05 - Peintres et artistes de la Belle Boucle

========================================================================================================================

Texte brut à usage technique. Utiliser de préférence l'article original illustré de la revue ci-dessus.

========================================================================================================================

Peintres et artistes de la Belle Boucle

MOTTE (C.) : cf Deroy et Deroy (Isidore-Laurent) ; Huet (Paul)_

MULLER (Mlle)

Mlle Muller a fait une charmante aquarelle (18 X 25,5 cm) sur Le Bas-Meudon et le pont de Sèvres, en 1924. Ce motif délicat représente l'île Seguin juste avant le début de son industrialisation. Bien qu'il s'agisse d'une artiste du XX' siècle, nous croyons utile de la signaler ici, ce tableau étant dans une collection privée (159).

(159) Collection P. M. L'Île Seguin en 1900

L'Île Seguin à Sèvres Dessin par André Labonne, Peinture de Monthelier vers 1824. exécuté en 1974.

NASH (Frederick)

Lambeth, 1782 -Brighton, 5 décembre 1856.

Peintre, aquarelliste, lithographe et dessinateur (école anglaise).

Artiste très fécond, dont les aquarelles sont considérables. Venu en France.

Avait commencé à exposer en 1800 à la Royal Academy. On a de lui le motif

classique: Saint· Cloud, lanterne de Démosthène, gravé par Himely (cf ce

nom) et publié chez Rittner et Goupil.

NATTES (John Claude)

Vers 1765 -Londres, 1822.

Peintre de paysages et aquarelliste, dessinateur et illustrateur (école anglaise).

Un des plus remarquables aquarellistes anglais, qui expose de 1822 à 1824. Cet

artiste très intéressant, plein de charme, interprète avec talent des paysages du

nord de la France. Hill (cf ce nom) fit une aquatinte, d'après Nattes, sur la

Grande Allée du parc de Saint-Cloud (1805).

NOËL et POULLET (A.)

Une lithographie de Ducarme représente le Bateau à vapeur" Le Parisien " : Arrivée à Saint-Cloud. Noël en est le peintre et A. Poullet le dessinateur. En réalité, il y a deux bateaux à vapeur, chargés d'une foule nombreuse, dont l'un est déjà à quai, le long du parc de Saint-Cloud.

OSTERWALD: cf MICHALLON (Achille-Etna).

OTTMANN (Henri)

Ancenis, 10 avril 1877 -Vernon, 1" juin 1927. Peintre de genre, de natures mortes et paysagiste. Artiste, très délicat coloriste, à l'expression pleine de sensibilité, il fut trop longtemps ignoré du monde des arts. L'opinion actuelle commence à le connaître et à l'apprécier. Il vénérait l'art de Renoir, d'où il tient une certaine crudité de tons. Il débuta au Salon de la Libre Esthétique, à Bruxelles, en 1904, et fit partie des Indépen­dants depuis 1905 où ses envois furent toujours appréciés. Il figura également au Salon d'Automne, à la Nationale des Beaux-Arts et au Salon des Tuileries. Mort à peine àgé de cinquante ans, victime d'un accident d'automobile. Il laisse une œuvre inachevée, car il se proposait de réaliser une forme très moderne de vastes compositions empruntées à la vie contemporaine. Ses débuts avaient été particulièrement pénibles et il connut alors toutes les affres d'une intense misère: cela l'avait amené à produire des œuvres accessi­bles aux amateurs. De cette époque datent des natures mortes vigoureuses, mais sans aucune audace de facture. Dès qu'il eut conquis une notoriété suffi­sante, il épura son style; son dessin et ses couleurs furent alors simplifiés. Ottmann habita rue des Pierres, à Meudon, où le musée de cette ville conserve de lui une toile, don de Mme Tamisier. Une vente du 26 février 1927 a fait connaître Au bois de Boulogne, 1 800 F. Le peintre Ottmann transporta, au début de notre siècle, dans la partie boisée de l'île Seguin (vers le pont de Sèvres), une petite maison suisse qui provenait de l'Exposition universelle de 1900. On suggéra souvent qu'il y faisait des nus en plein air, dans cette sorte d'atelier de verdure... Le fait est exact. Ottmann s'attachait plutôt à la suavité sensuelle qu'à la sévérité. Il fut et restera un peintre charmant de la femme. C'est dans le nu qu'il s'exprima le plus parfaitement.

