04 - Gaudissart nouveau jeu

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Texte brut à usage technique. Utiliser de préférence l'article original illustré de la revue ci-dessus.

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GAUDISSART NOUVEAU JEU

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Nos confrères spéciaux quotidiens ont relaté au jour le jour les étapes suc­cessives de l'intéressant voyage que viennent d'accomplir, autour de la France, deux commis voyageurs d'un nouveau genre, MM. Oury et Schrader. Il ne s'agissait de rien moins que d'ef­fectuer en voiture automobile une tour­née commerciale des plus étendues. A première vue, cela paraît fort simple et l'on ne voit même pas en quoi consiste l'innovation. Cependant c'en est une, c'est une révolution dans le sens de l'automobile, bienfait social, tout comme sa devancière la bicyclette.

Il ne s'agit pas, en effet, de se rendre tout simplement à tel ou tel endroit en automobile et d'en revenir ensuite de même. Faire cela n'a rien aujourd'hui que de fort banal, que le but soit le plaisir ou les affaires.

Ce que les deux amis, associes dans une entreprise commerciale, avaient décidé de faire, c'était de parcourir toutes les régions de France d'une façon détaillée, visitant les plus petits bourgs, s'il le fallait, parcourant les plus petites routes s'il était nécessaire, et cela sans avoir recours à d'autre moyens de locomotion que leur .voitu­rette, pour eux comme pour leurs bagages. Et ce qu'il y avait d'original dans leur nouvelle conception de voyager, c'est que plus n'était besoin pour eux d'emporter des caisses d'échantillons, de traîner derrière eux d'encombrants impedimenta. Ils pou­vaient répéter comme Bias : «Omnia mecum porto. Je viens vous offrir une voiture, pouvaient-ils dire à leurs clients, la voilà, c'est celle avec laquelle nous venons de Paris par la route, les pneus que nous conseillons, ce sont ceux avec lesquels nous avons fait le voyage, le moteur, c'est celui qui actionne notre véhicule, les piles, ce sont celles qui donnent la vie à notre moteur, le carburateur, les bougies, les lanternes, vous pouvez en juger à l'usage, et non par de vagues échan­tillons soigneusement enveloppés et vite remis dans leur enveloppe sans que vous ayez pu en apprécier la valeur. Il n'est pas jusqu'à nos vête­ments de chauffeurs pour lesquels nous ne puissions vous prendre des commandes". On juge de l'originalité et de l'intérêt d'une telle présentation, aussi le voyage de nos amis Oury et Schrader a-t-il été couronné de succès.

Partis le 18 avril, ils se sont dirigés sur Nantes, par Orléans, Blois, Tours, Saumur, Angers. De là, par Cholet, Niort, Saintes, Angoulême, ils ont gagné Bordeaux; la grande route du sud-­ouest, par Agen, Montauban, Toulouse, Carcassonne, les a menés jusqu'à la Méditerranée dont ils ont longé le litto­ral jusqu'à Toulouse. Remontant ensuite droit vers le nord, ils ont successive­ment traversé Aix, Avignon, Montéli­mar, Valence, Saint-Étienne, dont ils ont gardé les meilleurs souvenirs. Lyon, Mâcon, Dijon, Châlons-sur-Marne, Reims, d'où ils sont revenus sur Paris par Épernay et Château-Thierry; au total, une randonnée de 5 000 kilo­mètres par les pays les plus divers et les routes les plus accidentées.

Nous publions ci-contre une photo­graphie des deux voyageurs à leur arrivée à Paris. Ils ont bien voulu nous donner sur leur voyage quelques détails techniques qui peuvent intéresser nos

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lecteurs: «Tout d'abord, nous ont-ils dit, dites bien à vos lecteurs, qu'ont peut faire un voyage en voiturette sans danger ni inconvénient aucun, pourvu qu'on soit bien monté. La voiturette Renault que nous avions choisie tout exprès entre cent, présente des conditions de solidité à toute épreuve, en sorte que, quels que soient les nombreux efforts auxquels nous l'avons soumis, le châs­sis n'a pas bougé, et c'est là l'im­portant. A quoi bon avoir un moteur puissant, si sous ses efforts répétés, le châssis cède ou si les vibrations absorbent la moitié du travail produit.

