07 - Peintres et Artistes de la Belle Boucle (3)

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Peintres et Artistes de la Belle Boucle (3)

GADBOIS (L.)

Mort à Paris, en 1826.

Peintre de paysages.

A participé aux expositions du Louvre, de 1791 à 1812. Connu pour ses

dessins, gouaches, aquarelles. Le musée de Sceaux conserve La lanterne de

Démosthène à Saint-Cloud, encadrée par deux grands arbres.

GAILDRAU (Charles-Valentin)

Né à Paris.

Peintre.

Un dessin, qu'on peut dater des environs de 1825, est intitulé: Habitation de

Danton à Sèvres (89). La vue est prise de Bellevue, avec une maison de deux étages dans l'angle gauche. Toujours la vallée de la Seine, l'île Seguin et un bâtiment au milieu de la verdure, le pont de Sèvres et celui de Saint-Cloud.

L'auteur de ce dessin, qui signe simplement Gaildrau, a commis une erreur: Danton a bien habité Sèvres, mais dans la Grande-Rue et jamais à Bellevue. Mais rien ne prouve qu'il s'agisse de Charles-Valentin Gaildrau, qui participa au Salon de 1849 à 1859, ou il envoya des dessins.

GAILDRAU (Jules)

Paris, le 18 septembre 1816 -janvier 1898.

Dessinateur et lithographe. Expose des dessins au Salon, de 1848 à 1857. Collabore à l'Illustration, notam­ment le 26 novembre 1870, où parait de lui un dessin sur La redoute prus­sienne de Brimborion, vue prise de la barricade du pont de Sèvres: le pont est en effet coupé depuis le 19 septembre, jour où les troupes prussiennes ont commencé l'investissement total de Paris. De la redoute prussienne de Brimbo­rion -dite du Prince-Royal -des fumées prouvent que l'ennemi ouvre le feu sur les Français retranchés à Boulogne. De l'autre côté du fleuve, Gaildrau a très exactement reproduit les maisons du bord de la Seine et de la Grande-Rue de Sèvres. Le dessin a été reproduit par la Régie Renault (90). J. Gaildrau fera encore des lithographies et des fac-similés de croquis, dans Impressions de voyage, en collaboration avec Tirpenne.

GALOYER (Raymond)

Né à Paris, le 28 juin 1896.

Peintre et lithographe.

C'est un des peintres de notre siècle. Il exposa des paysages lithographiés aux

Artistes français et figura au Salon des Tuileries en 1930 avec trois paysages. A signaler deux de ses aquarelles : Neige à Meudon et La descente sur le Bas­Meudon (91).

GEBHARD

Les artistes portant ce nom sont nombreux. Aussi n'avons-nous pas pu attri­buer exactement la lithographie de Lemercier, Vue prise au Bas-Meudon (92), publiée simultanément à Paris chez Aumont, et à Londres, par Ch. Tilt. .. Gebhard" y représente deux maisons, tout au bord d'une rivière, laquelle se trouve en contrebas d'un fort talus. Il en est de même d'un Au Bas-Meudon

(93) simplement signé" Gebhardt ".

GENILLOUD

Une gravure que nous possédons, signée Genilloud, montre une course de régates sur la Seine, en face de l'Ile Seguin. Ce dessin date probablement de 1890 (94).

(89)

Notre Bulletin, nO 12, juin 1976, p. 223.

(90)

Gaye (A.), .. Boulogne-Billancourt hier et aujourd'hui .., dans Bull. d'information de la R.N.U.R., nO 72, juin 1953, p. 13.

(91)

Exposition de 1936, nos 339-340. Peut·être une troisième aquarelle, Le Bas-Meudon, exposée en 1937 (nO 240).

(92)

Bibl. na!., estampes, topographie de la France, Meudon, nO 18374.

(93)

Idem, nO 18377.

(94)

Coll. P.M .. A été exposée en 1937 : nO 168.

GIRARD

Une estampe, dessinée et lithographiée par un sieur Girard, représente Les bords de la Seine près de Saint-Cloud. Publiée par Victor Delarue, éditeur, place du Louvre, 10 ; imprimée chez Coulon et Cie, rue Richer, 7. Paysage classique où l'île Seguin est vue de la rive de Sèvres, avec perspective jusqu'au pont de Saint-Cloud. La gravure provient d'un album, Leçons de paysage (pl. 59) ; on la trouve au Cabinet des Estampes (nO 21 086).