OULESS (Phillip John)

Né et mort à Saint-Hélier (Jersey), 7 avril 1817 -22 juin 1885.

Peintre de marines, de paysages et de portraits (école anglaise).

Fit ses études à Paris, mais retourna à Jersey où il resta jusqu'à la fin de sa vie.

Les musées de Saint-Hélier et de Greenwich possèdent ses œuvres. Une Vue de

Meudon (et du cours de la Seine), aquarelle, vers 1850, fait partie de la collec­

tion Roux·Devillas (160).

PANNEMAKERetPYNE

Dans Les Environs de Paris, " par l'élite de la littérature contemporaine ", publié en 1855, on trouve un hors-texte représentant Sèvres: en réalité, ce sont les deux arches du pont, rive gauche, avec les quelques maisons d'alors, qui forment l'essentiel du cliché. Gravure intéressante, puisque inhabituelle, qui existe également en couleurs. L'auteur en est Adolphe-François Pannemaker, né à Bruxelles en 1822 et mort en 1900, xylographe et graveur (école belge). Il vécut à Paris pendant trente ans et exposa au Salon en 1855. Il fit beaucoup de gravures sur bois qui servirent à l'illustration de divers ouvrages. -Les Pyne sont, par contre, d'origine anglaise.

Sèvres -Estampe de Pannemaker et Pyne publiée en 1855 (coll. P. Mercier).

PAPE (Constant)

1865-1920. Peintre meudonnais.

C. Pape habita à partir de 1871 au 84, av. Schneider, à Clamart, où son père tenait une guinguette fréquentée par les peintres Guillemet, Français, Trouil­lebert, Corot. Une vente du 26 février 1951 a fait 2 600 F pour La maison de Renoir à Clamart.

Les petits tableaux de Pape ont une valeur documentaire certaine et gardent

les souvenirs de nombreux aspects disparus aujourd'hui. Un certain nombre

ont été offerts au musée de Meudon, par Mme Tamisier, en 1968. Ainsi, Inon­

dation au Bas-Meudon, 1910, huile sur toile (18,5 X 22,5 cm), signé en bas à

gauche. Le Bas-Meudon est une autre peinture, de 1912, du même auteur,

conservée au musée de Meudon.

PARIZELLE (Jean-Charles-Alfred-Louis-J.)

Paris, 1883 -Ligny-en-Barrois, 10 septembre 1914.

Peintre.

Élève de Maignau et de Bonnat. Maximilien Luce (cf ce nom) a fait le portrait

de Parizelle, alors que celui-ci pêchait au Bas-Meudon.

PASTEUR

Photographe dont on connaît une Vue prise du Bas-Meudon vers Boulogne­Billancourt et Saint-Cloud, 1892 (161).

(160) Photographie au musée de Meudon, par M. Lalance.

(161) Christ, op. cil., p. 43.

PELLENC: cf DONZEL Oules-Pierre)

PETIT

Un tableau d'un sieur Petit représente une Fête sur la Seine prise à Saint­Cloud, en 1849, avec, dans le fond, le pont de Sèvres (côté aval). Il a été repro­duit en 1962 (162). Les Petit sont très nombreux: peut-être faut-il y voir Petit Oacob), dit Jacob-Petit (1796-1868), peintre de fleurs et de décorations, peintre sur porcelaine. Élève de Gros, il travailla depuis 1822 à la manufacture de Sèvres et devint en 1830 propriétaire-directeur de la manufacture de Fontai­nebleau. Il existe également un Jean-Edmond Petit.

PETIT (P.)

Une photographie d'un sieur P. Petit représente la Redoute prussienne de Brimborion (163). Elle a été prise peu de temps après le siège de Paris, en 1871, et montre les flancs de la redoute, vus de Sèvres. Énumérer les photographies de cette époque n'est pas le sujet de cette étude consacrée aux peintres. Mais signalons les deux splendides photographies (164), prises de la batterie de Breteuil, avec vues sur la Seine et Boulogne-Billancourt, l'île Seguin étant absolument désertique.

