07 - Peintres et artistes de la Belle Boucle (4)

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Peintres et artistes de la Belle Boucle (4)

(32) Paul-Marie de la Gorce. L'Après-CueTTe, Grasset, 1978. page 366_

LEBOURG (Albert-Charles)

Montfort-sur-Risle, 1er février 1849 -Rouen, 7 janvier 1928.

Peintre de paysages.

Lebourg est le grand peintre de notre région, qui travailla en cette fin du XIXe

siècle et au début du XXe siècle. Il s'était destiné à l'architecture, puis s'orienta vers la peinture et le dessin. Il s'embarque pour l'Algérie en octobre 1872 et en revient en 1877. Des voyages en Auvergne ... , mais dès 1888, "il s'installe à Puteaux d'où il rayonne vers Sèvres, Saint·Cloud, le Bas-Meudon, Bougival et Saint-Germain" (120). Jusqu'en 1895, il passe son temps entre l'Ile-de-France, Paris, la banlieue et la Normandie.

Nous le retrouvons aussi en Angleterre, en Hollande, en Suisse, en Belgique, à Paris, en 1899 et en 1905-1906. On voyait Lebourg assis sur son pliant, protégé du soleil par son parasol jaune, bien installé, non gèné par les passants, à toute heure, en toutes saisons. Cet homme, sa belle tête avec sa longue barbe, cette face heureuse, était animé par le besoin de rendre l'effet. Ce fut pendant des années, de 1886 à 1900, qu'il vint et revint sur ce site, cherchant à reproduire sur sa toile les vapeurs colorées s'élevant au-dessus des eaux de la Seine, les effluves de lumière distribués heureusement sur les arbres et les nuées, au­dessus de l'île Seguin et des deux pontons de Sèvres.

Lebourg reviendra à la fin de sa vie ardente, si remplie, revoir et repeindre son paysage si aimé. En 1892, et encore en 1907, il répétait: "Les environs de Paris, c'est encore ce qu'il y a de plus beau."

Étonnant catalogue (121) de ses œuvres (plus de deux mille 1), comprenant au moins cinquante tableaux qui évoquent l'île Seguin et ses abords, le pont de Sèvres, le pont des Peupliers, les coteaux de Bellevue et de Saint-Cloud, les bords de Seine, les pontons des bateaux-mouches: soleil levant, temps bru­meux, fin d'automne, soleil couchant, soir d'orage. Sans compter des vues non précisées sur la Seine aux environs de Paris, dont il est possible qu'elles aient été peintes dans notre région ...

Nous ne donnerons pas la liste de ses peintures et dessins sur le Bas-Meudon ou sur Billancourt. Mais à l'aide du catalogue de Bénédite (et sa numérotation), nous nous bornerons -choix arbitraire -à citer treize peintures et un dessin, relatifs à Sèvres :

A -Peintures :

866 -Le pont de Sèvres, après-midi d'automne. Signé à droite; 65 x 100 cm. 919 -Les coteaux de Sèvres et de Saint-Cloud, vus des Moulineaux, par une journée brumeuse. Signé à gauche; 46 x 76 cm. Vente du 3 février 1919, nO 71.

350

920 -Les coteaux de Sèvres et de Saint-Cloud, vus des Moulineaux, soleil

levant par temps brumeux. Signé. à gauche; 46 X 76 cm.

977 -Vue panoramique de la Seine prise des hauteurs de Meudon. Signé à

droite; 47x73 cm.

988 -Vue de la vallée de la Seine prise des hauteurs de Bellevue, temps

couvert. Signé à droite; 46 X 73 cm.

998 -La Seine et les coteaux de Sèvres, soir d'orage. Signé à droite; 40 X 73 cm.

1012 -Les bords de la Seine à Sèvres. Signé à gauche; 40 X 73 cm.

1059 -Le pont de Sèvres, le soir. Signé à droite; 40 X 65 cm.

1093 -Les coteaux de Sèvres, vus du Bas-Meudon, fin de jour. Signé à gauche;

35x65 cm.

1134 . Le pont de Sèvres et les coteaux de Bougival. Signé à droite; 38 X 61 cm.

