02 - A bâtons rompus

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Texte brut à usage technique. Utiliser de préférence l'article original illustré de la revue ci-dessus.

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A bâtons rompus

Paul GRÉMONT

Vocabulaire

Chaque entreprise a son vocabulaire. On ne peut se dire vrai­ment" de la maison" si on s'exprime de façon impersonnelle, dans le français de tout le monde. Afin de rendre service à nos jeunes collaborateurs, je me suis amusé à imaginer une conver­sation dans un couloir du bâtiment A. Si mes lecteurs hésitent sur le sens à donner à telle ou telle expression, je les renvoie au Petit Renault. Cet excellent dictionnaire des locutions en usage à Billancourt, élaboré avec humour par notre ami Paul Parot et publié en décembre 1973 par le bulletin de la Section d'His­toire des Usines Renault. Pour faciliter ces recherches, je me suis efforcé de respecter l'ordre alphabétique des mots cités en italique.

-Pierre: Tiens, bonjour Paul! On m'avait dit que tu étais en

A.L.D. Tu vas mieux? -Paul: Je n'ai jamais été malade: c'est encore une anomalie d'Anatole qui n'arrête pas de déconner. .. Mais tu vois que je suis toujours coté à l'Argus. -Pierre : Ça, par exemple : il y en a toujours qui débar­quent. Je dois dire que j'étais tombé de l'armoire quand on me l'avait dit. .. -Paul: Tu penses bien qu'à quelques semaines des 30 ans je ne vais pas rater mes avantages Régie. Je bourre plus que jamais. -Pierre: Ne restons pas devant l'aquarium du patron. Faut que j'aille dépanner une bécane de l'A.O.C. -Paul: Je t'accompagne car en ce moment, pour mon bou­lot, je bazgne dans l'huile. Je t'aiderai à bidouiller ton truc. -Pierre: Je veux bien car je t'avoue que, pour moi, c'est le binn'ce. J'ai beau faire gaffe au bitoniau, y'a toujours des blouses qui en rajoutent et je suis à la bourre.

-Paul: J'ai connu cela: y'a des jours où tout part en brioche. On a beau s'en tirer avec un brz·colot, il faudrait un gros bras pour prendre les manivelles. -Pierre: En attendant, j'ai le bébé sur les bras et je ne sais pas à qui repasser le cadavre. -Paul: T'as plus qu'à travailler en catastrophe jusqu'à ce que la bécane soit bonne pour la casse. -Pz·erre : T'en as de bonnes. Tu connais le centre de frais qu'on fera avaler aux budgétivores? Je ne tiens pas à porter le chapeau ... -Paul: En somme, tu Pédales dans la choucroute! Tu devrais t'arranger pour envoyer l'outil au cimetière. Il finira bien par aboutir au chinois. -Pz·erre: Tu as raison, mais pendant qu'onfait des copeaux, y'en a qui pissent de l'encre et qui gardent le problème sous le coude. Un beau jour, je vais rester à poil au premier court-jus! -Paul: T'en fais pas: je vais te faire un petit crobard pour te dégager et ton chef sera bien obligé de se l'en q uzller. Tu avoueras qu'il n'y a pas le feu. -Pz"erre : Ne crois pas ça : ils en font tout un fromage, sans compter que j'ai encore unefoultitude de choses à faire dans la

foulée. -Paul: Tu ne vas pas me faire croire que c'est une usine à gaz. Y'en a d'autres qui glandouillent des mois sur un petit gnon. On se croirait revenu au temps de la lampe à huile! -Pz"erre : Ah ! je voudrais bien avoir du gras comme ceux-là... et pouvoir faire joujou avec cet os!

-Paul: Mais, dis-moi: qui est·ce qui a levé ce lièvre? Fallait

faire le mort. -Pz"erre: Bien sûr, y'en a qui évitent toujours de se mouiller mais y'en a d'autres qui morPionnent à propos de tout et de nen.