GIRTIN (Thomas)

Né et mort à Southwark, 18 février 1775 -1802.

Aquarelliste, dessinateur et graveur (école anglaise).

Sa carrière est très courte, puisqu'il commença probablement à dessiner en 1792 ; exposa à la Royal Academy de 1794 à 1801. Il pratiqua l'aquarelle, " dessin à la plume rehaussé de lavis à l'encre ou à la sépia, sur lequel l'artiste étendait ensuite des teintes légères et transparentes". Ce genre d'aquarelle ser­vait de modèle pour des gravures_ Il vint à Paris vers 1801-1802, juste avant sa mort. C'est pendant ce séjour qu'il exécuta pour le comte d'Essex une suite de treize dessins. F.C. Lewis, à son tour, en fit treize aquatintes, qui parurent en 1803 (l'introduction est signée par John Girtin et datée du 4 avril 1803) sous ce titre: Picturesque views in Paris and its environs (95).

Deux de ces aquatintes sont à citer :

Vue de Belle Vue et du Pont de Sêve, prise de la Terrace (sic) près le

Pont de Saint-Cloud;

Vue de Saint-Cloud et du Mont Calvaire, prise du Pont de Sêve.

Ces deux gravures confirment que Girtin avait opéré une véritable révolution dans l'art de l'aquarelle, en posant le ton du premier coup, sans grisaille des­sous, faisant de cet art un art pour lui-même et non destiné à être un projet de gravure. Les deux paysages sur la vallée de la Seine rendent surtout l'ambiance atmosphérique et ne sont pas sans évoquer l'art de Bonington et même de Turner, dont il était d'ailleurs l'ami d'enfance_

Les bords de la Seine

près de Saint-Cloud.

Dessiné et litographié par Girard.

Bibl. nat., Cabinet des Estampes.

GROS (Antoine, baron)

Paris, 1771 -Meudon, 26 juin 1835.

Peintre. Le baron Gros est assez connu pour que nous n'évoquions pas son œuvre. Entré à 14 ans dans l'atelier du grand David, ses compositions le conduisent au succès. Mais ses Pestiférés deJaffa marquent sa rupture avec l'enseignement du grand David. Aucune œuvre sur notre région ne voit le jour sous son pinceau. Nous le citons ici, en raison de sa mort, le 26 juin 1835, survenue au Bas­Meudon_ Poignante fin que celle de cet homme quittant Paris à pied, errant le soir à Sceaux, pleurant la nuit dans les bois de Meudon et se jetant au petit jour dans un bras mort du fleuve_ Joseph et François Contesenne -une vieille famille de pêcheurs bas-meudonnais, quelquefois verriers -le repêchèrent (96).

GUILLAUMIN (Jean-Baptiste-Armand)

Né et mort à Paris, 1841 -26 juin 1927.

Peintre de paysages.

Artiste de haut mérite, un des maîtres de l'Impressionnisme. Fit partie des

peintres dits révolutionnaires, en paraissant en 1863 au Salon des Refusés.

D'origine modeste, il gagna 100 000 F à la loterie, somme énorme à l'époque 1

Ses motifs sont surtout La Creuse, Crozant, des Pêcheurs, Bords de Seine,

Environs de Paris. On cite de lui un Bas-Meudon, sans autre précision (97).

(95)

Bibl. nat., estampes, Ve 722, folio.

(96)

Sur les Contesenne, cf notre Bulletin, nO 22, juin 1981, p. 139 et 148. -Moncelet, Promenade d'un homme de lettres, 1860, écrit: " Des argonautes en chapeau de paille semblable à une écuelle renversée, montés sur une frêle embarcation, ont doublé le cap du Bas-Meudon et reconnu la tribu des Contesenne, cabaretiers de père en fils. Le capitaine a écrit sur son livre de bord: Ces indigènes se laissent facilement

approcher et nous avons pu renouveler chez eux nos provisions de vin et de biscuits.

Seulement, ils nous ont fait payer le tabac un peu cher. " (Cité par L'Éveil de Meudon nO 28, samedi 19 mars 1955, p. 2, col. 2.)

(97) Bénézit, Dict. des peintres, t. V., p. 294.

GUILLAUMOT (Claude-Niq)las-Eugène)

Paris, 1813 -1869.

Graveur.

