Misao
Misao
1
Tišinom čudno
sve mi zasvetli, -
krilata pohodi me ona.
Nerođenih zora
zapoju mi petli;
sa dna iskon-mora
potonula, čujem, bruje zvona.
2
Raduj se,
svemu si spona,
pokoji u tebi svi žive.
I duša
tuzi što sklona;
i prazninom što
dani zasive, -
u pohode to sprema ti se ona.
3
I čudom,
u neprohod me spletu,
putanje isprave se krive;
i radosnica suza
orosi me kam.
4
I kroz golet me, u mahu,
dah zastruji aprila.
U samoći to
ne ostadoh sam:
tajno je kroz potaje moje, znam,
noga njena bila.
5
I nespokoji
u pokoj svi ožive.
Sa bezdan sa izvora
poteku vode svete.
Blage od srca srcu
vesti polete.
6
Mreži to, i pauku,
zlosluto što je plete,
prisniva se svila.
Duši to,
svetli za let,
tajno izrastaju krila.
7
Tišinom čudno
sve mi zasvetli, -
krilata pohodi me ona.
Nerođenih zora
zapoju mi petli;
sa dna iskon-mora
potonula, čujem, bruje zvona.
PENSÉE
1
Etrange, de silence
tout soudain m'éblouit :
c'est elle qui me vient à tire d'ailes.
Des aubes à venir
chantent pour moi les coqs,
dans la mer éternelle
les cloches englouties résonnent de plus belle.
2
Libre cours à ta liesse,
toutes choses tu scelles,
toutes les paix en toi sont épanouies.
Et l'âme
à sa peine fidèle ;
et par le vide qui
fait grisonner les jours,
ce qui s'en vient te visiter, c'est elle.
3
Et par miracle,
moi qu'on fourvoie dans les fourrés,
les sentiers tortueux se redressent ;
et des larmes de joie
me baignent, moi pierre.
4
Et par les roches nues, soudain,
jaillit pour moi souffle d'avril.
Dans cette solitude
n'étant plus solitaire,
je sens, furtive, à travers mes repaires,
la trace de son pas.
5
Et moi l'inquiet,
tout s'épanouit dans la quiétude.
Des abîmes, des sources
les eaux saintes ruissellent.
Volent d'un cœur à l'autre
les bonnes nouvelles.
6
Et la toile, et l'araignée
qui l'a tissée, sinistre,
voient en songe la soie.
Et l'âme,
lumière en son envol,
se sent pousser des ailes.
7
Etrange, de silence
tout soudain m'éblouit :
c'est elle qui me vient à tire d'ailes.
Des aubes à venir
chantent pour moi les coqs,
dans la mer éternelle
les cloches englouties résonnent de plus belle.
(Traductions en vers : Jean-Marc Bordier)