-Paul: Bon, alors il faut mouliner. Pas de panique. Si on t'a parachuté sur le coup, ne te mélange pas les Pédales et tâche d'ouvrir un paraPluz·e. Ne te laisse pas remonter la pendule par ceux qui ont pigé avant toi. Reprends tes Mlles sans mettre à côté de la Plaque et démontre à tout le monde que c'est unfaux problème.

-Pierre : On va dire que je marche au pifomètre et je ferai tintin pour la rallonge en fin d'année si ce rossignol tombe encore en rideau.

-Paul: Tu me fais penser à une savonnette. Puisque tu ne sais pas prendre le vent, tu n'as plus en effet qu'à voz·r venir en restant sur le tas dans le souk. Mais alors tu te mettras la tringle pour ton coefficient.

-Pierre : Oui, mais là, faudra voir à voir J ..

Sur ces paroles définitives, les deux amis se séparaient devant

un déboulé du patron au bout du couloir.

Les jeunes cadres

Le bouillant directeur commercial exportation des années 60 avait coutume de dire que les parachutistes se recrutent dans l'infanterie et terminent dans l'intendance, affirmant ainsi sa prétention de choisir dans le réseau commercial France les élé­ments les plus dynamiques pour les envoyer barouder sur les territoires extérieurs, avec la garantie d'être reclassés en fin de carrière dans un poste sédentaire honorable. Il commettait ainsi une triple erreur. On accepte difficilement de laisser par­tir des hommes de valeur, ayant fait leurs preuves et inscrits dans une bonne filière. D'autre part, les fonctions à l'étranger exigent des qualités particulières, une vocation, que n'ont pas forcément les meilleurs " fantassins". Enfin et surtout, ces " paras" méritants mais fatigués ne trouvent pas facilement à leur retour de poste disponible dans une hiérarchie bien établie.

Le recrutement des troupes spéciales export se fit donc essen­tiellement par l'embauche et la formation de jeunes cadres diplômés ayant manifesté dès le départ le désir de faire carrière à l'étranger et j'ai la satisfaction de voir en place aujourd'hui de jeunes et brillants directeurs de filiale que j'avais sélectionnés il y a moins de 15 ans.

J'ai donc mis le pied à l'étrier d'une bonne centaine de jeunes cadres: quelques-uns nous ont quittés (très peu), d'autres ont déçu les espoirs que nous avions mis en eux (très peu), la plu­part ont réussi et iront loin si l'expansion se maintient au même rythme ; tous exercent, très jeunes, des responsabilités qu'ils n'auraient pas eues aussi vite en restant en France. Ils font preuve de caractère (parfois trop) et se conduisent en chefs qu'il faut plutôt retenir que pousser à l'action. Bien sûr, ilt ont des prétentions, ils profitent largement de leur situation d'expatriés et ils ont souvent du mal à se réacclimater à une vie plus modeste lorsqu'ils reviennent en France pour un recyclage dans un poste d'état-major. Mais, dans l'ensemble, la jeune génération de moins de 40 ans est tout à fait remarquable et je ne regrette pas d'avoir pu suivre, encourager, mettre en confiance et affecter les jeunes H.E.C., Essec, Sup. de Co. ou Sciences Po. des dernières promotions. Ils sont plus avertis que nous n'étions à leur âge de ce qu'ils valent sur le plan financier car ils reçoivent les statistiques de leurs écoles ou des syndicats de cadres et lisent les revues économiques qui publient les salai­res moyens de leu,rs homologues dans le monde entier. Ils comparent leurs coefficients avec ceux de leurs camarades des autres directions et vous démontrent qu'ils sont" en retard". Ils ne se contentent pas de vagues promesses et veulent connaî­tre leur plan de carrière. Pour les convaincre qu'on ne les a pas oubliés il faut les situer sur les graphiques de rémunération. Le premier quartile ne leur suffit pas, c'est le premier décile qu'ils ambitionnent. Comme je faisais remarquer à l'un d'eux que, pour son âge, il était bien placé, il me répondit qu'il n'allait tout de même pas traîner toute sa vie le handicap (sic) d'avoir obtenu très jeune ses diplômes. Aucun ne se contente de faire son petit bonhomme de chemin dans l'entreprise : toute réforme de structure est bonne pour franchir un nouvel éche­lon. Souhaitons que l'avenir leur réserve toujours de nouveaux débouchés. Je leur fais confiance: ils sauront les ouvrir pour le plus grand bien de notre économie.

