03 - Armand ]ean-François Seguin (1767-1835)

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Armand ]ean-François SEGUIN (1767-1835)

chimiste, tanneur et financier

L'île Seguin? «Citadelle industrielle », « fer de lance du monde ouvrier », « énorme saurien cimenté », peu importe ! Mais qui était celui qui a donné son nom à cette île inséparable de la Régie Renault ?

En 1900, l'" Intermédiaire des cher­cheurs et curieux" posait cette ques­tion : " Où trouver des renseignements sur la vie de ce richissime fournisseur, dont les fantaisies bizarres et surtout ruineuses défrayèrent les conversations des salons du premier Empire 7 ... Nous n'avons pu trouver que de rares indi­cations sur Armand Seguin. Sans doute que nos recherches ont été mal dirigées... » (1).

Le personnage est intéressant à étu­dier (2l, mais les 118 brochures écrites par Seguin et conservées à la Biblio­thèque nationale ne fournissent guère de détails sur sa vie Cl). D'autres imprimés existent dans les bibliothè­ques Mazarine ("l, de l'Institut ("l, du

Museum {ln, du British Museum (7),

etc.

Né à Paris, probablement en mars

1767 (8), il était fils de Hector-Hiacinthe et de Marie-Anne-Madeleine Chanceresse et il eut au moins un frère prénommé Charles-Hector-Hia­cinthe (Ol. Il épousa Marie-Émile-Félicité Raffard de Marcilly et de cette union naquirent à Sèvres Félicité-Marie-Zoé (le 25 ventôse an V) et Armand-Félix­Abel (le 15 prairial an VII) (10).

Trois grandes étapes jalonnent la vie de Seguin : tour à tour chimiste, tan­neur et financier, il est l'un des per­sonnages célèbres de l'Ancien Régime, de la Révolution et de l'Empire.

1. -Le chimiste

Ses qualités scientifiques sont cer­taines : nous avons essayé d'établir la liste de ses travaux parus dans les "Annales de chimie" (il en était un des rédacteurs), les «Annales de chi­mie et de physique ", le «Journal de physique", le " Journal de /'École poly­technique ", etc. Au total, il a présenté à l'Académie des sciences 49 mémoi­res (dont certains avec Lavoisier); 14

(1) T. 42, juillet 1900, col. 60. -MICHAUD, Biogr. univ., t. 82, 1849, P. 37-42, et DUCKETT, Dict. de la convers., t. 16, 1865, p. 81" avaient donné quelques détails.

(2)

Cf. «Étincelle de Boulogne », octobre 1951, -.janvier 1955 : «L'Aube nouvelle », octobre 1974 -.ianvier 1975 et 30 avril 1975.

(3)

La Bibl. nat. conserve aussi quelques lettres de Se.Quin (no acq. fr. 2762, fol. 13 et 1,7, 29 juin 1826 et 12 février 1821 ; ms. fr. 12761, fol. 85, 5 novembre 1821).

(4)

Opinion sur les .nnances, DE 28151.

(5)

Parallèle entre M. A. Se.ouin et M. de Villèle... : Observations... Cf. aussi ms. 1989, auto.Qr. 205 (coll. Pallier-Laurent,

t.

III) : ms. 2043 (pap. Fr. Ara.Qo).

(6) B 21,07 (1-2) et 4786.

(7) The British Museum Catalo.Que of Prin­

ted Books, 1881-1900, t. 50, col. 199-200 ; etc.

(8)

Inst. de Fr. Index bio.or.. 1939, p. 416.

(9)

Arch. nat., F4 2161.

(10)

Re.Q. d'ét. civ. de. Sèvres, fol. 18 et 32. -Fél.-Marie-Zoé épousera Adam Elmore. propriétaire (Bibl. nat.. factums 29874­

29876).

autres communications avaient été pré­vues pour être lues à l'Institut dont il était membre non résident de la classe des sciences mathématiques et physi­ques, section de chimie (28 février 1796); enfin, il fit des travaux sur les haras (111 et les instruments à corde ""1.

Tous ces mémoires sont lus devant l'Académie des sciences, la Société royale de médecine, l'Institut des scien­ces, l'Institut national, etc.

Mais c'est surtout en collaborant avec Lavoisier que le nom de Seguin est resté dans l'histoire de la chimie. Ses expériences concernent la respiration et la transpiration des animaux, le calo­rique, la chaleur et le froid (1789-1790), l'eudiométrie' 1:l) et l'hydrogène (1791), la végétation et l'air atmosphérique (1792). Il renouvelle l'expérience de la recomposition de l'eau (mai 1790). En novembre 1792, il est commissaire de la Société du Point central 11·1) et, le 11 janvier 1795, on le trouve à la section de physique du Comité d'ins­truction publique de la Convention 110 1.

Il n'y a pas lieu de retracer ici cette intense activité scientifique : Lavoisier meurt pendant la Terreur et son élève Seguin, qui n'a rien fait pour lui éviter l'échafaud, n'a pas un mot de regret pour son maître lorsque reparaissent les "Annales» en 1797.

Et quand Mme Lavoisier veut publier l'œuvre de son mari, elle charge Seguin de rédiger une préface, exigeant que celui-ci flétrît les hommes coupables de la mort du savant. Seguin s'y refuse (lettre du 18 juillet 1794) et son projet de préface, d'un style prétentieux, est rejeté par Mme Lavoisier 0 (1 ).

Après la Révolution, Seguin continue son œuvre dans le domaine pharma­ceutique : dès février 1802, il publie deux mémoires sur le cinabre (17) ; en mars, il décrit la colophane (18); en septembre, il étudie le sel triple (19) ; en décembre, ses expériences sur un nouveau fébrifuge ont lieu à Sèvres et à Meudon (20).

L'année 1803 voit surtout un nombre considérable de recherches sur les quinquinas (21) et la gélatine (221. Puis, en 1804, c'est surtout l'étude de l'opium (23) et de la morphine (cette dernière n'ayant été vulgarisée par Sertürner qu'en 1806) qui rend Seguin célèbre (son mémoire n'est publié que dix ans plus tard).

En juin et juillet 1806, il fait successi­vement des exposés sur le café (24) et la purification des aluns (25). En 1807, ce sont des "Idées sommaires» sur l'origine des aérolithes l"lil. Enfin, men­tionnons des études sur le scorbut, le bleu de Prusse, le papier de paille, etc.

II. -Le tanneur

Premières expériences de tannage

En raison de la grande consommation de chaussures par les armées républi­caines, le Comité de Salut public 1"'1, le 1 er novembre 1793, charge Berthollet et Sédillot, membres de l'Institut, de rechercher une solution pour réduire le temps du tannage des cuirs. Seguin s'occupait alors de ce problème et avait fait en laboratoire plus de 2 000 expériences. C'est donc lui qui est désigné, le 11 juin 1794, pour effectuer une épreuve décisive sur 100 peaux; il reçoit pour cela un crédit de 18000 francs et Lelièvre, chimiste, ainsi que Pelletier, essayeur à la Monnaie (tous deux par la suite membres de l'Institut) sont chargés de contrôler les essais et d'en rendre compte chaque décade. Le 26, un nouvel arrêté prescrit que la serre des plantes exotiques et la serre froide du parc Monceau seront à la disposition de Seguin pour ses expé­riences et que toute cette partie du parc serait close I"RI.

Seguin habite à cette époque 293, rue de Valois et, dans une lettre du 8 jUillet, il expose à le commission d'Agricul­ture et des Arts les moyens d'extraire le tan de l'écorce des chênes, afin d'en diminuer le prix (2!1) Les essais débutent le 19 et le "Journal des Expériences » indique que celles-ci ont été effectuées sur 110 peaux (44 bœufs, 49 veaux, 5 vaches, 2 chevaux, 2 moutons et 8 chèvres). Pour les bœufs, le tannage dura entre 6 et 25 jours; pour les veaux, entre 1 et 4 jours; pour les vaches, entre 6 et 9 jours; enfin, les peaux des chevaux, moutons et chèvres nécessitèrent une durée respective de 7, 4 et 2 jours.

Nous savons, par ailleurs, que les com­missaires examinèrent et marquèrent un jour 30 peaux de bœufs et 30 peaux de veaux, rincées sous une des arches du pont de la Révolution : l'été était chaud et plusieurs peaux furent putré­fiées en quelques heures... Le 14 sep­tembre, Guyton, Echasseriaux et Prieur, membres de .Ia Convention, accompa­gnés par Monge et Berthollet, vinrent voir les opérations. Sans doute est-on satisfait, car Fourcroy étend les expé­riences de Seguin' et lui demande d'augmenter la force des cordages de chanvre en les imprégnant d'une sub­

(11)

Rapport sur les haras dans «Moniteur universel », 16 avril 1820. P. 495.

(12)

Se.quin écrit le 21 janvier 1823 (Bib!. Museum, B 2407-1) Qu'il s'occupe des instruments à corde, «sous le point de pue non-seulement de leur amélioration.

rnais encore de leur création» .. il a.ioute

avoir obtenu des résultats extraordi­

naires. rnarauants et imprévus.

(3)

«Extrait d'un mémoire sur l'eudiomé­trie », dans «La Médecine éclairée », n" 20. t. 2, P. 33-36.

(4)

Proc.-verbaux du Comité d'agriculture,

t.

III, p. 35 et l,O.

(5)

Proc.-verbaux du Comité d'instr. publ..

t.

V, p. 410 .. Proc.-verbaux de la Com­mission temporaire des Arts, t. l, p. XXXVIII .. t. II, p. 56.

(16)

GRIMAUX (Ed.), Lavoisier (1743-1794),

P.

331-332 .. DAUMAS, Lavoisier, p. 244.

(7) «Annales de chimie », t, 90, p. 252-259 et 268-276.

(18)

Idem, t. 91, p. 209-218. Le «Moniteur universel» 16 therm. an V, p. 1292, publie un article élo.qieux sur ses tra­vaux relatifs au cinabre et à la colo­phane et signale un autre mémoire sur l'éthiops.

(19)

«Annales de chimie », t. 91, P. 219-223.

(20)

Idem, t. 92, p. 121-140.

(21)

Idem, t. 91, P. 273-284. Seguin analyse plus de 600 quinquinas, chez tous les apothicaires et droquistes de Paris et de Versailles! Un second mémoire est de 1804 (idem, t. 91, P. 304-317) et dans une autre revue «< Ann. de chim. et de phys. », t. 16, p. 221-223), Sequin revient sur le quinquina et s'attire des protes­tations.

(22)

«Moniteur universel », 17 brum. an XII,

p.

186.

(23)

«Annales de chimie », t. 92, 1814, P. 225-247 .. GRIGNARD, «Traité de chi­mie or.qanique », t. l, p. 756-757.

(24)

«Annales de chimie », t. 92, P. 5-24.

(25)

Idem, t. 92, P. 70-84.

(26)

Idem, t. 88, P. 262-270.

(27)

De nombreux arrêtés du Com. de SaI. publ., ici utilisés, ne sont pas cités dans le «Recueil des Actes du Com. de Sai. pub!. », par AULARD.

(28)

LEROUX-CESBRON (C.), «Le chim. Seguin et son hôtel de la rue d'An.iou », «Bull. Soc. hist. et archéol. des VIle et XVIIe arr. », 1921, P. 67-75. Sur les dé.qradations commises dans le parc, cf. rapport de Lakanal, ans II-IX (Arch. Seine, DQIO 644, doss. 3231).

(29)

Arch. nat., FI" 2285.

stance animale; de même, Prieur charge Seguin de confectionner des cordages pour la marine en employant des intestins de bœufs (BD).

En attendant, le 8 octobre, Seguin propose au Comité de Salut public d'établir une tannerie dans l'île de Sèvres -notre actuelle île Seguin ­afin de tanner 30000 peaux de bœufs par an ; cette proposition est renvoyée, le 10 octobre, devant une commission composée de Berthollet, Prony et Carny, lesquels donnent un avis favo­rable le 22, proposant un contrat de quinze ans, un approvisionnement régu­lier en peaux, une avance de 50000 francs et un prêt de 300000 francs à 3 % en faveur d'Armand Seguin.