Élève de Lacoste père, il débute au Salon de 1855. C. Nodier, qui publia en 1836 un livre sur La Seine et ses bords, reproduit une gravure sur bois (98), intitulée: Pont de Sèvres et parc de Saint-Cloud. La vue est prise de la rive droite et l'on aperçoit les maisons du bas de Sèvres, ainsi que le pavillon de Breteuil et la Lanterne de Démosthène. L'identification du dessinateur est incertaine, car le dessin ne comporte que ces mots : "Lacoste P. Frères et Guillaumot. "

HANIN (René)

Alger, 1873 -1943.

Peintre.

Doué d'une sensibilité proche de celle de Lebourg: les mauvaises langues assu­rent que ses toiles sont devenues des Lebourg... Hanin a figuré au moins une fois en vente, le 26 novembre 1967, à Versailles, où un Effet d'hiver au bois de Meudon a été poussé à 1 900 F (99). -Cf LEBOURG (Albert-Charles).

HEILBUTH (Ferdinand)

Hambourg, 27 juin 1826 -19 novembre 1889.

Peintre.

Naturalisé français. A fait de nombreux Bords de Sez'ne, notamment à Bougi­val et à Chatou. Fils d'un rabbin; on l'apparente à Goya. A sa vente, en 1890, on signale un Bas-Meudon, qui atteignit 820 F.

Peut-ètre est-ce l'aquarelle portant ce même nom, qui fut présentée en 1880 à l'exposition de la Société d'aquarellistes français? De l'eau, de l'air, un ciel radieux; sur des berges fleuries, des femmes charmantes et des enfants aux fraîches carnations. Des barques légères glissent sous les saules, entre les îles Seguin et Saint-Germain. Au premier plan, une femme, assise et rêveuse, avec sa toilette claire qui met une tache blanche sur le vert du Bas-Meudon. Près d'elle, une fillette aux longs cheveux, tenant un panier. Un critique de l'époque (100) dit que Heilbuth a dans ce tableau" un três vif sentiment de la nature" et que le choix de ses figures" est digne du cadre charmant dans lequel elles se meuvent".

HILL Qohn)

Londres, 1770 -West Nyack, 1850.

Graveur (école anglaise).

Il grava à l'aquatinte plusieurs paysages, d'après Charles Dibdin, mais partit dès 1822 pour l'Amérique où il devait mourir. C'est probablement lui qui fit à l'aquatinte, en 1805, d'après Nattes, la Grande allée du parc de Saint-Cloud, qui se trouve aujourd'hui au musée Carnavalet. Un grand arbre domine la composition, au premier plan et au centre; des promeneurs devisent. Un bateau, tiré par trois chevaux, descend le fleuve et, au loin, sur la gauche, on aperçoit l'ancien pont de bois de Sèvres et les hauteurs de la rive gauche.

HIMELY (Sigismond)

Neuveville, 7 juin 1806 -Paris, 1872. Peintre de paysages, aquarelliste et graveur.

Vint à Paris et étudia dans l'atelier de Bertin. Expose de 1824 à 1869 au Salon des aquarelles-paysages. On lui doit de nombreuses estampes à l'aquatinte d'après Fielding, Turner, etc.

Le musée de Boulogne-Billancourt (101) possède une très belle fresque de cet artiste qui représente la Plaine de Bûlancourt, vue des hauteurs de Meudon, vers 1830 (qu'on suppose même avoir été réalisée en 1836 ?). La perspective est curieuse: le fleuve semble faire, entre la sortie de Paris et le pont de Saint­Cloud, un immense cercle. Au centre, la lande déserte de Billancourt et de Boulogne, encadrée par la boucle harmonieuse de la Seine. Le pont de Sèvres se détache nettement, et les îles Seguin et Saint-Germain, fouillis de verdure, présentent leur long aspect champêtre. Au premier plan, sur les hauteurs, au milieu de quelques cailloux et de quelques arbres, un berger assis, un bâton à la main, montre cette vision panoramique à une femme du pays. -Himely a aussi gravé un motif de Nash: cf ce nom.

