06 - Chronique du C.A.R. : Hommage à François Szisz

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Chronique du C.A.R. : Hommage à François Szisz

Le dimanche 20 novembre dernier, la Section d'histoire et le C.A.R. organisaient une journée d'hommage à François Szisz. Tôt le matin, au rendez-vous fixé devant le siège du C.A.M.T.E.U.R., un invité se ralliait aux organisateurs : le club des Teuf-Teuf. Un petit cortège de voitures ancien­nes se forma derrière un autocar afin de rejoindre Renault­Champs-Élysées où venait d'être ouverte une exposition «Renault, 80 ans de compétition ». Un certain nombre de participants, au volant de leur Renault de tout âge s'y trou­vait déjà et les 92 présents investirent l'enceinte du musée où ils purent admirer quelques spécimens de voitures de course et entendre les commentaires fort intéressants de

M. Garlenc.

Après un rapide petit déjeuner, ce fut le départ pour Auffar­gis. Devant la mairie une foule nombreuse et curieuse, la

Gilbert Hatry prononçant son allocution.

fanfare municipale et les deux maires-adjoints piétinaient en attendant la formation de l'important cortège qui, vers 11 h 30, se dirigea vers le cimetière où repose François Szisz.

Devant le grand portail, Gilbert Hatry prononça l'allocution suivante:

« Monsieur le Maire,

« Mesdames, Messieurs,

«L'hommage que nous rendons aujourd'hui à celui qui repose depuis trente-trois ans dans la terre d'Auffargis, est une manifestation de reconnaissance, certes tardive, à l'homme qui porta au sommet le nom de Renault. Et, si dans l'histoire de la compétition automobile, François Szisz figure à tout jamais, on ne saurait oublier qu'il fut plus qu'un champion audacieux : un homme affable et modeste qui, au terme de sa route, sut se retirer sans bruit ».

«1/ fut long et difficile le chemin parcouru par François Szisz. Né le 20 septembre 1873 dans un village de Hongrie, il arrivait dans un foyer comprenant déjà cinq enfants dont l'existènce était assurée par le dur labeur d'un père à la fois écuyer, forgeron, vétérinaire au service d'un boyard provincial. Tout jeune, il connut la difficile vie des pauvres mais, comme l'écrivirent par la suite ses biographes hon­grois : «la sévérité affectueuse-et résolue du chef de famille ainsi que l'atmosphère du foyer, lui donnèrent la base nécessaire à la formation d'une conception de la vie faite de volonté et d'intégrité ».

« Le voici, ses études primaires à peine achevées, apprenti­serrurier puis compagnon dans l'atelier seigneurial. Encore quelques années et nous le retrouvons, ayant rompu toutes ses attaches, chez un maître fondeur à Gyula, important centre de commerce, situé à proximité de la frontière rou­maine. Dans cette ville, il va développer ses centres d'inté­rêt et s'adonner plus spécialement à la mécanique. Déjà, ce qui le passionne, c'est l'automobile à peine naissante en Europe occidentale, et pratiquement inconnue en Hongrie. Ses biographes disent même «qu'il inventa quel­que chose dans le domaine de la construction automobile, mais que le manque d'intérêt existant à l'époque à l'égard du nouveau mode de locomotion, l'incita à quitter son pays ».

«1/ s'installe alors en Allemagne où il va parfaire ses connaissances pratiques. Mais, en définitive, c'est vers la France que son irrésistible penchant va le pousser. Car, à la fin du siècle dernier, la France, c'est la patrie de l'auto­mobile, c'est là que l'automobile a véritablement pris son essor et c'est le seul pays qui peut s'enorgueillir de possé­der une industrie automobile de tout premier ordre avec 620 constructeurs" .

«Le mardi 1er mai 1900, François Szisz est embauché dans la jeune usine Renault Frères. Atelier plus qu'usine, où une centaine d'ouvriers s'affairent dans un hall de 5000 mètres carrés. La première impression est mauvaise. 1/ pensa, devait-il raconter plus tard « qu'il n'y resterait pas longtemps» car «ça ne devait pas être très sérieux ». En fait, il devait y rester dix ans et y acquérir tous ses titres de gloire. Car, chez Renault Frères, il y avait Louis Renault, un singulier bricoleur qui, en trois mois et pour son vingt­et-unième anniversaire, avait construit avec son camarade de régiment Edouard Richet, sa première voiturette en la dotant d'un dispositif de son invention: la prise directe. Un bricoleur têtu, obstiné, volontaire, autoritaire, despote à l'occasion, qui savait ce qu'il voulait et qui, le sachant, le voulait; mais un homme qui s'y connaissait en homme et qui, rapidement, prit la mesure de François Szisz. 1/ fau­dra peu de temps pour que ce dernier devienne le méca­nicien préféré de Louis Renault avant d'être promu au rang de contremaître».