La méthode de Seguin

Quant à Lelièvre et Pelletier, leur rap­port du 24 octobre, qui ne comporte pas moins de 63 pages, est des plus intéressants (31) les commissaires expliquent que la chaleur estivale a été un inconvénient pour les essais, mais que ceux-ci sont concluants puisque Seguin peut tanner en quelques jours au lieu de deux ans auparavant. Pour­tant, les ouvriers ignoraient la nou­velle méthode et on manquait d'usten­siles. On avait fait disposer des " plains» ou bâches enduites de ciment qui durent être changées. La méthode de Seguin était reconnue moins lon­gue, moins exigeante en main-d'œuvre, moins coûteuse et devrait produire, à pOids égal de peaux, un poids au moins aussi considérable de cuir.

N'entrons pas dans des détails tech­niques, puisque aussi bien un profes­sionnel de cuir a-t-il pu, il y a un demi-siècle, reconnaître que Seguin avait bien découvert un procédé écono­mique 1:12). Disons que le tannage est la transformation d'une peau d'animal en cuir imputrescible. Or, au 18e siècle, ce travail était effectué grâce à l'action de tanins, généralement des substances provenant de l'écorce des chênes -le tan -réduite en poudre. Mais cette opération était très longue et nécessitait entre 18 mois et 2 ans. A une époque où les armées républi­caines manquaient de souliers, on

·:i

!

1

conçoit que le Comité de Salut public mit tout en œuvre pour abréger ces délais.

C'est Seguin, chimiste de son état, qui eut le mérite de proposer d'ex­traire les principes tannants, "en faisant passer de l'eau sur une suite de tonneaux remplis de tan ». L'eau recueillie est donc chargée d'une composition concentrée qui va être à 1> son tour utilisée.

(30)

Arch. nat., FI2 1465 (arrêtés des 19 et 26 sept.). En août 1795. Se.Quin livre 1200 cornes de bœufs pour la fabrication de fanaux de marine et touche pour cela 55200 francs. mais en mars 1796. il 11 a des difficultés sur une autre livraison (idem. FI" 2285).

(31)

Bibl. nat., Vz 2326 et 2346. Rapport reproduit dans «Annales de chimie ». an V-1797, P. 15-77.

(32) La Halle aux cuirs, 30 déc. 1923, p. 891­

907.

Par ailleurs, les peaux, lavées et net­toyées, sont préparées par un «gon­flement" à l'acide sulfurique qui avait pourtant mauvaise réputation. Elles sont alors suspendues dans la dissolution recueillie. La seule précaution est de renouveler cette «liqueur", cet « extrait concentré ", au fur et à mesure qu'elle est affaiblie, ce dont on s'assure par l'aréomètre.

Par la suite, Seguin substitua des cuves en maçonnerie aux tonneaux en bois. Mais comme l'acide sulfurique rongeait la chaux du ciment, les cuves durent être revêtues de plomb.

La filtration se fait de bas en haut et l'eau chargée de dissolution passe d'un bassin à l'autre. De plus, les peaux furent couchées (et non plus suspen­dues comme auparavant) et séparées les unes des autres soit par une légère couche de tan en poudre, soit par des paillassons ou des minces filets. Ainsi, tout contact est supprimé et le bain est renouvelé.

Il fut prouvé par cette méthode que le tannage se faisait en vingt jours seu­lement. Certes, il n'est pas certain que la qualité des cuirs était supérieure à celle de ceux préparés par les anciens procédés. Mais il en résultait une éco­nomie de main-d'œuvre et surtout une réduction du temps de préparation.

Construction de la tannerie

Aussi, le Comité de Salut public, per­suadé d'avoir un moyen d'obtenir en peu de temps des cuirs pour les armées révolutionnaires, adopte-t-il, le 30 octobre, un arrêté prescrivant:

loQue Seguin commencera sur-Ie­champ, aux frais de la République, l'établissement d'une tannerie où l'on puisse tanner annuellement 40 à 50 000 peaux de bœufs et que des mesures devront être prises pour que, dans six mois au plus, sa fabrique ait toute son activité.

20 Que cette tannerie sera louée pour quinze ans à Seguin qui y tannera, d'après ses procédés, toutes les peaux de bœufs de l'abattage de Paris, et que dans le cas où l'approvisionnement de Paris cesserait d'être fait au compte de la République, il lui serait fourni par année 50000 peaux des armées, rendues à la manufacture de Sèvres aux frais de la République.

Un second arrêté du même jour, en 22 .articles, décide que Seguin doit

remettre au Gouvernement le mémoire descriptif de ses procédés et «y ajouter successivement tout ce que /'expérience et /'observation pourraient lui faire découvrir par la suite". Et aussi : « L'Isle que traverse le Pont de Sèvres et ce qui en dépend sera le siège principal de la Manufacture" (art. 4); «La République fera les frais de cet établissement; la direction en sera confiée à Seguin» (art. 5).

Des conventions sont ensuite passées entre l'État et Seguin, celui-ci étant chargé d'établir les plans et devis de la fabrique et recevant à cet effet une somme de 50000 francs; il est prévu un préposé chargé de recevoir les cuirs tannés.

Pour assurer l'exécution de l'arrêté du 30, le Gouvernement prend le lende­main des arrêtés pour accélérer la construction de la tannerie et assurer les approvisionnements: Seguin obtient toutes les voitures voulues; doréna­vant, chaque jour les peaux des bou­cheries parisiennes ou des armées sont transportées à Sèvres; l'agence de l'habillement fournit 60 matelas, 60 paillasses, 60 paires de draps et 60 lits de sangle pour le personnel; en deux jours, on livre 30000 livres de sel; deux tanneurs parisiens sont mis en réquisition pour fournir du tan, un cheval de trait et une voiture à deux

places (:l:q.

Mais la première chose à faire est évi­demment d'avoir des bâtiments pour abriter la tannerie : on va utiliser la buanderie Riffé qui a cessé toute acti­vité (:H) et Seguin en prend possession le 3 novembre. Dès la veille, l'ingénieur Bralle avait été chargé d'examiner avec Seguin les plans et devis pour toutes modification utiles (:l5). Une conférence évalua la consommation journalière de tan à 200 sacs de 220 livres cha­cun, ce qui demandait l'installation de 6 meules. Une première estimation des travaux à effectuer donne une dépense de 1 800000 francs : «A la vérité, ce seroit un monument qui attesteroit à la postérité qu'au milieu des orages qui grondoient autour du berceau de la République, la nation a été assez puissante et assez calme pour s'occu­per des arts et leur accorder des secours qu'ils n'auroient pas obtenûs, pendant la paix, sous le règne des Tirans ".

Mais le temps pressait: on se contenta de transférer la machine à feu de l'île des Cygnes, qui entraînait justement six meules, jusqu'à l'île de Sèvres et de la chauffer avec de la tourbe transportée de Corbeil par le fleuve. C'est la commission des Travaux publics qui fut chargée du travail (:le,.

Certains ont affirmé que Chalgrin était l'architecte de la tannerie nous n'avons trouvé aucun document à ce sujet (:l7). Par contre, le 3 juin 1798, le célèbre architecte S.-N. Le Noir réclame à Seguin 1 200 francs, restant dus pour différents ouvrages faits dans l'île (:l8).

Approvisionnements

Cette prodigieuse activité est frap­pante et l'on reste confondu en voyant toutes ces mesures prises si rapide­ment : le 11 novembre, on fournit à Seguin fer, cuivre, étain, fer laminé, pompes, huile, salpêtre, charbon de terre, plomb, chaudières, sel, alun, suif, 2 000 sacs pour le tan, etc.; le 13, on s'occupe des préposés et chefs de vivres; le 19, on accorde le libre pas­sage à toutes les voitures de Seguin; le 21, livraison de 30000 livres de sel; le 26, délivrance de 40590 livres de fer, 3915 livres de plomb et 800 livres d'étain; le 1 er décembre, fourniture de 5500 aunes de toile de chanvre, ache­tée à Gand, pour la confection de 2000 sacs à tan; le 15, 8 000 livres de fer laminé; le 21, 2 voies (4 stères) de charbon par décade et pendant cinq décades sont encore décidées. En l'espace de deux mois, la tannerie va recevoir aussi 120000 livres de sel, du bois, etc.

Naturellement, Seguin reçoit de suite des fonds : 10 000 francs le 4 novem­bre, 15000 francs le 30 décembre pour achat de toile, etc. (:l9).

Le 21 novembre, Couturier visite l'île et ne semble pas faire de critique (40).

(33)

Nous ne connaissons ces arrêtés Que var des mentions citées dans un brouillon d'archive.

(34)

Cf. «Bull. de la Soc. d'hist. des Usines Renault», .iuin 1975, v, 110-115.

(35)

Arch. nat.. F14 188.

(36)

Arch. nat.. AFll 222.

(37)

Chal.Qrin est seulement chargé, le 16 août 1798, d'enquêter sur la tannerie.

(38)

Arch. Yvelines, série L, non cotée (just. de vaix de Sèvres, acte de non-concilia­tion, no 306).

(39)

Il n'existe aucune Vièce de comvtabilité ! A citer vourtant 120000 francs versés à Seguin le 8 avril 1795 (Arch. nat.. AFll 32, doss. 265, pièce 32).

(40)

Documentation meudonnaise J. Gérard.

221

i. LE comi:é de f.tul public viçnr .•ujour~·hu!· 'ppe':'

r',JV9,t,r,~ attention. ~!lç une gcs? ~,éco~vert~s Qtll.40lt C,otHr~"" rbùer à l'elmetlen' des armee. de I~ Répubh9ue, en ree

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L'éloquent Fourcoy, chimiste, fait le 3 jan­vier 1795 devant la Convention, un brillant rapport sur les procédés du tanneur Seguin. Le «Moniteur universel» (9 et 10 janvier) confirme avec enthousiasme la nouvelle méthode.

Nouvelles dispositions

Pourtant. un changement survint dans

le système que le Comité de Salut

public avait adopté : ce ne fut plus

une régie qui allait être établie et on

décide qu'il vaut mieux traiter avec

Seguin en le désintéressant à tous

égards, à charge pour lui de fournir

le cuir pour les chaussures des armées.

Là est l'origine des nouvelles dispo­

sitions prises par le décret du 3 janvier . 1795.

Entériné par la Convention -l'édifica­

tion de la tannerie était une réalité

depuis deux mois -ce décret fut

précédé d'un important rapport de

Fourcroy « sur les arts... et sur le nou­

veau procédé de tannage découvert

par le citoyen Armand Seguin" (41).

En cinq articles, on ordonne de vendre à Seguin l'île du pont de Sèvres, la maison Brancas (mairie actuelle de Sèvres) et la propriété Ravannes (sise près de Nemours) destinée à l'appro­visionnement en écorces et à leur mou­ture; ces trois biens immobiliers venaient d'être saisis sur des émigrés. Toutes facilités sont accordées à Seguin et le Comité de Salut public est autorisé à prendre toutes mesures de payement nécessaires (42).

En outre, deux arrêtés sont publiés le 12 janvier et prescrivent de «com­mencer les fabrications sans délai possible ", afin que la tannerie soit en pleine activité dans les six mois sui­vants (4a); de plus, une somme de 750 000 francs, à 4 %, en douze ans, est débloquée pour servir aux cons­tructions des bâtiments, achats de pompes, cuves, cuvières, bateaux, tan, salaires des ouvriers, etc. (44).

Dès le lendemain (13 janvier), un nou­

vel arrêté ordonne de livrer à Seguin

les peaux des bovins des trois échau­

doirs parisiens (Enfants-Rouges, Vieux­

Augustins et rue des Boucheries) ; les

voitures de la commission des Trans­

ports sont mises à la disposition de

l'entrepreneur et on prévoit que 17 000

peaux en provenance des armées

seront envoyées dans l'île du pont de

Sèvres; enfin, 3 000 peaux de chevaux

sont également réservées pour Seguin.

