Tuga i opomena

Tuga i opomena

Nje više nema - to je bio zvuk

U njen kad ja unišo bijah dom,

Strahovito me dirnuše tad huk

Iz vedrog neba, kao strašni grom,

Veselja moga ubi sam on puk,

Iz korena se ljuljnu žitka strom;

I da mu deblo nije bilo kamen,

Tih reči bi ga prelomio plamen.

Duboke noći vladaše tišina, -

Ovako bija onaj sanak moj, -

Umilno na me gledaše svetlina,

Bezmerni koju slaše zvezda broj,

I daljnih glasa ču se tad milina,

Umilnija neg' što je slavka poj,

I bliže ovaj dolazaše zvuk

Kroz tavno sjajne noći bajni muk.

Tavnina zače begat od ishoda,

U mračne dve se točke on sabija,

I u dva jošte umiljata svoda

Nad ovima se tade on savija;

Tavnina jošte zatim od zahoda

Zače se viti kano kaka zmija,

Od više svoda dotle ti se prosu

I lepu divnu činila je kosu.

Sve lepše sad čuveni zvuča glas,

I krećati se započeše zvezde,

U dvogubo ih delja njihov kras;

Od sviju dve ja vidih kako jezde

I kako stižu, mile točke, vas,

U vami vidih kako s' one gnjezde...

O, bože dragi, prevelika čuda,

to oko u snu gleda moje svuda!

Sve lepše i lepše zvučala je gudba,

I okolina micaše se sva,

u jedno sve je vukla neka žudba,

Snežano polje dizati se šta,

Umilna svuda viđaše se ludba,

Ruža se diza iza svoga sna,

U istoku se diza rujno more:

To činilo je kras od mlade zore.

Iz snega je izišla vrata slika,

Iz snega zore krasno deve lice,

A ruža hitro, umiljato slika

Divne zatim njojzi usničice;

Pa kako divno stajala je slika,

Kad ruža dobi zatim zlaćenice!

Za rujnom zorom izađe oblače,

Oblačiti je krasno zatim zače.

Ja vidjeh dragu kao za života

to je ona umiljata bila:

Kosa vrana sada se milota

Kao i pre po zracima vila,

Snežna lica i sad je belota

Kao i pre na me smehe lila,

Smehe lila, na mene gledala,

U srce mi blaženstvo sipala.

Moje srce bilo je blaženo

Da ne mogah reči govorit,

Njeno oko gledaše mileno;

Ne mogah se više protiviti,

Ja pohitih ka njojzi hiterno,

Da obuhvatim telo milo njeno:

Rukom nebu ona pokaza tade, -

Ja se probudih, a sanak nestade.

Nebu brzo ja pogledah gore,

kuda je ruka pokazala mile,

nada mnom ne beše sjajno more,

Ne zvezda noći, niti gudbe sile,

Da krene njih i sneg i mlade zore,

Da spravi meni opet lice mile:

Nebo vedro, snege i kerove

Vidih samo i moje drugove.

Tristesse Et Souvenir

I

Ils sont partis déjà les gels froids,

les vaux, les monts plus ne sont blancs,

sur les fleurs ton pas avance droit,

ton œil voit partout la verdure, content.

L'aurore dorée, déjà on l'aperçoit,

dissipe sa beauté avec le beau temps.

Dans ton cœur tout éveille l'allégresse,

dans mon sein l'obscure tristesse.

II

Le chant dolent d'un petit oiseau

qui se cache dans le bois vert,

le cours des murmurantes eaux

qui dans les doux cailloux se perd,

la petite abeille à l'aimable écho

qui dans les fleurs boit le miel cher –

c'est beau, mais plus grand fut le charme

quand mes yeux ignoraient les larmes.

VII

"O, mon âme tendre, prends cette douce fleur,

elle est aussi douce que toi.

A la source où le mont va en hauteur,

où l'on s'est vus pour la première fois,

où de tes joues de neige et de rougeur

je buvais le miel du ciel, plein de foi,

où je vis de ton œil ce très bel éclat, –

là elle poussa, mon aimée, sache cela !"

VIII

Ainsi à elle ce petit mot disai-je,

tel a été de ma prière le son,

d'un tel désir mon cœur fut siège.

Elle baissa devant moi son front,

et sa main, plus pure que la neige,

prit ce brin cueilli, mon don:

le mit sur le beau sein et encor

de ses baisers paya mon effort.

XI

"Quand tu es chez moi, mon trésor,

le grand monde alors m'appartient,

quand ton visage, chéri, est dehors,

même le ciel étoilé ne m'est rien,

la forêt en vain montre son décor,

le vent en vain fait son va-et-vient,

en vain fleurissent fleurs splendides,

car tout autour, tout autour m’est vide."

XV

Tel a été le ruisseau de ses mots,

encor j'ois en mon oreille ce son.

Le chant du rossignol est très beau

dans le silence nocturne profond,

la source résonne avec ses eaux,

le Zéphyr aussi dont l'air si bon

berce le soir l'herbe humide parfois :

mais meilleure encore était sa voix.

