08 - La rénovation d'un camion FU

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Texte brut à usage technique. Utiliser de préférence l'article original illustré de la revue ci-dessus.

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La rénovation d'un camion FU

Les artisans de la rénovation

Découverte du camion

L'existence de ce camion apparaît en 1977 après la fusion de Berliet et de Saviem. A cette époque, les hommes des deux fir­mes commencent à se contacter, à s'apprécier. C'est au cours d'un entretien à Paris que M. Le Hen, responsable des rela­tions extérieures, passionné de véhicules anciens, fait part à

M. Canard, responsable du musée de Vénissieux, de l'exis­tence de ce camion garé dans un dépôt de la Régie à Ivry. Ce camion avait été récupéré en 1970 par le service Commercial de Saviem (en reprise sur une vente de camion neuf). De suite, naît l'idée de récupérer et de restaurer ce véhicule. Ce dernier apparaît pour les deux hommes comme le premier élément du futur musée de Renault Véhicules Industriels. Immédiate­ment, on va le voir. .. et c'est la surprise. Ce véhicule est pres­que complet. .. les années sont passées mais tous les constituants principaux existent. .. bien sûr, il y a la rouille, les organes blo­qués, le bois pourri de la cabine et de la caisse... mais il est là. C'est décidé; on restaurera ce camion de type encore inconnu, et le 28 décembre 1977, celui-ci est convoyé au service Trans­ports de Vénissieux.

Jean Canard, chef du service Transport

Henri Rabaglino, chef d'atelier

Gérard Farabet, contremaître

Restauration du camion FU

Au mois de février 1978, la restauration du véhicule est déci­dée. Elle s'effectuera dans le temps, suivant les charges de l'ate­lier. Mais une première difficulté apparaît ; ce véhicule que l'on vient de tirer dans un secteur réservé de l'atelier est inconnu. En effet, jusqu'à ce jour, le service Transports a " retapé" des" Berliet ". Pour ceux-ci, en cas de problèmes, on trouvait toujours des documents et des hommes pour se rap­peler; mais pour ce camion, rien de tel: même pas de photo, ni de plan ; rien qu'y puisse apporter quelques renseignements. Aussi, pour conduire à bien cette restauration, M. Canard donne des consignes bien précises :

1 -Une recherche de renseignements auprès des collection­neurs sera entreprise.

2 -On procédera à une rénovation complète en respectant une méthode de travail bien définie, et les intervenants sur ce véhi­cule seront limités à deux mécaniciens.

3 -Si cela est nécessaire, il sera fait appel à l'assistance d'autres centres de l'usine et éventuellement aux artisans de la région lyonnaise susceptibles de nous aider.

a) Recherche de renseignements.

Il s'avère tout de suite que ce véhicule sera difficile à identifier. En effet, dans le cercle des gens compétents dans ce domaine, personne ne connaît...

Alors, pour trouver ces renseignements, on décide de partir d'un autre type de camion. M. Le Hen a procuré un deuxième camion à M. Canard: un tracteur d'artillerie de 1915. Il est incontestable, en examinant ces deux véhicules, que le camion qui nous préoccupe est un dérivé de ce tracteur.

Et les recherches s'orientent vers l'armée française, seule à avoir pu utiliser de tels engins.

Un des musées de l'automobile des armées se trouvant à Tours, nous contactons le colonel Detrait, animateur de celui-ci. Les photos que nous lui envoyons n'éveillent rien en lui, mais il nous transmet une photocopie du cahier des charges du tracteur d'artillerie EG en notre possession. L'examen attentif de ce document laisse bien apparaître des similitudes entre ces deux camlOns.

Par l'intermédiaire du colonel Detrait, nous rencontrons le colonel Roy, en poste au quartier général Frère à Lyon. Celui­ci nous ouvre les portes de la bibliothèque des armées, et après deux jours de recherche dans ses milliers de livres, nous som­mes toujours" bredouilles ".

C'est alors que le colonel Roy fait appel à un de ses amis qui lui prête deux livres inédits: " l'Histoire de la Première guerre mondiale". Un livre écrit par les soldats, et l'autre par les officiers.

