05 - Œuvres sociales et associations (1900-1919)

========================================================================================================================

Œuvres Sociales et Associations

1900-1919

C'est au cours de la Première Guerre mondiale que les œuvres sociales et associations, à l'exception de l'une d'entre elles, prirent naissance. 1/ s'agissait alors de répondre à des besoins dus aux circonstances. Certaines survécurent aux événements, d'autres disparurent. Aujourd'hui trois associations peuvent se prévaloir d'un passé his­torique: la société mutualiste, continuatrice de la Société de Secours Renault frères, le Club Olympique de Billancourt, héritier lointain du Club Olympique des Usines Renault et le Cercle, à l'origine Cercle des Agents de MaÎtrise. De toutes les autres dont il est question il ne reste plus que quelques souvenirs.

Gilbert HATRY

La mutualité

La Société de Secours Renault frères fut vraisemblablement constituée au début du siècle. La preuve en est apportée par un reçu, retrouvé au hasard de nos recherches, que nous reproduisons ci-contre. Il nous révèle le nom du président de la société

M. Boyer. Quant aux présidents d'honneur ils furent successivement Marcel Renault comme en témoigna une palme déposée en 1904 au pied du monument élevé à la mémoire de la victime de Paris-Madrid, Fernand Renault jusqu'à sa mort survenue en 1909 et enfin Louis Renault.

En 1904, la Société de Secours prit le nom de « Caisse de secours des ouvriers et employés de la maison Renault ». Puis, en 1911, elle fut autorisée par un arrêté préfectoral daté du 11 novembre.

Elle avait pour but de venir en aide aux participants, membresdu personnel de la maison, mis dans l'impossibilité de travailler par suite de maladie ou blessures. Son financement était assuré par des recettes normales (cotisations des membres sociétaires, dons des membres bienfaiteurs et de la Direction de l'usine, intérêts produits par ces fonds), des recettes complémentaires

(droits d'admission, cotisations des membres honoraires, amendes, dons et legs divers, subventions accordées par l'État, le département, la commune et les particuliers, produit des fêtes, collectes, intérêts produits par ces sommes).

Les cotisations de 1 franc par quinzaine pour les hommes, 0,50 franc pour

Fac-similé du reçu établi le 22 mars 1901 (don de Messieurs Renault frères d'une somme de mille francs en souvenir de la course Paris­Toulouse),

les femmes et les jeunes gens, don­naient droit à une indemnité de 3 francs par journée d'arrêt de travail pour les hommes et 1,50 franc pour les femmes et les jeunes gens. Cette indemnité était payée pour une durée maximum de 120 jours par période de douze mois.

Dans le cas de maternité les sociétaires femmes percevaient un secours unique de 40 francs, L'indemnité de décès s'élevait à 50 francs pour les socié­taires des deux sexes, Des secours exceptionnels pouvaient être accordés dans certains cas.

Les cotisations étaient retenues obli­gatoirement sur la paye et le droit d'admission fixé à 2 francs. Le trésorier ne devant conserver en caisse que trois cents francs, l'excédent pouvait être déposé dans la caisse de la maison Renault qui s'engageait à payer à la Société un intérêt annuel de 5%.

Pendant les dernières années de la guerre, les avantages accordés aux sociétaires furent sensiblement amé­liorés. C'est ainsi qu'en plus des prestations et indemnités, il fut alloué dans le cas de maladie, pour les hommes 1,50 franc par jour pour les maladies de 4 à8 jours et 2,50 francs pour les maladies de 9 jours et plus, pour les femmes 1 franc par jour pour les maladies de 4 à 8 jours, 1,50 franc pour les maladies de 9 jours et plus. A ces indemnités s'ajoutèrent des secours médicaux exceptionnels de 10 francs pour 4 à 8 jours de maladie, 20 francs de 9 à 15 jours et 30 francs à partir de 16 jours et au-delà. Le secours de 40 francs dans le cas de maternité fut fixé à 60 francs, le secours de décès augmenté de 10 francs par enfant âgé de moins de

16 ans.

De 1911 à la fin de la guerre

M. Mançaux présida la Société.

Œuvre des mobilisés des usines Renault

Créée le 14 août 1914, elle reçut un premier fonds de caisse formé par la société de Secours Mutuels et l'ami­cale des Chefs d'équipe et des verse­ments facultatifs de 5 % sur les salaires.

Elle se proposait d'aider les familles dont le chef, ouvrier des usines, était appelé sous les drapeaux. Les allocations versées aux femmes s'éle­vaient à:

15 francs par quinzaine pour une femme seule

20 francs par quinzaine pour une femme avec un enfant

25 francs par quinzaine pour une femme avec deux enfants 30 francs par quinzaine pour une femme avec trois enfants

+ 10 francs par enfant supplémentaire à charge.