Un second texte règle le cautionne­

ment que doit offrir Seguin (45), puis

toute une série de mesures sont adres­

sées à la commission d'Agriculture

pour la mise en route de la manu­

facture (46).

Effectivement, le 5 janvier, nouvelle délivrance de 16593 livres de plomb pour les cuves, provenant de la cou­

verture de l'église Notre-Dame; le

18 : 6 chaudières de cuivre; le 27 : des chevaux; le 2 février, décision de fournir annuellement, à prix fixe et invariable : 2200 quintaux de sel, 415 quintaux de suif blanc, 9 livres de suif brun par cuir, la livres d'alun de Liège par cuir, 250 quintaux d'huile de foie de morue (pour la corroierie), 157 000 livres de soufre et 27 000 livres de salpêtre (pour l'acide sulfurique destiné à «gonfler" les peaux); le 1a : délivrance de bois pour la cons­truction de nouveaux hangars destinés au tannage des peaux de veaux; le

23 : 50 000 livres de sel servent à pré­server les peaux des abattages pari­siens, qu'on entrepose dans la chapelle des Orfèvres (la difficulté du transport par la Seine exigeait cette précaution) ; le 19 mars: 30 nouveaux lits; le 31 : 5 chevaux; le 8 avril : réserve du sel du grenier de Paris 1,") ; le 29 septem­bre : suif brun et creton; en octobre: 150 faux, etc.

Le Comité de Salut public fait aussi mettre parmi les clauses des adjudi­cations des coupes de bois l'obliga­tion de réserver les écorces pour la tannerie de Sèvres; de même, il ordonne à l'entrepreneur du pont de Sèvres, chargé de le réparer périodi­quement, de transférer ses matériaux (en dépôt dans l'île) dans le parc de Saint-Cloud (48).

(41) «Moni!. univ. », 9 Janvier. P. 153-155; 10 Janvier p. 162-165. Tirage à part (à 1400 exempl.) : Bibl. nat.. Le"8 1127; Bibl. Paris. 12296. 1. 4. pièce 35. et 601796. pièce 2 ; Arch. nat.. AD (Xl) 66 : British Museum. F 1921 (4).

(42)

Comm. de rech. et de public. des docum. rel. à la vie écon. de la Révolution, 1910. p. 95-96.

(43)

Arch. na!.. AF/l 222-B.

(44)

Il fut décidé que cette somme serait remboursée en dix pa:vements. mais seulement à partir de septembre 1796

(Arch. nat.• F. 2161). Seguin affirmera, le 24 juin 1795. qu'il n'a touché que 185000 francs. Ailleurs. on lit que cette somme a même été remboursée à l'État.

(45)

Arch. nat., F. 2161.

(46)

Idem. F-Ia 76.

(47)

Idem. AF/l 24. doss. 195. pièce 15.

(48)

Arch. Yvelines. 36 L 51.

Entre-temps, autorités de S.-et-O. et architectes, poussés par Seguin,pren­nent des mesures pour mettre l'indus­triel en possession légale des lieux. Un arrêté du district de Versailles, le 30 janvier 1795, entérine le rapport du notaire Eckard et la visite des lieux est fixée au 1er février (49).

Les opérations proprement dites d'esti­mation ont lieu du 31 mars au 19 juillet et les trois experts fixent le prix de l'île à 187 000 francs (dont 13996 francs pour un petit pont de bOis) ; la maison Brancas est vendue 294 745 francs et le domaine de Ravannes, 1 580 133

francs (50).

Description de la tannerie

La « Description, désignation et consis­tance» (fil) de la tannerie, à la date du 31 mars 1795, va nous faire connaître d'une manière précise l'état des lieux. Le domaine s'étend sur une longueur de 270 mètres et sur une largeur de 40 mètres. La porte d'entrée tient au pont de Sèvres lequel traverse l'île sur la pointe aval (en prolong:ement de l'actuelle rue du Vieux-Pont-de­Sèvres). Un grand bâtiment sert à la préparation des cuirs : il s'agit du principal corps de logis, faisant face à l'entrée. Il y a un lavoir en aile, à gauche; à droite, en aile également, on trouve un petit local. Le tout -rez­de-chaussée avec grand grenier -est couvert en ardoises.

Le rez-de-chaussée proprement dit comporte un passage par une porte cochère et il y a une porte donnant sur la rivière. A gauche, une très grande pièce est plafonnée et éclairée par 9 croisées, dont 2 ont des grilles du côté du fleuve; un escalier descend à un canal.

Le lavoir est abrité par une couverture de bois, soutenue par 10 piliers en pierre. Un escalier de 33 marches conduit à 3 grandes pièces, dallées et plafonnées, éclairées par 16 croisées (dont 10 avec grilles du côté du fleuve).

Tout le premier étage forme un immense séchoir, carrelé et lambrissé, éclairé par des jalousies à lames mouvantes.

Un canal coupe l'ile: il y a un pont en bois, avec 6 piles et parapets de bois. Au pont de Sèvres lui-même, c'est-à­dire à la pointe de l'île (là où est édi­fiée de nos jours la centrale de la Régie), on trouve un petit bâtiment avec rez-de-chaussée, étage au-dessus et étage en mansarde. Tout ceci sert d'écurie et il y a une forge. On y trouve encore un logement et, notam­ment dans une aile en retour, existent plusieurs petites pièces, dont cer­taines avec cheminées. Le comble est couvert en tuiles. Un jardin comporte des arbres fruitiers en espa­liers et à plein vent et un cabinet en treillage est au milieu.

(49)

Idem. 2 Lk 18 Versailles.

(50)

Arch. Seine. DQIO 449. doss. 6859. Seguin s'acquitta le 13 décembre. Un décret de Napoléon 1er• du 29 .iuillet 1805. réglera définitivement la .iouissance de l'île de Sèvres par Seguin. Celui-ci habitait à cette époque 25. rue d'An.iou-St-Honoré (hôtel disparu lors du percement du boul. Malesherbes).

(51)

Arch. Seine, DQIO 449. doss. 6859.

Vue de l'Ile de Sèvres, prise des hauteurs de Bellevue vers 1825. (Document communiqué par M. Jules Gérard.)

La totalité du domaine a une super­ficie de 8 ha 80 a 46 ca. Mais il est évident qu'à cette date de mars 1795, la tannerie n'est pas encore en pleine activité et qu'il s'agit seulement de la prise de possession de l'ancienne buanderie Riffé,

Activité de la tannerie

Le 16 mai 1795, Seguin signale «la grande activité qui existe dans ma manufacture" (02), C'est tellement vrai que les vOIsins se plaignent des odeurs: le 18, « le temps ayant acquis de la chaleur, l'air étoit tellement in­fecté des émanations des corps pourris de l'atelier dudit Seguin, des lavages pleins de sang putréfié qui fourmilloit d'insectes, enfin de la corruption de ces matières stagnantes dans la rue, que les passants étoient forcés de se boucher les narines". Le 13 juin, les habitants du bas de Sèvres dénoncent

«la grande quantité de matières ani­males, fétides, corrompues et entière­ment putréfiées qui se trouvent dans la cour" ; ils « sont obligés de se claque­murer dans leurs maisons pour ne pas être empestés; que dans ces temps de disette les productions de leurs jardins sont attaquées par des essaims d'insectes renaissants chaque jour de la putréfaction des corps cada­véreux ". Les autorités révolutionnaires de Versailles enjoignirent, le 12 juillet, à la municipalité de Sèvres de pour­suivre Seguin devant les tribunaux (03),

En tout cas, les premières livraisons de cuir faites par Seguin ont lieu dès février 1795 et, le 4 avril suivant, il fournit 14830 livres de cuir,

En réalité, la manufacture de cuir embrassait trois domaines distincts : une hongroierie, en pleine activité depuis mai 1795; une tannerie qui démarrait seulement à cette période et où on allait construire de nouveaux bâtiments, des cuves de grandes dimensions, un manège et de nom­breuses pompes; enfin, une courroierie dont on prévoyait l'activité à la fin de juillet.

C'est cette différenciation qui donnera lieu aux premières critiques : le cuir hongroyé ou cuir de Hongrie s'était toujours fait en 8 ou 15 jours. Par la nature même de sa fabrication (alun et suif), mou et spongieux, il est employé pour les harnais et les char­rois, mais non pour la chaussure. On a donc accusé Seguin de n'employer que cette méthode, déjà connue, au lieu de fabriquer le cuir tanné en un temps rapide comme promis (54).

224

Certes, dans les premières semaines de son installation, Seguin ne fabriqua en effet que des cuirs hongroyés; mais la fourniture des cuirs tannés vint ultérieurement.

Par ailleurs, un document indique que les Petites Écuries de Sèvres gardent en dépôt des cuirs de Hongrie, où les entrepreneurs généraux de l'habille­ment se ravitaillent ("0). Au cours de la troisième décade de fructidor an III (7-16 septembre 1795), on livre à la tannerie 698 peaux de bovins d'un poids de 55 124 livres et 798 peaux de veaux d'un poids de 11810 livres (""), Un autre état indique que Seguin a reçu 3 376 599 livres de peaux au 21 mars 1796, c'est-à-dire en moins de quinze mois. Quelques difficultés sub­sistent car l'on voit le Comité de Salut public prendre de nouvelles mesures, le 27 octobre 1795, pour les cuirs tan­nés, hongroyés ou corroyés par Seguin.

Le 26 février 1796, il est prescrit que le suif brun nécessaire à la hongroierie de Seguin sera extrait à raison de 60 livres par 100 livres de « boulée" ; de même, il sera payé 20 et 15 francs par quintal de creton gras ou de creton ordinaire, Enfin, il est prévu de payer la main-d'œuvre 1 00 francs (en assi­gnats), par quintal produit, au lieu de 50 versés jusqu'ici.

En février 1796, on se plaint que des jeunes gens (au nombre de 15), em­ployés à la tannerie et donc exemptés de l'armée, provoquent des murmures chez les parents des autres mobilisés. Ce qui n'empêche pas, le 20 février 1799, le tanneur Rubigny d'inviter le Directoire à laisser aux autres manu­facturiers les ouvriers nécessaires au travail au lieu de les envoyer aux armées (57).

En avril 1796, une lettre de Seguin nous apprend une contestation au sujet d'un échange d'huile (58); ailleurs, un charretier de Seguin est signalé dis­paru (59). Le 6 décembre, Silvain Jaurard, menuisier, « qui demeurait aux ateliers de Seguin", est condamné à

16 ans de fers (60).

Ces menus faits n'ont guère d'intérêt, mais le rapport du 8 décembre 1798 est plus intéressant : les auteurs -Vauquelin, Périer, Chalgrin, Raoul et Jarousseau -indiquent que Seguin fait

« des dépenses considérables en bâti­ments et appareils qu'il augmente et multiplie tous les jours» (61); ils énu­mèrent (visite du 1 0 octobre) : 548 fosses de tannage composant un cours régulier de travail de 20000 cuirs de bœufs, 64 grandes cuves de filtration de tanin qui composent 8 trains, 32 grandes cuves de filtration de gallin qui composent aussi 8 trains, 250 cuves de gonflement, 2 grandes cuves de «coudrement », 2 grandes cuves servant au travail de rivière des veaux, 20 grands bassins pour le cuir fort, 30 grandes cuves pour le débourrage des veaux, 42 cuves pour le travail du cuir blanc.

On relève également la présence de plus de 15000 pièces de tuyaux de plomb et 2200 robinets de cuivre dis­tribuant l'eau et la liqueur tannante

dans toutes les cuves. « Les bâtiments qui forment les ateliers sont immenses; le citoyen Seguin nous assure que l'on y peut confectionner 240 mille cuirs de • bœuf par an en portant la durée de la confection à un mois».

Les 19-21 septembre 1798, Seguin pré­sente ses cuirs tannés et corroyés à l'Exposition du Champs de Mars (02). Il en est de même en septembre 1801 où il expose aussi des papiers de

paille ((l:l).