«Dès son arrivée, François Szisz collabore activement à la préparation des compétitions auxquelles la jeune marque, au palmarès déjà flatteur, ne manque pas de participer. En effet, au début du siècle, si les courses d'automobiles constituaient un remarquable et unique banc d'essais, tant pour les moteurs que pour les organes, elles assuraient aussi aux marques victorieuses un débouché commercial essentiel. Nombreux étaient les constructeurs qui prenaient le volant afin d'être plus à même de déceler les imperfec­tions de leurs voitures. Ainsi, les premiers champions de Renault furent-ils Louis et Marcel Renault ".

« A partir de 1900, Renault est au départ de toutes les gran­des épreuves. Paris-Toulouse-Paris la «course de l'Expo­sition » est remporté par Louis Renault qui récidive l'année suivante dans Paris-Berlin. En 1902, Renault accède à la catégorie des «voitures légères" et, dans Paris-Vienne, Louis et Marcel sont au volant de deux 16 ch pesant près de 650 kg. Pour la première fois, ils sont accompagnés d'un c aide ". Cet « aide ", dit un journal de l'époque c dOit être un débrouillard ". C'est sur lui que repose la responsabilité presque entière de la bonne marche de la voiture. C'est lui qui, tout en roulant, la graisse, la soigne, l'écoute. Car il doit connaître assez sa bête pour en deviner au moindre bruit, le malaise probable, et pour y porter remède sans hésitation. Un peu d'acrobatie n'est pas de trop dans ses qualités. A la vitesse d'un rapide, il doit savoir se pencher dehors et atteindre, dans le moteur, le guichet d'air à ouvrir ou fermer, ou le ressort qui "rappelle" mal. C'est lui

La tombe de François Szisz après la cérémonie.

encore qui, aux contrôles, doit rapidement ravitailler la voi­ture, faire emplir par les hommes de sa maison qui l'atten­dent, les réservoirs d'eau, d'essence, d'huile, donner un tour de main aux graisseurs, retendre au galop une chaine, prestement remettre le moteur en marche, et sauter à sa place! ».

« Des hommes de ce calibre, les frères Renault n'ont aucun mal à en trouver. /ls les ont près d'eux. Marcel choisit Vauthier, un mécanicien de l'usine, et Louis, tout naturelle­ment, François Szisz. Et voici notre héros sur la route d,e Vienne. Mais, cette fois, la malchance est au rendez-vous. Au contrôle d'Innsbruck, alors que Louis Renault se trouve en tête de sa catégorie, un concurrent maladroit accidente sa voiture. Pendant quatre heures, les deux hommes, avec des moyens de fortune, la remettent en état. A peine les avaries réparées, Louis Renault heurte un talus et brise une roue. De nouveau, il faut se mettre au travail, mais c'en sera fini des espoirs de vaincre. Et, alors que Marcel Renault vole vers Vienne, où son arrivée prématurée sur­prendra les organisateurs au point qu'il trouvera les portes du Pra ter fermées, Louis, à force d'audace et de volonté, pourra néanmoins prendre une honorable 13e place».

«François Szisz a ainsi conquis son rang dans l'équipe Renault et on le retrouvera l'année suivante près de Louis dans ce tragique Paris-Madrid qui verra la mort de Marcel Renault ».

«Cette disparition brutale va décider du sort de Szisz. Louis Renault renonçant à piloter lui-même ses voitures, Szisz le remplace. Après un temps de deuil, les Renault réapparaissent dans le «Circuit d'Auvergne,. disputé en 1905. Avec son camarade Dimitriévitch, François Szisz est aux commandes d'une 70/90 ch dont le châssis surbaissé la fait ressembler étrangement à la Perless du champion américain Barney Oldfield. Cependant, cette disposition prévue pour assurer la victoire et qui surprit fort les pro­fessionnels de l'automobile, ne devait permettre à Szisz que de figurer en cinquième position au classement géné­rai, à quelque vingt minutes du vainqueur ».

