09 - Aventures en Régie (3)

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Texte brut à usage technique. Utiliser de préférence l'article original illustré de la revue ci-dessus.

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Aventures en Régie (3)

Septième partie

L'Irak

Irak -23 avril 1979 -15 février 1981

L'Irak a d'abord été connu sous le nom de Mésopotamie (mesos-potamos), pays entre les fleuves, qui fut, le long du Tigre et de l'Euphrate, le berceau des civilisations babylo­nienne et assyrienne. Cette longue plaine, à l'histoire aussi riche que mouvementée, en est aussi le centre géographique.

Le traité de Sèvres de 1920, en consacrant le démembrement de l'empire ottoman, donna naissance à l'Irak moderne.

Le territoire irakien peut ètre divisé en trois régions géogra­phiques que leurs traits distinguent nettement: à l'ouest, une zone steppique, au centre une grande plaine, domaine du Tigre et de l'Euphrate, et à l'est une zone de montagnes. Il y fait très chaud: températures moyennes à Baghdad: janvier, '10° à l'aube, 34° à midi; juillet, 23° à l'aube, 50° à midi.

Les Irakiens, contrairement aux Libyens, sont des gens volon­taires et courageux, débordant de gentillesse et de savoir-vivre. Le contraste est grand, et déjà lors de ma venue en décembre 1978 leur façon européenne de vivre m'avait beaucoup marqué.

Une grande partie des femmes irakiennes travaillent et il n'est pas rare d'en rencontrer à des postes importants dans les admi­nistrations d'État. Elles sont pour la plupart fort belles et de caractère très gai.

Je suis arrivé à Baghdad au mois d'avril 1979, avec trois mois de retard, mon prédécesseur était parti et c'est avec l'aide de mon assistant irakien, M. Thomas, que j'ai pris mes fonctions.

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La colonie française était importante et mes premières semaines se sont passées en visites et prises de contact auprès des sociétés implantées dans le pays. Pour la première fois, j'avais l'aide et les conseils de Son Excellence M. Morizet, l'ambassadeur de France, qui m'accordait audience une mati­née par mois pour un tour d'horizon. C'était très rassurant de se sentir soutenu par le corps diplomatique ainsi que par les sociétés françaises.

Mon occupation principale consistait dans les contacts journa­liers avec le ministère du Commerce dont dépend l' "Automo­bile State Entreprise", organisme national responsable de l'importation des automobiles. Nos relations étaient excel­lentes, mais étant donné les tendances politiques, les faveurs commerciales allaient bien entendu aux pays de l'Est ou aux Japonais. J'arrivais tout de même à décrocher quelques petits contrats et le gros marché de Renault était la pièce de rechange. Ces contacts fort intéressants et cette nouvelle vie me convenaient parfaitement.

J'habitais la somptueuse villa de mon prédécesseur qui s'était, pour la louer, inspiré des" Mille et une Nuits" en cinémascope. Elle était fort grande, mais tout ce faux luxe me sortait des yeux. Située à 12 kilomètres de Baghdad, elle était d'un accès difficile. J'ai donc envisagé de changer et de me rapprocher du centre le plus rapidement possible; mais étant donné l'arrivée en masse des Européens, il n'était pas facile de se loger en ville. Ce n'est qu'à la fin de l'année que j'ai pu récupérer la villa d'un collaborateur du Groupe.

En attendant, pour les commodités du service et aussi pour réduire les frais au minimum, j'ai supprimé le bureau de Baghdad et me suis installé chez moi. Au bout de deux mois j'étais totalement organisé.

Le bureau fonctionnait. C'était la première fois que je me sen­tais bien dans ma peau. À la fin du mois de juin, je suis rentré en France pour quinze jours. Vivant seul dans le pays, il avait été convenu que mon retour en France se ferait tous les deux mois et demi.

À mon retour, j'ai dû préparer l'arrivée d'une équipe d'ingé­nieurs de "Renault Industrie et Technique" qui arrivait pour achever les négociations d'un contrat concernant la construc­tion de six hôpitaux sur le territoire irakien. J'ai donc reçu cette équipe et, compte tenu des difficultés d'hébergement, ma villa s'est transformée en "guesthouse". Nous y vivions parfois à six, et la salle à manger servait de bureau d'études et de cantine. La vie en communauté est parfois pénible, surtout lorsque l'on se trouve en pays étranger et sans femme de ménage, mais, avec cette équipe bien sympathique, nous avons tenu le coup plusieurs semaines.

L'équipe était solide et sans problèmes et lorsque ces collègues sont retournés en France, je me suis retrouvé très seul dans cette maison.

Les Français de Baghdad étaient accueillants et très souvent, le soir, nous nous retrouvions, soit au centre culturel, soit au club. Nous avions créé une chorale ainsi qu'un groupe théâ­tral, ce qui occupait une grande partie de nos soirées.

