13 - Le saviez-vous ?

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Le saviez-vous ?. Le saviez-vous ? Le saviez-vous ?

Les embarras de Paris

Je crois devoir appeler l'attention de l'Administration sur une situation qui devient absolument intolérable et qui appelle une prompte solution.

Qui n'a pas cherché à entrer à Paris par la porte Maillot ne peut se rendre compte de la confusion qui y existe à certaines heures de jour.

Cette porte comporte, en réalité, quatre portes : mais deux servent exclusivement aux tramways, elles sont à défalquer; il en reste donc deux : une pour la sortie de Paris, l'autre pour l'entrée. C'est à cette dernière que s'accomplissent toutes les formalités de l'octroi.

Autrefois cet état de choses ne pré­sentait aucun inconvénient; les voi­tures ordinaires s'arrêtaient à peine quelques instants devant les em­ployés; les camions et les voitures de livraison stationnaient à quelques mètres des grilles; les surveillants venaient examiner si aucun .objet soumis aux droits ne se trouvait dissimulé parmi les marchandises, et lorsque l'examen était terminé, le véhicule franchissait librement la bar­rière.

Mais, depuis quelques années, un , élément nouveau a été introduit dans la circulation, et c'est celui-là qui appelle les modifications : je veux parler des voitures automobiles. On sait que chaque voiture à alcool ou à pétrole est soumise à une déclaration de sortie et une déclaration d'entrée d'essence indiquant la quantité qui se trouve dans le véhicule. Or, le contrôle de l'octroi ne se faisant qu'à la porte d'entrée de Paris, c'est à cette porte

unique que tous les chauffeurs doivent se présenter, montrer leurs carnets et faire vérifier la quantité de liquide qu'ils transportent.

Tout le monde sait que l'avenue de la Grande-Armée est le centre de l'indus­trie automobile; chaque maison qui borde cette belle voie de communi­cation est un garage ou un magasin, et la circulation des véhicules à moteur y est d'une intensité extra­ordinaire. On se figure ce que cette circulation produit lorsque tous les chauffeurs se trouvent ainsi entassés à l'unique porte qui s'ouvre sur la capitale et que tous doivent parle­menter à cet unique bureau, avec les employés de l'octroi. Aussi bien ceux qui sortent de Paris que ceux qui y entrent; j'ai parfois compté jusqu'à 12 voitures à moteur qui attendent

leur tour.

Pendant ce temps, les voitures de maître, les fiacres, les voitures de maraîchers, les camions, s'entassent les uns derrière les autres: les cochers et charretiers s'invectivent à qui mieux mieux et la confusion est inénarrable.

Si encore il existait un service d'ordre, laissant toujours libre l'accès de la grille on remédierait dans une certaine mesure au mal que je signale, mais ce service fait complètement défaut; en général, le premier arrivé s'arrête juste au milieu de la porte et, s'il y a entre lui et les employés de l'octroi une contestation, tous les malheu­reux qui se trouvent en arrière n'ont aucun moyen de passer.

En général, il faut bien le reconnaître les employés de l'octroi sont fort complaisants et acceptent la décla­

ration qui leur est faite; mais quel­quefois cependant, lorsqu'un réser­voir leur paraît suspect, lorsqu'un chauffeur ne leur inspire pas confiance et aussi, il faut bien le dire, pour maintenir le principe de leur droit de contrôle, les employés se livrent à une vérification en règle; il est impossible alors de prévoir le temps que cela peut durer, le représentant de la ville armé d'une petite tige de fer la plonge dans le réservoir; il la retire, regarde jus­qu'à quel endroit précis elle est humec­tée de pétrole, il la plonge à nouveau dans le même réservoir, la promène, en long, en large, en haut, en bas, demande au chauffeur des rensei­gnements sur la contenance inté­térieure de son réservoir, cherche à débrouiller quelle est la place occupée par l'essence et celle revenant à l'huile. Durar,t la discussion il s'est formé un groupe de 50 personnes autour de la voiture vérifiée; chacun dit son mot, donne son explication; chauffeurs et employés impatients envoient tout le monde au diable et, pendant ce temps-là les autres autos s'alignent au bout des autr8s; les voitures attendent leur tour et la confusion est poussée à son comble.