(Faut-il voir plutôt les coteaux de Saint-Cloud ?)

1149 -Les bords de la Seine, à Sèvres, en été. Signé à gauche et daté: "Sèvres,

1886" ; 31 X 58 cm.

1170 -Le vieux pont de Sèvres. Signé à gauche et daté: "1877" ; 31 X 47 cm.

2115 -Le pont de Sèvres. A gauche et au premier plan, une route; un lavoir

est amarré le long de la berge sur laquelle du linge étendu sèche. Ciel nuageux.

Signé à gauche; 40 X 73 cm.

B -Dessin:

2011 . Le ponton du pont de Sèvres. Fusain, signé à droite; 45 X 63 cm.

Exposition Lebourg, 1918, nO 260 (ce dessin appartenait alors à M. Fossey).

En outre, des ventes aux enchères font connaître parfois des tableaux non

répertoriés ou précisent dimensions et prix. Ainsi : Le pont de Sèvres, vente de 1891, 210 F, Le Bas-Meudon, l'hiver, vente de 1897, 46 X 73 cm, 1 620 F, Le pont de Sèvres, vente du 27 avril 1900, 40 X 73 cm, 880 F, Le Bas-Meudon, vente du 3 février 1919, 4000 F, Le pont de Sèvres, vente du 4 février 1919, 9 050 F, Les bords de la Seine au Bas-Meudon, vente du 19 juin 1934, 4 150 F, Bas-Meudon, bord de Seine, vente du 12 décembre 1936, 5000 F, Bords de la Seine à Billancourt, vente du 18 mai 1942, 40 000 F, La Seine à l'île Seguin, même vente, 35 000 F, Billancourt, vente du 6 juin 1947, 65 000 F (122),

(120) Notice par J.-J. Guilloux. dans Bénézit. op. cil.

(121) Bénédite, Alberl Lebourg, Paris, 1923.

(122) Bénézit. op. cil., tome V, p. 509.

-Le pont de Sèvres, toile, 39 X 73 cm, signée en bas et à gauche. Vente à l'Hôtel Drouot, 31 mars 1965, commissaire-priseur: A. Leniée,

-Bord de Seine en aval de Paris (Sèvres), toile, 40 X 73 cm, signée en bas et à gauche, 1887, ancienne collection Hanin. Vente à Versailles, 8 juin 1969, commissaire-priseur: Paul Martin,

-La Seine au Bas-Meudon, toile, 46 X 75 cm, signée en bas et à droite. Vente à l'Hôtel Drouot, 2 juin 1982, ministère de Me Hubert Le Blanc, 32 avenue de l'Opéra.

Enfin Lebourg est représenté dans les musées de Mulhouse, Rouen, Bucarest et au Louvre (Route du bord de la Seine), ainsi qu'au chàteau de Sceaux, avec La Seine au Bas-Meudon, de 1893, et au musée de Boulogne-Billancourt, avec Au pont de Sèvres.

LEBOURG (Albert-Marie)

Le château de Sceaux possède une Vue de la Seine au Bas-Meudon, 38 X 61 cm.

L'inventaire indique que l'auteur est Albert-Marie Lebourg : peut-être est-ce Vue de l'île Seguin en hiver, aquarelle de Ch.-Et. Leguay (1830) -Collec­

Albert-Charles, précédemment cité? .tion particulière. Photographie P_ M_

LE FÈVRE (Édouard)

1842-1923.

Peintre et aquafortiste.

Cet artiste a fait de nombreux dessins et aquarelles, entre 1875 et 1910, conser­

vés au Cabinet des Estampes (123). On y trouve Boulogne-sur-Seine, 1900; Bil­

lancourt, 1902; Billancourt, vu des bords de la Seine, s. d., ainsi que Bois de

Boulogne, Suresnes, etc.

LEGU A y (Charles-Étienne)

Sèvres, 25 avril 1762 -Paris, 1er septembre 1846. Peintre et aquarelliste.