Le vendredi (jour férié musulman), j'allais souvent avec un autre groupe faire des fouilles dans la région de Babylone et de Ramadi. L'Irak est le paradis des archéologues et, tout le long du Tigre et de l'Euphrate, on trouve encore aujourd'hui des trésors inestimables attestant la présence de civilisations nom­breuses et très anciennes. Nous partions le vendredi matin vers 4 heures, mais toute activité s'arrêtait à partir de 10 heures. Passé cette heure, la chaleur était tellement forte qu'il était impossible de rester dehors.

Jean Meynadier et son épouse dans le désert.

J'ai vite sympathisé avec le directeur d'Air France, M. Jean Meynadier, qui était souvent mon compagnon de fouilles, et nous avions également en commun l'amour des bêtes. Jean m'avait intégré dans tous les groupes intéressants de Baghdad, malheureusement sa gentillesse et son dévouement lui ont coûté la vie au début de 1981 pendant les événements. Notre plus belle découverte fut, dans la région de Babylone, un sarcophage datant de l'époque de Nabuchodonosor.

La chorale.

L'Irak est le paradis des archéologues ...

Le lion de Babylone.

Découverte d'un sarcophage.

Découverte d'un squelette datant de l'époque de Nabuchodonosor.

Mon travail m'obligeait à me déplacer dans tout l'Irak et c'est avec un immense plaisir que j'ai découvert une partie des mer­veilles de ce pays: dans le nord, dans la haute vallée du grand Zab, affluent du Tigre, la grotte de Shanidas où ont été retrou­vées les plus anciennes traces du fameux homme de Néander­thal. La montagne du Zagros où l'on retrouve énormément de traces du paléolithique inférieur, est le pays où l'on rencontre le plus de Kurdes, qui vivent encore aujourd'hui à l'ère de la pierre taillée et sous l'influence néfaste des néo-primates soviétiques.

Mes premiers mois en Irak se sont passés sans grands pro­blèmes. Le boycott de la Régie par les pays arabes m'occasion­nait, bien entendu, d'énormes préoccupations, mais dans l'ensemble je me trouvais très bien.

Je rencontrais aussi, comme en Libye, de très grosses difficultés à m'approvisionner en alimentation et nous devions presque toujours faire des heures de queue pour avoir un ou 2 kilos de légumes. En ce qui concerne la viande et le poisson, c'était pire encore. Enfin, ceci n'était pas mon principal souci et je me contentais assez bien des œufs que me procurait une petite basse-cour, et je profitais de mon séjour en France, tous les deux mois et demi, pour m'approvisionner au maximum.

À l'issue de mes congés de juillet 1980, ma fille est venue avec moi passer le reste de ses vacances. Dès mon arrivée à l'aéro­port, j'ai décelé un certain malaise dans le comportement des douaniers ainsi que des forces de l'ordre. Ils étaient toujours aussi courtois, mais l'on sentait une certaine inquiétude.

Le lendemain, j'appris que le conflit dégénérait à la frontière iranienne, et déjà des avions suspects survolaient Baghdad, ce qui mettait la population dans un état d'excitation soutenu.

*

* *

Trois semaines se sont passées sans trop de problèmes et ma Gigi a pu passer d'agréables moments sur les bords du lac d'Habania.

Depuis quelques jours, le climat politique inquiétait de plus en plus les ressortissants étrangers. Beaucoup décidèrent d'écour­ter leur séjour, ce qui créa au service d'immigration une panique telle que le jour où je me suis présenté pour régulariser le visa de sortie de ma fille, c'est à 6 heures du matin que nous sommes allés faire la queue, déjà longue.

Les Irakiens comprenaient mal cet exode, et cela les rendait, contrairement à leur comportement habituel, assez hargneux. J'ai même vu, lorsque la queue s'approchait un peu trop près des limites autorisées, le chef de la police du secteur nous repousser en faisant une marche arrière avec sa voiture.

À 8 heures, à l'ouverture des bureaux, une cinquantaine de personnes, dont ma fille et moi, ont été autorisées à entrer dans le bâtiment. Ils nous ont entassés dans une pièce où, serrés comme des sardines, nous avons attendu.

Il Y avait parmi nous une forte majorité d'ouvriers allemands de l'Est. Enfin, à 8 heures, une dizaine de personnes ont pu se présenter aux guichets des différents services. Je faisais partie de celles-ci. Nous avons donc pu commencer nos formalités. Pour un visa de sortie, il faut au moins cinq cachets et se présenter à plusieurs bureaux, mais cela s'est bien passé.

Lorsque les ouvriers allemands de l'Est, las d'attendre, ont forcé le barrage de militaires et se sont précipités dans les esca­liers, ils sont arrivés sur le palier comme un bulldozer juste à l'instant où je sortais d'un bureau. Je n'ai pas eu le temps de les éviter et j'ai été heurté de plein fouet. La violence du choc m'a déséquilibré et je suis tombé en contrebas, le dos sur la rambarde métallique de l'escalier.