PHILIPPON (Charles)

Lyon, 19 avril 1806 -Paris, 25 janvier 1862.

Dessinateur, lithographe et journaliste.

Élêve de Gros, il est connu surtout comme fondateur de journaux satiriques:

La caricature, 1931-1835; Le charivari: 1832; Les cent et un Robert

Macaire, 1839; Le musée pour rire, 1839-1840; Physiologie du floueur,

1842 ; journal pour rire, 1848-1856, devenu ensuite le journal amusant;

Musée anglo-français, 1855-1857 ; Paris comique, 1844 ; Parodie du jui]­

Errant, complainte constitutionnelle, 1844 ; Le floueur, 1850.

Philippon fit des brochures politiques (Aux prolétaires, 1838) et fut l'inspira­

teur de Daumier, de Gavarni, etc., et en général de tous les dessinateurs qui

attaquèrent le plus violemment le gouvernement de Louis-Philippe. Ses carica­

tures lui occasionnèrent de nombreux procès et le conduisirent même en pri­

son. Il inventa le dessin représentant Louis-Philippe qui se transforme peu à

peu en poire. Cf à la Bibliothèque nationale: Les Poires faites à la cour d'assi­

ses de Paris (sic), par le directeur de " La Caricature", vendues pour payer les

6 000 F d'amende du journal" Le Charivari ", plaidoyer de Ch. Philippon.

Vue générale de la vallée de la Seine et de l'île Seguin -Daguerréotype par Ch. Philippon, 1840 (coll. P. Mercier).

Mais Philippon nous intéresse en tant que responsable de la publication de Paris et ses environs, édité en 1840 : dans ce livre, une gravure représente Sèvres: vue générale. Il s'agit d'un daguerréotype, dont il existe deux éditions:

l'une en couleurs, l'autre en sépia, beaucoup plus naturelle à notre goût. Le

dessinateur et lithographe est un sieur Provost. Une fois de plus, la vue est prise

de Bellevue et plonge sur l'île Seguin entièrement boisée, sur le fleuve, sur le

pont de Sèvres. La notice, rédigée par Aug. Auvial, est romantique: " Ces bois

de Meudon sont la parure de Sèvres; ce parc de Saint-Cloud est son ornement,

et l'île Seguin n'est autre chose que son pied charmant qui vient effleurer

l'eau. "

PIERDON (François)

Saint-Gérard-le-Puy, 14 août 1821-1904.

Peintre de genre, paysagiste' et graveur sur bois.

Élève de Hanoteau ; débute au Salon de 1853. Le musée Victoria and Albert, à

Londres, possède de lui de nombreuses eaux-fortes, dont Fontaine au parc de

Saint-Cloud. Du même artiste, la Maison des parlementaires, pont de Sèvres,

est un dessin fait en 1871 : intéressant document où l'on voit cet hôtel éventré

par les bombardements pendant le siège de Paris (165).

Un autre document, également gravé par Pierdon, sans titre, représente La

lanterne de Démosthène, dans le parc de Saint-Cloud (166), avant sa destruc­

tion en octobre 1870. Pierdon était en effet à Paris lors des tragiques événe­

ments de 1870. Pendant le siège, il fit de nombreux croquis: ainsi la Vue pano­

ramique des positions de l'ennemz: rive gauche, de Clamart à Courbevoie, avec

Meudon, Bellevue, Sèvres et Saint-Cloud, et la Seine au premier plan (167),

que M. de Bérard a dessiné à l'aide desdits croquis.

De la même époque, nous p'ossédons une eau-forte: Breteuil, Poste redouté de

l'ennemi, signé et daté (F. Pierdon, 1871). Le pavillon de Breteuil est en

ruines, un arbre squelettique rappelle que nous sommes en plein hiver,

comme les deux soldats prussiens -casque à pointe et baïonnette au c,anon ­emmitouflés au premier plan. Cette estampe est parue dans un album intitulé:

Saint-Cloud brûlé! (168).