Les plans de carrière

J'ai entendu dire que certaines agences matrimoniales évoluées avaient utilisé un ordinateur afin de sélectionner, parmi tous les prétendants au mariage, ceux dont les " caractéristiques " physiques et morales avaient les meilleures chances de faire bon ménage. Il ne semble pas que cette méthode scientifique ait donné de meilleurs résultats que la vieille méthode des atomes crochus.

Après avoir pratiqué moi-même, pendant 15 ans, tous les systè­mes de choix des candidats à un poste disponible, il me faut reconnaître que le flair d'un vrai patron s'avère le plus efficace. Je fus pourtant un des tout premiers à organiser systématique­ment la notation périodique du personnel, à élaborer pour chacun un plan de carrière et un plan de formation, à faire la synthèse du potentiel humain et en tirer les bases d'un plan de recrutement. J'ai fait dresser des pyramides d'âges, des fiches individuelles très détaillées, des tableaux de prévision d'affec­tations à 2 ans ou à 5 ans. Je crois toujours que ce travail fut utile et qu'il faut encore le développer. Je constate pourtant que cela n'a pas permis d'éviter certaines erreurs et que, par contre, les meilleures décisions de nomination ont été le fait des jugements spontanés, instinctifs, en apparence irraisonnés mais dénotant une connaissance profonde des hommes.

Tant de composantes interviennent lorsqu'il s'agit d'apprécier les capacités d'un homme à remplir une fonction que le plus gros ordinateur ne saurait les pondérer toutes à leur juste valeur. Lorsqu'il s'agit de choisir, notamment, un homme compétent et de caractère pour partir à l'étranger créer un nouvel organisme, il peut avoir toutes les qualités voulues du point de vue professionnel, mais rien ne peut assurer qu'il saura s'adapter à la mentalité des indigènes, que son épouse supportera bien l'éloignement, ou qu'un beau jour il ne connaîtra pas une défaillance d'ordre privé interdisant son maintien dans le poste ... Le moindre incident de sa carrière précédente demeure en mémoire (mais on ne saurait légitime­ment l'enregistrer sur sa fiche) et constituera un obstacle à sa désignation. C'est ainsi qu'une allusion discrète à tel ou tel aspect mineur de sa personnalité fera échouer une décision qui semblait s'imposer à tous. Ce n'est pas très juste, mais qui prendrait un risque en connaissance de cause?

En sens inverse, certaines affectations paraissent surprenantes lorsqu'on ignore les interventions, les recommandations plus ou moins désintéressées dont elles ont fait l'objet en Toulisse et à charge de revanche. Le mandarinat et l'esprit de corps des anciens élèves des grandes écoles sévissent moins dans l'indus­trie que dans l'administration mais les chefs les plus objectifs savent pourtant qu'ils ont souvent donné la préférence à un homme de même origine ou qu'ils ont vu à l'œuvre jadis dans une circonstance de leur jeunesse. Des" maffias" existent dans toutes les entreprises qui voient se regrouper en leur sein des noyaux homogènes qui tendent à éliminer tout corps étranger. Le phénomène de rejet des greffes d'organes se constate aussi dans le corps social et prend parfois des formes scandaleuses. Me croirez-vous si j'affirme que, dans un pays d'Afrique, un nouvel arrivé qui ne s'était pas intégré avec souplesse à la petite colonie française dut demander son retour, sa femme ayant été victime d'un attentat organisé en sous-main par ses propres col­lègues! L'enquête de police fut formelle à cet égard mais bien entendu sans suites.