Malgré une douleur brûlante au dos, j'ai pu me relever et remonter avec beaucoup d~ difficultés l'escalier. Mais revenu au point de départ je me suis écroulé. J'ai attendu environ une demi-heure avant que la police ne vienne me chercher. Ils m'ont déposé sur une civière, et c'est presque inconscient que je me suis retrouvé dans un hôpital sordide, la civière à même le sol, dans une salle commune débordant de malades.

Je souffrais terriblement du dos et avais énormément de diffi­culté à bouger. Après un long moment, un infirmier est venu me faire une injection et, à partir de ce moment, je me suis senti nettement mieux, et je commençai à réaliser que j'avais laissé ma fille dans cette dangereuse cohue. Étant donné la complexité de la ville, elle aurait été même incapable de retrouver mon domicile.

À Il heures, ils m'ont radiographié le dos, et m'ont fait savoir que tout était normal, et que je pouvais rentrer chez moi. C'est avec soulagement que j'ai reçu cette nouvelle, car il fallait à tout prix que je rentre afin de demander à mon assistant,

M. Thomas, d'aller rechercher ma fille au service d'immigration.

L'injection avait fait son effet mais, si je ne souffrais plus autant, j'avais par contre énormément de difficulté à me déplacer, et c'est presque sur les genoux que j'ai effectué les 500 mètres qui séparaient l'hôpital de la station de taxis. J'ai eu la chance d'être pris en charge aussitôt et, une demi-heure après, j'étais chez moi.

M. Thomas était là. Il a donc pu aller retrouver ma fille qui commençait à s'inquiéter et qui fut rassurée de me savoir de retour à la maison.

Son visa de sortie en règle, elle pouvait envisager de passer sa dernière semaine sans se faire de souci. Elle était invitée le soir même à Habiana mais, malgré son insistance à vouloir rester avec moi, j'ai tenu à ce qu'elle parte tout de même. Elle m'avait installé une couverture sur le tapis de mon bureau, car il m'était impossible de m'allonger sur un matelas.

Le soir à 19 heures, je me sentais un peu mieux et j'ai pu boire une tasse de thé, et je pense que je me suis endormi aussitôt.

À 3 heures du matin, je me suis réveillé avec une douleur lanci­nante. Mille piqûres me transperçaient tout le corps; mes jambes étaient totalement inertes, je ne pouvais les bouger. j'avoue qu'à ce moment, j'ai eu réellement peur. Je n'avais même pas la possibilité de téléphoner, car l'appareil était sur mon bureau à 2 mètres de moi. Les minutes sont très longues dans ces moments-là.

Mon corps était totalement paralysé et je pouvais à peine bou­ger les bras. Si au moins j'avais pu allumer la lumière je me serais senti un peu moins seul. Malheureusement, l'interrup­teur se trouvait à moins de 50 centimètres de moi mais hélas hors de ma portée.

Il était peut-être 5 heures lorsque je me suis rappelé que le fil du téléphone passait à côté de moi sous le tapis, et à force de tâtonner je l'ai trouvé. Le plus gros du travail restait à accom­plir : tirer sur le fil jusqu'à faire tomber l'appareil sur le tapis. À chaque mouvement de mes bras, la douleur atteignait la limite de l'intolérable. Enfin, après de très gros efforts, l'appa­reil est tombé sur le tapis sans se détériorer, et après plusieurs essais, j'ai réussi à contacter un ami. Il est très difficile, même pour une personne normale, de former un numéro dans l'obscurité.

Moins d'une demi-heure plus tard, mon ami était là. Il m'a fait boire un verre d'eau, est parti immédiatement à la recherche d'un médecin, et quelques minutes après, le médecin-chef de l'hôpital Saint-Raphaël était là.

Son diagnostic n'était pas très rassurant: paraplégie complète. Dieu merci, à l'époque, je ne savais pas ce que cela signifiait. Dans l'immédiat, je voulais surtout un médicament quel­conque pour me calmer. Il m'a injecté une forte dose de morphine qui m'a apaisé presque immédiatement.

Maintenant, un gros problème se posait: avoir l'accord du ministère de la Santé pour mon admission à l'hôpital Saint­Raphaël qui était un hôpital privé tenu par des religieuses françaises, et également l'autorisation de faire vemr une ambulance, ce qui était aussi difficile à obtenir.

Enfin, grâce au dévouement des sœurs, ainsi que du médecin­chef, j'ai obtenu mon admission à l'hôpital ainsi que l'ambu­lance pour le lendemain matin. Il fallait donc m'organiser pour tenir le coup la journée et la nuit à venir.

Une infirmière est restée près de moi et une piqûre de mor­phine toutes les heures m'apportait quelque répit. Toutes ces drogues avaient amolli mes réactions, et c'est dans un demi­coma que je me suis réveillé le lendemain matin. Le docteur et l'ambulance étaient là à 8 h 30.