Les peintures de Pierdon sont assez rares en France, la plupart ayant été acqui­

ses par la cour d'Angleterre. Nous en connaissons deux exposées en 1937 : Le

pont de Sèvres et La colline de Brimborion, en 1867, peintures sur bois appar­

tenant à l'époque à M. Ed. Zeiger-Viallet (169).

Les bords de la Seine à Boulogne, île de Billancourt, en 1880, sont signés et

gravés par Pierdon, publiés par Cadart et Luce. L'eau-forte originale se trouve

à Londres, mais le musée de Sceaux en possède un exemplaire (170).

POULLET (A.) : cf NOËL et POULLET (A.)

PRINS (Pierre-Ernest)

Né et mort à Paris, 26 novembre 1838 -21 janvier 1913.

Sculpteur sur bois, puis peintre de paysages.

Fils d'artisan, il apprendra cet amour de la perfection matérielle qui l'obligea

toute sa vie à broyer lui-même ses couleurs. Élève à l'école des arts décoratifs

(1854), il exposa quelquefois au Salon, mais il a cinquante-deux ans lorsque

s'ouvre sa première exposition particulière. Il avait demandé que rien ne soit

entrepris à son sujet pendant trente ans après sa mort. Ce vœu fut exaucé et on

s'aperçoit maintenant qu'il est un des plus admirables parmi les nombreux

paysagistes de son temps.

(162) Le Tambour de Ville, Sèvres, 4' trimestre 1962, p. 3. Nous avons déposé cette Revue, introuvable, aux Archives des Hauts-de-Seine, le 26 octobre 1982 (carton 8).

(163) Bibl. nat., estampes, Va 92, folio, tome 8 (nO 18 448).

(164) Idem, nOs 21 029-21 030.

(165) Reproduit dans Bull. Soc, histor. d'Auteuil et de Passy, 1911, p. 124.

(166) N° 20 791.

(167) Le Monde illustré, samedi 8 octobre 1870. p. 232-233.

(168) Album in·folio, pl. JO (coll. P. M.). Un second exemplaire se trouve à la Bibl. de la ville de Paris (M 25 544) et un troisième au musée Victoria and Albert. Sur l'estampe. on relève les noms de Coldart et Luce, probablement les graveurs.

(169) Exposition de 1937, nO 143.

(170) Reproduit dans Poisson (G.), La curieuse histoire ... , op. cit.

Après la mort de sa jeune femme, décédée à vingt-sept ans, en 1877, P. Prins visita tous les coins pittoresques de l'île-de-France, de Meudon à Chevreuse, des bords de Seine à Orsay :

" Le temps apaise tout, mème une peine extrème ; l'art embellit le souvenir d'un amour disparu. C'est l'histoire d'Orphée qui enchante sa douleur en jouant de la lyre ...

" Il partait avant l'aube pour surprendre le soleil levant, s'en allait à grands pas, dans l'aiguial du matin, choisissait un site et, sans souci du vent, du froid et des ondées, couvrait rapidement sa toile, fixant sur elle, tout frémissants de vie, les plus beaux émois de la Nature, captait, avec ses rayons et ses ombres, ses sourires et ses aigreurs, ses tendresses et ses colères, ses mélancolies et ses allégresses... " (171).

Prins préfère le travail en plein air, sur le motif, dès l'aube ou à midi, dans les brouillards de novembre ou sur les bords de la Seine, au Bas-Meudon ou à Ville-d'Avray. Son fils, qui l'accompagne avec les pinceaux, écrit: " Le premier bateau-mouche nous emporte, lui, son sac de peintre sur les épaules, moi, armé du pinchart et du parasol. Nous descendons au Point-du­Jour devant les guinguettes... , nous longeons la rive gauche jusqu'au Bas­

Meudon. Là, sur la berge boisée, s'offre un modeste caboulot de planches qui accueillait déjà, bien avant 1870, les peintres parisiens, gens peu exigeants sur le menu pourvu qu'il fût honnête, aimables convives que le piccolo de Beau­gency et le petit vin d'Argenteuil ne rebutaient point. Le matin, on allait aux champs. C'est dire que, traversant le petit bras de la Seine sur un bachot, on s'égaillait parmi les boqueteaux et les cultures de l'île Seguin, alors plus fertile en blé qu'en briques. Le motif trouvé, les peintres travaillaient jusqu'à midi, la

pipe au bec et la chanson sur les lèvres" (172).