HOFFBAUER

Le musée de Boulogne-Billancourt possède deux très grandes aquarelles, l'une sur Boulogne-Bûlancourt vers 1850, l'autre vers 1900. Il s'agit de vues à vol d'oiseau sur la plaine, avec la vallée de la Seine et les deux îles, prises des hau­teurs de Meudon. La comparaison est intéressante ... et il est dommage que nous n'ayons pas une troisième vue des mêmes lieux... en 1983 J

Nous hésitons entre ces deux noms: Theodor-Joseph-Hubert Hoffbauer, né à Neuss en 1839, peintre d'histoire et de panoramas, architecte et écrivain. Son fils, Charles-C.-j., né à Paris le 28 juin 1875, pourraît être aussi l'auteur de nos deux tableaux, car lui aussi fut peintre d'histoire, de portrait et de genre. Il devint un remarquable artiste au talent délicat, possédant des qualités excep­tionnelles de composition et un coloris très personnel.

HUET (Paul)

Né et mort à Paris, 3 octobre 1803 -10 janvier 1869. Peintre, lithographe, aquafortiste et graveur sur bois. Sur Paul Huet à l'île Seguin, cf notre Bulletin, nO 22, juin 1981, p. 134-150.

HUSSENOT (Ernest)

Ce n'est pas un artiste proprement dit. Nous le mentionnons ici, car il a publié un Album des deux szêges de Paris, 1870-1871, avec des" croquis militaires" qu'il a dessinés lui-même. L'un d'eux représente la "Redoute de Brimborion ", l'autre un " Abri Prussien dans la Redoute ", pris en février 1871 (102). On sait que cette redoute, commencée d'abord par les Français, puis continuée par les Prussiens, se trouvait sur la colline de Brimborion, domi­nant ainsi toute la vallée de la Seine. On retrouve un troisième dessin de Hussenot sur la " Vue intérieure" de la méme redoute (103).

JACQUE (Léon)

Né à Paris, 1828.

Graveur et peintre.

Frère de Charles Jacque (1813-1894)~ il reproduisit diverses compositions. Exposa au Salon, de 1864 à 1866. Membre de la Société des aquafortistes en 1865, il fit des eaux-fortes originales (18 planches), dont Île de Bûlancourt après la guerre, conservée au musée de South Kensington, à Londres. Elle a été reproduite dans L'Illustratz'on nouvelle, 3' série, 1870-1871.

(98)

Hors·texte, p. 116-117.

(99)

Bénézit et Schurr, op. cit.

(100) Dans l'Illustration, nO 1 935, 27 mars 1880, p. 199, avec reproduction. -Repro· duction également dans Bull. Soc. Amis de Meudon, nO 69, sept. 1954, couverlure.

(101) N° 35. Reproduit dans Bull. d'information de la R.N.U.R., nO 54, août 1951, dans Guide de la première exposition internationale d'urbanisme et d'aménagement ... , Boulogne-Billancourt, s.d. (24 juin 1955) et dans notre Bulletin, t. J, p. 147.

(102) Flle 29. La flle 30 représente les" Batteries Prussiennes dans le parc de Saint-Cloud, près du rond-point de la Lanterne de Démosthène", ainsi qu'un" Abri dans la Batterie". La flle 31 montre les" Tranchées Prussiennes dans le Parc de Saint­Cloud" et le " Magasin à Poudre de la Batterie de Breteuil ".

(103) Bibl. nat., estampes, topographie de la France, Meudon, nO 18448.

JAIME (Jean-François)

Né à Paris en 1804.

Peintre et aquarelliste.

Figure au Salon, de 1831 à 1864. Le musée de Sceaux conserve La Lanterne de

Démosthène au parc de Saint-Cloud.

JONGKIND (Johan-Barthold)

Latrop, 3 juin 1819 -Grenoble, 9 février 1891.

Peintre de paysages et de marines, aquarelliste et graveur (école hollandaise) (104).

Le don de tracer harmonieusement des lignes et de mélanger des couleurs avec goût sur une palette, que l'étude développe, mais sans lequel celle-ci serait vaine, est le fondement indispensable de toute vocation picturale. Un grand peintre est né hors de France, dans un hameau hollandais: Johan Barthold Jongkind. Peintre d'élite, il appartient par le cœur et le talent à la France, où il vécut les trois quarts de son existence. A notre région aussi, si nous osions l'écrire... Probablement dès 1846, où il arrive à Paris.

Ses maîtres sont Corot, et surtout Isabey. Enfant d'une terre à peine sortie des eaux, obsédé par les embruns de la mer, par les canaux et les bateaux, le Hol­landais Jongkind va peindre les vieux monuments de notre capitale, avec la Seine en gros plan, avec les ponts et les chalands du fleuve. Le 4 novembre 1849, le Handelsblad écrit: " M. Jongkind, depuis deux ans à Paris, a fait de grands progrès: les bords de la Seine ont été représentés par lui avec un talent admirable."