Eh bien! il y aurait à cet état de choses un remède bien simple. Il y a à la porte Maillot, entre les grilles actuellement ouvertes, une grille cen­trale qui reste toujours fermée; qu'on se décide à l'utiliser; elle sera réservée aux autos et à tous les charrois qui nécessitent une vérification détaillée; les employés de l'octroi verront ainsi leur travail simplifié, la confusion disparaîtra et la circulation ne risquera plus d'être complètement interrompue plusieurs fois par jour.

Charles NORMAND (L'auto du 13 octobre 1903)

Le saviez-vous ?. Le saviez-vous ? Le saviez-vous ?

UNE VOITURE CONFORTABLE

Paul Giffard est allé à Nice assister à la course automobile Nice-Castel­lane. Il raconte, dans Vélo du 24 mars 1899, qu'il a voyagé dans une Panhard Levassor et poursuit ainsi son récit:

(( Cette voiture est une combinaison (( nouvelle de notre ami Jeantaud, le (( carrossier impeccable. On y tient (( à cinq, tout le monde dans le sens (( de la marche. Sa forme est celle (( d'une charrette; elle est peinte en (( jonquille et bleu turquoise, avec (( un gabarit nouveau style qui est (( chic, smart, tout ce que vous (( voudrez, ça fait plaisir à l'œil.

(( ... (ajouterai pour que vous ayez une (( idée assez exacte du véhicule sur (( lequel je viens de traverser la France (( en 8 jours, qu'il est surmonté d'un (( pavillon ou toit en toile imperméable, (( et muni à l'avant d'une glace pro­(( tectrice.

(( Ces deux détails sont de la plus (( haute importance et je les recom­(( mande à quiconque veut se servir (( de l'automobile d'une façon pra­(( tique et bourgeoise : le pavillon (( et la glace à tout prix.

(( A vec ces deux appareils défensifs (( vous pouvez aller au bout du monde (( si les chemises permettaient à la (( voiture de vous y porter. Ni pluie, ni (( soleil, ni vent, ni mouches dans les (( yeux, ni poussière dévorante et per­(( nicieuse, ni conjonctivites, ni con­(( gestions à redouter par le flot d'air; (( ni surtout les affreuses lunettes sur (( les yeux, ces hideux masques sur (( la fïgure qui font ressembler les (( hommes et les femmes à des arle­(( quins de bal masqué .. ))

PERSPECTIVES

Faire 120 kilomètres à l'heure ne signifie rien et ne conduit à rien de pratique. Une voiture de ce genre sera toujours un monstre très coûteux, un instrument de précision qui se détraque pour rien et qu'un milliar­daire seul se paiera par fantaisie.

Ce qui fera le succès des automobiles, c'est une voiture solide, économique, capable de donner une vitesse moyenne de 50 kilomètres à l'heure pendant trois journées sans avarie. Voilà l'idéal que nous devons rechercher.

(déclaration d'un membre de l'Auto­mobile club bordelais au journalL'ÉCLAIR du 26 mai 1903).

DËJA

Sans les automobiles, l'État parvien­drait-il à équilibrer son budget? 1\ est permis d'en douter. Faisons le compte, en effet, de ce que l'automobile lui rapporte. Et, pour cela, prenons les chiffres les plus faibles possibles. Comptons comme base de notre calcul, 5.000 voitures en circulation en France, 5.000 voi­tures à 2 places et avec moteur de 4 chevaux. On reconnaîtra que nous restons bien au-dessous de la réalité. En moyenne, chaque voiture rapporte à l'État, en tant que contribuable, 80 francs plus 20 francs pour ses 4 chevaux soit 100 francs qui, mul­tipliés par 5.000 nous donnent

500.000 francs.

Maintenant supposons que chacune

de ces voitures roule une heure par

jour et consomme 3 litres d'essence,

cela fait 15.000 litres d'essence sur

lesquels l'État gagne 0,30 c'est-à-dire

4.500 francs par jour, 1 million

642.500 par an.

Nous arrivons donc, avec l'impôt, à

un total de 2.142.500 francs que

l'automobilisme apporte dans les cais­

ses de l'État. Cela ne donne-t-il pas

à penser que cette industrie qui

occupe plus de 10.000 ouvriers déjà,

a droit à un peu plus d'égards?

La France automobile du 19 janvier