Quelle était l'importance du person­nel de la tannerie? Nous n'avons retrouvé aucun acte d'état civil rela­tif à un tanneur dans les registres de Sèvres (64) et de Boulogne! (05). Sans doute, naissances, mariages et inhuma­tions furent-ils déclarés à Auteuil dont l'île dépendait.

(52)

Arch. Yvelines, IV Q 259.

(53)

Collection de l'auteur; «Aube nou­velle », 16 octobre 1974.

(54)

Dénonciation au min. des Finances, transmise le 11 fruct. an VI au min. de l'Intérieur.

(55)

Arch. Yvelines, 36 L 1.

(56)

Arch. nat.. FJ2 1465.

(57)

Idem, AFlll 103, no 1255.

(58)

Arch. Reims, coll. Tarbé, XXI, nO 118.

(59)

Arch. Yvelines, 36 L 56 (20 prair. an IV).

(60)

Idem, L, non coté (just. de paix, an V, acte 186).

(61)

Arch. nat.. FIt 2285.

(62)

Expos. publ. des prod. de l'ind. franc.. catalogue, p. II, no 36.

(63)

Seconde expos. publ. des prod. de l'ind. franc.. catalogue, P. 33.

(64)

Une exception: Pierre-Luc PelocQ, tan­neur, cité à Sèvres le 20 mess. an VII (reg., fol. 19 vol. Mentionnons aussi Asse.Qond, tanneur (arch. Yvelines, 36 L 7, 14 brum. an VIII) et Lebœuf, charretier, arrété le 8 .iuin 1796 (idem, 36 L 56).

(65)

Jean-Bapt. Magnien, «fabriquant de Corde à Boyeaux », est cité le 12 prair. an III.

Un rapport du 28 octobre 1799 dit que Seguin emploie 6 chevaux de selle et 12 de trait (GH).

Ce qui est sûr, c'est que le préfet Garnier, visitant la manufacture dans l'été 1800, écrit : «La tannerie du citoyen Seguin est remarquable par la vaste proportion de ses bâtiments et de ses appareils, mais bien plus par la nouveauté de son procédé... Le citoyen Seguin a aussi imaginé de tirer parti du poil des cuirs destinés au tannage, et il fait filer avec cette matière des tapis ou couvertures pour les chevaux qui sont d'un très bon usage et d'un très bas prix» (H').

Et cela est confirmé par le préfet de police, le 5 juillet 1801, qui trouve la tannerie «en pleine activité» (68). En cette fin du 188 siècle, la tannerie de Seguin est une des plus belles et des plus considérables (';») de France!

Mais Deshayes, dans un compte rendu du 18 janvier 1803, écrit que la manu­facture «a beaucoup perdu de son mérite momentané... 1/ y avait pendant la guerre (sous la Révolution) jusqu'à 400 ouvriers qui sont réduits en ce moment à une vingtaine» ('0). Villiers (1803) et le «Miroir de J'ancien et du nouveau Paris» (1806) signalent notre établissement « à la manière anglaise ».

En 1806, l' « Annuaire de S.-et-O.» dit que la tannerie du pont de Sèvres emploie «presque continuellement» 200 ouvriers. Le « Dictionnaire topogra­phique» d'Oudiette (1812) mentionne que la tannerie de Seguin est « consi­dérable» et que l'île renferme de superbes plantations. Mais dès 1817, celui de Saint-Aubin tire le rideau :

«Cette tannerie, si considérable par ses vastes d épen d ances, n'existe plus ».

La tannerie de l'île de Sèvres étant tombée en complète désaffection, Seguin y installa un haras, où il eut jusqu'à 132 animaux, des deux sexes et d'âges différents. Il n'y avait admis que des étalons de pur sang, ce qui lui valut une médaille d'or, après rapport du 30 mars 1820, de Siméon, ministre de l'Intérieur (,1). Seguin écrit en 1823 qu'il s'occupe de ce haras depuis 22 ans; et, encore en 1826, deux guides touristiques indiquent qu'il y a dans l'île 80 ou 100 chevaux ('2).

Premières critiques

Elles vont venir d'abord des tanneurs de Paris, qui se plaignent des avan­tages accordés à Seguin : car il est évident que le monopole de Seguin consistant à tanner toutes les peaux des abattoirs de la capitale ne pouvait être que mal accueilli par les autres tanneurs (il y a 33 fabriques à Paris !).

Ainsi, une protestation des hon­groyeurs parisiens montre qU'ils sont dans l'impossibilité de faire du cuir de Hongrie avec des peaux salées en provenance des armées; d'urgence, on prescrit à Seguin d'effectuer de nouvelles expériences sur une peau salée et sur une autre verte.

Par ailleurs, le Gouvernement s'était engagé à fournir à Seguin 30000 peaux par an, provenant des trois échaudoirs de Paris et autant des armées. On dénonce donc Seguin qui ne paye les cuirs que 18 sols la livre, alors que le quatrième échaudoir pari­sien adjuge les siens jusqu'à 5,20 francs aux autres tanneurs.

Plus grave est le fait que les peaux des armées arrivent à Boulogne aux frais de la République et qu'elles sont pesées à ce moment seulement, c'est­à-dire salées et avec un déchet.

Le 2 février 1795, on procède à un examen approfondi d'un cuir hongroyé par Seguin en trois jours : il est reconnu que «le cuir présenté parait à J'œil bien nourri, blanc à la coupe, en un mot d'une aussi bonne qualité que les cuirs hongroyés en un peu plus long espace de temps ». Certes, il aurait fallu s'assurer que le fabri­cant n'avait mis que trois jours; de plus, la méthode ordinaire demandait huit jours de traitement, ce qui était un avantage peu marqué...

D'autres pétitions de tanneurs dénon­cent Seguin qui récolte une immense quantité de peaux de la boucherie de Paris et les accumule dans l'île de Sèvres où elles se gâtent. Dans sa réponse (24 juin 1795), Seguin ne nie pas (17 000 peaux de bœufs attendent à Sèvres la fabrication), mais il expli­que que cela est dû aux retards dans la construction de la tannerie.

Mais surtout, la qualité des cuirs est inférieure à celle de ceux préparés par les anciennes méthodes. De plus, Seguin est accusé d'acheter des cuirs «à J'orge », impropres, mais à bas prix. Envoyés tout mouillés aux divers magasins de la République, cela donne lieu à des réclamations : Lille et Ren­nes, par exemple, constatent un déchet de 25 %... Ce qui n'empêche pas le ministre de l'Intérieur d'écrire le 13 mars 1797 : « Sous les rapports qualité et économie, le Gouvernement n'a eu qu'à s'applaudir de ces fournitures ».

Dénonciations de Rubigny

Parmi les détracteurs de Seguin, l'un d'entre eux va se montrer particulière­ment obstiné : Rubigny, tanneur pari­sien, 3, rue Censier, ne cessera pen­dant de longues années de s'élever contre les méthodes et les dilapida­tions de Seguin. Nous ne pouvons conter en détails cet acharnement (un simple pointage nous a donné 85 let­tres ou pétitions!) (;:n. La première protestation de Rubigny est du 11 décembre 1794, c'est-à-dire juste au moment où les procédés de Seguin venaient d'être reconnus valables. En janvier 1795, le comité de Commerce et d'Approvisionnement rejette une demande de Rubigny tendant à obtenir des cuirs des magasins de Sèvres (74).

Le premier rapport, favorable à Seguin, est de prairial an III (mai-juin 1795) : on estime que le profit pour la Répu­blique peut s'élever à 11 millions de francs par an (,ro). Pourtant, Garnier est chargé, le 7 juin, de se rendre à la tannerie COH) et ses conclusions (31 juil­let et 3 août) sont assez pessimistes : il constate que tout le travail de l'usine ne consiste qu'à emmagasiner toutes les peaux que Seguin obtient et à les transformer en cuir de Hongrie par un procédé connu; 25 ouvriers sont em­ployés pour cela. Certes, les expé­riences continuent, mais il y a tant de cuves et accessoires «qu'il sembleroit que le Cen Seguin veut envahir et concentrer dans son Atelier toute /'Industrie des Tanneurs de la France ».

(66)

Arch. Yvelines. 36 L 40.

(67)

«Rev. Hist. de Vers. et S.-et-O. ». 1925,

P.

141-142,' VAUTHIER. Notes et docu­ments.... 1927, P. 36-37.

(68)

Arch. nat., F-lb II (Seine 8).

(69)

PEUCHET et CHANLAIRE. «Descrip­tion tOPo.QraphiQue... ». t. III. P. 31.

(70)

Documentation J. Gérard -Un document

des arch. des Yvelines (série M) men­

tionne 600 ouvriers. ce Qui est exaf}éré.

(71)

«Monit. univ. ». 16 avril 1820, P. 495.

(72)

CONSTANT-TAILLARD. «Guide du vO')Jaf}eur... », p. 94,' D .. «Le moderne conducteur... ». P. 84.

(73)

Essentiellement aux Arch. nat.. FI"

2285-2286. Cf. à la Bibl. nat. les livres

et brochures de Rubirrrw.

(74) GERBAUX et SCHMIDT. «Proc.-ver­

baux des comités d'Af}ricuZture et de

Commerce... », t. IV, P. 645.

(75)

Arch. nat., F12 2285 (26 p.).

(76)

GERBAUX et SCHMIDT. op. cit.. t. IV.

P. 742.

225

Les essais se poursuivent réellement, car justement Lelièvre et Pelletier déclarent à la commission des Arts et Manufactures, le 28 juillet, qu'ils ont assisté à la mise des peaux dans des cuves garnies de ciment, contenant eau et acide sulfurique. Or ce dernier produit, ayant rongé la chaux du ciment, les cuirs ont été défectueux. Une nouvelle expérience a lieu le 11 août et le tannage ayant été réalisé dans des cuves revêtues de plomb est alors satisfaisant (77J.

Ce qui est grave est le fait qu'il n'y ait aucune comptabilité (<< comptes ébauchés, états imparfaits») et qu'on ignore totalement les dépenses enga­gées par l'État...

Garnier réitère ses accusations le 7 novembre suivant et souligne que l'île de Sèvres regorge de matières pre­mières (peaux, colles, tan, sel, alun, salpêtre, huile, soufre, etc.), alors que les autres fabricants manquent de tout... Cela incite le conseil des Arts et Manufactures à prescrire une nou­velle enquête (15 décembre). En réa­lité, les archives de la tannerie furent retirées des bureaux du Comité de Salut public et transférées au minis­tère de l'Intérieur.

Mais entre-temps Rubigny poursuit ses dénonciations le 9 novembre, il demande au Conseil des Cinq-Cents que les 40-45000 cuirs verts, emma­gasinés par Seguin, soient répartis entre les 33 tanneries parisiennes. Une nouvelle lettre de Rubigny, du 10, va être renvoyée au Directoire exécu­tif, puis au ministère de l'Intérieur.

Bref, tout ceci amène, le 28 décembre, le ministre des Finances à présenter un long rapport au Directoire exécutif tendant : « 10 A faire confirmer défini­tivement par une loi, l'aliénation des domaines qui ont été concédés au

c. Seguin .. 20 A valider le payement qu'il a fait à la Trésorerie nationale des sommes formant la valeur de ces domaines ». Et le ministre conclut : « Dans tous les cas, il demeure prouvé que le c. Seguin a rempli envers la République les engagements qu'if avait contractés» .

En février 1796, Rubigny dénonce l'en­voi d'un bateau sur la Seine, près du jardin des Plantes, chargé de 600 cuirs forts et portés à Sèvres, pour échange contre des cuirs verts salés. En avril, il annonce que des cuirs hongroyés se gâtent dans l'île de Sèvres. Les dia­tribes se succèdent en juillet (,8) et en août (7!I) contre Seguin, «prétendu tanneur», « à qui on ne saurait infliger une punition assez forte ».

226

Le ministre de la Guerre intervient le 3 août et se déclare satisfait du nom­bre et de la qualité des fournitures de Seguin : «Je n'ai qu'à me louer de son zèle et de sa persévérance».

