14 - Le saviez-vous ?

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LE SAVIEZ-VOUS ?

UNE STATISTIQUE

Au moment où le deuxième Salon de l'Automobile vient de clore ses portes, il n'est peut-être pas sans intérêt de jeter un coup d'œil en arrière et de présenter à nos lecteurs une petite statistique des voitures exposées, au point de vue des records spéciaux qu'elles peuvent détenir.

Véhicule le plus lourd: «La Pauline", char à bancs à vapeur de Dion

6.000 kg.

Véhicule le plus léger: «Victoria Combination" de la Société Parisienne,

qui ne dépasse pas 1 00 kg.

Nombre de places: «La Pauline" 24, 1 place, la «Tri voiturette Phébus".

Véhicule le plus rapide «La Jamais Contente» de Jenatzy qui a atteint à Achères la vitesse de 106 km à l'heure. En dehors de cet engin un peu spécial c'est la voiture «Bolide" qui a fait du 62 à l'heure sur le même circuit.

La voiture vendue le plus cher au Salon a été celle de Girardot avec laquelle il a couru Paris-Bordeaux. Elle a été acheté 50.000 F. La voiture la moins chère est la voiturette Rouxel vendue 2.500 F.

Le véhicule le plus ancien, en dehors de la reproduction de la voiture de Cugnot (1170) était le tricycle anglais Pateman de 1881 et, comme voiture, la voiture à vapeur de Dion, modèle 1885.

(Marcel Viollette -«Le Vélo» du 11 juillet 1899)

SOYEZ PRUDENTS!

Chauffeurs, mes frères, à chaque fois que je descends en automobile une côte un peu rapide je ralentis et, mentalement, quand j'ai repris en palier l'allure honnête du 30 à l'heure, je me représente La Camarde désappointée se défilant derrière moi avec sa faux, le long de la ri gode qui borde la route, comme une mégère qui a manqué son coup avec moi et qui va tenter de le réussir avec un autre, plus brillant, moins froussard.

Car c'est évidemment le mot dont se servent à notre égard les snobs de la

nouvelle locomotion.

Pauvres snobs! Que n'écoutent-ils un peu les conseils de notre méfiance!

Va-t-on en automobile pour se tuer? Non! Alors pourquoi faire d'une voiture

à 4 routes un instrument de suicide? Un rasoir suffirait, et c'est moins

encombrant.

(Pierre Giffard -« Le Vélo" du 22 juillet 1899)

IL Y A TROMPE ET TROMPE

M. Loos, Juge de Paix, présidant le Tribunal de Simple Police de Douai, vient de rendre un jugement -le premier en date --concernant l'emploi des appareils avertisseurs par les automobilistes.

Deux de ces derniers, MM. Anache et Levé, poursuivis pour avoir fait fonc­tionner sur leur automobile des appereils musicaux dénommés «Testophones"

ont été condamnés chacun à 1 franc d'amende

Attendu, dit le jugement, que le décret du 1 0 mars 1899 stipule dans son article 15 que l'approche d'un véhicule automobile devra être signalé au moyen d'une trompe.; il faut entendre par trompe un instrument d'appel unique et uni-son, à anche à vent et à pavillon; attendu qu'une expertise serait inutile pour établir que cet instrument ne satisfaisait pas au vœu du décret du 1 0 mars 1899 qui dans son article 15 emplOi le mot «trompe" au singulier, entendant bien désigner un inslrument uni-son et non un appareil à effet musical, moins apte à révéler l'approche d'une automobile que la trompe commune à son grave que le règlement précité a certainement voulu désigner, à l'exclusion dû «testophone" objet de la contravention, inconnu en 1899 date du décret. "

Attendu qu'il n'y a pas à se méprendre sur le sens à attribuer au mot « trompe" dans l'article 15 du décret du 1 0 mars 1899 dont les dispositions doivent être entendues limitativement; .attendu qu'il n'y a pas lieu de prendre en considération l'intérêt plus ou mOins grand des fabricants du «testo­phone" que les prévenus paraissent défendre inçJirectement et qui seraient frappés par une jurisprudenç:e excluant' l'usage de leurs appareils avertis­seurs manifestement non conformes au déCret réglementaire.

(<< Le Matin» du 22 mars 1913)

«FAIRE» DE L'AUTO

Si l'on considère sans parti-pris une route nationale par un beau dimanche de printemps, on peut s'effarer de voir à la queue-leu-leu, une théorie aussi nombreuse de voitures, qui vont droit devant elles, conduites par des humains dont l'œil fixé implacablement sur la ligne droite et blanche de la route les amène rapidement à ce même résultat qu'une semblable ligne blanche amène le poulet, c'est-à-dire à l'abrutissement le plus complet.