Dans l'île Seguin peignent cinq ou six artistes: Prins, l'excellent Rapin qui

décorera l'Hôtel de ville de Paris, Paul Saïn, le père ÉmIle Kelle ...

La facture de P. Prins se fait souple et savante dans le Dimanche au Bas­

Meudon: ce n'est plus une simple impression, mais un tableau où la mise en

page est charmante. Qualité rare des couleurs du feuillage des saules, alignés

au bord de la Seine, qualité de celles des bicoques blotties au pied des collines

bleuâtres de Bellevue... Au premier plan, la robe bleue d'une jeune femme,

assise dans un canot et qui pêche à la ligne (173).

Prins fait, en 1868, Petit bras de la Seine au Bas-Meudon (vente du 5 décembre

1941 : 4600 F). Un dessin, Dans les îles du Bas-Meudon, sera vendu 1 500 F, le

10 décembre 1943.

La Seine au Bas-Meudon est un tableau qui reste célèbre, fait en 1869 et signé

en bas et à gauche: l'eau, des arbres, des roseaux, un bateau-lavoir, l'île en

face... (174). C'est peut-être ce tableau qui a été exposé à la galerie G. Franc,

en juin-juillet 1942, car Jean-Marc Campagne écrit à ce sujet: " Le métier

sérieux et consciencieux de Pierre Prins s'impose, notamment dans le Bas­

Meudon" (175).

Effet de neige sur la Seine au Bas-Meudon est un pastel fait en 1872

(22 X 65 cm) qui a été vendu récemment (le 17 mai 1981) à Enghien (176).

Au Salon de 1880, P. Prins se présente avec une peinture: L'île Seguin au Bas­

Meudon (177). Soir de septembre à Saint-Cloud date de 1898 : c'est une huile

sur panneau, marouflé sur toile (48 X 31 cm), qui sera encore vendue à

Versailles le 18 juin 1981 (178).

Prins expose en avril 1907, à la galerie G. Petit, 63 pastels et 38 dessins rehaus­

sés : R. Bouyer parle à ce sujet du " ... soir mystérieux au Pont de Sèvres ", l'un

de ses tableaux (179).

Tous ces paysages sur notre région" ont gardé une étonnante limpidité, due à

une technique artisanale très savante, à la pratique de recettes ancestrales dans

la fabrication et l'utilisation des couleurs. Très sensible aux variations de la

lumière selon les heures et les saisons, il a traité en poète ses vues" (180).

Dans une note retrouvée par son fils, Pierre Prins avait écrit: " Depuis plus de

vingt ans, je courais tous les environs de Paris: Port-Créteil, Bougival, Bas­

Meudon, tous les bois. " La Seine-et-Oise est toujours restée ses premières

amours. Pour lui, tous les visages de France se retrouvaient dans cette grande

ceinture de Paris.

PROVOST

Un dessin de Provost et Daudenarde (cf. ce dernier nom) symbolise une Vue

panoramique, du pont de Sèvres au mont Valérien, en janvier 1871 (181) :

Boulogne, on s'en doute, n'est qu'une vaste plaine. -Sur un sieur Provost, cf.

aussi Philippon (Charles).

RAFFAËLLI (Jean-François)

Né et mort à Paris, 20 avril 1850 . 29 février 1924.

Portraitiste, peintre paysagiste, graveur et lithographe (182).

Son père était italien. Il débuta au Salon de 1870 avec des tableaux de genre.

Dès 1879, il fit des vues pittoresques de la banlieue parisienne. Le musée de

Meudon possède de lui plusieurs Bas-Meudon. Ses paysages ne sont malheureu­

sement pas toujours localisés d'une façon précise: Neige en banlieue, Route

dans la banlieue, Paysage de banlieue, Bord de Seine, Maison du passeur,

Berge de Seine, Ouvrier en banlieue, sont passés en vente entre 1927 et 1951 et

mériteraient une étude attentive.

