08 - Questions d'histoire : création de la Société anonyme des usines Renault

QUESTIONS D'HISTOIRE

Sur la création de la Société anonyme des usines Renault

En 1951, Georges Albertini (1) est chargé par Christiane Renault de rédiger un ouvrage sur Louis Renault. Désireux d'avoir des précisions sur les raisons de la création de la "Société anonyme des usines Renault", il écrit à Émile Duc, entré aux usines en 1907, ami et collaborateur direct de Louis Renault.

Nous présentons à nos lecteurs la réponse d'Émile Duc, datée du 29 oCtobre 1951

Cher Monsieur,

La questz'on que vous me posez est en effet justiciable de mes souvenz'rs quz' sont confi'rmés par des faz'ts que je vaz's pouvoir vous précz'ser,

En 1921 (année que vous ruez) Renault étaz't encore seul pro­priétaire personnel de son affaire qui n'a été mz'se en Société qu'en 1922 : les statuts n'ont pas de date maz's z1s mentz'onnent "znfi'ne" une Assemblée extraordz'naz're de janvz'er 1922 quz' doz't coïncider avec le poz'nt de déPart du nouveau régime,

Il ne pouvaz't donc pas être question en 1921 d'augmentatz'on de capz'tal et d'z'ntroductz'on de banques au Consez1 d'Admz'nz's­tratz'on, et au surPlus je n'az' aucun souvenz'r d'une sz'tuatz'on fi'nancière diffi'cile ou de nature à soulever de parez11es ques­tz'ons,

Sz' la crz'se quz' a sévz' à ce moment-là a ralentz' les rentrées de tré­sorerz'e et tendu la balance de quelques échéances, z1 a suffi' pour y remédz'er d'actz'onner les rentrées possz'bles, d'aménager certaz'ns paz'ements et de réduz're des fraz's znutz'les quz' avaz'ent pu s'z'mPlanter à la faveur des facz'lz'tés antérz'eures, Comme je n'étaz's pas sPécialement dans la questz'on, je me demande sz' on a même eu à utz1z'ser les facz'lz'tés qu'on obtz'ent des banques en parez11e circonstance,

En 1922, la constz'tutz'on de la Société Anonyme des Usz'nes Renault a Men amené l'entrée au Consez1 de personnalz'tés ban­cazres, maz's cela n'a eu nz' pour but nz' pour effet un appuz' financier destz'né à remédz'er à des diffi'cultés du moment, Renault mettait son affaire en société, suz'vant un projet depuz's longtemps mûrz: quz' étaz't devenu une nécessz'té indz'spensable pour la dz'scrz'mznatz'on de son patrz'moz'ne personnel et la lz'bé­ratz'on de ce quz' devaz't constz'tuer le capz'tal de l'entreprz'se, z'l devaz't également se sentz'r moz'ns dz'rectement atteznt dans les incidences de l'affaz're,

Dans ce but z'l s'est adjoznt, en Plus de quelques parents, amz's et collaborateurs, quelques personnalz'tés Plus z'ndépendantes appartenant à la Banque dont z1 enruageaz't plutôt le consez1 que le concours financier, Celuz'-ci a dû se borner au versement de leurs actz'ons et c'est sans doute la razson pour laquelle leur présence n'a pas persz'sté,

Vous voyez azlliz' que la questz'on que vous posez a un aspect un peu différent, celuz' d'une évolutz'on assez normale, sans qu'z1 y az't eu de diffi'cultés capz'tales à surmonter,

Je vous adresse, cher Monsz'eur, l'expressz'on de mes sentz'ments les mez1leurs,

Émz'le Duc

(1) L'ouvrage ne sera pas terminé, Lucien Combelle utilisera les notes de Georges Albertini pour rédiger son "Louis Renault" sous le pseudonyme de Lucien Dauvergne,

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Fac-similé de la fiche fascicule de Teng H~ia~ping.

On remarquera que, pour échapper à la police, il s'était fait inscrire sous le nom de Teng Hei-hien.

Un Chinois à Billancourt

Un chercheur allemand, M. Uli Frantz, a trouvé dans les archives de la R.N.U.R. la trace du passage à Billancourt du dirigeant chinois Teng Hsiao-ping. Arrivé à Marseille le 13 décembre 1920, le jeune Teng Hsiao-ping se fait embaucher, après nom­bre d'avatars, chez Renault le 6 novembre 1925. Il Y restera comme ouvrier spécialisé à l'atelier 76 jusqu'au 4 décembre 1925. En quittant l'entreprise, il donnera comme prétexte un retour en Chine. En fait ce sera pour échapper à la police qui venait de découvrir son adresse: 27, rue Traversière.

Des rues Renault

Nombre de voies de villes et communes de France portent le nom des pionniers de l'automobile. Rares sont celles cependant qui rendent hommage à Renault. Nous en connaissons deux exemples : Paris et Saumur.

A Paris, c'est en 1904 qu'à la suite de l'émotion soulevée par la mort tragique de Marcel Renault au cours de la course Paris­Madrid interrompue à Bordeaux, le Conseil municipal décida de donner le nom de Marcel Renault à une voie parisienne.

Cette voie, située dans le quartier des Ternes, existe toujours mais peu nombreux doivent être les passants qui font un rap­prochement avec la firme de Billancourt.

Après la première guerre mondiale dont les dernières batailles virent le char Renault jouer un rôle décisif, la ville de Saumur, se souvenant sans doute que Louis Renault avait des origines saumuroises, décida de donner le nom de Louis Renault à l'une de ses rues.

Par une lettre du 5 août 1922 dont nous présentons ci-contre un cliché, le maire de Saumur informait Louis Renault que "les membres du Conseil municipal de Saumur, désireux de rendre hommage à leur éminent concitoyen inventeur des tanks qui ont si grandement contribués à nous faire gagner la guerre, ont décidé de donner son nom à une rue de notre ville. La voie jusqu'ici dénommée "Levée de Nantilly" portera donc désormais le nom de "boulevard Louis Renault".

Georges Floris

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