte toute lisse qui tranche avec le reste du parcours, l'Arche d'arrivée, le micro, la cloche, je retrouve Jé arrivé 25 min devant...

Et c'est fini. 39h de folie à vivre des trucs de grand privilégié. De grand moments de partage avec les copains, les autres coureurs, les bénévoles encore une fois extraordinaires, les supporters, mon assistance de choc. Que du bonheur !!! Alors mille fois merci à tous et en particulier à Guylaine et Loïc et ils savent pourquoi...

En ce qui concerne les copains du BGSA, sur les 8 partants pour les 145 km, 5 arrivent (Steph 18ème en 34h32, Jérôme 45ème en 38h35, Sam 49ème en 39h03, Thierry et Lionel 115 et 117ème en 46h07) Manu, Julien et Gilbert ont du abandonner. Et sur le 85 km notre seul représentant Sylvain s'est bien illustré à la 60ème place en 21h36... Bravo à tous !!

Les résultats