La conduite des hommes demeure donc plus un art qu'une science même si la sociologie et la psychologie lui apportent désormais un concours important. Mais il ne suffit pas d'orga­niser des sessions sur le comportement ni de prôner la partici­pation : l'essentiel est de vivre en confiance avec les siens et de bien les juger. C'est de plus en plus difficile dans les grandes affatres diversifiées et dispersées. J'ai retenu cette remarque d'un aîné qui avait occupé le bureau voisin du mien pendant 5 ans et que je retrouvais 20 ans après: " On ne se connaît plus dans cette maison ! "

U ne méthode nouvelle de notation

Toute "gestion prévisionnelle du personnel" suppose un " examen périodique du potentiel" de chacun de ses mem­bres, aboutissant logiquement à l'établissement d'une série d' "hypothèses de plans de carrière "... Tous les ans (ou tous les deux ans), les supérieurs hiérarchiques et fonctionnels sont ainsi amenés à se pencher sur le cas de leurs subordonnés et à leur faire part (s'ils en ont le courage) de l'appréciation " objective" de leurs aptitudes, de leur degré de réussite et de leurs perspectives d'avenir. A l'aide d'une grille de notation et en fonction de critères bien définis, ils sont en mesure de " noter" leurs collaborateurs et de faire ressortir leurs points forts et leurs points faibles en ce qui concerne la créativité, le sens de l'organisation, l'esprit d'initiative, le souci de la gestion, l'aptitude au commandement, etc.

Mais quelles que soient les précautions prises pour que ces " jugements" soient aussi objectifs que possible, l'expérience prouve que le résultat pratique d'une telle analyse compte moins, en définitive, que l'appréciation globlale instinctive des grands chefs qui ont à prendre une décision et à faire un choix entre plusieurs candidats.

Je fus ainsi amené à proposer un système plus simple mais très efficace, permettant de cataloguer tout un chacun, spontané­ment et sans se creuser la tête. On voudra bien pardonner la grossièreté du terme utilisé: c'est un mot bref mais qui en dit long, un mot bien français que ma grand-mère n'a jamais pro­noncé et que les éditeurs désignaient jadis pudiquement par une initiale suivie de petits points... Nous n'en sommes plus là : les parents n'hésitent pas à l'employer devant leurs enfants et sans baisser le ton ; quant aux enfants, il fait partie de leur vocabulaire de tous les jours! Je suis donc obligé de l'imprim~r en toutes lettres pour lui donner toute sa force, vous laissant le soin d'ajouter l'accent tonique au bon endroit. Vous verrez, c'est facile et c'est indispensable!

Or donc, ma théorie repose sur cette phrase du langage cou­rant : "Untel, c'est un con !" Partant de là, il importe d'apprécier les variantes qui permettent de nuancer ce juge­ment et qui sont hélas intraduisibles dans une langue étran­gère. Il suffit de faire suivre ou précéder ce substantif fort d'un ou plusieurs adjectifs pour faire surgir le portrait éloquent de l'homme en question. Je me garderai d'apporter le moindre commentaire à l'énumération qui va suivre. En la lisant lente­ment à haute voix, vous noterez sans peine les différentes caté­gories de cons. Vous distinguerez d'abord les petits cons et les grands cons, cela va de soi. Vous y ajouterez peut-être les super cons (mais ils sont plus rares). Vous découvrirez ensuite la variété plus nombreuse des jeunes cons, des vieux cons, des pauvres cons, des méchants cons et des sales cons. Essayez ensuite de placer l'adjectif après le nom et vous trouverez les cons patentés, les cons minables et les cons prétentieux qui appartiennent à une espèce de cons différente. Ne croyez pas cependant en avoir terminé: si vous ajoutez aux catégories pré­cédentes un deuxième adjectif, vous renforcerez de façon éton­nante la vigueur de votre définition. En partant du petit con, vous distinguerez par exemple le pauvre petit con, le sale petit con pour atteindre l'ignoble petit con, peut-être même la sale petite connasse que vous écraserez de tout votre mépris.