Et sur ces livres, on découvre d'abord une photo du camion EG dans un fossé, puis une fresque grandiose représentant des camions approvisionnant le front. Nul doute que ces camions ressemblent étrangement au nôtre... puis, sur un autre livre,

Georges Pilloix, mécanicien

on retrouve notre camion lors de l'intervention des Français en Rhénanie en 1920. Arrêtés sur une place, il y en a beaucoup, mais malheureusement le type du véhicule n'est pas men­tionné. Ces recherches sont longues, et la restauration du camion sera achevée, alors que nous en rechercherons toujours le type ...

Alors, nous prenons contact avec le ministère des Armées qui, dans un premier temps, nous met en rapport avec son service photographique, puis avec la bibliothèque des armées en cours de réinstallation à Vincennes. Rendez-vous est pris quand une surprise nous attend...

Notre camion était terminé, et il nous paraissait indispensable pour. le reconnaître de lui poser une plaque " Renault ".

On approchait du but. C'est en effet en recherchant cette pla­que " Renault " que nous avions remarqué à la télévision sur les voitures utilisées dans les" Brigades du Tigre" que l'on prit contact avec M. Broual, collectionneur parisien, et spécia­liste en véhicules anciens.

Après des recherches, celui-ci nous avertissait un soir à 21 heu­res que notre camion était identifié comme" camion Renault type FU ".

b) La rénovation.

Le 13 février 1978, notre camion va subir le premier assaut de la petite équipe affectée à ce travail bien particulier. Celle-ci est constituée de deux mécaniciens professionnels travaillant nor­malement au secteur " organes ". Ils sont jeunes, mais forts d'une expérience déjà acquise sur d'autres véhicules et détermi­nés à réussir.

Au départ, la décomposition du temps de travail nécessaire à cette rénovation est prévue pour notre équipe ainsi :

-Mécanique (démontage complet) ...... 90 % du temps,

2 -Tôlerie, peinture, sellerie. . . . . . . . . . . .. 10 % du temps.

Devant l'importance du travail mécanique et l'impossibilité de travailler d'une façon continue à cette tâche, une'méthode de rénovation est retenue :

1 -Rénovation organe par organe, l'un après l'autre.

2 -Pour chaque organe :

avant le démontage, prises de photos;

pendant et après le remontage, nouvelles photos et relevés de schémas de principe.

C'est ainsi qu'aujourd'hui ce camion est connu dans tous ses composants. Un document intitulé "caractéristiques du camion Renault FU " donne ces renseignements.

Au démontage, il s'avère que toutes les pièces mécaniques importantes sont récupérables. Il faut seulement changer les roulements, modifier un peu la segmentation, gratter les cous­sinets de ligne d'arbre, créer des petites pièces manquantes. '

c) Travaux sous-traités.

1 -Travaux usine

On fait appel à différents services de l'usine pour reconstruire le "FU".

C'est d'abord la fonderie qui nous permet de sabler toutes les pièces (même le châssis en deux fois).

Puis l'ACO (atelier d'outillage) qui réalise des bagues, retolt­che des pignons, etc.

Ensuite, le service Bois qui, en possession de la cabine et de la caisse, reconstitue ces deux ensembles dans leur état d'origine.

Enfin, c'est BC3 (atelier de tôlerie) qui se charge de la réfection complète du capot moteur.

2 -Travaux extérieurs.

Il reste pourtant des travaux que nous ne pouvions réaliser à R.V.!. et qui seront confiés à des artisans de la région.

Les deux bandages des roues avant sont à changer. Nos recher­ches nous permettent de découvrir près de l'usine un artisan capable de nous recoller des bandes de caoutchouc (mais atten­tion de ne pas dépasser la vitesse de 40 kilomètres à l'heure, elles pourraient se décoller).

Puis, les deux radiateurs sont révisés par les spécial'istes (les " magniens " sont nombreux dans la région lyonnaise).

Il reste la sellerie. Là encore, on retrouve un homme" dans le coup ". Pas besoin de longues explications, il se rappelle et sait ce que nous attendons de lui...

Temps consacré à cette restauration.