Le transport du bureau à l'ambulance a été terriblement dou­loureux et je me mordais les doigts pour ne pas crier. Une fois installé, j'ai eu droit à une double dose de morphine, et c'est totalement assommé que je suis arrivé à Saint-Raphaël. Les sœurs m'attendaient et j'avoue m'être senti moins seul à partir de ce moment-là.

Immédiatement, j'ai été pris en charge par les médecins. j'étais très difficilement transportable et c'est avec beaucoup de délicatesse qu'ils m'ont transporté dans la salle de radiologie.

Malheureusement, le sang coagulé, occasionné par une hémor­ragie interne, faisait un écran néfaste, rendant les radios impossibles, et c'est à partir de ce moment que mon véritable calvaire a commencé.

Il fallait me conditionner pour faciliter ces radios et, avant toute chose, enlever le sang répandu dans tout le dos. Mais étant donné la douleur et la fatigue que provoquaient ces ponctions, il était nécessaire de les effectuer en quatre séances. Il me fallut donc attendre trois jours avant de pouvoir être radiographié et être fixé sur la gravité de la paralysie.

Je souffrais tellement que je ne sentais pas toutes ces longues aiguilles que l'on m'enfonçait dans le dos.

Au bout du troisième jour, j'ai enfin pu être radiographié et les résultats de la radio n'apportaient pas la solution à la paralysie. Il apparaissait simplement une fêlure de deux vertèbres. Au bout d'une semaine d'incertitude, un chirurgien décida de m'opérer afin d'en savoir plus. C'est à ce moment-là que la sœur Antonin, directrice de l'hôpital, s'est opposée à toute intervention chirurgicale et m'a conseillé de faire une demande de rapatriement sanitaire.

Les Irakiens n'appréciaient pas ce genre de démarche, car ils partaient du principe que, si eux ne pouvaient pas guérir, leurs confrères français ne le pouvaient pas davantage.

En deux jours, grâce à l'intervention du médecin-chef de l'hôpital, j'avais mon autorisation de sortie, et ce n'est qu'à ce moment-là que j'ai prévenu la Régie. j'en profite pour remer­cier vivement M. Peyre qui a tout mis en œuvre afin qu'Europe-Assistance vienne me chercher le plus rapidement possible.

À partir de ce moment-là, les choses se sont précipitées. Le len­demain, à mon réveil, un médecin d'Europe-Assistance était à mon chevet. Il m'a installé dans une coquille sous vide qui me serrait comme un moule en plâtre, et m'a mis sous sérum.

À 10 heures, je décollais de Baghdad un peu rassuré, mais tou­jours complètement inerte. j'ai dormi durant tout le voyage. Ce n'est qu'à l'arrivée à Roissy, à 16 heures, que je me suis réveillé. Une ambulance du S.A.M.U. m'attendait au bas de l'avion et j'ai éprouvé beaucoup de joie à la vue de mes neveux Michèle et Jacques.

Le véhicule est parti à vive allure, sirène hurlante, en direction de Paris, et c'est en un temps record que je me suis retrouvé à l'hôpital Lariboisière. j'étais rassuré et ne vivais plus dans l'appréhension de la souffrance. Toutes les manipulations avaient été faites avec tant de délicatesse que je n'avais prati­quement pas éprouvé de douleur violente. Merci à Europe­Assistance .

Les formalités d'admission aux urgences ont duré environ une heure, et c'est avec une certaine crainte que j'ai vu partir mon accompagnateur, le docteur Bloc.

Ma crainte s'est trouvée justifiée, car c'est à partir de ce moment que mes gros problèmes ont commencé. La salle des urgences de l'hôpital Lariboisière est située dans les sous-sols, et c'est justement là qu'arrivent aussi bien les grands malades que les" poivrots" récupérés sur les trottoirs par police-secours.

Lorsque je suis arrivé, le pôle d'attraction du corps médical était une bagarre occasionnée par deux hommes ivres morts vociférant à l'encontre de deux gardiens de la paix qui leur avaient supprimé leur bouteille de vin. Le seul à ne pas rire, c'était bien moi, allongé sur un brancard, totalement paralysé, exposé en plein courant d'air.

J'étais ainsi complètement abandonné avec un dossier sur le ventre sur lequel était écrit en grosses lettres : "À MANI­PULER AVEC BEAUCOUP DE PRUDENCE ET DE PRÉCAUTION".

À plusieurs reprises, j'ai eu la visite d'infirmiers qui après avoir consulté le dossier me disaient que ce n'était pas pour moi. Après une bonne heure d'attente (cela faisait maintenant 2 heures que j'étais arrivé à l'hôpital), l'effet des calmants s'estompait et la réalité reprenait ses droits. La douleur que je n'avais plus ressentie depuis la veille était de nouveau là.

J'ai dû crier de toutes mes forces afin que la surveillante me prête enfin une toute petite attention. Je lui ai rappelé genti­ment que j'attendais là, face à son bureau, depuis deux heures et que j'aimerais enfin savoir quel sort m'était réservé. Elle m'a répondu très brutalement que si Vigo Peterson ne répondait pas, elle n'y pouvait rien. J'ai appris à cè moment-là qu'il s'agissait du service dans lequel j'étais admis.