Parler de la vie deJongkind déborderait cette étude. Notre peintre est malheu­reux, dès 1852, car sa maîtresse l'a abandonné et vogue vers l'Amérique; .. Le voici de retour en Hollande, de 1855 à 1860 : ces dates doivent permettre de .. serrer .. les années où il va flâner sur les bords de Billancourt ou de Sèvres 1

Une vente a lieu le mardi 11 mars 1856, par le ministère de Me Boussaton. On y trouve une Vue prise sur la Seine (30 F ; acquéreur: Martin) et Souvenir de la Seine (7 F ; acquéreur: Cottini). Mais rien ne dit qu'il s'agit de la région qui nous est chère 1Seulement, une lettre deJongkind, du 16 janvier 1860, louange Diaz, Troyon, Dupré, Rousseau, .. nobles artistes français distingués" : tous, soulignons-le, seront des habitués de notre vallée de la Seine...

Bohème fait pour la vie d'intérieur, Jongkind pense au mariage et à un refuge envié: Mme Fessa apparaît. Une note manuscrite apporte une nouvelle preuve de l'intérêt du couple pour notre région : .. Souvenir d'une promenade à Clamart et retour par Issy à Paris, le 24 mai 1861. ..

Une délicieuse aquarelle, faite en 1866 et révélée récemment, montre Les bords de la Seine au Bas-Meudon, où les grands peupliers au nord de l'île Seguin se profilent sur un ciel délicatement bleu, tandis que le reste de l'île demeure non boisé.

Car l'œuvre gravé de Jongkind n'est pas encore totalement connu. Déjà, un document a été retrouvé dans ses papiers, portant ce titre : .. Vues de Paris peint(es) parJongkind, depuis 1846 ". Suit une liste de 46 de ses tableaux, dont:

.. N° 26. -La Seine près le pont de Sèvres. Item près Meudon et le pont de Billancourt. ..

Hélas 1 il n'y a pas de date précise sur l'exécution de ces motifs, mais une autre note nous apprend qu'elle est postérieure à 1884. Une question supplémentaire nous rend perplexe : le numéro 25 était ainsi désigné :

.. N° 25. -La Seine, clair de lune, près Saint-Ouen, 1851. Près le restau­rant Pêche miraculeuse. "

Si" Saint-Ouen" est clairement désigné, l'intitulé Restaurant Pêche miracu­

leuse n'est-il pas le célèbre restaurant du Bas-Meudon, si souvent cité? (105).

Car Jongkind butine toujours sur les confins de notre banlieue et, du Bas­Meudon, il rapporte: .. Une de ces berges de banlieue solitaire où, le long de quelques maisons basses, circule à peine un morne tombereau sur une route déserte: mais l'éclat de l'atmosphère anime la pauvreté du site et fait rayonner le tableau" (106).

C'est bien ce qui apparaît dans la vente Edwards, en 1881, avec Vue prise

au Bas-Meudon, 38 X 44 cm, 1 505 F, et dans Vue prise au pont de Sèvres,

33 X36 cm, 3 000 F. En 1883, la vente Bascle présente une aquarelle :

Meudon, 420 F.

A sa mort, le 9 février 1891, un connaisseur écrit, dans un modeste journal

local, qu'un des plus grands charmes de Jongkind était" ces eaux transparen­tes ou opaques, calmes ou agitées, toujours fluides, mouillées ..... (107). C'est

ce qu'on retrouve dans les motifs du grand maître, en Hollande... et aussi le

long de la Seine, du Bas-Meudon ou de Billancourt.

Par exemple, la vente Jongkind, en 1891, comporte deux aquarelles sur Le

Bas-Meudon (520 F) et Saint-Cloud (275 F). Le 10 juin de la mème année, une

autre vente montre Grande route aux environs de Paris. Depuis lors, des ventes

ultérieures présentent souvent des aspects de la Seine et l'on voit même, le

26 avril 1967, Paysage du Bas-Meudon, enchéri à 21 000 livres sterling.

JOUVIN (Hippolyte)

Photographe.

Vue prise du Bas-Meudon vers Boulogne-Billancourt et Paris est une photogra­

phie stéréoscopique, faite par un sieur Hippolyte Jouvin, le 27 juin 1857. Elle a

été reproduite par Yvan Christ en 1962 (108).