Par contre, il n'y a pas d'équivoque avec La Seine au Bas-Meudon, vendue

4300 F à la vente Jean Gautier des 16 et 17 mai 1929.

Raffaëlli est un artiste plus soucieux du dessin que de la couleur. Les coins typi­

ques de notre banlieue sont vus avec justesse et traduits avec esprit. Ils ont créé

un genre et perpétuent de nos jours des aspects totalement disparus. Comme

graveur, Raffaëlli a produit des estampes en couleurs très remarquables.

RANSONNETTE (Charles-Nicolas)

Né et mort à Paris, 27 mai 1793 -1877.

Graveur et peintre d'architecture.

Élève de Bertin, figure au Salon, de 1822 à 1867. Médaille de 2' classe en 1831.

Dessinateur et graveur de la duchesse de Berry. Il a produit un grand nombre

de peintures et d'aquarelles représentant des sites de Paris et de ses environs.

Ainsi, son Sèvres, daté du 1" aoùt 1847 (183), et son Saint-Cloud, daté du

20 juin 1851 (184). Le premier est pris des coteaux de Brimborion, avec le pont

de Sèvres au premier plan et l'église de Saint-Cloud dans le lointain; le second

montre le bas du parc de Saint-Cloud et le pont de Sèvres, côté aval.

RAPIN (Alexandre)

Noroy-le-Bourg, 24 juin 1839 -Paris, 21 novembre 1889.

Paysagiste.

Débute au Salon de 1867 ; membre fondateur de la Société des Artistes fran­

çais. Médailles de 3' classe en 1875 et de 2' classe en 1877. Il est représenté au

musée de Louviers par Au Bas-Meudon. On a vu (cf. Prins) qu'il fréquenta

souvent l'île Seguin.

REGNAULT (Alexandre-Georges-Henri)

Paris, 30 octobre 1843 -Bougival, 19 janvier 1871.

Peintre (185).

Dessinateur habile et coloriste brillant, " qui a passé comme un météore".

Prix de Rome (1866), il est à Tanger à la veille des événements de 1870. Il

(171) Kunstler (Charles), P. Prins, 1945, p. 12.

(172) PieTTe Prins et l'éPoque impressionniste .. , par son fils. Paris, 1949, p. 38-39.

(173) Kunstler, op. cit., p. 23-24.

(174) Reproduit dans Kunstler, pl. 4, et dans Pierre Prins .. , p. 30.

(175) Dans Les nouveaux temps, 16 décembre 1942.

(176) Schurr. Le guidargus ... , op. cit.

(177) Pierre Prins ... , op. cit., p. 62.

(178) Schurr, Le guidargus ... .. reproduit dans Kunstler, pl. 16.

(179) Dans Bull. de l'Art ancien et moderne, 20 avril 1907.

(180) Schurr (G.), Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, Paris, 1969,

p. 101-102.

(181) Le Monde illustré, nO 718, samedi 14 janvier 1871, P. 24-25.

(182) Cf Delteil (Loys),j.-F. Raffaëlli, Paris, 1923.

(183) Bibl. nat., estampes, Ve 26-g, in folio.

(184) Bibl. nat., estampes, Topographie de la France, Saint-Cloud, nO 20 922.

(185) Nous possédons une abondante documentation sur H. Regnault, notamment une lettre du 9 novembre 1870 -cieux mois avant sa mort -où il écrit à son père: " Moi. je me suis remis un peu au travail. Je suis en bonne santé, mais inquiet

de toi. "

revient à Paris en septembre, s'engage dans une compagnie de francs-tireurs et trouve la mort à 27 ans, à la bataille de Buzenval, à la veille de l'armistice (186).

La liste des peintures, aquarelles et dessins de Henri Regnault a été publiée en 1890 (187), mais pas assez détaillée pour y relever des motifs précis sur notre vallée de la Seine. Son père, Victor Regnault, directeur de la Manufacture de Sèvres, conservait alors six peintures (1861) et trente dessins (1856·1862) des

Environs de Sèvres.