J'étais tellement épuisé que je l'ai menacé et d'écrire le lende­main au ministre de la Santé. À partir de ce moment-là, les choses sont allées vite. Un brancardier est venu me chercher et le transfert des urgences à Vigo Peterson s'est fait par un long et sinistre couloir, noir de poussière et sillonné de tuyauteries.

Cette promenade dans les sous-sols de l'hôpital a été pour moi un calvaire indescriptible. Le contact des roues du chariot sur les pavés du couloir se répercutait dans tout mon corps, sans le moindre scrupule du brancardier qui sifflotait "Un gamin de Paris". Le transfert a bien duré dix bonnes minutes. Enfin, l'ascenseur et, quelques secondes plus tard, la chambre qui m'était destinée.

J'étais très étonné de me trouver dans une chambre où il y avait déjà une personne alors que l'on m'avait affirmé que je serais seul. L'infirmière du service m'a informé que la pièce qui m'était destinée n'était pas prête et que pour ce soir je n'avais qu'à me contenter de ce qu'il y avait.

Dans cette chambre, il y avait également deux autres soi-disant malades qui jouaient au 421 avec la locataire. J'ai appris par la suite que ces "cocos" (c'est le cas de le dire) se retrouvaient là à intervalles réguliers afin de se reposer et de soigner quelque mal imaginaire.

Enfin, l'infirmière leur a tout de même demandé de sortir un moment, juste le temps de m'installer, et effectivement, cela a été très vite fait. Malgré l'indication sur la fiche qui m'accom­pagnait et ma protestation, le brancardier m'a pris par les pieds et l'infirmière par les épaules et ils m'ont transporté sur le lit. La douleur a été si violente que j'ai perdu connaissance et ce n'est qu'après plusieurs minutes que je suis revenu à moi.

ny avait là deux internes de service et mon ami Claude, méde­cin également. Je n'oublierai jamais les impressions de ces pre­miers moments à l'hôpital. Je passe sur cette première nuit où je n'ai pas pu fermer l'œil.

Le lendemain matin à la première heure, j'ai pu avoir la cham­bre qui m'était réservée au départ, et j'ai été très surpris de voir le personnel m'entourer de soins exagérés. J'ai su par la suite que la surveillante des urgences avait prévenu le service que j'avais menacé d'écrire une lettre à Mme Simone Veil, ministre de la Santé.

Mes premiers jours à l'hôpital se sont passés entrecoupés de

prises de sang, de ponctions lombaires, de radios.

J'étais entre les mains d'une équipe d'internes compétents, et je

considérais que mon sort leur appartenait. Après ces trois

premières semaines ils ont décidé mon opération.

Bien entendu, j'ai dû leur donner mon accord écrit. Je pense qu'à ce stade, je n'avais plus rien à perdre et c'est très impatient que j'ai attendu le jour "J". Le conditionnement pour l'opéra­tion a duré une semaine, et durant cette période j'ai dû subir encore beaucoup de prélèvements, électrocardiogrammes, etc.

Je me considérais comme un objet totalement livré aux mains de gens qui avaient souvent l'air de s'amuser. Je précise bien que dans l'ensemble tous les médecins ont été d'une correction et d'une gentillesse exemplaire. Je ne dirai pas la même chose de certains ou certaines infirmières particulièrement odieux 1

Je ne citerai qu'une malheureuse et triste aventure parmi tant d'autres, survenue à ma voisine de chambre qui un soir à minuit est tombée de son lit et qui malheureusement ne pou­vait pas atteindre la sonnette. J'ai été réveillé par ses appels et j'ai immédiatement sonné l'infirmier de garde. Hélas, ce brave monsieur était dans la salle de garde de l'étage supérieur et ce n'est qu'une heure et demie plus tard qu'il s'est décidé à venir.

n est entré en vociférant dans ma chambre en me disant qu'il ne pouvait pas avoir une minute à lui. Lorsque je lui ai demandé d'aller voir la voisine, que l'on n'entendait plus, il a changé d'attitude. Cette brave vieille était sans connaissance avec le col du fémur cassé.

Mon opération fut fixée au vendredi matin à 8 heures. J'avoue ne pas avoir beaucoup dormi la nuit précédente. J'étais calme et totalement prêt, avec une confiance absolue dans le professeur qui devait m'opérer.

À 8 heures précises, le chariot partait vers la salle d'opération. J'étais déjà bien conditionné par une injection administrée à 5 heures du matin. Je voyais tout en vert. Avant de m'endormir définitivement, j'ai encore eu le temps de parler à l'assistant du professeur, un médecin irakien qui était en stage depuis deux ans en France et qui habitait Baghdad à deux maisons de la mienne. Il faut avouer que c'était assez cocasse de quitter l'Irak pour venir se faire ouvrir par un Irakien.