Le 15 fèvrier 1796, Rubigny supplie qu'on suspende sur-le-champ les tra­vaux de la tannerie de Sèvres, ce qui est repoussè par le conseil des .Arts et Manufactures. Pourtant, comme il y a eu de nombreuses réclamations contre Seguin, trois commissaires sont désignés pour enquête. Ceux-ci visi­tent la manufacture en avril et obtien­nent tous renseignements et papiers désirés. Néanmoins, un hongroyeur (le sieur Huguet, 17, rue Planche­Mibraye) est encore sollicité en mai, pour «connoitre le rapport qui existe entre la dépense nécessaire pour T an­ner les Cuirs par le procédé de cet artiste (Seguin) et celle nécessaire pour les tanner d'après l'ancienne méthode ».

Huguet ne fera son rapport que le 12 janvier 1797 : « Jamais établissement ne fut plus mon(s)trueux et moins nécessaire», en raison de déprèda­tions et dilapidations, des marchés onéreux, des procédés dispendieux, etc. «C'est un manteau à l'ombre duquel on a voulu colorer et déguiser des fortunes scandaleuses ».

Mais Benezech, ministre de l'Intérieur, reste favorable à Seguin: le 7 février, il accuse réception de la lettre de Huguet et dit «avoir reconnu avec peine que la lettre ne soutient aucun fait qui justifie l'opinion manifestée... -. Et le 13 mars, le même ministre rap­porte au Directoire : «1/ est bien prouvé... que le citoyen Seguin a rem­pli, envers la République, les engage­ments qu'il avait contractés .. et si cette vérité ne peut être affaiblie par les objections formées contre la tannerie de Sèvres, et dont on a montré le peu de fondement, le Directoire exécutif en conclura sans doute que, de son côté, la République doit garantir au citoyen Seguin rexécution des engagements qu'elle a pris avec lui» (SO).

Or Garnier réitère ses critiques contre Seguin, notamment dans un document du 25 juillet : dépenses ènormes, mauvais produits, bénéfices excessifs. Un autre rapport de Garnier (10 août) revient à la charge, mais le ministre de l'Intérieur confirme son opinion (favorable) au point de vue industriel et conseille à Garnier de faire ses observations au point de vue écono­mique... au ministre de la Guerre!

Tout cela ne désarme guère Rubigny, dont les diatribes sont ainsi jugées par le bureau des Arts :

« Ces dénonciations répétées de mois en mois et accompagnées de diatribes contre le Gouvernement... -(19 novem­bre 1797). Bardel et Bonjour, membres du bureau des Arts, affirment « que la découverte du cit. Seguin est infiniment précieuse pour l'art de la tannerie et qu'obligé de se livrer à un travail qui sembloit lui être tout à fait étranger, il a surmonté par son zèle et son acti­vité les obstacles qu'une longue pra­tique seule pouvoit faire éviter».

L'année 1798 voit de nouvelles mena­ces de Rubigny. Sans doute n'est-il pas le seul à faire pression contre le Gou­vernement, car une nouvelle commis­sion d'enquête est formée le 16 août, par le ministre de l'Intérieur, composèe de Chalgrin (architecte), Raoul (négo­ciant en peaux, rue St-Merry), Périer (membre de l'Institut), Usquin (tan­neur) et Chaptal (chimiste); mais les deux derniers refusent. (Ils seront remplacés par Jarousseau, tanneur, rue Guenegaud, et Vauquelin, membre de l'Institut.)

Simultanément, le 28 août, le ministre des Finances transmet au ministre de l'Intérieur une dénonciation contre Seguin: c'est un véritable réquisitoire, qui parait bien étayé et l'on accuse Seguin de ne produire rapidement que des cuirs hongroyés au lieu de fabri­quer des cuirs tannés par sa propre invention «Qu'on entre dans sa manufacture, on y trouvera le même travail de rivière, à peu près la même façon de gonfler les cuirs employés par les tanneurs... » Ses livraisons des boucheries (72000 peaux de bovins, 21 218 peaux de veaux et plus de 10000 peaux de chevaux par an) lui rapportent d'immenses bénéfices : en 6 jours, la République a perdu 186000 F... Mauvaises fournitures, plaintes et réclamations sans nombre des fournisseurs, tout cela forme ­suivant cette plainte -un lourd passif contre Seguin.

(77)

Il est surprenant que Se{luin, chimiste notoire, n'ait pas son{lé à cette difficulté qui devait fatalement se produire.

(78)

Arch. nat.. AFII/ 69, no 291,6 (20 mess. an IV, 8 .juillet 1796).

(79)

Idem., Fu 2286 (15 et 17 therm. an IV, 2 et 4 août 1196).

(80)

Idem, Fu 2285 (brouillon, 21, P.) ; Halle aux cuirs, op. cit., p. 893 ; Observations, pièces justifie., p. 11 (Bibl. nat.. 4° Fm 29881 .. British Museum, F* 43-2).

7/12 , '.

~, fCll1 cr:;J~,/I:JIJhJj"tl. l't",... I,,,llml/JulI"" iJq Q.}él'lli}u!t,cfèY,w 1'/ .1.'{'toIlIY;l'(){{~'jllli~, t>mn,,,in t'{(/{iwn,'1II : l,,, Cnorui/J <le CUllllJl,'t!I/mti;;/J 'mw_"I;;'m~/i,,,·,;')~~,,

Plan top'ographique par Ducaille, daté du 22 brumaire an IX (13 novembre 1800).

Comme on s'en doute, de son côté, Rubigny ne désarme pas: le 20 février 1798, il accuse Seguin d'avoir acca­paré plus de 180000 cuirs verts; en août, il demande l'arrestation de l'in­dustriel et la saisie de tous les papiers de la tannerie; il en appelle aux auto­rités constituées et, dans une autre missive, il attribue les difficultés de sa propre tannerie à la manufacture de Seguin. Le 9 octobre, Rubigny dénonce une fois de plus les dilapidations de Seguin <"').

Le ministre des Finances s'inquiète aussi et une correspondance confiden­tielle s'engage avec le ministre de l'Intérieur (28 août). Ce dernier ne semble guère pressé et pourtant le ministre de la Guerre, lui aussi, "le presse également d'accélérer sur cet objet" (3 octobre). Le 1 0 octobre, Vauquelin, Périer, Chaptal, Raoul et Jarousseau visitent la manufacture de l'île de Sèvres : leur rapport est enfin remis le 8 décembre et il est totalement élogieux pour Seguin! De son côté, le ministre des Finances donne égaIe­ment son appréciation (25 décembre) : avis entièrement favorable, doit-on

dire (82). Terminons par quelques mentions : le 19 février 1799. Rubigny n'hésite pas à écrire que "Seguin a volé la Répu­blique ' (":l); le 20 mai, dénonciation des vols du tanneur et fournisseur (84) ; le 12 juillet, Rubigny adresse ses idées politiques et continue à dénoncer Seguin (85); le 13, il renouvelle sa dénonciation (86) ; le 20, il attire l'atten­tion du Directoire sur la tannerie de Sèvres (87); le 5 août, il demande l'arrestation de Seguin dans les 24 heures! (88).

En réalité, les lettres de Rubigny sont incessantes. Beaucoup ne sont même pas datées (8l!). Il se plaint que les tanneurs de France ont été ruinés par Seguin; ailleurs, il présente de lon­gues observations pour raviver les tanneries de Paris, etc. Le bureau des Arts écrit : «1/ est présumable que Rubigny a pensé que /'époque étoit favorable pour dénoncer pour la cen­tième fois Seguin ... ".

Comme on ne répond plus à ses let­tres, Rubigny injurie le ministre de l'Intérieur, les bureaux et les chefs qui les dirigent! Chaptal est devenu main­tenant ministre de l'Intèrieur et c'est lui qui reçoit une nouvelle protestation (29 mars 1801) (90). Les pétitions de Rubigny se succèdent jusqu'au 19 dècembre 1802 (91) et une note de l'Administration dit: Au carton: cette millième répétition d'une dénonciation

228

à laquelle on a répondu ". Ou bien, plus souvent: " 1/ Y a longtemps qu'on ne répond plus aux mémoires de Rubigny".

Contestations

1. -Avec les héritiers Vandenyver. L'île de Sèvres avait été antérieurement acquise par le banquier hollandais Vandenyver, le 3 octobre 1793; celui­ci, ayant été condamné à mort, ses biens avaient été saisis et l'île elle­même remise à Seguin. Comme il fallait s'y attendre, la veuve Vandenyver pré­senta à la Convention une pétition, le 2 février 1795, pour retrouver ses biens (92). Il ne semble pas qu'il y eut de réponse, car on attend le 29 mars 1796 pour voir les héritiers Vandenyver donner congé à Seguin pour l'île qu'il occupe. Là encore, un an s'écoule et, le 7 février 1797, le ministre de l'Inté­rieur transmet à son collègue des Finances un mémoire des mêmes à ce sujet. Quelques mois plus tard, nou­velle pétition au Conseil des Cinq­Cents, ce qui amène le Directoire à intervenir : cinq commissaires sont nommés et concluent que Seguin est possesseur régulier de l'île de Sèvres, conformémènt au décret du 3 janvier 1795. Mais le Conseil des Cinq-Cents nomme à son tour une commission de trois membres (9:1) et celle-ci conclut, le 22 avril, que la vente à Seguin doit être rapportée! "'"'). Deux jours plus tard, Seguin proteste avec véhé­

mence (9"), d'où une nouvelle délibé­ration du Conseil des Cinq-Cents (96).

Mais il n'y a toujours pas de solution, et la veuve Vandenyver réclame de nouveau à la fin de 1798 (97). Des commissaires font leur rapport sur l'île de Sèvres le 12 décembre et rappellent que l'île a bien été attribuée à Seguin après estimation (98). Pendant ce temps, Mme Vandenyver est renvoyée du ministère de l'Intérieur au ministère des Finances (4 janvier 1799).

En 1800, les Vandenyver tentèrent de reprendre ce qui avait été leur bien : ils échouent définitivement, mais cela donne lieu à un nouveau mémoire de Seguin (99).

2. -Avec la famille Brancas.

Comme pour l'île, la maison Brancas, située à Sèvres, et où résidait

A. Seguin, fut l'objet d'une contesta­tion par les propriétaires d'origine. La demeure (occupée de nos jours

.par la mairie) était l'une des plus belles du bourg : la famille Brancas y habitait depuis 1772 et Louis de Brancas et sa femme furent arrêtés le 16 octobre 1793 ; mort en prison -échappant ainsi à la guillotine -le comte de Brancas eut ses biens dispersés (fin 1794) et sa propriété fut accordée à Seguin par le décret de janvier 1795.

Dès lors, la veuve Brancas ne cessera de protester auprès des autorités de S.-et-O. Le 26 mars 1795, la commis­sion des Revenus nationaux annonce au Comité de Salut public : «Les

prétentions de cette dame ne nous ayant pas parues fondées, nous avons écrit au département qu'il ne devait pas y avoir égard ". Là encore, Seguin restera maître des biens acquis et c'est seulement en 1809 qu'il revendit l'hôtel Brancas, tombant en ruines, à Napoléon qui le réunit au domaine de Saint­

Cloud (100).

(81)

Arch. nat., AFIIJ 98, no 870 (18 vend. an VII, 9 oct. 1798).

(82)

Observations, pièces ,justifie.. oP. cit..

p. 13-16.

(83)

Arch. nat.. AFIJI 100, no 3045 (1" vent. an VIl, 19 février 1799).

(84)

Idem, AFIIJ 102, no 1156 (1" prair. an VII, 20 mai 1799).

(85)

Idem, AFIII 98, nO 3006 (24 mess. an VIl, 12 ,juillet 1799).

(86)

Idem. AFIII 98. no 2995 (25 mess.. 13 .iuillet).

(87)

Idem, AFIII 103, nO 1255 (2 therm.. 20 .iuillet).

(88)

Idem, AFIl1 103, no 2450 (18 therm.. ,; août).