C'est ce qu'on appelle faire de l'auto, comme faire son droit ou faire de la peinture.

Or, les gens qui font de l'auto n'osent pas l'avouer, car, si vous leur deman­dez ce qui les pousse à courir les uns derrière les autres, toujours sur la même route, chaque dimanche, ils vous répondront qu'ils admirent le paysage et que la cathédrale de Rouen ou celle de Chartres sont des buts de promenade épatants ...

Non, je crois que ce qui pousse les gens sur les routes, c'est le plaisir d'embêter son prochain, en lui cor­nant aux oreilles un coup de klaxon impérieux et de le dépasser en lui jetant dans le coin de l'orbite un regard moqueur ou légèrement mépri­sant. Car ce progrès mécanique, cet engrenage de roues qui projette le simple être humain à la vitesse de l'animal le plus rapide, du super-lièvre, lui rend son instinct primitif de l'homme des cavernes. L'homme le plus poli en engueule un autre comme un charre­tier pour avoir manqué de lui érafler son aile ou enverra presque de gaieté de cœur dans le fossé un cycliste qui

ne sera pas assez à droite ...

On a mis entre les mains de nos contemporains un jouet dangereux; la route nationale c'est l'enfer. Quelle joie de frôler un cycliste à le tuer! Quel orgueil de dépasser d'autres rivaux, l'œil fixé, comme si de rien n'était, alors que le pied s'impatiente sur l'accélérateur... Il est bien loin, le marquis de Montaignac, qui saluait, au passage, en course, le concurrent qu'il dépassait! Si vous souhaitez vous évader le dimanche... Aux portes de Paris, une banlieue interminable, puis le trafic s'accentue, Paris vous précède, Paris vous suit et vous entoure avec ses milliers de véhicules vrombrissants, car nous avons tous eu la même idée. Vous êtes environné de voitures: de­vant, derrière, sur les côtés, tout le

monde s'en va et reviendra aux mê­mes heures que vous. Chaque montée devient un excellent prétexte aux 5 CV poussives, cherchant à se dou­bler pour créer un embouteillage réussi où l'impatience des nerveux et des superbes atteint au paroxysme. Les «Superbes» ont des Bugatti, des Cadillac douze cylindres, des Hispano monoplace, des Chrysler. Les « Nerveux» ont des Ford, des Terra­plane. Les sportifs techniciens, des Delahaye très étudiées, les «pru­dents» des Hotchkiss; les «nobles» des Voisin, les «bourgeois" des Renault, des Citroën ou des Peugeot. Les femmes crâneuses ont des Lancia. Les «terribles» ont des voitures d'oc­casion, rafistoiées, bosselées, caho­tantes et têtues comme de vieux ânes. Toute cette ferraille s'agite, pétarade,

halète sur la grande route...

(Extraits de la revue «Adam»

1936 et 1937 -Jean Oberlé).

FAIT-DIVERS

Hydroplaniste de la première heure, puis aviateur, le Comte de Lambert (1) qui, on se le rappelle, vint le premier en 1909 évoluer au-dessus de Paris, virant autour de la Tour Eiffel, est devenu maintenant hydroaviateur. Il effectue de fréquents essais au­dessus de la Seine, entre Billancourt et Triel où son appareil est garé géné­ralement. Hier matin, il avait l'intention, partant de l'île Seguin près de laquelle son hydraVion avait passé la nuit, de se rendre à son garage habituel. Il s'éleva très facilement, vers 7 heures et demie, et remonta la Seine, il pensait pouvoir virer près du viaduc d'Auteuil. Mais le vent étant violent, le Comte de Lambert abaisse son appareil pour se poser sur l'eau près de l'octroi et passer entre deux arches du viaduc. Un vapeur remorquant plusieurs péni­ches l'obligea de modifier son itiné­raire. Pour éviter une rencontre et passer au-dessus du viaduc, il redressa son hydravion. Mais hélas, la queue de l'appareil se mit dans les fils télé­graphiques et l'oiseau et l'aviateur tombèrent sur le pont. De toutes parts on se précipita au secours du Comte de Lambert. Fort heureusement le centre de l'appareil n'avait pas souffert et l'aviateur pût sortir sain et sauf de son siège.

(<< Le Matin", 16 février 1913).

LA PREMIERE O.S. (?)

La voiture La D.S., torpédo 2 places,

pneus Michelin, moteur de 6 HP, car­

dan, 3 vitesses, train baladeur, n'est

vendue que 2.975 francs, payable en

12 mois.

Ecrivez à M. Deschamps, Agent géné­

rai, 5 ter, rue Chalgrin, Paris.

e« Le Petit Journal", 24 fév. 1913).

(1) En 1913 le Comte de Lambert était le principal propriétaire de l'ile Seguin (voir la carte page 20 du bulletin no 1). .