Je me suis réveillé à midi. Dans ma chambre, il y avait à mes côtés l'Irakien en question, l'anesthésiste et une infirmière. Je ne savais pas encore ce qui m'arrivait et ce n'est que lorsque le médecin m'a demandé de remuer mes jambes que j'ai réalisé que l'opération s'était bien passée. Je sentais mes jambes, et je pouvais remuer le corps sans souffrir.

À ce moment, j'ai complètement craqué et fondu en larmes durant plusieurs heures. À 17 heures, le médecin est revenu et m'a invité à me lever. J'avais d'énormes difficultés à me déplacer mais je tenais sur mes jambes et je marchais.

J'étais merveilleusement heureux et totalement conscient de l'effort que j'allais devoir fournir pour me rééduquer et me remettre à un niveau correct. À mes yeux, tout ce qui allait se passer dorénavant m'importait peu et j'étais certain qu'avec un gros effort, je m'en sortirais. En effet, une semaine après l'opé­ration, je me déplaçais assez bien avec deux cannes et, au bout de vingt jours, je quittai l'hôpital pour la Bretagne.

Une telle mésaventure, je ne la souhaiterai jamais à quiconque même à mon pire ennemi. N'en parlons plus malgré les séquelles qui m'en resteront toujours.

Lorsque je me suis trouvé dans l'ambulance qui me conduisait à Orly, cette fois assis auprès du chauffeur, je réalisai que cette fois j'étais hors de danger, et je revoyais le film de tout ce qui s'était passé à l'hôpital: les bons et les mauvais moments. Je laissais de côté les mauvais, en revanche je me remémorais les bons, c'est-à-dire les longues heures réconfortantes que Jeanne Metzger, amie connue à Baghdad, a passées à mon chevet le soir après son travail. Elle avait toujours un mot pour me réconforter. Les visites également de Joëlle que je revois encore m'attendant avec un énorme bouquet de fleurs à la porte de l'ascenseur alors que je revenais à demi-conscient d'une épreuve très pénible.

Merci à vous trois, Jeanne, Joëlle et Johnny. Votre gentillesse et votre soutien, je ne les oublierai jamais!

*

* *

Deux mois après ma sortie de l'hôpital, la Régie m'informe qu'étant donné la prolongation du conflit irano-irakien, et vu mon état de santé, qui, malgré mon intense rééducation, était stationnaire, le poste de délégué en Irak était temporairement suspendu, mais qu'il serait souhaitable qu'avant de prendre mes nouvelles fonctions dans un poste "très reposant" à Beyrouth, je retourne en Irak solder toutes les affaires en cours, et mettre la clé sous le "paillasson".

Malgré mon invalidité qui me rendait pénible tout déplace­ment, j'étais quand même heureux de retourner dans ce pays qui m'avait tant apporté dans le domaine du travail. Mais tout de même, si j'avais pu imaginer les innombrables "zombies" que j'ai rencontrés durant ce voyage, je pense que je m'en serais abstenu!

J'étais tellement heureux de reprendre une activité que j'ai accepté de partir quinze jours avant les fêtes de fin d'année. L'aéroport de Baghdad était fermé depuis le début des hostili­tés. Il fallait donc prendre un avion pour Amman enJordanie et ensuite se débrouiller. Trouver un taxi collectif ou un bus. Je suis arrivé à Amman à 19 heures. J'ai eu beaucoup de chance de trouver un hôtel ainsi qu'un taxi qui devait passer me pren­dre le lendemain matin à 4 heures. Je me suis donc fait réveiller à 3 heures afin d'être sûr d'être prêt à l'heure. Le taxi est arrivé à 7 h 30. C'était une Mercedes totalement délabrée, datant d'au moins dix ans, et je me demande encore comment j'ai pu arriver à bon port sans accident. Dans la voiture, il y avait déjà trois passagers, tous Jordaniens. C'est donc à cinq plus une galerie débordante que nous sommes partis affronter les 1 100 kilomètres de piste qui séparent Amman de Baghdad.

Nous avons parcouru les 200 kilomètres de bonne route entre Amman et la frontière sans trop de problèmes. La voiture était dans un si mauvais état que nous avons mis trois heures et demie pour y parvenir. À Il heures, nous étions au poste fron­tière. Les Européens passent assez vite. J'ai mis environ une heure. Par contre, les Irakiens ont dû se mettre dans une file d'attente d'environ un kilomètre et ce n'est qu'à 17 heures que nous avons abordé la piste et à partir de ce moment-là les ennuis ont commencé.

Première crevaison 40 kilomètres après la frontière. Par mal­chance, la roue de secours était également crevée. Le chauf­feur a dû revenir au point de départ en stop. À 22 heures, nous l'avons vu réapparaître avec ses deux roues. Dieu merci, j'avais mon manteau de quart car il faisait un froid intense.