REGNAULT (Victor)

Aix·la-Chapelle, 1810 -Paris, 1878. Physicien, chimiste et. .. photographe. L'œuvre scientifique, d'une grande ampleur, de V. Regnault n'entre pas dans le cadre de cette étude. Mais, directeur de la Manufacture de Sèvres, il fut aussi l'un des fondateurs de la Société française de photographie et son premier président. C'est ce titre qu'il convient d'évoquer. Il a, en effet, pris plusieurs dizaines de calotypes, paysages et portraits, images d'un réalisme doux et serein dont la qualité artistique est significative de ce moment et de cette technique de la photographie. La Société française de photographie possède les négatifs de V. Regnault, ainsi qu'un album qu'il avait composé. Ce sont certains de ces précieux documents qui ont été exposés ces dernières années (188). Par exemple, à l'exposition des Arts décoratifs de 1979 (189), nous avons relevé: -Les bords de la Seine, rive gauche, près du Bas-Meudon; 2 photographies identiques ; -Même titre, autre photographie; -La Seine, rive gauche, vue du pont, prise en amont, avec la pointe occiden­tale de l'île Seguin; -Même titre, en amont et au·dessous de Brimborion. De ses paysages des bords de Seine, les négatifs de Regnault (certains sont conservés à Bièvres, d'autres à la Manufacture de Sèvres) gardent une qualité de lumière que les positifs altérés ont perdue ou n'ont jamais eue (190). Le cours de la Seine aux abords de l'île Seguin, vers 1850, est également une de ces photographies, reproduite fidèlement en 1962 et en 1979 (191).

V. Regnault, précurseur exceptionnel de la photographie contemporaine, nous a laissé une étonnante vision de notre région. Sa volonté documentaliste, l'audace de sa composition, l'expression de ses clichés en font un technicien, mais aussi un artiste.

RENARD (Charles)

Damblain, 23 novembre 1847 . Meudon, 13 avril 1905. Ingénieur militaire et officier du génie. Technicien du ballon d'observation et du dirigeable, il fut directeur de l'Éta' blissement aérostatique de Chalais·Meudon (192). Ce n'est évidemment pas un artiste, mais nous le citons ici pour deux raisons : 1) C'est lui qui conçut le ballon dirigeable La France, premier appareil aérien qui ait pu réaliser un parcours en circuit fermé, de 7,600 km, en vingt·trois minutes, le 9 août 1884. Certains, à l'époque, doutent de l'exploit, mais de nouvelles expériences confirment le fait. La dernière" sortie" de La France a lieu le 23 septembre 1885 : le dirigeable se dirige" vent debout" sur Paris et compte" quarante-sept minutes d'effort" ; le retour, " vent dans le dos ", s'effectue en onze minutes. C'est l'apothéose, et une photographie prise de l'Observatoire de Meudon montre le dirigeable au·dessus de notre vallée de la Seine: vaste panorama pris il y a maintenant un siècle (193) ; 2) C'est encore Ch. Renard qui inventa, en 1902, son train automobile à pro· pulsion" continue" et à " tournant correct ", dit Train Renard. Or, sur le couvercle d'une boîte de jouet provenant des magasins du Louvre, contenant un train Renard, figure une reproduction dans le style des images d'Épinal du début du siècle. Le dessinateur en est inconnu, mais le panorama de la rive de la Seine et de l'Île Seguin est fidèlement reproduit : cheminées des petites usines établies au voisinage ou dans le Hameau fleuri (chocolaterie Pihan) et tour en briques rouges dans j'île, qui était le colombier du Tir aux pigeons (194). L'atelier du colonel Renard était mitoyen avec Astra, rue de Silly, à Boulogne.

REYNOLDS (Samuel William), dit le Vieux

Londres, 4 juillet 1773 -Bayswater, 13 août 1835.