KARL-ROBERT (Georges MEUSNIER, dit)

Né à Paris.

Peintre et aquarelliste.

Débute au Salon en 1875. On connaît de lui Bords de Marne, L'Oise, des Bords

de rivière. Le musée de Meudon possède L'île aux orties au Bas-Meudon.

KELLE (Émile)

Né à Paris au XIX' siècle.

Peintre de paysages.

Il débuta au Salon en 1879. Il vint quelquefois dans l'île Seguin: cf PRINS

(Pierre).

KLEIN, graveur: cf RUNK (Ferdinand).

LABONNE (Émile)

Nous avons vu une peinture de ce consciencieux artiste: Pointe amont de l'île Seguin et pointe aval de l'île Saint-Germain, 1894. Elle a été exposée à Sèvres en 1973 et en 1974 (109).

(104) Nous utilisons ici Bénézit, t. VI. p, 98·101 ; Mireur, op. cit., et surtout Moreau­Ne1aton (Étienne),jongkind raconté par lui·même, Paris, 1918.

(105) Dès l'année 1826, on signale un restaurant, 66, route de Vaugirard, avec terrasse ayant "vue sur la Seine" : ce sera la "Pêche miraculeuse" où l'on mange d'exquises fritures.

(106) Moreau·Nelaton, op. cit., p. 87-88.

(107) Celle Oean), dans Le Gratin, 12 février 1891.

(108) Op. cit., p. 43.

(109) Expositions à Sèvres, 1973 (" Les Bruyères ") et 1974 (" les bords de Seine ").

LACOSTE (Mme Élisabeth-Léonie), née CHOLET

Née à Nantes, le 1" juillet 1821.

Peintre de paysages.

Elle exposa sous le nom de Cholet, de 1839 à 1849. Le musée de Boulogne-sur­Mer conserve une Vue du pont de Sèvres. -Cf aussi GUILLAUMOT.

LAMI (Eugène-Louis)

Né et mort à Paris, 12 janvier 1800 -19 décembre 1890.

Peintre de genre, aquarelliste et lithographe (1l0).

Élève de Gros et de H. Vernet; expose au Salon, de 1824 à 1878. Ses albums lithographiques constituent de précieux documents sur la société parisienne sous la Restauration et sous Louis-Philippe. Son œuvre lithographié se compose de 344 pièces. Un été à Paris, publié par Jules Janin, comporte une estampe intitulée Vue de la Lanterne de Diogène (Ill). Le graveur semble avoir été un nommé E. Roberts.

LANCELOT (Dieudonné-Augnste)

Sézanne, 1822 -Paris, 1894.

Lithographe et illustrateur.

Élève deJ.-F. Arnaud de Troyes, il expose au Salon entre 1853 et 1876. Il des­sine sur bois des paysages pour Le Tour du Monde, Le Magasin pittoresque et pour Les jardins (1887). Le musée de Troyes conserve une de ses aquarelles.

Avec un peu de patience, il est possible de retrouver ses dessins. Nous avons la chance de posséder un ancien "Joanne ", dont l'avant-propos est daté du 1" juillet 1856 (1l2). Les pages consacrées à Bellevue et à Sèvres sont d'un charme vieillot; surtout, on y trouve deux bois de Lancelot: La vallée de la Seine, vue de la terrasse de Bellevue et Vue prise du chemin de fer (rive gauche) entre Bellevue et Sèvres. La Bibliothèque nationales conserve aussi La Lanterne de Démosthène (113).

LANGLACÉ (jean-Baptiste-Gabriel)

Paris, 12 décembre 1786 -Versailles, 14 février 1804.

Paysagiste et peintre sur porcelaine à la manufacture de Sèvres.