Six mois seront nécessaires pour conduire à bien cette restaura­

tion, ce qui représente un nombre d'heures de : pour le service Transports . . . . . . . . . . . . . . .. 1 000 heures pour les travaux réalisés par l'usine. . . . . . . . .. 150 heures pour les travaux réalisés par l'extérieur . . . . . . .. 50 heures soit un total de ........................ ! 1 200 heures

Rentrée du " FU " au musée R.V.!.

Le 15 septembre 1978, le camion terminé sortait par ses pro­pres moyens de l'atelier. A cet instant, il prenait place dans le musée de Renault Véhicules Industriels. C'était le premier...

Christian Bournay, mécanicien Le camion FU avant la rénovation

FICHE TECHNIQUE

MARQUE: RENAULT

TYPE: FU ANNEE: 1919

CARROSSERIE: CAMION PLATEAU

MOTEUR: 4 cylindres verticaux par blocs borgnes de deux ALESAGE : 125 -COURSE : 160 -PUISSANCE 25 HP Allumage par magnéto à haute tension Régulateur centrifuge réglable pour la vitesse maximale Soupapes latérales Refroidissement circuit d'eau par thermosiphon (2 radiateurs) Graissage sous pression avec pompe à huile

EMBRAYAGE: Par cône avec garniture en cuir

BOITE DE VITESSES: 4 vitesses AV. et 1 marche AR. Rapports: 1'", 0,17 -2<, 0,32 -3<, 0,52 -4<, 1 ­

M. AR., 0,7

ESSIEUX ET PONT: Essieu estampé avec butées à billes sur pivots Pont nO 57 couple conique 13 x 37 -Différentiel -Réducteurs dans les moyeux 72 x 18

FREINS: A PIED sur sortie de B.V.

A MAIN sur tambours AR.

(NB : Les garnitures des segments de freins sont en fonte) DIRECTION : Boîtier de direction à billes -La conduite est à gauche

ROUES : A bandages: 0/ 930

PARTICULARITES: Système de refroidissement. Le moteur est entière­

ment caréné -Le volant moteur fait office de turbine et crée une dépres­

sion. L'air est aspiré à travers 2 radiateurs.

Système de décompression pour faciliter la mise en marche du moteur.

Pour l'homme averti des choses de la mécanique, ce sera tou­jours une surprise de découvrir une telle technicité sur un camion de 1919... et il gardera sans doute du respect et de l'admiration pour ceux qui avaient déjà inventé le différentiel, le blocage, les réducteurs, etc.

Pourtant, l'histoire du" FU " ne s'arrête pas là. Cette histoire sera longue et nous pouvons seulement en écrire la première page.

Devenu ambassadeur de notre" losange ", il parade fièrement sur les stands publicitaires en compagnie des derniers nés de R.V.!.

Il est pour la clientèle le témoignage de la compétence de R.V.!. qui maîtrise les nouvelles techniques en 1981 comme autrefois... en 1919.

Participation du camion " FU " aux diverses manifestations publicitaires

-Journée de la convention R.V.!. à Saint-Priest le ............................... , 4 septembre 1979

Opération " losange ", succursale d'Orléans le ................................ 8 décembre 1979

Inauguration du Centre d'occasion de Gonesse le ........................... : ......... 3 avril 1980

Inauguration du garage Godeau à Montargis le . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 19 avril 1980

Vue 3/4 avant capot baissé Vue 3/4 arrière

Le camion FU après la rénovation. Vue 3/4 avant capot levé

Inauguration du garage Hamel PL à Auxerre

le ................................... 24 avril 1980

Opération" losange" à Lyon (Place Bellecour)

le . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 26 avril 1980

Opération " losange ", concessionnaire de Lisieux

le ..................................... 9 mai 1980

Inauguration du garage Crespin à Niort

le . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 18 octobre 1980

Inauguration du " Spécialiste du Poids lourd" à Fougères

le ................................. 24 octobre 1980

Présentation publicitaire à la " Nuit du transport routier"

à Paris le . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 8 novembre 1980

Inauguration du garage Escolrie à Melun

le . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 21 novembre 1980

Inauguration du garage " Chartres Poids lourds "

le . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 28 novembre 1980