04 - Les électrocars

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LES ÉLECTROCARS

Une démonstration très significative

est faite actuellement

à l'Exposition des Arts Décoratifs des

qualités pratiques

de la traction électrique pour les

véhicules automobiles

Par les artères de l'Exposition des Arts Décoratifs, on voit circuler sou­ples et silencieux des électrocars mis au service des visiteurs. C'est là une excellente initiative de l'organisation et c'est une démonstration des plus

utiles auprès du grand public.

Il n'est pas douteux que d'ici quelques années, les véhicules électriques au­ront pris un très grand développement dans les transports urbains et ceux des parcours moyens alentour des grands centres.

L'électrification aura sans doute fait à cette époque un très grand pas et la question de la recharge des batteries ne créera guère plus de complication que le ravitaillement en essence et en huile de nos véhicules à moteurs à explosions.

Les électrocars des Arts Décoratifs

ont été établis en collaboration par

Renault -pour le châssis et sa trans­mission -et la Société alsacienne de constructions mécaniques pour l'équipement électrique. Cette alliance élégante de deux spécialistes a donné les meilleurs résultats et l'ensemble est conçu de la façon la plus moderne dans ce genre d'application.

L'ordonnance générale est semblable à celle d'un châssis classique pour moteur à essence.

Le cadre, formé de deux longerons emboutis repose sur des ressorts semi-elliptiques. Le capot avant est celui bien caractéristique de la cons­truction Renault.

Le moteur électrique est disposé à l'aplomb du plancher des places avant.

Il est entièrement suspendu et son emplacement donne un bon centrage des masses. Il entraîne par joint souple l'arbre de transmission enveloppé par un carter, terminé à l'avant par une rotule sur laquelle s'exercent les efforts de poussée de réaction. Le pont arrière comporte une double dé­multiplication par renvoi conique et engrenages droits actionnant le diffé­rentiel.

Il n'y a naturellement ni embrayage, ni boîte de vitesses.

Le moteur est tétrapolaire, du type blindé à excitation composée, avec pôles auxiliaires de commutation et régulation de la vitesse par le champ inducteur. Il développe, en service normal, une puissance d'environ 5 CV, sensiblement constante entre les vites­ses de 750 à 3350 tours/minute, sa puissance uni-horaire est d'environ 7,5 CV sous 80 volts entre 800 et 3000 tours/minute.

Sous le capot avant est disposé tout l'appareillage électrique.

Celui-ci comprend :

-Un disjoncteur automatique à maxi­mum interrompant le circuit principal en cas de surcharge.

-Un inverseur bipolaire agissant sur le sens du courant dans l'induit, com­mandé par un levier à main qui donne trois positions : arrêt, marche avant et marche arrière.

-Un coupleur et un jeu de résistan­ces pour le démarrage.

-Un rhéostat de champ agissant sur l'enroulement-shunt du moteur et per­mettant de régler la vitesse du véhi­cule entre 6 et 30 kilomètres à l'heure environ.

-Une douille de prise de courant pour charge.

-Une lampe témoin avertissant le conducteur quand le débit de la bat­terie dépasse une valeur déterminée.

-Un compteur ampèheuremètre, un ar11 pèremètre et un voltmètre jumelés.

La batterie se compose de 40 élé­ments au plomb répartis en deux cais­ses de 20 éléments chacune, fixées sur les côtés du châssis. Ces caisses peuvent être facilement enlevées et transportées au moyen d'un chariot spéCial construit à cette fin.

La capacité est de 210 à 230 ampères­heure au régime de cinq heures.

La conduite ressemble en tous points à celle des véhicules à essence.

Le conducteur dispose d'une pédale de démarrage, d'une pédale d'accélé­ration, d'une pédale et d'un levi·er de freins. La pédale de freins agit sur les quatre roues. Pour démarrer, il appuie sur la pédale de gauche, met le levier de changement de marche soit sur AV, soit sur AR et relève ensuite douce­ment la pédale. Le véhicule démarre à 6 kilomètres à l'heure quel que soit le profil de la route, à moins de très fortes rampes. Le conducteur appuie ensuite progressivement sur la pédale de droite qui agit sur le rhéostat de champ. En relevant cette pédale il se produit automatiquement un freinage électrique par récupération sur la bat­terie.

Le poids du châssis complet est de 2 000 kilos environ, la batterie avec ses caisses pèse de 800 à 900 kilos. La charge totale, y compris la carros~ serie est prévue pour environ 1 000 kilos.

Le rayon d'action du véhicule en palier, sans recharge, est d'environ 90 kilomètres

(OMNIA -Juillet 1925)