À minuit, deuxième incident. Arrêt par un barrage de mili­taires. Ils ont fouillé totalement la voiture et les quatre passa­gers, sauf moi, qui ai même eu droit à une tasse de thé. Je crois que j'aurais donné une fortune pour cette tasse de thé qui m'a fait tellement de bien. Cela faisait déjà quatre heures que nous roulions sur la piste, et j'étais totalement épuisé.

Il m'était absolument impossible de dormir, écrasé par mes compagnons. Mes jambes étaient tout à fait recroquevillées et je regrettais sérieusement de m'être lancé dans cette aventure.

Ce premier contrôle militaire nous a fait perdre encore une heure et demie, et nous sommes repartis, de la musique arabe plein les oreilles, car le chauffeur pour ne pas dormir faisait brailler son poste à fond.

Une heure plus tard, autre crevaison. Il nous restait encore à prier Dieu afin qu'il nous préserve au moins jusqu'à la pro­chaine agglomération qui se trouvait à environ 150 kilomètres de là. Les pneus ont tenu le coup, mais hélas cette fois c'était plus grave. Nous nous sommes retrouvés dans le décor avec un levier de direction cassé. Il était 3 heures du matin et à 75 kilo­mètres du premier poste.

La voiture n'avait subi aucun dégât, en revanche, il fallait démonter le levier afin de pouvoir le souder. Étant donné l'ancienneté du véhicule, aucun espoir de trouver dans ce désert une pièce identique. À 4 heures, un camion a pris le chauffeur et la pièce démontée. Vu la rupture de cette pièce de première sécurité, je commençais à paniquer à l'idée de conti­nuer avec ce véhicule sur lequel allait être montée une pièce de direction soudée. Il nous restait encore environ 750 kilomètres à parcourir et nous n'avions aucune idée du temps que mettrait le chauffeur à récupérer sa pièce.

À 7 heures, notre chauffeur n'était toujours pas de retour, et j'étais vraiment très fatigué. Toutes les voitures qui passaient étaient bondées de passagers. Aussi il n'était pas question de partir avec eux.

Pour me calmer, j'avais déjà absorbé quatre cachets de Glifanan et, pour me réchauffer, je m'étais installé à l'extérieur de la voiture, face au soleil qui commençait à pointer. Je com­mençais même à somnoler lorsque je fus ramené sur terre par un car qui venait de s'arrêter. C'était un véhicule de la société Fougerolles qui revenait d'Amman et à l'intérieur une per­sonne m'a reconnu. Je n'en croyais pas mes yeux et je n'ai pas hésité une seconde en laissant sur place mes compagnons de misère. Comme j'avais réglé le taxi d'avance, c'est sans scrupu· les que j'ai pu reprendre la route en bénissant le ciel pour ce miracle.

Le car était presque vide. J'ai donc pu m'allonger sur la ban­quette arrière pour récupérer un peu. Sept heures après, nous étions au poste douanier de Routbah et à 16 heures un taxi me déposait chez moi.

Il n'y avait personne. Depuis la guerre, le personnel ne travail­lait plus l'après-midi. Je me suis trouvé très seul dans cette mai­son que j'avais quittée sur un brancard, et j'avais l'impression ne n'y avoir jamais vécu.

J'étais totalement épuisé par ces trente-cinq heures d'aven­tures. J'ai pris un bain et me suis couché. Le lendemain matin, c'est Thomas, mon assistant, qui m'a réveillé. Il était fou de joie de me revoir, d'autant qu'il ne s'y attendait pas. Les communications avec l'Irak étaient inexistantes depuis le début de la guerre.

Ma première tâche fut d'aller remercier les soeurs de Saint­Raphaël qui m'avaient tant réconforté durant mes dix jours passés dans leur hôpital.

J'ai retrouvé Baghdad totalement vide. Les boutiques étaient fermées et la plupart des gens avaient quitté la ville pour la brousse. La colonie française avait aussi sérieusement diminué, et toutes les activités étaient réduites au minimum.

J'ai retrouvé mon ami Jean Meynadier qui rencontrait les plus grandes difficultés pour les rapatriements. Pour y faire face, il passait son temps entre le Koweit et la Jordanie afin de satisfaire au maximum toutes ces familles que l'on rapatriait.

La deuxième nuit après mon arnvee, j'ai été réveillé par le bombardement de la raffinerie. Elle était située sur l'autre rive du Tigre et se trouvait à moins de 500 mètres de chez moi. Les bombes iraniennes ou peut-être israéliennes ont arrosé les envi­rons pendant environ un quart d'heure. Les secondes sont très longues dans ces moments-là.

Je ne regrettais pas mon retour, mais j'avais tout de même des mauvais passages, et je ne voyais pas arriver le bout du tunnel.

Presque toute la colonie française avait quitté le pays, mais malgré tout, nous arrivions à nous retrouver le soir, entre céli­bataires, et même la chorale et la section théâtrale conti­nuaient à fonctionner. La guerre faisait rage dans la région de Bassorah et nous n'avions pas l'optimisme des Irakiens qui pensaient que ce n'était" qu'une question de jours".