Allons, ne me dites pas que tout cela est con comme la lune. Admettez que ma théorie est valable et réagissez comme mon patron à qui je venais de l'exposer et qui me dit en souriant: " Et moi, dans quelle catégorie me classez vous? " A quoi je répondis: " Bien sûr, dans les grands cons sympathiques! "

Signé : Le roi des cons

De la vanité

Où la vanité va-t-elle se nicher? disent les bonnes gens. Ils ont raison: elle se loge toujours dans les petites choses qui prêtent à sourire, mais il y a beau temps que le ridicule ne tue plus en France! Peut-on imaginer qu'on fasse des bassesses pour une place de parking? N'ayant pas de place disponible à donner à un cadre nouvellement promu à l'échelon supérieur je finis, devant son insistance, par lui proposer la mienne. Il eut le front de l'accepter et de l'occuper le jour même sans souci du qu'en dira-t-on 1 Cet autre, jaloux du bureau qu'on venait d'attribuer à un collègue, osa démontrer qu'il lui revenait de droit car il était plus grand de 20 centimètres. Il avait mesuré! Gardez-vous d'attribuer une lampe de bureau d'un modèle spé­cial à un nouveau collaborateur : vous verrez défiler chez vous tous ceux qui, la veille, s'estimaient satisfaits de la leur. Là aussi, j'ai fait porter la mienne, pour donner une leçon: peine perdue, elle n'est jamais revenue! Il en va de même s'il s'agit d'une ligne téléphonique directe avec l'extérieur ou d'un de ces postes compliqués à plusieurs boutons-poussoirs qui évoquent le bureau ministériel: c'est tellement impressionnant d'être en mesure de communiquer sans délai avec un grand patron 1 Songez aussi qu'il est des emplacements plus nobles que d'autres: ayant constaté que ses homologues étaient situés à l'ouest alors que son bureau donnait à l'est cet autre directeur n'eut de cesse qu'il ait fait transformer des lavabos sur le bon versant pour se les faire attribuer comme bureau, bien qu'ils soient d'accès mal commode. Personne n'avait jadis de voilages devant sa fenêtre mais, dès qu'on en fit poser un jour dans un bureau de direction, cette décision entraîna l'ouverture d'un nouveau poste de budget car on dut satisfaire un nombre tou­jours croissant d'ayants droit. L'attribution des voitures de ser­vice est soignebsement réglementée par la direction générale. On tient compte de la position hiérarchique comme de l'usage professionnel que la fonction implique. Chaque année pour­tant cette question importante est remise en cause en comitéde direction car, en dépit de taux de location élevés, les bénéficiaires ne manquent pas d'arguments pour prétendre au modèle de voiture le plus récent et le plus cher. Les voyages par avion font également l'objet de circulaires précises mais le moindre prétexte est bon pour bénéficier d'une exception et voyager en }'" classe; Ne croyez pas surtout que, si d'aventure un vaniteux se trouve partir par le même avion qu'un grand patron modestement assis en classe économique, il s'en mon­trera gêné: Son excuse est toute prête car une haute personna­lité étrangère l'attend à l'arrivée et s'étonnerait de ne pas le voir débarquer en tête, parmi les V.I.P., bénéficiaires d'une carte de priorité de grand voyageur, noblesse oblige 1 La course aux invitations à un cocktail ou un banquet est aussi bien plaisante à observer: on ne tient pas essentiellement à en être, car on a bien d'autres choses à faire ce jour-là, mais enfin, bien que cela vous rase, il vous faut absolument rencontrer tel personnage qu'on a du mal à joindre autrement 1

Les grands de ce monde (ou ceux qui se croient importants) ne sont pas les seuls à laisser transparaître leurs petites vanités. De modestes employés se livrenf à des intrigues pour conquérir une table sur le passage de leur chef afin de recueillir au vol une poignée de mains, un mot aimable, un simple regard. Il existe parmi eux une " hiérarchie de la lumière " que les tracts ne craignent pas de revendiquer. Quant aux courants d'air, ils font l'objet de conflits déclarés entre les jeunes turbulents et les femmes frileuses, conflits qui ont parfois justifié la mise .au point d'un modus vivendi au sein du service, en tous points digne de Courteline...

Paul GRÉMONT