«Demi-échec que les hommes de Billancourt vont s'em­ployer à effacer. L'occasion leur est fournie par l'A.C.F. qui organise, en 1906, son premier Grand Prix sur un circuit aménagé à partir d'un projet présenté par l'Automobile­Club de la Sarthe. Pour vaincre, il faut des hommes alliant le courage à la volonté. Louis Renault recrute : Edmond, débauché d'une autre marque pour l'occasion, Richet, le compagnon des premiers jours, et Szisz. /1 faut aussi des machines. En quelques mois, elles sont au point. fi convient enfin de faire connaissance avec le parcours. Deux mois avant l'épreuve, les conducteurs, avec leurs mécaniciens, sont sur place. Utilisant des voitures de 30 ch, les voitures de course étant soigneusement cachées à Billancourt pour ne pas alerter les adversaires, ils explorent systématique­ment /'itinéraire. Louis Renault se rend fréquemment sur les lieux et, dès le début de juin, il installe son quartier général à Changé, près du Mans ".

«Le règlement du Grand Prix comportait des stipulations qui rendaient la course éprouvante pour les hommes comme pour le matériel. Elle était disputée sur deux journées consécutives, à raison de 600 km par jour, et les concur­rents ne pouvaient se ravitailler qu'à deux postes fixes, sans aucune aide «aucun ouvrier, selon le règlement, n'étant toléré sur la route ".

« Le mardi 26 juin, à 6 heures du matin, ils sont 32 sur la ligne de départ. La ronde infernale commence. Au troisième tour, soit à mi-parcours, Szisz prend la tête. /1 la gardera jusqu'au terme de la première journée, devançant de 26 minutes son adversaire le plus direct : Albert Clément, sur Bayard-Clément ».

« Szisz cannait alors sa première heure de gloire. «Quand il quitta sa Renault pour se frayer un passage à travers la foule qui l'acclamait et voulait le porter en triomphe, il était rayonnant de joie '", relate un journaliste qui poursuit : « L'intrépide chauffeur était alors dans un état de fraîcheur remarquable" ; et Szisz d'ajouter «J'ai marché de bout en bout sans aucun arrêt causé par la mécanique et j'ai pu, sans trop d'efforts en somme, faire du 108 de moyenne '".

« Le lendemain, disposant d'une confortable avance qui lui permit de faire une course prudente, il devait l'emporter

Dans le cortège : Primaquatre de Pierre Le Moal suivie de la Viva Grand Sport de Jean-Claude Dupouy; à l'arrière-plan, Maurice Broual au volant d'une Primaquatre.

définitivement devant l'Italien Nazzaro, sur Fiat. Il avait couvert 1238 km à la moyenne horaire de 101 km. «II a gagné, s'écria Louis Renault; c'est un brave garçon, un bon travailleur et un riche conducteur ". Pour qui "8 connu Louis Renault, ce n'était pas dans sa bouche un mince compli­ment. Cependant, pour apprécier, aujourd'hui, à sa juste valeur, l'exploit réalisé par le champion de Renault, il convient de songer un instant aux obstacles de tous ordres que les concurrents du 1er Grand Prix eurent à surmonter. L'interdiction de toute assistance technique, d'abord, qui les laissait avec leur seul mécanicien pour pallier les pannes inopinées. Le circuit, ensuite, avec ses nombreux virages, ses routes hâtivement revêtues d'un goudron som­maire qui, s'effritant sous les roues, était projeté sur le conducteur, lui brûlant le visage, et la pOUSSière qui, péné­trant les lunettes, l'aveuglait. Enfin, les bris de mécanique et les crevaisons répétées, qui furent à l'origine des nom­breux abandons, en sorte que onze voitures seulement terminèrent l'épreuve".