XVI

O, de ses lèvres si beaux attraits

lorsque nous nous essayions là tous deux !

O, de son œil merveilleuses clartés

qui tombiez droit dans mes yeux!

O, douce étreinte, douce encor après,

de ma vie cet âge si merveilleux,

au ciel avec elle tu partis de moi,

à ta place pire encor destin je vois.

XVII

Et quand vint le saint dimanche,

c'était déjà la moitié du jour,

je l'amenai en robe toute blanche

dans le champ pour faire un tour,

puis au bois cachés sous les branches

où les oiseaux avaient leur séjour,

où l'on voit douces sources couler

et les fleurs de toutes les couleurs.

XVIII

Essaim d'oiseaux s'y trouvait grand,

et remplissait les arcs du bois dorés,

nous écoutions leurs tendres chants

et marchions ainsi à travers la forêt;

nous écoutions le doux bruit des vents

et les regardions voguer désormais

dessus les flots de la source cristalline

sur la feuille sèche que l'hiver câline.

XXI

D'un regard en larmes regardant le soir,

puis vers moi, et droit dans mon œil,

et ma larme couler – elle put la voir,

puis plus haut où dormait le soleil,

puis nous nous tûmes dans le noir

car nous ressentions un profond deuil.

Déjà notre chant muet fini tout fut,

et – adieu donc, adieu, bois touffu !

XXII

Ainsi les jours chassaient les jours,

et même si mon travail était dur

les branches généreuses de l'amour

me protégeaient de leur très épais mur !

Et aussi les roses choisies pour

verser sur mon âpre voie l'ambre mûr !

Mais soudain souffla un vent morose

et dispersa presque toutes mes roses...

XXVI

Et déjà je faisais un long voyage

– le printemps brillait cette fois –

à travers un très beau paysage ;

montagnes abruptes, hauts épais bois ;

et l'aigle perché sur un nuage :

ce peu calmait, du chagrin, voix :

mais plus la nuit faisait tout noir

plus fort devenait aussi son pouvoir.

XXXII

Et sur les fleuves s'élevèrent les monts,

et sur les monts regarde quel éclat !

Quand le soleil éclaire les horizons

nul nuage ne l'empêche en cela !

O, vois ces clairs heureux horizons

et regarde, œil, l'air de ce ciel-là :

l'ultime rayon du jour, tiens, sombre,

et les herbes pleurent dans l'ombre.

XXXIII

Et les herbes pleurent dans l'ombre,

le silence solennel s'étend partout,

des grottes que la verdure encombre

on entend chanter le rossignol doux,

ton cœur là dans le plaisir sombre,

une joie secrète accélère ton pouls

еt la sainte larme de ton œil fervent

le long de tes joues lentement descend.

XXXIV

Tel a été ce très bel endroit,

tel y était l'éclat crépusculaire,

où le soir j'allais chaque fois

car le printemps me laissait le faire.

Mais quand son souffle disparut, moi,

j'ai quitté brusquement ces terres ;

ce pays ne fut plus source de ma gaîté,

je ne sais pourquoi, comme il l'était.

XXXVI

Epais brouillard gisait monotone,

le givre couvrait champs et rues,

feuilles sèches emportées par l'automne

et l'arbre qui levait ses branches nues.

Un soir vers cette source d'eau bonne

je pris la route déjà à moi connue,

j'ignore ce qui là si fort me hâtait,

et mon cœur étrangement battait.

XXXVII

En moi le cœur à peine battait,

mon œil ne voyait la beauté de feux

dont le ciel du soir se parait ;

claire obscurité fut devant mes yeux,

et ce trait noir du monde me séparait,

de tout le monde, seul et malheureux :

l'affreux vide, moi tel un grain de cendre,

je sentis l'immense horreur me prendre.

XXXVIII

Soudainement, telle une merveille,

dans ma triste âme cela se passait:

le bruissement du zéphyr sur les feuilles,

que son souffle avait séchées assez,

réveilla en moi les images vieilles,

et ainsi arrêta toutes mes pensées ;

me frappa le cœur en un instant :

marche-t-elle encor parmi les vivants ?

XL

Elle n'est plus – ce n'était qu'un son

quand j'entrai jadis sous son toit,

ce bruit me pénétra jusqu'au fond

telle une foudre, du calme ciel, droit,

de ma joie il tua toute vraie raison,

de sa racine ma vie plia devant moi ;

et si son tronc n'était tel le roc,

il l'aurait brûlé, de ces mots le choc.

XLVIII

De la profonde nuit la paix était pleine

– tel était mon rêve que je dévoile –

douce m'observait la clarté sans peine

qu'envoyait mainte et mainte étoile,

et toute la douceur des voix humaines,

plus douce que celle que le rossignol exhale,

et plus près toujours venait ce son

à travers, de la nuit, le silence profond.

(1844/5)

In : Kolja Mićević, Les saluts slaves, une anthologie poétique, Éditions « Kolja Mićević », Paris-Belleville, 2002, p. 58 -64.

Date de publication sur www.serbica.fr : juillet 2012.

Traduit du serbe par Kolja Mićević