(89)

Cf. surtout Idem, FI2 2286. Pour 1799, lettres des 16 février, 8 mars, 17 mai. 20 .iuin. 2. 7. 17 et 24 .iuillet. 10 et 14 août. etc. Sept lettres ne sont pas datées.

(90)

Idem.. FI2 1/,66.

(91)

Et même le 22 octobre 1807 !

(92)

Pétition à la Convention Nationale.... 14 P. (Bibl. nat.. 8" Lb4I 4244 .. British Museum. F 790-9).

(93)

Pr.-verbal des séances du Cons. des Cinq-Cents, 8 nerm. an VI. P. 113.

(94)

Rapport fait par Bourn-Laprade. 3 flor. an VI, impr.. 6 P. (Bibl. nat.. 8° Le4:J 1932 .. Bibl. Paris, 941269).

(95)

Bibl. Paris, 964091 (impr.. 3 p.).

(96)

Proc.-verbal.... 8 flor. an VI. P. 204­

205.

(97)

Arch. nat., Fu 2285.

(98)

Arch. Yvelines. 36 L 32.

(99)

Mémoire à consulter et Consultation pour le citoyen Senuin. 17 fruct. an VIII (4 sept. 1800). 10 P. (Bibl. nat.. 4° Fm 29886.. Arch. nat.. FI2 2285. deux exempl. avec lénères différences P. 1-2) .

(100) Arch. Yvelines. IV Q 62.

3. -Avec les frères Dulac.

Nous dirons peu de choses du domaine de Ravannes, en S.-et-M. : seule la moitié avait été saisie au profit de la République, mais Seguin, conformé­ment au décret de 1795, en occupa la totalité... Seguin dit qu'il subit de "mauvaises chicanes» avec les pos­sesseurs (lettre du 20 septembre 1795); il veut construire des moulins à tan, car ceux existants (à Fromon­ville) sont insuffisants...

Mais c'est seulement au début de 1798, que les frères Dulac, «défen­seurs de la Patrie", demandèrent au Conseil des Cinq-Cents d'annuler le décret de 1795 11011. Une commission de trois membres est formée et rap­port est fait le 8 avri 1 : aucune déci­sion n'est prise et on se borne à ren­voyer les pièces produites devant le Directoire (lU"I. Silence total ensuite, où plutôt Seguin tente de gagner du temps (on l'accuse d'avoir donné plus de 40 rendez-vous 1). En octobre, le sieur Ch.-Gr. Dulac s'oppose à ce que les ministères de l'Intérieur et des Finances soient juges et parties...

On a donc un Apperçu de la conduite et de la science d'Armand Seguin (103),

bourré de détails, où Dulac dénonce violemment celui qu'il considère comme un usurpateur. La brochure (19 pages) est de pluviôse an VII (janvier-février 1799), mais c'est malheureusement le dernier document que nous avons retrouvé..,

Par contre, nous avons trace d'une décision du 17 fructidor an VIII (4 sep­tembre 1800), suivant laquelle Seguin fut maintenu dans ses droits de pro­priété (IIH). Mais on peut surtout conclure par une lettre du 27 novembre 1807 : il s'agit d'un rapport de la sec­tion des finances du Conseil d'État, concernant les domaines nationaux concédés en 1795 à Seguin (I05) :

10

L'île de Sèvres doit être le seul bien devant rester aliéné à Seguin; 20

Seguin doit rendre les fermages perçus pour les maisons Brancas et Ravannes;

30

Une expertise des améliorations apportées par Seguin à la propriété Brancas doit être effectuée.

4. -Avec des tiers.

Les contestations que Seguin eut avec ses contemporains sont nom­breuses : contestation avec Herbelot (juin 1795) pour des objets que Seguin refuse de rendre (lOG); procès avec

Lettre d'Armand Seguin du 1·' nivose l'Administration municipale du canton de l'auteur).

Audy (26 novembre) pour une vache achetée, puis refusée par Seguin, mais que celui-ci réclame ensuite au même prix, malgré l'augmentation du prix des bestiaux (10'); procès avec J.-Fr. Collas, marinier et marchand de fer (août 1796 -septembre 1797), au sujet d'un passage dans l'île, où l'on rap­pelle que Seguin doit laisser, légale­ment, le long de la Seine, un espace libre de 24 pieds de large, sans arbre ni clôture (IOH); polémique avec Choulet, aubergiste (25 novembre 1797), que Goujon, fondé de pouvoir de Seguin, accuse d'avoir volé 4 cuirs sur des voitures chargées; procès avec Gonly (août 1798) au sujet de pavés enlevés par Seguin; désaccord avec P.-P. Folloppe, journalier (25 novembre 1798), qui accuse Seguin de lui garder ses outils(lOll) ; contestations avec Coignet (septembre 1799) pour

an V (21 décembre 1796) aux Membres de de Sevres au sujet de l'affaire Collas (coll.

des livraisons de plomb et cuivre, avec Julien (mai 1800) pour des toiles, avec Mauvesin (novembre 1799) (110).

(101) Proc.-verbal des séances du Cons. des Cinq-Cents. 9 .Qerm. an VI, P. 125.

(102) Idem. 19 .Qerm. an VI, p. 336-337.

(103) Bibl. nat., l," Ln27 18778 .. Bibl. Paris. 135937 .. British Museum. 936 C 21 et F 32 (13).

(104) La Halle aux cuirs. op. cil.. P. 905.

(105) Arch. Seine, DQIO 449, doss, 6859,

(106) Arch, Yvelines, IV Q 259.

(107) DOUARCHE, «Les tribun. civ. », t, II.

p. 245.

(108) Arch. Yvelines, 36 L 1 (fol. 36 ru, 43 vu ­1'4 r", 5J, V" et S,), L 8, L 18, L 51.

(109) Idem, just. de paix, an VI, actes 19 et 85 .. an VII, acte 15,

(110) Idem, an VIII, actes 49 bis et 115; Proc.-verbal des séances du Cons. des Cinq-Cents, 16 brum. an VIII, p, 277,

229

Procès encore avec la manufacture de porcelaine de Sèvres, qui ne peut obtenir le payement d'un service de porcelaine valant 800 F (décembre 1797­janvier 1801); Brongniart lui-même, directeur, réclamera encore cette somme le 15 janvier 1801, devant la justice de paix de Sèvres' III). Procès avec J.-Fr. Legry (1803-1805) au sujet des limites de leurs propriétés res­pectives ,11") ; procès avec Chr. Flachat (1805), lequel se plaint de "Seguin

la prime» 'II").

5. - Avec les autorités de Sèvres.

Les rapports entre Seguin et les auto­rités de Sèvres donnent lieu à de menus incidents: en l'an IV, on trouve le nom de notre industriel en tête des plus forts imposés du canton où il paye une somme de 6000 francs mal­gré ses réclamations '"1) Lorsqu'il est imposé, il présente toujours un mé­moire en réduction... Le 14 juin 1798, il est imposé pour 305,99 francs, mais le 24 juillet suivant, on accepte de réduire ce rôle à 120 francs; par contre, aucune décharge n'est accor­dée pour sa cote mobilière ni pour sa taxe somptuaire (11'01.

Puis, quand Seguin est taxé pour 100000 francs en l'an VII, "probable­ment en erreur par des dénonciations anonimes» suggère-t-il, il offre seule­ment 50000 francs et certifie qu'il fait vivre à Sèvres et dans les environs plus de 500 familles (116).

Le 8 novembre 1795, Seguin offre à la commune de Sèvres une partie des grains qu'il doit recevoir 1117); en janvier 1797, plusieurs de ses chevaux sont atteints de la morve, ce qui néces­site une expertise 1118); en juin 1798, l'administration municipale de Sèvres reproche à Seguin d'avoir construit une petite digue nuisant à la navi­gation (119).

Le 24 juin 1798, Seguin, " entrepreneur de la Manufacture nationale de

Sèvres », offre 200 livres de chandelles et 5 000 mottes à brûler (tan employé comme combustible), "pour soulager les pauvres» (120); ce geste sera renouvelé plusieurs fois (121) et le «Moniteur universel-en rendra compte (122). Ou bien encore, on signale 100 quintaux de foin et 5 sacs d'avoine fournis par Seguin sur sa récolte de l'an VI (123); en juin 1799, des lettres de Seguin sont relatives à sa contri­bution des portes et fenêtres (124).

230

Le 2 septembre 1799, une visite domi­ciliaire a lieu chez Seguin, où l'on trouve 3 fusi Is, 4 sabres, 2 pistolets, puis encore 2 fusils, 4 autres plus petits, 4 sabres et 3 pistolets' 1"C, '. En décembre, Seguin souscrit à une réquisition de 15 chevaux ll"'".

Formation professionnelle

Un point intéressant est le fait que Seguin et les autorités révolutionnaires n'hésitèrent pas à diffuser les nouvelles méthodes de tannage. Le décret du 3 janvier 1795 avait prévu (art. 5) :

"Le Comité de Salut public prendra en outre toutes les mesures les plus propres à propager et à accélérer, sur tous les points de la République, les avantages qui dérivent de ce nou­vel art. En conséquence, la manufac­ture établie à Sèvres fera une école dans laquelle le citoyen Seguin sera chargé spécialement, lorsque ses ate­liers seront en pleine activité, de mon­

. trer gratuitement, ainsi qu'il en a fait la promesse, ses procédés et son art aux citoyens qui lui seront adressés par le Comité de Salut publie ».

L'idée n'était pas nouvelle, car dans leur rapport d'octobre 1794, Lelièvre et Pelletier avaient envisagé des "cours de fabrique ». Le Comité de Salut public aurait pu garder secret le nouveau procédé de tannage et Seguin lui-même aurait pu souhaiter avoir le monopole de son invention. On va voir qu'il n'en fut rien.

L'arrêté du 9 février 1795 établit à la tannerie un bureau composé d'un chef et de quatre aides, tous cinq rému­nérés par l'État. Leurs fonctions consis­taient «à recevoir les Tanneurs, à correspondre avec eux, à leur déve­lopper sur la pratique des procédés et sur tous les détails analogues». On a gardé leurs noms : Rode, le respon­sable, qui perçoit 375 francs par mOis; les autres (Motet, Pacatte, Martin et Vêtu) reçoivent un traitement mensuel de 150 francs (27).

Dès le 18 mars, les responsables de la Marine et des Colonies demandent à Seguin de vouloir bien indiquer deux ouvriers, nouvellement formés, pour les envoyer outre-mer : Seguin s'y opposa (ne voulant pas discréditer sa méthode dès sa naissance, et surtout craignant que ces tanneurs soient

« prisonniers par des vaisseaux étran­gers -. Malgré cela, le Comité de Salut public accepta l'envoi de deux ouvriers aux colonies.

Le 13 avril, par circulaire imprimèe, Seguin annonce aux administrations départementales un cours sur ses procédés et les invite à lui envoyer, " pour se former aux leçons de l'Expé­rience, les Ouvriers qui seraient jugés les plus capables d'en recueillir les résultats, pour les répandre ensuite et les faire fructifier sur tous les points de la République».

(111) Arch. nat., Fu 2285,' Arch. Yvelines. just. de paix. an IX. acte 181,.

(112) Arch. Yvelines. loi de ventôse. doss.

2020.

(113) Bibl. Paris. 1271126 1i>l1pr.l.

(114) Arch. Yvelines. 36 L Z.) et sz.

(115) Idem. 36 L 2 (pr.-l'. 1.5.1. fol. 118).

(116) Idem. 36 L 3. La protestation de Se.ouin

et la répon.s'e des édiles fien11ent pres­

que 3 papes au reoistre (séance du 26 vend. an VIII!. Mais sa taxe est main­temœ le 11 brum.

(117) Arch. comm. Sèvres. reo. 1,. fol. 10.

(118) Arch. Yl'elilles. 36 L 1.

(119) Idem. 36 L 51.

(120) Idem. 36 L 61. -100 livres de chandelles furent déposées chez Devillière. iu.ae de paix (9 1I011.)" remerciements le 16 (idem. 86 L 2. fol. 181 1"'1.

