Mi, po milosti bozjoj, deca ovoga stoleća

Mi, po milosti bozjoj, deca ovoga stoleća

I posle ručka tako mnogo jela

I pića stoji na stolu. Kroz stakla

Prozorska, jesen uvela i bela

Srca se naših izgleda dotakla.

Pa ipak, nismo mi ni za šta krivi,

Gospodo. Jesu protekla proleća

Nemirna, lepa; ali neka živi

Sumorna mis'o i našeg stoleća!

Zamagljen pogled, bled oblak na čelu

Naših dama jednu malu tajnu krije:

Odricanje nemo, jednu čežnju svelu,

Strast što je buktala i koje sad nije.

Izgleda da danas više ne zanima

Nas, umornu decu ovoga stoleća,

Drugi i lepši pol; da se ne prima

Nas nada i čednost budućih proleća.

Neosetno, tiho pali smo pod vladu

Drukčijeg, grubog, moćnog suverena:

Alkohol tupi živce, ruši nadu

Na čistu ljubav budućih vremena.

Proklamovan vladar, nečujno, u meni

Protivnika ima, mada ga se plaših;

I čašu što se preliva i peni

Dižem u slavu tradicija naših

I lepih žena! Nek njin nagon ima

I sad u nama svoje stare žrece;

Nedostojno makar, uživajmo s njima,

K'o žalosni oci nemoguće dece.

Sve to neće dati ono što je prošlo;

Al' pohodiće nas dah sreće nam stari,

I to što je tužno i s nategom došlo

Imaće opet nenadmašne čari;

Osetićemo miris ljubičica

Starih, i ljubav, i nadu proleća,

Pa ma i mlada a uvela lica, —

Mi, po milosti božjoj, deca ovoga stoleća.

NOUS, PAR LA GRACE DE DIEU, ENFANTS DE CE SIECLE

Même après le repas sur la table subsistent

Tant de différents plats, et boissons. Aux carreaux

Des fenêtres, l'automne fané, terne et triste

Pénètre notre cœur et nous colle à la peau.

Pourtant nous n'y sommes pour rien, ô mes convives !

Si l'on regarde bien, les siècles écoulés

Furent beaux, et troublés ; mais cependant que vive

De notre siècle à nous la morose pensée.

Nos languides amies ont un menu mystère,

Un pâle nuage au front et le regard perdu :

Muette résignation et désir qui s'altère,

La passion qui flambait et qui a disparu.

Il semble qu'aujourd'hui, nous les mornes enfants

Du siècle, n'aurions plus intérêt ni désir

Pour le beau sexe, et nous laissent indifférents

L'innocence et l'espoir des printemps à venir.

Et nous sommes tombés peu à peu au pouvoir

D'un prince redoutable et brutal souverain :

L'alcool qui émousse les nerfs, ruine l'espoir

D'un amour innocent dans d'autres lendemains.

Mais ce roi couronné trouve son adversaire

En moi, et quelles que soient mes appréhensions ;

Aussi levons ensemble et bien haut notre verre

Plein d'écume à la gloire de nos traditions

Et des belles ! Que dans leurs élans elles puissent

Trouver encore en nous leurs chevaliers servants ;

Et cherchons, sans mérite, en elles nos délices

Comme les tristes pères d'impossibles enfants.

N'en est pas moins perdu tout ce qui fut naguère ;

Mais les anciens bonheurs viendront nous effleurer,

Et ce qui nous parvint malgré les vents contraires

Retrouvera pour nous un charme inégalé.

Et nous respirerons le parfum des violettes

D'autrefois, et l'amour, et l'espoir du printemps,

Si jeunes dans nos corps et si vieux dans nos têtes,

Car de ce siècle Dieu nous a fait les enfants.

(Traductions en vers : Jean-Marc Bordier)