Exposa au Salon, de 1817 à 1845; médaille de 2' classe en 1817 et de 1" classe en 1831. Il aurait été, avant Michallon, le premier maître de Corot. Travailla à Sèvres, de 1807 à·.l844. Certains de ses motifs sont pris directement dans notre région; citons:

-Vue intérieure de l'île Seguin à Sêvres (sic) : peinture de Langlacé qui parut au Salon de 1817 (1I4) ; elle fut ensuite dessinée par Van Marcke et lithogra­phiée par C. Constans. L'estampe a été reproduite dans notre Bulletin (1I5) ;

-Vue prise sous le nouveau Pont de Sêvres (sic) est un dessin de Langlacé, gravé par J. Van Marcke, publié chez Noël aîné et Cie. La pointe aval de l'île Seguin, avec ses petites constructions et le soubassement de l'ancien pont de bois, apparaît encadrée par l'arche gauche du nouveau pont de pierre;

-Les hauteurs de Meudon, avec l'île au premier plan, fut exposé au Salon de 1819 (1I6) ;

Le mont Valérien pris des hauteurs de Meudon, 1825, peinture (1I7) ;

-Première arche du pont de Sèvres, peinture conservée au musée de Troyes, avec l'île Seguin, la rive droite et son chemin de halage, ainsi que la première maison faisant angle, qu'on retrouve dans certaines lithographies;

-La Seine au pont de Sévres, conservé au musée de Boulogne-Billancourt ;

-Vue prise près la Verrerie de Sèvres (sic), dont nous possédons l'original en couleurs, 20,1 X 29,2 cm, forme un magnifique motif de la rive gauche de Sèvres, avec l'Ile Seguin et ses grands arbres se reflétant dans l'eau. Sur la Seine, une péniche amarrée et une barque avec trois homme, dont l'un avec sa pagaie. Sur le chemin de halage, un couple avec un enfant, ainsi que deux che­vaux, dont l'un est monté. La verrerie et sa fumée sont très nettement dessinés: rappelons que les bàtiments de cette verrerie ont été acquis par les usines Renault en 1933 ;

-Vue de lentré (sic) du Parc de Saint-Cloud à Ville-d'Avray forme le pendant du tableau précédent. Comme ce dernier, il est signé par Langlacé, en bas et à gauche.

Quant au nommé J. Van Marcke, cité plus haut, nous hésitons entre Jean­Baptiste, dit aussi Jules Van Marcke (Bruxelles, 12 mars 1798 -Liège, 17 janvier 1849), peintre paysagiste et lithographe, qui travailla à la manufac­ture de Sèvres, de 1825 à 1832. Il existe également Mme Julie Palmyre Van Marcke (1801-1875), peintre de fleurs, médaille d'or à l'Exposition internatio­nale de 1869. Femme du précédent, elle était la fille de J.-F. Robert, peintre à la manufacture de Sèvres, dont il devint directeur.

LANGLOIS (Paul-Adrien)

Né et mort à Sèvres, 1851-1906.

Peintre de paysages.

Il figura au Salon, en 1870 et 1872. C'est probablement lui qui fit L'île Seguin en 1897, aquarelle exposée en 1936 (1I8); elle appartenait alors à Mme Jouanneau.

En tout cas, c'est bien P.-A. Langlois qui avait offert au musée municipal de Sèvres une Vue générale de Sèvres, prise du couvent des R.P. jésuites, à la Croix-Bosset, chemin de la Justice, le 12 février 1904.

LAUJOL DE LA FAYE (Georges de)

1832-1858.

Peintre.

Cet artiste (non cité au Bénézit), tôt disparu -il avait 26 ans -, élève de Corot, a travaillé avec Diaz dans la forêt de Meudon. Il fit partie du cénacle des" Buveurs d'eau ", avec Baudelaire, Desbrosses, Champfleury, Murger. On connaît de lui Le Bas-Meudon, sanguine exécutée en 1849 et qui appartenait, en 1937, à M. Ed. Zeiger-Viallet (1I9).

(à suivre)

Pierre MERCIER

(1l0) Cf Lemoisne (P.-A.), Eugène Lam.; Paris, 1912.

(Ill) Bibl. nal.. estampes, topographie de la France, Saint-Cloud, nO 20785.

(1l2) Joanne (Adolphe), Versailles ... , Meudon, Bellevue, Sèvres, 1856, p. 155 et 159. ­

Autres éditions en 1868 et 1872. (1l3) Bibl. nal., estampes, topographie de la France, Saint-Cloud, nO 20789.

(114) Cf Bull. Soc. histor. d'Auteuil et de Passy, 1. VIII, p. 108.

(1l5) Original à la Bibl. nat., estampes, Va 92-b, tome 9.

(1l6) Musée Carnavalet; reproduit dans La Gazette des Beaux-Arts, 1" décembre 1908,

p.465. (1l7) Musée de Sceaux et exposition de 1936, nO 175. (1l8) N° 210. (1l9) Exposition de 1937, nO 138.