« La double victoire de Szisz et de Renault allait être exploi­tée au maximum par la marque qui décida, était-ce pré­somption, d'aller défier, chez eux, les pilotes américains dont la presse sportive commençait à célébrer les perfor­mances. Dans les mois qui suivirent sa victoire, on vit Szisz sur le continent américain, aux U.S.A. et jusqu'à Cuba, s'aligner avec Bernin, autre coureur de Renault, dans de nombreuses compétitions, sans pour autant y rencontrer le succès. Dès le début de 1907, il est de retour à Billan­court pour préparer le 2e Grand Prix sur un circuit tracé cette fois dans la région de Dieppe".

« La tâche est plus ardue. Six pays étrangers ont annoncé leur participation contre deux l'année précédente. Les champions les plus prestigieux sont sur les rangs. Il s'agira d'une véritable rencontre internationale dont l'enjeu, pour la France, est primordial : pourra-t-elle une fois encore dominer ses adversaires?".

Dans le cortège : la 4 CV découvrable 1955 restaurée, avec la collaboration d'Emmanuel Cognet, Jean Tournet et de Claude le Maitre (1 r. sortie, galop d'essai sur 100 km). Sellier : Jean Pardini, rue de la Pyramide à Boulogne.

«Pour affronter cette nouvelle épreuve, Louis Renault fait confiance aux hommes et aux machines du 1 er Grand Prix. Cependant, le sort ne sera guère favorable aux Renault et notamment Szisz dont le mécanicien Marteau, à ses côtés l'année précédente, se blesse avant le départ et doit être remplacé par Dimitriévitch qui ne connaît pas le par­cours. Néanmoins, la volonté de vaincre demeure".

« Course passionnante et émouvante que celle qui débute le 1er juillet 1907. Dès le premier tour, le duel s'engage, féroce. A près de 120 kilomètres/heure, les bolides se livrent à une poursuite effrénée. Szisz, tout en évitant de se laisser distancer, tient à faire une course prudente, éco­nomique, les organisateurs ayant fixé un maximum de consommation, soit 30 litres aux 100 kilomètres. Au ge tour, il est en seconde position derrière Nazzaro, sur Fiat, mais ce dernier comptait déjà 6 minutes d'avance sur lui et, sauf accident, la victoire ne semblait pas devoir lui échapper.

« Une lueur d'espoir apparaît, rapporte un chroniqueur, lors­que Szisz achève le premier, le circuit en 6 h 53 mn. Mais, parti 9 minutes avant Nazzaro, il faudrait que ce temps s'écoulât avant l'apparition de ce dernier pour que notre représentant fut vainqueur. L'espoir est de brève durée car Nazzaro apparaît bientôt et le temps qu'on affiche lui assure la victoire avec 7 minutes d'avance ".

« Défaite pour Szisz et Renault, défaite pour les construc­teurs français, mais défaite de justesse. En effet, sur les seize voitures présentes à l'arrivée, onze étaient françaises dont huit classées derrière la Fiat. Si la première place nous avait échappé, lisait-on dans la presse : ce fut parce que les constructeurs français sous-estimèrent les possi­bilités économiques de leurs voitures. Hantés par la crainte de voir leurs coureurs rester en panne sèche avant la fin de l'épreuve, ils calculèrent beaucoup trop largement la marge de sécurité concernant la consommation. C'est ainsi que, tandis que Nazzaro terminait avec Il litres d'essence dans son réservoir, il en restait 30 à Szisz, 38 à Baras el 43 à Rigal. On peut donc dire que la victoire est allée à celui qui avait le mieux calculé son affaire ".

Dans le cortège : Au volant de sa Brasier 1910, le docteur Jean­Pierre Guihery le Rolland.

«Mais, il y avait d'autres raisons, notait le journaliste, Robert Dieudonné qui, dressant le bilan sportif de l'année, constatait que 1907 avait été" en tous points déplorable" tant par la faute des constructeurs que de l'A.C.F.; «II était grand temps, ajoutait-il, que notre prestige prenne une belle revanche ".

«Curieuse revanche, en vérité, que celle de l'année sui­vante au 3e Grand Prix, toujours à Dieppe. Ce fut pour les français, plus qu'une défaite, une véritable déroute. Parmi les dix premiers, ,on ne relevait la présence que de trois français : Rigal sur Bayard-Clément à la 4e place, Dimi­triévitch sur Renault à la 8e et Heath sur Panhard à la ge. Quant à François Szisz, malheureux comme tant d'autres, il avait dû abandonner dès le deuxième tour».