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L'itinéraire d\l. toal' de FrAnce, dé' MM. Ou.". et Schra4e...

«Le moteur Aster que nous avions adopté après de multiples essais, nous a donné également toute satisfaction. C'est un moteur de trois chevaux 75-90 à refroidissement par eau qui ne nous a jamais laissés en panne. Vous pensez bien que sur tout le parcours nous avons dû nous livrer à de nom­breuses expériences pour satisfaire nos clients. Nous en sommes toujours sortis à notre honneur. Outre les côtes nombreuses du parcours, nous avons gravi entre autres pentes d'expérien­ces, la rue du Dix-Avril à Toulouse, et la côte de Pechabou, bien connues de tous les chauffeurs Toulousains. A Carcassonne nous avons fait la mon­tée de la vieille cité par la porte d'Aude; à Marseille nous avons monté le boulevard de Rome, à Lyon la côte de Castellane, etc. Toutes ces épreuves ont été faites devant de nombreux témoins et toujours avec quatre per­sonnes dans la voiture.

« Nous nous sommes très bien trouvés du système refroidisseur que nous avions adopté et qui supprime la pompe, la circulation de l'eau étant assurée par un thermosiphon. Contrai­rement aux craintes que quelques per­sonnes nous avaient fait concevoir, nous n'avons jamais eu aucun ennui de ce côté et nous avons fait fréquem­ment 100 à 130 kilomètres sans avoir besoin de renouveler l'eau; notre dépense a été de 7 à 8 litres par 100 kilomètres. L'allumage électrique était opéré par les piles Étoile, de la Société Le Carbone, dont une seule batterie nous a suffi pour tout le par­cours. Quant au carburateur, notre choix s'était arrêté sur le carburateur pulvérisateur Longuemare; nous n'avons eu qu'à nous en féliciter, car le fonctionnement en a été absolument parfait. Nous n'avons jamais, vous entendez bien, jamais, raté un départ et pas besoin de quinze tours de mani­velle, un simple tour, moins encore, quelques oscillations pour amener l'aspiration et voici le moteur en route. D'ailleurs, pour ceux de vos lecteurs qui voudraient constater par eux­mêmes l'état de notre voiturette après ce dur voyage, elle est en ce moment à la classe 30 à l'Exposition, où ils peuvent la visiter sur toutes ses coutures.

«En somme, ont-ils ajouté, nous som­mes enchantés de notre voyage, nous avons rencontré partout un accueil très spécial, à raison de notre présentation particulière, aussi nous ne saurions trop engager les voyageurs de com­merce à utiliser la voiturette automo­bile pour leurs tournées commerciales, ils trouveront les mêmes dépenses environ, mais par contre, une grande économie de temps, étant donné qu'il est possible de partir à toute heure, et que l'on n'est plus astreint à attendre des heures et des heures, dans quel­que trou obscur, une correspondance qui ne vient pas ou une diligence dont les chevaux ne marchent plus. Les commis voyageurs chauffeurs, voilà le Gaudissart nouveau jeu ".

Charles TAMPIER

(Extrait de «La vie au grand air»

2" semestre 1900 -photo Bibl. nat.).

L'AUTOMOBILE PLONGEUR

Singulière aventuré, ou pour mieux dire mésaventure, que celle qui survint le 2 octobre dernier, à un colon tunisien

M. Touze.

M. Touze suivait en automobile le quai de Billancourt quand soudain il sentit à l'arrière de sa voiture un choc qui le conduisit tout de go avec son véhicule dans la Seine.

C'était un autre chauffeur, mécanicien au service de nos grands construc­teurs, qui, allant à vive allure pour, essayer un nouveau type, l'avait heurté et avait été la cause première du malheur.

Sorti, ainsi que son auto, du sein des flots où il n'avait d'ailleurs fait qu'un court séjour, M. Touze d'assigner le coupable en 80000 francs de dom­mages-intérêts. Il vient d'en obtenir seulement 3000, ce qui est peu, mais ce qui s'explique par ce fait qu'à la suite du choc, le colon tunisien avait un peu perdu la tête, abandonnant le volant et n'arrêtant pas sa voiture qui, livrée à elle-même, avait pris ainsi la clef... des flots, circonstance dont le tribunal a cru devoir tenir compte dans une certaine mesure.

(La Vie automobile -18 août 1906)