Archives du Ministère de l'Intérieur

Je tiens à remercier vivement Pierre Journoud d'avoir bien voulu partagé cette note de recherche sur les Archives du Ministère de l'Intérieur.

I would like to thank Pierre Journoud for having shared this research information on the Archives of the Ministry of Interior.

christopher

contact : pierre.journoud@free.fr

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De l'Intérieur à l'International, en passant par Fontainebleau

PIERRE JOURNOUD

Dans son inlassable quête de sources, le chercheur en histoire des relations internationales ne se tourne pas spontanément, a priori, vers le ministère de l'Intérieur, administration supposée assez peu ouverte aux problèmes qui se posent au-delà des frontières de l'Hexagone. Et pourtant, une brève plongée dans les inventaires suffit à prouver que peu de sujets intéressant l'histoire des relations internationales n'échappent à l'étude et à la réflexion, sinon à la compétence, des services de la place Beauvau. Les archives du ministère de l'Intérieur sont réparties entre trois centres distincts : le CAOM [Centre des ARchives d'Outre mer] , le CHAN [Centre des Archives nationales], et le CAC [?], sans doute le plus utile à l'historien des relations internationales. C'est à la «mission des archives nationales auprès du ministère de l'Intérieur » que revient depuis 1952, sous la houlette d'un « Service des missions », la charge du traitement des archives de ce ministère et de leur transfert vers les centres des Archives nationales. Un guide thématique de recherches est disponible sur le site Internet de la mission mais, tout précieux qu'il soit, il ne dispense pas de la consultation des inventaires exhaustifs des archives, soit au CAC de

Fontainebleau, soit au siège de la mission des archives .

À la lecture de ces inventaires, on est d'abord frappé par l'extrême diversité des sujets abordés, en particulier dans le fonds des archives de la direction générale de la police nationale (DGPN). Bien des pays, à des titres divers, sont évoqués en détails ou par incidence, dans des documents tels que des bulletins de renseignement hebdomadaires, mensuels et annuels, émanant de divers organismes: service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE, dépendant du ministère de la défense), direction centrale des renseignements généraux (DCRG), service des voyages officiels et de la protection des hautes personnalités (SVOPHP), ou encore service de coopération technique internationale de police (SCTIP), chargé de la coopération policière avec les Etats étrangers.

Dans le champ international des années 1950 aux années 1970, une place de choix est réservée à l'Afrique. Mais l'Amérique (Nord et Sud), l'Asie aussi bien que l'Europe ne sont pas en reste. Les fonds de la direction générale de l'administration (DGA) comme de la DGPN recèlent par exemple une quantité non négligeable de documents sur la construction et la coopération européennes jusqu'au début des années

1990. L'immigration et le contrôle aux frontières, la lutte contre la drogue ou les accidents de la route, ne sont pas les seuls sujets traités ; le Conseil de l'Europe, les rapports entre les Etats de la CEE, les relations de celle-ci avec les régions, le marché unique européen, la défense des droits de l'homme, sont aussi évoqués en tant que tels dans les inventaires.

La matière ne manque pas non plus sur l'existence en France d'associations à vocation internationale, sur l'activité des ressortissants étrangers sur le sol français, ou sur les relations des partis politiques français avec l'étranger. Les manifestations pro-étrangères (pro-soviétiques, pro-vietnamiennes, etc.) ou les prises de position publiques sur des questions internationales ont été, semble-t-il, particulièrement scrutées.

Une autre entrée possible est celle par les noms propres : plusieurs dizaines de personnalités apparaissent ainsi dans des index extrêmement commodes qui renvoient généralement aux dossiers des Renseignements Généraux : de Georges Marchais à Jean-Marie Le Pen, de François Mitterrand à Jacques Chirac, Maurice Couve de Murville, Valéry Giscard d'Estaing, Pierre Mendès France, Edgar Faure, Charles Hernu, Raymond Barre, Jacques Chaban-Delmas, à la liste despersonnalités politiques marquantes de la IVe et de la Ve République,

auxquelles se sont plus particulièrement intéressés les « RG », est fort longue.

Reste que la consultation de la plupart de ces documents est soumise à l'obtention d'une dérogation. Sur ce point, on nous assure à la

mission des archives que, contrairement à une opinion généralement admise, les demandes de dérogations sont très souvent accordées. Les statistiques effectuées par la Mission montrent en effet que 78,97% des articles conservés au CAC demandés en dérogations en l'an 2000 ont été accordés. La moyenne tombe à moins de 65 % pour les archives de la DGPN, évidemment la plus sensible. Comme partout ailleurs, un délai de plusieurs semaines est nécessaire avant d'obtenir une réponse.

Après quoi, il faut encore se rendre au coeur de cette belle forêt « royale et impériale » de Fontainebleau (l'automne de préférence) pour accéder aux cartons d'archives. Car c'est là, on le sait, que se trouvent les archives de tous les ministères à Budget, Affaires étrangères et Défense nationale exceptés. La petite histoire y rejoint d'ailleurs la grande puisque le départ des Américains de Fontainebleau, consécutif au retrait de la France du commandement militaire intégré de l'OTAN, avait laissé vacant un terrain, ainsi qu'un ensemble de bâtiments, qui ont aussitôt été affectés aux Archives nationales. C'est ainsi que depuis 1967, Fontainebleau, conforté dans sa vocation culturelle et internationale, accueille les archives du ministère de l'Intérieur, dont les historiens de l'International n'ont pas fini de découvrir toute la richesse.

Information supplied by:

Christopher E. GOSCHA

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