La Noël approchait, et Jean Meynadier avait fait le maximum pour faire venir les vivres nécessaires au bon déroulement du réveillon. Malheureusement, pour des raisons de transport, toutes les victuailles sont restées bloquées en Jordanie. Elles sont arrivées quelques jours plus tard et une grande partie n'était plus consommable. J'ai donc passé la soirée de Noël chez mes amis Lavaux qui après la messe avaient réuni quelques intimes.

Par chance, le jour de Noël, j'ai pu-entrer en communication téléphonique avec ma femme qui m'annonça l'hospitalisation de ma mère à la suite d'une crise cardiaque. Malgré toutes les difficultés que j'avais rencontrées lors de mon retour, j'ai décidé de rentrer immédiatement en France. Heureusement, un bus d'Air-France partait vers la Jordanie le lendemain matin. Grâce à mon ami Jean Meynadier, j'ai pu avoir une place. En ce qui concerne le visa, il n'y avait pas de problème depuis le début de la guerre : on pouvait entrer et sortir sans contrôle.

Le bus était moderne et très confortable et nous avons quitté Baghdad à midi. En considérant les différentes fouilles et contrôles sur le parcours, nous devions être à Amman au moins trois heures avant le départ de l'avion d'Air-France pour Paris.

Nous avons passé la zone d'influence militaire sans problèmes et, à 15 heures, nous avions fait 150 kilomètres. À ce moment­là, pour une raison que je ne connaîtrai jamais, le chauffeur a fait demi-tour sur Baghdad. Malgré les protestations de l'ensemble des voyageurs, il n'a rien voulu entendre et a conti­nué à rouler en direction de la capitale, où nous sommes arri­vés à 17 h 30, il s'est arrêté dans un village douteux et est entré dans une maison qui je suppose était la sienne. Il est réapparu environ vingt minutes plus tard et, sans commentaires, a repris la route de Jordanie.

Nous étions maintenant pratiquement certains d'avoir manqué l'avion du matin, et ceci s'est confirmé à 3 heures lorsque nous sommes arrivés à la dernière station de carburant avant Amman.

Nous avions encore 250 kilomètres à parcourir et la station était fermée jusqu'à 6 heures. Nous avons donc dû nous rési­gner et attendre. C'est à 9 heures que nous sommes arrivés à l'aéroport d'Amman. Grâce à l'intervention du représentant local d'Air France, j'ai pu prendre un avion jordanien le soir, et à minuit j'étais à Orly.

À 6 h 45, il y avait un avion pour Saint-Brieuc. À 8 heures j'étais à Paimpol oûj'ai trouvé ma mère pratiquement rétablie. Et c'est bien soulagé que j'ai repris la route de Baghdad le 1"' janvier.

Le retour s'est parfaitement bien passé. Un ami de l'ambassade de France en Irak était à l'aéroport d'Amman, ce qui m'a per­mis de rentrer immédiatement, et le 3 janvier j'étais présent au bureau.

Je devais rester encore au moins trois semaines à Baghdad, mais comme l'ensemble de mes affaires était à jour, j'ai décidé d'écourter mon séjour, d'autant plus que j'avais la possibilité de rentrer en voiture vers la Jordanie.

J'ai donc quitté définitivement l'Irak avec beaucoup de regrets le 15 janvier, et suis arrivé sans problèmes importants le 16 jan­vier en Jordanie. Je me suis présenté le jour même au consulat du Liban qui devait me délivrer un visa pour Beyrouth où je devais séjourner une semaine afin de rencontrer l'importateur local.

J'ai été reçu par le consul qui m'a informé qu'il me faudrait attendre environ une semaine pour l'obtention de ce visa. Je fus complètement démoralisé car j'étais très impatient de rentrer en France. Mes jambes me faisaient très mal et j'avais beau­coup de difficulté à me déplacer. Enfin, il fallait prendre son mal en patience.

Le lendemain, je me suis réveillé à 10 heures. J'étais tout à fait reposé et pour faire passer le temps, j'ai fait une visite à l'importateur Renault, et celui-ci m'a conseillé de visiter le pays.

Il avait quelques problèmes techniques et j'ai pu faire avec lui un tour d'horizon sur le fonctionnement de son affaire.

Le lendemain matin, je me suis fait inscrire au service du tou­risme avec l'espoir de pouvoir visiter les merveilles de la Jordanie. Effectivement j'ai eu la grande chance d'être intégré à une excursion qui nous a fait revivre, en une journée, les Croisades. J'avais également l'autorisation de me rendre à Jérusalem qui se trouve à une cinquantaine de kilomètres

d'Amman.

Hélas, au niveau de la mer Morte, j'ai été arrêté par un bar­rage palestinien qui m'a refoulé sur Amman. La ville sainte, ce sera pour une autre fois 1

(À suivre)

René MOBUCHON