Peintre de paysages et de p<lrtraits, graveur " à la manière noire" (école anglaise). Se place au premier rang des graveurs en " manière noire". Aussi habile dans ses reproductions au pointillé et à l'aquatinte. Grave de nombreux portraits, des sujets de genre et des paysages. Il vint à Paris en 1809 et expose aux Salons de 1810 et 1812. Il revient à Paris une seconde fois en 1825. C'est donc cette année 1825 qu'on peut attribuer à son tableau, Le pont de Sèvres, qui se trouve au château de Chantilly (salle de la Tribune) et qui est vu des bords du parc de Saint-Cloud. Les coteaux de Believue·Meudon apparais· sent dans le lointain; l'île de Monsieur ressemble à un banc de sable, rattaché à la rive gauche.

RICOIS (François-Edme)

Courtalain, 29 août 1795 . Paris, 1881.

Peintre.

Débute au Salon en 1819. Participe à de nombreuses expositions en province

(Douai, Lille, Toulouse, Cambrai, etc.). Tient un atelier d'élèves des deux

sexes. Cambrai, Chartres, Versailles, Carnavalet cogservent une partie de son

importante œuvre documentaire et de ses nombreuses aquarelles. Ce sont sur­

tout les seules représentations subsistantes.

Le musée de Sceaux conserve de lui:

-Vue de Paris prise de Meudon, avec la Seine et le mont Valérien, 33 X 46 cm ;

-Vue prise de la terrasse de Bellevue, avec le pont de Sèvres et le parc de

Saint·Cloud, 31 X46,5 cm.

ROBERT

Le docteur Bezançon, dans ses notes, affirme que le peintre Robert fit trois

petits tableaux des coteaux de Bellevue et de l'île Seguin, présentés au Salon

de 1812. Plusieurs artistes portent ce nom, notamment Léopold et Aurèle,

peintres suisses.

Un Alphonse Robert est né à Sèvres le 19 mars 1807 et fut attaché à la Manu·

facture de porcelaine. Hubert Robert (1733·1808) a peint Les lavandières sur

une assiette en porcelaine dure de Sèvres (vente Éd. Larcade, 25 mai 1951 :

150 000 F). Mme Louis Robert fut peintre de fleurs à la Manufacture; de

même Louis·Rémy Robert (1811·1882) qui fonda le musée céramique.

ROBERTS (E.), gr aveur: c f LAMI (Eu gène· Louis)

(à suivre)

Pierre MERCIER

(186) Son corps, couvert de boue. ne fut retrouvé que le 22. dépouillé de son argent. de

son revolver. de ses souliers et de sa capote (cf Académie des sciences, séance du

23 janvier). Ses obsèques eurent lieu le 27 (cf journal des Goncourt, t. IV.

p. 164·165, et Larchey, Mémorial, p. 271). H. Regnault était fiancé à Mlle Breton. petite·fille de l'éditeur Hachette père.

(187) Duparc (Arthur),Correspondance de Henri Regnault, 3' éd., 1890, p. 417·430.

(188) Cf Une invention du XIX' siècle: la PhotograPhie, Bibl. nat., 1976, et Catalogue de l'exposition du Petit· Palais , 18 septembre· 23 novembre 1980, sur" Photos

d'hier et d'avant-hier ".

(189) Victor Regnault, 1810·1878 : œuvre PhotograPhique, musée des Arts décoratifs, 25 avril· 1" juillet 1979.

(190) A l'origine de la Photographie: le calotype au passé et au présent, Bibl. nat., 20 juin· 24 juillet 1979, catalogue, p. 56.

(191) Dans Christ, op. cit., 1962, p. 47, et aux Arts décoratifs, 1979, nO 65.

(192) Cf Centenaire du colonel Renard, juin 1947, à Meudon, et Seillier Uean), " Ch. Renard ", dans Bull. Soc. Amis de Meudon, nO 46, juin 1947, p. 826·84l.

(193) Coll. P. M. Cf aussi Le journal de Sèvres qui publie de longs articles sur les évolu· tions du dirigeable, notamment dans ses numéros des 13 et 27 septembre 1885.

(194) Cf Procès·verbal de la Soc. histor. et art. de Boulogne·Billancourt, 25 janvier 1957.