« Analysant cet échec, Louis Renault l'attribuait, non à ses voitures qui étaient, selon lui «parfaites, bien au point, vites et parfaitement conduites », mais «à la défectuosité d'un système de jante amovible livré huit jours avant la course ». Pour le marquis de Dion le mal était plus fonda­mental. « Il ne faut pas le nier, disait-il, la France, où l'auto­mobilisme a pris naissance et s'est développé, a perdu son avance incontestable et nous avons trouvé nos maîtres qui nous ont pris nos inventions» car «les secrets que nous trouvons, nous les livrons généreusement au genre humain avec cette belle et naïve chevalerie qui nous carac­térisent ".

« La déroute de Dieppe, humiliante pour les constructeurs français, devait avoir pour conséquence la suspension de l'organisation en France de grandes compétitions. Pendant un temps, les noms les plus célèbres de l'automobilisme mondial se retrouveront aux États-Unis. Ainsi, François Szisz participera, le 7 novembre 1908, au Grand Prix d'Amé­rique de Savannah où, malgré une performance promet­teuse, il ne pourra s'imposer ».

«A partir de 1909, Louis Renault renonce définitivement à la course et il faudra attendre près de 40 années pour voir réapparaître la marque dans une épreuve sur circuit ».

« Le petit mécanicien hongrois devenu, à force de courage et d'audace, le champion de Renault, va-t-il s'incliner devant cette décision? Ce serait mal connaÎtre François Szisz. Il va rompre les liens d'amitié et de passion partagée qui l'attachaient à Billancourt. Le 31 décembre 1909, il quitte Louis Renault, on imagine avec quel déchirement, pour offrir ses services aux marques qui croient encore aux vertus de la course. On le voit chez Alda, où il rencontre Maurice Tabuteau qui, pour quelques mois, à délaissé l'aviation. Il est au départ du Grand Prix de France, mais blessé par une Opel au moment .où il changeait un pneumatique, il doit abandonner. Quinze jours plus tard, il remporte le circuit d'Anjou au volant d'une Lorraine-Dietrich ".

«Août 1914, c'est la guerre. Szisz rejoint à Blois le 113e régiment d'infanterie où il va travailler à la mise au point des fusils. Plus tard, comme ancien ressortissant d'une puis­sance ennemie, il sera affecté en Algérie ».

«A la fin des hostilités, âgé de 45 ans, il n'est plus ques­tion pour lui de reprendre la compétition. /1 ouvre un garage à Neuilly, qu'il exploitera jusqu'en 1930. Pendant ces années, il retrouvera Louis Renault qui, en signe d'amitié, lui offrira une voiture avec laquelle il gagnera une course de côte, organisée à Fontainebleau par l'Automobile-Club de l'lIe-de-France, le 13 mai 1928. Ce sera la dernière fois que son nom apparaÎtra dans la presse sportive».

«Retiré rue Creuse, à Auffargis, dans sa vil/a «Les Dahlias », il devait disparaÎtre le 21 février 1944 ».

« Tel fut l'homme dont nous avons tenu aujourd'hui à rap­peler le souvenir. Homme modeste, homme d'une grande affabilité aux dires de ses amis, il appartient à /'immense cohorte de Ceux qui ont fait Renault ».

« Si Renault, aujourd'hui, peut être fier de ses produits, de sa technicité, de son potentiel industriel et de son uni­versalité, il le doit, en premier lieu, à ce million d'hommes, de femmes et d'adolescents qui, depuis tantôt 80 ans, ont travaillé durement, sans ménager ni leur peine, ni leur temps. Pendant une décennie, François Szisz a été l'un des leurs, l'un des nôtres; c'est aussi à ce titre que nous l'honorons».

La foule se dirigea alors vers la tombe de François Szisz où des gerbes et une plaque commémorative furent dépo­sées. Puis ce fut la sonnerie «Aux Morts» et une minute de silence fort émouvante dans la froidure du petit cime­tière.

La cérémonie terminée, le cortège se reforma et prit la direction de Rambouillet où une sympathique auberge avait préparé un abondant buffet campagnard. Après le traditionnel gâteau surmonté d'une ancienne Renault, ce fut la dislocation. En résumé, une belle journée où se retrou­vèrent associés dans le souvenir les passionnés de la Marque.

Joëlle BLAISE