Orao

U Sumrakovcu, 1858.

Orao

Blizo do neba je gora čarna,

Ne treba orlu tek jedan let

Samo da pusti krila nemarna -

Prezro je - davno prezreni - svet.

Po tavnoj magli teškog vihora

Neće na zemlju ni nebo, hol!

Nebo mu s' čini da pasti mora,

A pusta zemlja sam jedan bol…

Tiho se vije, oblake goni,

Preziruć gleda u sunčev zrak...

Strelovit, posle na zemlju roni

I krvlju kapa zemaljski mrak...

L’Aigle

Les cimes des montagnes sont près du ciel,

il ne faut à l’aigle guère plus d’un envol,

il lui suffit de déployer ses ailes –

il méprise le méprisable val.

Par l’obscure brume des fortes tempêtes,

il n’aspire à ciel ni à terre, hautain !

Il lui semble que le ciel doive s’abattre,

que la terre déserte n’est qu’une plainte.

Il vole en silence, chasse le nuage,

sonde avec mépris toute luminescence…

puis telle une flèche s’abat sur le rivage

pour baigner de sang la nuit naissante.

(Traduit par Boris Lazić)