09 - Une histoire de N.N.
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Texte brut à usage technique. Utiliser de préférence l'article original illustré de la revue ci-dessus.
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Une histoire de N.N.
C'était en 1925. Mon père, jeune officier féru de mécanique, instruisait à Saumur des cavaliers qui deviendraient, à leur tour, spécialistes de l'arme motorisée. Instructeur et élèves, familiers des fabrications de Billancourt, chars et automitrailleuses, se passionnaient pour l'automobile.
Aussi, mon père rêvait-il d'acquérir une 6 CV « NN ", rêve inaccessible avec sa modeste solde de lieutenant.
En septembre, pour l'ouverture de la chasse, un oncle agriculteur accueillait mes parents et vint les chercher à la gare avec la carriole attelée à une solide et fidèle jument.
Arrivée à la ferme, la jument fut dételée et mon père rangea la carriole dans la remise, comme il le faisait à chaque séjour.
Seulement, voilà .... Au fond de la remise, une bâche recouvrait une sorte de cube insolite, que bien vite, mon père identifia : c'était une· 6 CV Renault «NN" toute neuve, une berline 4 portes, carrosserie Weymann, en simili marron.
, "Çà t'intéresse, c'machine-Ià, Georges?» Et l'oncle de raconter qu'il avait gagné la chose en participant à un jeuconcours organisé par le journal local.
Un ami, titulaire du permis rose, avait accompagné notre oncle, qui ne savait pas conduire, à la direction du journal pour recevoir le prix. Félicitations d'usage, photos, remises des clés ... ça s'arrose. Et comme nous sommes en Anjou on « baisa plus d'une fillette» * avant de rentrer au bercail avec la belle auto neuve.
Au bout de quelques kilomètres, notre oncle avait assimilé les manœuvres en observant son ami, conducteur averti.
En vue de la ferme, il prit à son tour le volant, ·passa les 3 vitesses et se préparait à une entrée triomphale dans la cour.
Las! un raidillon en courbe précédait l'abord. Il fallut rétrograder en seconde mais en regardant le levier de vitesses, les pédales nombreuses et compliquées, notre oncle, oubliant le virage, fit verser au fossé herbeux, l'auto indocile!
Piteusement, la «NN» tirée par la jument, entre dans la remise. Elle s'y reposait de cette aventure, heureusement sans dommage pour son anatomie, quand mon père la découvrit.
Effaçant sa déconvenue, l'oncle offrit « c'machine-Ià » à mes parents, éperdus de reconnaissance.
Je suis né peu après et mes premiers souvenirs d'automobiles se rattachent à cette «NN» familiale dénommée d'abord «Maronnette» puis, un peu plus tard «Nénette. par ma petite sœur et moi.
Utilisée journellement jusqu'à la guerre, notre « NN » devait être réduite par l'occupant qui prétendait assurer sa victoire en récupérant les métaux des vieilles voitures ...
Imaginez-vous que, par hasard, j'ai déniché, il y a quelque temps, et pas très loin d'Angers, une autre « NN » cinquantenaire comme son nouveau propriétaire.
La bienheureuse... elle est réparable... elle! Le sympathique concours d'Emmanuel Cognet, de Claude Le Maitre, et d'autres amis amateurs d'anciennes Renault, permettra que revive, pour longtemps encore, cette auto que mes enfants appellent déjà «Nénette 2".
Jean BRIÈRE
• Expression purement locale Qui n'a pas de rapport avec la 8exualité. (Une fillette d'Anjou, c'est une bouteille d'un blanc bien gouleyant).