A la fin de la guerre 80 % du person­nel versait son obole et les retenues de 5 % sur les salaires furent réduites successivement à 4, 3, 2 et enfin 1 %

Au 1er avril 1918 le montant total des secours distribués atteignit le chiffre de F. 3.056.314,85.

Coopérative

de consommation

des usines Renault

Dans le cours de la deuxième année de la guerre, alors que le prix des marchandises commençait à s'élever, quelques membres du personnel prirent l'initiative de créer une société coopérative. U ne assemblée géné­rale constitutive se tint le 4 juin 1916, réunissant les mille premiers coopérateurs.

Trois commissions furent nommées: 1) un conseil d'administration com­posé de neuf membres.

2) ·une commission d'achats et de travaux (huit membres)

3) une commission de contrôle et de comptabilité (huit membres).

Le capital de la société fut constitué à l'aide d'un versement de cinquante francs par coopérateur. M. Renault fit don d'une somme de cinq mille francs.

Le premier magasin, installé 34 rue de St-Cloud (actuellement rue Yves­Kermen) et aménagé à l'aide de casiers et de comptoirs en sapin, fut ouvert le 1er septembre 1916. Les

Carte de membre Secours en 1914.

les produits d'épicerie, vins, confiserie et parfumerie. L'effectif de la société était alors de 1.774 coopérateurs représentant un capital de 106.000 francs. Un service de livraisons à domicile permit d'assurer l'approvi­sionnement de la majorité des socié­taires. A cet effet, un camion fut acheté aux usines et un autre, loué, servit à livrer, durant l'année 1916-1917 plus de 2.000 tonnes de charbon. En juin 1917 le magasin fut transféré rue Heinrich, dans une construction en bois spécialement édifiée, ce qui donna la possibilité de créer de nouveaux rayons: boucherie, char­cuterie, fruiterie, volailles et gibier, poissonnerie, mercerie, bonneterie, chaussures. Pour pouvoir faire une répartition équitable de tous les produits qui devenaient rares, et pour lutter contre les tendances commer­ciales de certains coopérateurs, le

honoraire de la Caisse de

Conseil d'Administration institua la

carte d'alimentation pour le vin, le

pétrole, le chocolat, les pâtes ali­

mentaires, l'huile, le saindoux et le

savon.

Les prix de vente pratiqués à la

société, tout en restant légèrement

au-dessous des cours normaux de

la région, étaient maintenus au maxi­

mum, afin d'éviter que les marchan­

dises achetées presque à prix de

revient à la société ne soient reven­

dues à des tiers qui faisaient eux­

mêmes commerce de ces marchan­

dises.

Le trop perçu résultant de ce système

de vente était restitué au coopérateur

à la fin de chaque semestre et

réparti au prorata du montant total

des achats de chaque sociétaire. Le

taux de répartition du trop perçu fut,

pour les quatre premiers semestres,

de 4,66 %, 7 %, 9 % et 9 %.

coopérateurs purent y trouver tous Magasin d'alimentation de la coopérative en 1917

Réfectoires, cantines et restaurants

Un réfectoire de 2.000 places fut édifié quai de Billancourt. Un dispo­sitif de chauffage par bain-marie permettait aux ouvriers de réchauffer les aliments qu'ils apportaient. Les consommateurs pouvaient compléter leur menu par des denrées de toutes sortes (plats chauds, plats froids, desserts, pain, vin, café) débitées par une cantine installée à l'intérieur. Enfin une petite bibliothèque, située à proximité, était à leur disposition.

En mai 1917 un réfectoire annexe de 500 places et un restaurant furent ouverts. rue du Point-du-Jour. Ils étaient entretenus et gérés par la Coopérative. Le personnel employé, quant à lui, eut à sa disposition un mess composé de trois salles instal­lées dans l'usine même.

A signaler également l'installation en différents points de l'usine de postes de distribution de boisson où étaient offerts gratuitement coco, café et bouillon.

Entre nous

Cette société regroupait les blessés et mutilés de la guerre. Elle avait pour devise «Aimons-nous et aidons­nous}). Créée le 23 septembre 1917 elle comprenait, à la fin de 1918, 175 membres adhérents. Les membres honoraires et donateurs au nombre de 152, leur apportaient un appui moral et pécuniaire.

Les dons et cotisations atteignirent le 1er octobre 1918, le chiffre de

19.690 francs. La cotisation fixée à 1,50 franc par mois donnait aux sociétaires les avantages suivants:

pour les deux premiers mois de maladie, frais médicaux et pharma­ceutiques gratuits, plus un franc d'indemnité par jour;

pour les troisième et quatrième mois, frais médicaux et pharma­ceutiques gratuits plus deux francs d'indemnité journalière;

pour les cinquième et sixième mois, frais médicaux et pharma­ceutiques gratuits.

