06 - Maurice Marelle, ouvrier-militaire

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Texte brut à usage technique. Utiliser de préférence l'article original illustré de la revue ci-dessus.

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MAURICE MARELLE

Ouvrier Militaire

Pendant la Première Guerre mondiale, les usines Renault, comme d'ailleurs toutes les entreprises travaillant pour la Défense nationale, furent confrontées à d'importants pro­blèmes d'effectifs, la mobilisation générale les ayant prati­quement privé de personnel.

Les mesures prises alors par le gouvernement visèrent à rappeler du front le maximum de spéCialistes auxquels fut attribué le statut d'ouvrier-militaire. Près de 4000 hommes ainsi rappelés rejoignirent les usines Renault entre 1915 et 1918 et parmi eux, Maurice Marelle.

Né en février 1888, il est ajusteur de son métier quand la mobilisation le surprend. Affecté en août 1914 au 94e régi­ment d'infanterie, il retrouve ses galons de sergent. Pendant près de dix-huit mois il participe à de nombreux combats et n'échappe que par miracle à la mort qui frappe nombre de ses camarades.

C'est par sa famille d'abord qu'il apprend les mesures de rappel, mesures bientôt portées à sa connaissance par son chef de corps. Arguant de son métier il se porte candidat.

Il est alors dirigé sur le dépôt de son régiment, à Coëtquidan, où, après une brève vérification de ses titres, il est mis à la disposition des usines Renault.

Le 30 novembre 1915, muni de son fascicule d'ouvrier-mili­taire, il rejoint Billancourt. En raison de sa nouvelle situation « il est autorisé à circuler en civil », sans pouvoir, «quitter J'usine à laquelle il est affecté », sous aucun prétexte; cependant, afin de le distinguer des ouvriers civils, il doit porter «un brassard noir avec grenade ».

Le voici donc au travail, à l'atelier des presses où il suit l'horaire de 6 h 30 à 19 h, avec une pause de 1 h 3D, soit 11 heures de travail. Par la suite il est muté à l'A.O.C. où il reçoit 1 franc par heure, augmenté du montant de ses bons de travail. A partir du 14 août 1917, il tient un camet sur lequel il note, chaque jour, le travail accompli et parfOiS les événements qui interrompent son activité.

Les pages, jaunies par le temps, révèlent des informations fort précieuses tant sur la rémunération que sur le temps de travail. C'est ainsi qu'entre août 1917 et décembre 1918, les salaires de Maurice Marelle subissent de nombreuses

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Un laissez-passer établi par l'atelier 38, le 7 Janvier 1916.

variations dues surtout à la quantité de travail fourni. De 120 francs par quinzaine en 1917, ils atteignent un maximum de 205 francs en 1918, le taux horaire passant de 1 franc à 1,10 franc. L'amplitude de la journée de travail fixée primi­tivement à 11 heures est réduite à 10 heures 30 le 5 mars 1918, puis à 10 heures le 26 août et 9 heures 30 le 28 novembre. Le dimanche était le seul jour de repos. Toutefois, l'usine fermait le 1 er novembre. A l'occasion de l'Armistice, les 11 et 12 novembre furent chômés et payés.

Lors des grèves, les portes de l'usine restaient closes. En mai 1918, l'arrêt de travail débuta le 13 à 9 heures pour se poursuivre jusqu'au 18. Les alertes aériennes voyaient l'équipe du soir déserter les ateliers. Elles se produisaient, en général, la nuit entre 22 heures et 1 heure du matin.

Enfin, le 1er septembre 1917, Maurice Marelle assista à la réception du ministre de l'Armement, Albe'rt Thomas, qui eut lieu dans le hall de l'Artillerie. Le même jour eurent lieu les premières élections des délégués d'atelier.

Le carnet nous apprend également que d'août 1917 à novem­bre 1918, Maurice Marelle s'absenta 10 jours pour maladie, 18 pour accidents du travail (6 accidents) et 6 jours pour permission dont 4 accordés à l'occasion de son mariage. Grâce à son carnet, Maurice Marelle a pu revivre les années passées à Billancourt. Et, avec le temps, le désir lui est venu de revoir l'atelier dans lequel il avait travaillé, c'est ainsi que nous l'avons rencontré : il fêtait, à sa manière, son quatre-vingt-neuvième anniversaire.

Georges FLORIS

Une perm·lsslon accordée du 23 au 25 octobre 1917, signée par l'officier contrôleur de la main-d'œuvre.