(121) Nouvelle offre 18 iam'ier 1799) de 500 livres de 6handelles et de 2000 maltes (36L61) .. autre offre 16 mail de la à 12 000 mottes lidem} C menlion hono­rable et lettre de satisfaction sont ,'otées à Seouin. le 16 136LSJ. Autre don de ,) 000' maties le 25 déc. (idem 1 et. à nou­veau. de ,) 000 mottes le 16 imwier 1800.

«la ri.oueur de la saison n'étant pas encore terminée» (idem).

(122) «Monit. IIni11. ». 28 1Ii11. Iln VIII. p. 1,68.

qui annonce Que Seouin vient rroffrir

50000 mottes a11 ministre de l'Intérieur. En 1800. Seauin occupe un local. 874. rue rie l'Uni."ersité. dépendant de la

m.airie du Rf' arr. et auant appartenu à

Mme P011lprll. où il stocke 8e8 maltes à brûler ICt. Arch. Seine. DOlO 1,1,9. doss.6859}.

(123) Arch. YveUnes . .16 L .la létat du 17 prair. an VII J.

(124) Bibl. Arsenal. ms. 7055.

(125) Arch. Yvelines. 86 L 8 et L 40. Cinq de se8 fusils seront déposés le 5 oct. (idem. S6 L 7).

(126) Idem. 86 L 3. Cf. aussi .16 L 40 (pr.-verb. des 26 frim.. 8. 21, et 26 pluv. an VIII) et 36 L 31 (pr.-verb. du 6 .oerm. an VIII).

(127) Arch. nat.. AFII 78. doss. 580. pièces 1,1,-45 (22 .iuill. 1795).

Le premier cours s'ouvrit effectivement le 19 juin et cinq autres lui succé­dèrent; on ne devait admettre que 10 élèves à la fois. Mais dès l'ouverture, il y en eut 16 et, aux derniers cours, 34! En moins de quatre mois, 150 élèves y participèrent. Plus tard, le 26 juin 1798, Seguin écrira que plus de 400 élèves, envoyés par les dépar­tements, sont venus «pour s'instruire, dans mes ateliers, de tous les détails relatifs à ma découverte» 112!). Il confirmera encore, en 1803, ce chiffre de 400 élèves ""Ol.

Les cours furent publiés dans le «Journal des Arts» ":<Il Seguin offrit même de faire chez lui, à Paris, un cours gratuit, de courte durée, «dans lequel tous les citoyens pourront apprendre à tanner chez eux, avec de petits appareils».

En janvier 1796, Seguin annonce que cinq jeunes gens et leur responsable, venus en stage pour « s'y instruire sur les nouveaux procédés de tannage et pouvoir les répandre ensuite», ont démissionné. Évidemment, comme les cours de Seguin sont publics, ceux qui veulent l'aide de l'État pour les appliquer, essuient un refus Il''2l.

Dans un rapport sur la tannerie, daté du 3 août 1796, et rédigé par La Saulsaye, on lit aussi : Journelle­ment, on le voit (Seguin) à Sèvres se plaire à les enseigner (ses méthodes) à ceux que l'amour de l'art et la curiosité conduisent tour à tour soit à son laboratoire, soit à son atelier» (1 "" ,.

Et justement à cette même date, une note constate que: la Seguin a remis au Gouvernement le secret de sa découverte; 20 Il fait un cours public d'enseignement et crée une école d'ap­plication et ces deux mesures produi­ront un bien sensible ". Divers tan­neurs anciens, mais libres de toute routine, ne dédaignèrent pas de sui­vre ces cours et plusieurs les mirent en pratique "".1).

En octobre de la même année, Seguin annonce qu'il s'est assuré le concours d'un ouvrier anglais lequel s'est engagé à dévoiler les secrets de la corroierie anglaise : le Conseil des Arts et Manufactures applaudit à l'idée de nommer deux élèves qui profiteront des nouvelles méthodes, d'autant plus que Seguin prévoit 300 élèves dans les dix prochaines années! (laD).

Il est certain que cette «Formation professionnelle» avant la lettre donna des résultats positifs : ainsi, en mars 1796, un sieur Simone offre d'ouvrir une tannerie à Dijon formée d'après les «principes» de Seguin Il "fil ; de même, en juin 1798, le citoyen Corbel souhaite établir une tannerie à Caen : il dit être « venu s'en instruire à l'école même du citoyen Seguin. Son assui­dité, ses talens, son expérience, l'ont mis à même de profiter de ses leçons» ""7l. Aussi, Seguin lui-même prit-il soin, le 26 juin, d'envoyer une adresse aux représentants du peuple pour encourager le Corps législatif à accepter la supplique de Corbel ""H) : c'est ce que le Conseil des Cinq-Cents fit par une résolution.

En janvier 1799, un tanneur de Mul­house sollicite des renseignements sur la «méthode» de Seguin. Celui-ci répond de sa main et invite l'intéressé à venir à Sèvres, au printemps Il:<Ol.

Relevons encore que Seguin se plaint d'être assailli d'espions anglais ou d'émissaires en tous genres qui cher­chent à débaucher ses ouvriers (110).

Certains contestent pourtant: dans la dénonciation du 28 août 1798, déjà citée, on lit que Seguin a pris grand soin « d'interdire l'entrée de la fabrique à tous ceux dont l'œil clairvoyant appercevrait ses dilapidations». «Quant aux élèves qu'il devait for­mer, il est de notoriété publique qu'il n'a instruit personne. Les jeunes gens de Paris et des départements n'ont appris à son école que quelques ter­mes de chimie qui n'ont servi ni à faire apprécier l'ancienne méthode, ni à faire connaître la nouvelle. De grands mots vides de sens, une grande jac­tance de science, un grand mépris pour les tanneurs, voilà tout le fruit des leçons de Seguin».

Tout cela relève de la polémique et le ministère de l'Intérieur continue de soutenir Seguin : «II n'est pas per­mis de douter de la réalité des Pro­cédés de Seguin et des avantages qu'offre son établissement. Il a fait l'expérience de ses moyens en pré­sence de 150 ouvriers appellés pour y assister de tous les points de la République» (12 JUin 1804). Et à cette même èpoque, on voit encore Meschinet Richemond, conseiller muni­cipal de La Rochelle, membre d'une société d'agriculture, écrire: «J'ai ouï parler très-avantageusement de la Méthode de M. Seguin pour le Tanage des cuirs... » (30 juillet).

Malgré la progrande du Comité de Salut publie, le procédé Seguin ne se répandit guère. Dans une enquête faite en novembre 1811, de Montalivet, minis­tre de l'Intérieur, posait cette question au préfet de S.-et-O. : «A-t-on essayé de nouveaux procédés perfectionnés, tels ceux de Seguin, et avec quels succès? ». Les sous-préfets de Versailles, de Meulan, du Pecq, de Pontoise, rèpondent qu'on prépare les peaux suivant les anciens procédés. Le sous-préfet d'Étampes dit qu'on ne fait pas usage des méthodes de Seguin.

Enfin, le sous-préfet de Mantes déclare : «II y a longtemps que les procédés de Seguin ont été jugés mauvais ».

L'enquête se poursuiVit en 1812 et les rapports des autres préfets nous fournissent à ce propos des rensei­gnements précis : le procédé Seguin ne fut essayé que dans 19 départe­ments (Ain, Ais ne, Hautes-Alpes, Ardennes, Bouches-du-Rhône, Doubs, Eure, Finistère, Hérault, Indre-et-Loire, Isère, Landes, Loiret, Lot-et-Garonne, Morbihan, Pas-de-Calais, Saône-et­Loire, Haute-Vienne et Yonne). Tous les essais sont isolés; partout ils furent abandonnés, comme coûteux ou nuisibles à la qualité, ou parce que les cuirs obtenus étaient inférieurs en pOids -donc en valeur marchande ­à ceux que donnaient les procédés anciens. « L'ignorance des tanneurs et leur prévention, le caractère scientifi­que de la nouvelle technique, d'autre part, expliquent sans doute ces échecs; ceux-ci ne permettent pas de douter de la valeur du procédé Seguin qui, après une longue période d'oubli, fut repris et fournit les principes essen­tiels du tannage moderne» (142).

A l'actif du Comité de Salut publie ­trop généreux des fonds d'État envers Seguin -inscrivons le fait qu'il fit tout pour répandre dans le pays cette « Formation professionnelle» -toujours actuelle aujourd'hui!

(128) Idem, FI' 2285.

(129) Idem, AD (Xl) 66 et 72.

(130) Bibl. nat., 4° Fm 29887, P. 25.

(131) « Journal des Arts et Manu!. », t. Il (an IV), p. 66-89, et t. III (an V), P. 71­

112.

(132) Arch. nat.. FI2 1466.

(133) Idem, FI' 2285.

(134) La Halle aux cuirs, op. cil.. p. 905.

(135) Arch. nat., FI2 2285.

(136) Idem, FI2 1466.

(137) Bibl. nat., 8° Le4" 2074; Arch. nat.. AD (Xl) 66.

(138) Arch. nat., AD (XI) 66 et 72.

(139) Idem, FI2 1466.

(140) Idem, FI2 1466.

(141) Arch. Yvelines, M (non coté).

(142) DEPORS «Recherches sur l'état de l'in­dustrie des cuirs en France», P. 23; Arch. nat., Fu 1590-1602.

Conclusions

Longtemps après, ['unanimité n'avait

pas été faite sur [es résultats obtenus

par Seguin :

-en décembre 1808, on pouvait écrire : • Les travaux de M. Seguin procurèrent cet avantage (la réduction de la durée du tannage) dans un temps où la nécessité ne connut rien d'im­possible» 114:<) ;

-en décembre 1810, [e maire de Saint-Germain-en-Laye, au contraire, dénonce ['. usage destructeur intro­duit par des charlatans se disant chi­mistes» et soutient que [es anciens procédés de tannage (en 18 mois ou 2 ans) sont [es meilleurs IlHl

[[ semble certain que [e procédé de Seguin rendit aux armées révo[ution­naires un service appréciable. Seu[e­ment, [e Comité de Salut public, dans son désir patriotique d'assurer [e ravi­taillement des troupes, lui consentit de grands avantages : ce devait être [à ['origine de [a fortune amassée par Seguin.

Quant aux attaques lancées contre [e tanneur, i[ faut surtout y voir des cri­tiques venant du secteur privé -cri­tiques sans doute en partie justifiées...

III. -Le financier

A [a tête d'une fortune considérable, Seguin se lance bientôt dans des spé­cu[ations boursières qui lui rapportent de nouvelles ressources... [[ faut [ire, pour 1803-1804, [es rapports de [a pré­fecture de police ou [es tableaux du ministère de [a Justice.

Car [e gouvernement consulaire ne pouvait manquer de surveiller l'activité de ces agents financiers. Ainsi, [e 10 janvier 1802, ['informateur de [a pré­fecture de police rapporte qu'une intri­gue a lieu rue Grange-Bate[ière, à Paris, entre plusieurs individus qui comptaient recevoir des fonds de Seguin; [e 3 janvier 1803, on note ['achat, à [a Bourse, de 100000 francs de rentes et ['on soupçonne Seguin d'être derrière un prête-nom; [e 22 du même mois, i[ est dit que Seguin crie à ['injustice et à [a tyrannie car i[ vient d'être obligé de déposer une somme considérable dans [es caisses de ['État; [e 5 mai, on relève ['activité des agents de change et, parmi [es plus forts preneurs, l'un d'entre eux est soupçonné d'agir pour [e compte de Seguin. Les mêmes faits se

232

renouvellent [es 30 JUin, 22 juil[et, 10, 19, 24 août, 19 septembre et 6 décembre 114").

Ou bien, [e 30 septembre 1803, [e gouvernement apprend [a création d'une ferme générale dans [es salons, où ['on retrouve [e nom de Seguin (1-10).