En cas de décès d'un sociétaire un versement de 100 francs était fait à sa famille pour ses obsèques.

B4

Le réfectoire du quai

Club olympique des usines Renault

Fondé le 23 septembre 1917, le

C.O.U.R. se donnait pour but la pra­tique des exercices physiques de toutes sortes.

Les membres sociétaires se recrutaient uniquement dans le personnel de l'usine, ils devaient acquitter une cotisation mensuelle de 1 franc, pour les hommes ou 0,50 franc pour les femmes et les jeunes âgés de moins de 16 ans.

A la fin de la guerre le C.O.U.R. comptait 350 adhérents répartis dans les différentes sections: football, rugby, cyclisme, culture physique (féminine et masculine), escrime, tennis et natation. Les installations sportives étaient situées dans l'île Seguin.

Société musicale des usines Renault

Les différentes sections de cette société virent le jour dans le courant de l'année 1918: La symphonie, le 5 mai, regroupait 34 musiciens, l'harmonie, le 5 novembre, comptait 48 membres.

Le cercle choral, créé en juillet, réunissait 120 membre~, hommes et femmes.

Des auditions étaient données dans les divers hôpitaux des environs de Paris et, le 17 novembre à l'occasion de l'armistice, un concert gratuit fut offert au personnel de l'usine dans le réfectoire du quai de Billancourt.

de Billancourt en 1917.

Garderie

Ouverte en octobre 1918, elle s'ins­talla dans une propriété sit~ée 39, ave­nue du Cours (avenue Emile-Zola).

y étaient admis les enfants, garçons ou filles ayant trois ans révolus et moins de dix ans dont la mère était ouvrière ou employée à l'usine.

L'administration en était confiée à une directrice ayant pour rôle prin­cipal la surveillance générale des enfants, l'organisation et l'orientation de leurs études et de leurs jeux. Les enfants n'étaient admis qu'après examen et avis favorable du médecin de l'usine.

La garderie était ouverte chaque jour de six heures et demie du matin à dix-huit heures. Entre sept heures et sept heures et demie un petit déjeuner était servi aux enfants. Tous les enfants âgés de six ans et plus étaient obligatoirement conduits pour huit heures dans les écoles de Billancourt par des surveillants qui allaient les chercher à onze heures.

Le repas de midi. fourni par les parents chaque matin, était tenu chaud et servi à onze heures et demie. L'après­midi les aînés retournaient à l'école et les petits étaient gardés et occupés suivant leur âge.

A seize heures et demie un goûter, fourni par l'usine, rassemblait l'en­semble des enfants. De dix-sept heures à dix-huit heures une étude surveillée permettait aux enfants d'âge scolaire de faire leurs devoirs et d'apprendre leurs leçons aidés des conseils des surveillants chargés de leur éducation.

Cercle

Le 29 octobre 1918, 178 chefs de service, chefs d'ateliers et contre­maîtres ayant à leur tête M. Serre, créaient le Cercle des Agents de Maîtrise des Usines Renault plus couramment appelé « Cercle des Chefs de Service ».

Le siège fut établi dans une belle propriété 30, avenue Émile-Zola. Quelques années plus tard, l'usine poussant devant elle ses bâtiments, le Cercle quittait les lieux pour s'ins­taller de l'autre côté de la place de l'Église là où se trouve maintenant le centre de formation professionnelle et technique.

Amicale des monteurs et graphiqueurs

Fondée en 1918 et devenue par la suite la société amicale des Chefs d'Équipe, cette association avait pour but d'établir un centre de relations amicales et d'aide mutuelle entre les chefs d'équipe dans un but de mutualité et de solidarité; de per­mettre à tous ses adhérents de com­pléter leurs connaissances techniques en organisant des cours et des confé­rences et en constituant une biblio­thèque.

Le siège de la société était fixé 39 rue du Cours et le droit d'entrée s'élevait à 3 francs. Quant à la coti­sation mensuelle elle s'élevait à 1,50 franc.

Le char d'assaut

Association en participation du per­sonnel des usines Renault pour l'achat de valeurs françaises à lots, elle fut fondée le 1 er novembre 1918. Admi­nistrée comme une société anonyme elle eut son siège 15, rue Gustave­Sandoz.

Chaque adhérent s'engageait à payer, par part, 2 francs pour droit d'admis­sion plus 8 francs par mois pour cotisations payables mensuellement et à l'avance, du 1 er au 5, au siège social.

La société était administrée par un conseil composé de 14 membres et 4 suppléants, faisant obligatoirement partie du personnel de l'usine et élus en assemblée générale.

Le cercle en 1918

Statuts de la société « Le Char d'assaut»