05 - Le Président Chou En Laï a-t-il travaillé chez Renault ?

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Le Président CHOU EN LAI a-t-il travaillé chez Renault? ..

André GRANDPIERRE, Haut-Commis­saire de l'Exposition Française, visita l'Exposition. Sur le mur, une grande reproduction photographique des bâti­ments de l'ILE SEGUIN, couvrait toute la longueur de notre stand, éclairée par des projecteurs.

Lucien PAYE me présenta à CHOU EN LAi quand il arriva devant notre stand. Je lui en fis l'honneur, lui don­nant une brève description des maté­riels qui y étaient exposés, et d'un geste large, lui montrant la photo qui couvrait le mur, j'ajoutai : «L'usine, comme vous le voyez, Monsieur le Président, a beaucoup changé depuis que vous l'avez connue". Fit-il sem­blant de ne pas m'avoir compris? Il se tourna vers son interprète qui lui tra­duisit ma phrase. Curieux, Lucien PAYE qui avait suivi notre conversa­tion, comme moi attendait la réponse. L'interprète me la traduisit: « Je vous félicite de ce très beau stand.» Il me serra la main, et partit sans y pénétrer plus avant.

A mon retour, j'en parlai à M. GRILLOT qui me répondit : «Je me rappelle avoir dit que CHOU EN LAÏ avait tra­vaillé «comme O.S.» à l'usine, mais je n'ai aucune certitude. Nous avons eu, au cours des années 1920 à 1924, des étudiants chinois en Sorbonne, qui .sont venus pendant les vacances universitaires (1/ fallait en ce temps-là un mois pour al/er de PARIS à CHANGHAÏ). l'en ai déduit -peut-être abusivement -qu'il était de ceux-là. Mais vous pensez bien que je n'ai pas retenu leur noms, et qu'à l'époque le sien ne m'aurait pas frappé. »

CHOU EN LAï a-t-il vraiment travaillé aux USINES RENAULT?

. Pas de fiche à ce nom au Personnel. Pas de témoignage formel.

Seul l'intéressé pourrait le dire. Il ne veut pas parler de cette époque. Pourquoi? Pour un dirigeant com­muniste, avoir travaillé aux USINES RENAULT comme ouvrier ne serait-il pas un honneur? Surtout dans ce pays où, suivant la doctrine de MAO, tous les intellectuels doivent sacrifier une journée par semaine au travail manuel.

Fernand PICARD

Fernand Picard au côté du Président Chou En Lai (à droite) -photo Technor.

Une légende, qui fut d'abord une rumeur, veut que le Président CHOU EN LAi, au cours de la période qu'il vécut en FRANCE au début des années vingt, ait travaillé aux USINES RENAULT. Reprise dans la presse en diverses circonstances, elle n'eut jamais de confirmation. Au cours de mon séjour à PÉKIN en 1965, j'ai essayé d'éclaircir ce mystère, et je voudrais simplement rapporter l'entre­vue que j'eus à cette époque avec l'intéressé, premier ministre de la CHINE POPULAIRE.

Ce voyage eut lieu du 19 novembre au 11 décembre 1965, à l'occasion de l'Exposition Française de PÉKIN. Le 19 novembre, dans l'avion entre ORLY et TÉHÉRAN, une conversation avec Jean MYON, Directeur Général de la SERI, me mit au courant de certains bruits qui couraient à la RÉGIE RENAULT, que CHOU EN LAi avait travaillé aux USINES RENAULT en 1920-1922. Il avait vérifié le fichier du personnel de l'époque, mais il n'avait pas trouvé de fiche à son nom...

Le 21 novembre, après le diner à l'Assemblée du Peuple, offert par le Conseil pour le développement du

Commerce Extérieur en l'honneur des Exposants, je m'en ouvris à Lucien PAYE, Ambassadeur de FRANCE à PÉKIN. Je l'avais rencontré plusieurs fois à PARIS, pendant qu'il était Minis­tre de l'Éducation Nationale, comme Vice-Président de la Société des Anciens Élèves de l'École Nationale Supérieure d'Arts et Métiers, et nous avions sympathisé. Du même âge, nous avions des vues communes sur de nombreux points. Je lui fis part de mOn intention, si je rencontrais CHOU EN LAi. de lui parler de son travail aux USINES RENAULT. Il me dit que CHOU EN LAi n'aimait pas par­Ier du séjour qu'il avait fait en FRANCE en 1920-1922 comme étudiant; qu'il ne parlait d'ailleurs jamais le français, sauf circonstances exceptionnelles. Une seule fois il l'avait entendu par­Ier notre langue : après une brève maladie de Lucien PAYE, lors de leur première rencontre il lui avait dit : « Comment ça va, Monsieur l'Ambas­sadeur?» en un excellent français.

L'occasion se présenta le 2 décembre. De 20 h 00 à 22 h 00, en dehors des heures d'ouverture au publie, CHOU EN LAï accompagné de MM. Lucien PAYE, Ambassadeur de FRANCE, et Dès les années 1930, presque tous les constructeurs envisageaient l'emploi, pour leurs changements de vitesses de synchroniseurs (petits dispositifs