Mais c'est surtout au cours des deux premières années de ['Empire que Seguin fut mêlé à ['aventure financière [a plus extraordinaire de tous [es temps. [[ commence par participer à ['avance de deux millions qu'Ouvrard fait au Premier consul après [e 18 brumaire. Puis, comme [e gouvernement a besoin de numéraires, [e ministre du Trésor public fait appel à l'aide d'un groupe de capitalistes. Sous [e nom de

• Compagnie des Négociants réunis», cette organisation acquit [a triste cé[é­brité d'avoir mis [a France à deux doigts de sa perte, s'adjugeant d'a~ord [es réserves du portefeuille de l'Etat. En deux mots, disons que [e 30 juin 1804, Ouvrard et Seguin sortent du cabinet du ministre, avec son appui illimité, apportant 150 millions contre autant d'obligations des receveurs généraux! Cette promesse était d'une conception fantasmagorique : restau­rer [es finances de [a France et de l'Espagne, au moyen des trésors de ['Amérique méridionale, tout en per­çant [e blocus maritime, par ['in­termédiaire des neutres, des licences d'importation et des maisons étran­

gères! (147).

Un rapport secret (22 septembre 1804) de Fouché, ministre de [a Police, nous apprend que [a nouvelle agence Vanlerberghe, Seguin et Cie délivre des obligations des receveurs géné­raux de ['an XIV (laque[[e commence seulement [e 23 septembre 1805 !).

Quand Napo[éon 1er s'aperçut de ['er­reur monumentale qu'avait fait son ministre du Trésor public, i[ prit aussi­tôt [es mesures qui s'imposaient pour [imiter [es dégâts aux finances impé­ria[es. Seguin ne pouvait être oublié ; dans une lettre datée de Saint-Cloud, l'Empereur écrit à son ministre, le 24 juillet 1805 : • Seguin a été condamné à payer 1800 000 francs. Je n'entendrai à aucune espèce de compensation. Je veux la somme tout entière ». Et cinq jours plus tard, un décret rendu a,u château de Saint-Cloud fixait un supp[e­ment de 54 130,72 francs que Seguin devait payer à l'égard de sa tannerie de ['Î[e de Sèvres et de [a maison Brancas (148l

Il y aurait [à tout un chapitre intéres­sant sur ['histoire financière de l'Empire et ['on y rencontrerait, mêlés, les noms de Seguin, Ouvrard, etc. • Le plus grand ennemi de la France n'était pas en Autriche », s'écriera Napo[éon [ors­qu'à [a fin de 1805 s'effondrera [a Compagnie des Négociants réunis. Le rideau tombe [e 26 janvier 1806, [ors de [a fameuse séance qui dura de 8 heures du matin à 5 heures du soir où, devant Napo[éon et de hauts fonctionnaires de ['État, comparaissent Ouvrard, Desprez, Van[erberghe...

Dans une lettre du 28 mars 1807, Napo[éon 1er écrit à Mo[[ien, nouveau ministre du Trésor public : • J'ai lu avec attention votre rapport sur le débet des Négociants réunis. En m'occupant de nouveau de cette affaire, j'ai senti renaitre toutes les peines qu'elle m'a causées. Ces misérables (Seguin et autres) nous ont soustrait 142 mil­lions... » et i[ demande que [edit Seguin fasse ['objet d'un compte à part 114D).

Un autre décret du 21 juin 1809 conti­nue ensuite [es poursuites contre [es spéculateurs et c'est en vertu de ce texte qu'une contrainte fut décernée contre Seguin (l',0). Ce dernier, en effet, comprenant que Napo[éon vou­[ait lui faire rendre gorge, prit [e parti de refuser de rendre ses dettes et préféra être conduit en prison, atten­dant [a chute de ['Empire.

C'est ainsi que dès juin 1814, [es Négociants réunis s'adressèrent au roi Louis XV[[[ pour faire révoquer [e décret de 1809 : [e nouveau gouvernement reconnut que ce texte était • injuste et vexatoire» (101), mais [es procès de Seguin continuèrent de longues an­nées avec [es sieurs Van[erberghe (mort en 1819) et surtout Ouvrard.

Toute cette procédure remplit des pages entières de [a «Gazette des Tribunaux» et i[ n'y a pas lieu de s'y

(143) GUILLARD-SENAINVILLE (E.), « Notice sur les travaux de la Société d'encour. pour l'industrie nat. », 1818.

p. 29 (dans Arch. nat.. FJ~ 2332).

(144) Arch. nat., FJ2 1569.

(145) AULARD, « Paris sous le Consulat », passim.

(146) Idem. Cf. aussi HAUTERIVE, .« La police secrète sous le premier Emmre ».

(147) WOLFF, « Die Geschiifte des Herrn Ouvrard» .. ARTHUR-LEVY, Un flrand profiteur de fluerre... : G.-J. Ouvrard.

(148) Corr. de Napoléon 1er , t. Xl, P. 38.

(149)

VOX (Max.), « Corr. de Napoléon »,

p.

86-81.

(150)

« Gazette des Tribunaux », 2 .iuin 1826,

p.

1.

(151) Idem, 16 déc. 1826, P. 183.

étendre ici. Ouvrard, à son tour, fut appréhendé le 24 décembre 1824 et Seguin fit tout pour le tenir sous les

verrous 11fi2).

Armand Seguin a publié une centaine de brochures sur les finances, la mon­naie, l'économie, les emprunts, le capi­tal, les rentes, etc. Elles concernent aussi les courses de chevaux (1820­1822), la suppression des impôts sur la loterie (1829), sur les boissons (1830), sur le sel (1831), etc. Toute cette littérature n'offre plus d'intérêt de nos jours.

IV. -De la fortune à la démence

Payant fort mal ses créanciers, il fal­lait le plus souvent l'intervention des huissiers pour forcer Seguin à s'acquit­ter. Il avait fait placer une chaîne en travers de la porte de son hôtel de la rue d'Anjou et les agents du fisc, qui connaissaient sa manie, brisaient sans peine la chaîne : mais Seguin était heureux de faire constater qu'il n'agissait que contraint et forcé Ilf,:<).

En réalité, ce fut surtout -à la fin de sa vie -un homme au caractère origi­nal et bizarre. Étrange personnage pour les habitants de Boulogne et de Billan­court qui poussait l'originalité jusqu'à offrir (dans son château de Jouy) un feu d'artifice à tous les curieux :

«1/ en fit disposer les fusées de telle sorte que les étincelles vinrent mena­cer le visage des assistants. Ceux-ci, s'enfuyant, tombérent dans des chaus­se-trapes qu'il avait fait recouvrir de feuillages» .

On raconte encore que Napoléon 1er lui fit demander à plusieurs reprises 4 magnifiques chevaux et lui envoya 30000 francs pour les lui payer. Seguin, refusant cette somme, serait alors descendu dans la cour et aurait abattu les 4 malheureuses bêtes, en disant à l'officier chargé de la mission impériale qu'il pouvait emmener les 4 cadavres (lC'4) •••

Vers la fin de sa vie, Seguin habitait 69, rue de Varenne, dans l'hôtel Cler­mont (détruit en partie par la rue Barbet-de-Jouy) (",fi). Cette demeure fut incendiée gravement et Seguin, atteint de la goutte, ne fut sauvé que de justesse 115G).

Mais Seguin devint un obsédé de la musique de danse. La duchesse d'Abrantès a écrit de nombreuses pages sur le « Salon» de notre héros, où il recevait, tous les mardis, la « belle» société de Paris. Chaussé de ses pantoufles, ne sachant danser, essayant de jouer du violon, il exigeait qu'on dansât «ses» contredanses, chantant à tue-tête des airs de chasse ""7)... Il abîma, avec ses recher­ches sur les instruments à corde, de magnifiques violons. Ou bien, à travers les pièces de son appartement, il chas­sait, lâchant lièvre, renard et chiens, sonnant l'hallali dans une chambre!

On rencontrait souvent Seguin au bois de Boulogne, dans un affreux cabriolet de marchand de chevaux, sans capote; seulement, il y attelait un cheval de 4 000 francs! Point de groom, point d'homme à cheval pour l'escorter comme c'était l'usage. Accompagné de sa fille, il s'habillait tantôt en redin­gote, tantôt en robe de chambre, sui­vant son caprice.

Ses procès sont inextricables il paraît non seulement devant les diffé­rentes juridictions parisiennes, mais encore à Douai, à liège, en Allemagne, etc. 11C,R). Ses formules de serment sont frappantes : «Moi, A.-J.-F. Seguin, je jure solennellement devant Dieu le tout-puissant qui sait tout... ». Et il ter­mine par ces mots : «Ainsi, Dieu me soit en aide et son très Saint Évan­

gile » 11C,!l).

Grand amateur de tableaux, Seguin secourut le célèbre musicien Cambini et le chargea, moyennant 3 à 4000 francs chaque année, de diriger des concerts. Parmi les maîtresses de Seguin, citons la belle demoiselle Guimont. Il essaya de poursuivre cette dernière en justice, l'accusant de lui avoir volé une statuette représentant la Vénus de Médicis. Mais la «jeune et jolie fille» n'eut pas de peine à convaincre les jurés qu'il n'y avait là qu'un cadeau, que son riche amant lui avait accordé pour « prix de trop cou­pables complaisances» (11)0).

Seguin mourut le 24 janvier 1835. Sa succession, considérable, était laissée à des collatéraux et à ses deux enfants. Cela donna lieu à des procès, notamment contre une femme que Seguin entretenait, « et dont le complai­sant mari portait un nom bien connu dans la littérature» (suivant les chro­niqueurs), nom que nous n'avons pu, hélas! identifier...

Telle est la vie agitée d'Armand Seguin, dont l'île de Sèvres porte le nom depuis 1829 !

Pierre MERCIER

Ci\.TALOGUE (J

.

DE LA

BIBLIOTHÈQUE MUSICALE

DE FEU M. ARM. SÉGUIN;

MÉTHODES, SOLFÈGES,l>AR'r!TIONS

ET OEUVRES DIVERS,

Dont ln,V(~ntc n1.~i'a li(~n le Luudi I!J Juin ~R35 e~ joiiI:1? 'suivans, à lllitli,

"EN SON IIOTEL, lIUE DE VARJiNNES, N.· 35;

~Pfl~" le ministère de M.~ M&l\LtN, Çonllllis.sllÎl·()~Pl·j,enr. assisté de )\1. LED.I,He, IJihrnirc.

A PARIS,

C lM', MERLIN. RUE DU',~ATTOIn, K." H':

",R1I::, M. r~EBT,ANC, HUE DES REAtTX.~AHTSl N.(:' (,.

1835.

Fac-similé de la page de garde du « Cata­logue de la Bibliothèque musicale de feu

M. Arm. Seguin ». Dans ce catalogue sont répertoriés en 39 pages, les 805 documents musicaux de Seguin qui furent dispersés aux enchères entre les 15 et 20 juin 1835 (Bibl. hist. de Paris, impr. 9854, pièce 14).

(152)

OUVARD. «Mémoires». t. III, 1827,

P.

66-68. 93 et 101.

(153) LEROUX-CESBRON, "op. cit., P. 75.

(154) MICHAUD, op. cit. Sur la vie privée de Seguin, cf. BERTAUT (J.), « La vie à Paris sous le Cons. ». P. 147-148.

(155)

Sur le 69, rue de Varenne, cf. Bull. Soc. Hist. de Par. et Ile-de-Fr.. t. 32, 1905,

P.

106-107; Bull. Soc. hist. et archéol. du VIle. décembre 1906; HILLAIRET. « Évoc. du vieux Paris », P. 474.

(156) Gaz. des Trib.. 4 .ianvier 1829, P. 120 ; Mon. univ.. 5 .ianv. 1829, P. 19.

(157) ABRANTES : «Hist. des salons de Paris », t. 111, 1838, p. 355-372; BOCHER, Mémoires. t. l, P. 14.

(158) Gaz. des Trib.. 13 octobre et 5 novembre 1826.

(159) Idem, 30 décembre 1829, P. 199.

(160) Idem, 12 octobre 1826, P. 3.