Après avoir étudié le dessin à la Manufacture de porcelaine de sa ville natale, il vint continuer son instruction à l'Ecole de l'Académie royale. Il fut peintre à la Manufacture de Sèvres et y traita des sujets dans le genre de Boucher et de Van Loo. Bien qu'il ait surtout peint des porcelaines, il a aussi fait des fixés sur verre. Il exposa au Salon, de 1795 à 1819.

La Seine au Bas-Meudon, peinture d'Albert Lebourg (1893) -Musée de Sceaux. Photographie Giraudon.

Les miniatures de Leguay sont remarquables par leur fini lisse et pur, comme on peut le voir par le portrait de Made-Victoire jaquotot, sa seconde femme (124). L'une des aquarelles de Leguay est une Vue de l'île Seguin, en hiver. Elle est signée et datée à l'encre: "E.C. Le Guay, 1830", 32 X 46,6 cm. Elle a été mise en vente à Monte-Carlo, le 11 février 1979 (125). Le motif est saisissant: la Seine est en pleine débâcle et la glace menace les abords du pont de Sèvres (qu'on ne voit pas). La pointe de l'île montre la maison habituelle (propriété de Seguin) et le soubassement de l'ancien pont. Sur la rive gauche, la verrerie du Bas-Meudon (usines Renault actuelles, 45 route de Vaugirard) lance ses volutes noires de fumée. Billancourt est déjà construit. Mais surtout de nombreux

(123) De 404, folio.

(124) Sur ce portrait, cf Arts, nO 590, 24-30 octobre 1956, p. 10. Sur Mme jaquotot, cf Archives de l'Art français, tome VI, 1890, p. 288; tome VII, 1913, p. 509·517.

(125) Vente aux enchères publiques au Sporting d'hiver, Monte·Carlo, 11 février 1979, catalogue, Sotheby Parke Besnet Monaco S.A., p. 46, nO 103 (avec reproduction p.92).

ouvriers, en barque ou sur le rivage, cassent la glace avec des piques ou la repoussent à l'aide de longues perches. D'autres transportent des madriers ...

LEHMANN (F.) : cf. ROUSSEAU (Théodore)

LEHMANN (Karl-Ernest-Salem-Rodolphe-Heinrich)

Kiel, 14 avril 1814 . Paris, 30 mars 1882.

Peintre.

Se fit naturaliser français. Membre de l'Institut. Sa vente eut lieu en 1883.

Un Henri Lehmann (est·ce bien celui cité ?) avait épousé une demoiselle Casa· davant et cette raison l'incita à dessiner au crayon un Portrait posthume de J.·B.·AdoIPhe Casadavant, qui dirigea la verrerie du Bas·Meudon, de 1840 à 1854. Ce portrait n'est pas signé et il fut exécuté en novembre 1873 (126). Il

appartient aujourd'hui au musée de Meudon (127).

LEJEUNE

Une peinture, L'île Seguin et le Bas-Meudon, en 1891, par un sieur Lejeune, a été exposée en 1937 (128). Elle appartenait alors à Mme Tarry-Lajeat, elle· même artiste peintre. Nous ignorons ce que ce tableau est devenu. Mme Tarry­Lajeat (Suzanne) était peintre de natures mortes, de fleurs et décoratrice; elle naquit à Paris le 9 mai 1892.

LEMAÎTRE

Les Lemaître sont fort nombreux 1 Nous signalons ici une estampe, Vue de Saint· Cloud prise à Sèvres (129), "Dessiné et Gravé par Lemaitre", "A Paris, chez Gautier, Md d'Estampes, rue du Coq S. Honoré, nO 2". L'intérêt réside dans le fait qu'on voit les deux ponts de Sèvres, entre l'Ile Seguin et la rive de Sèvres. Le tout est au milieu d'une verdure abondante; sur la Seine, une bar· que et deux pêcheurs; au premier plan, sur le chemin de la rive gauche, une femme et un homme, bras dessus bras dessous, se retournent vers l'auteur de l'estampe.

La Bibliothèque nationale, qui conserve aussi cette estampe, a également une pièce sur Meudon, d'un nommé Lemaitre, de 1819 (130).

LEPÈRE (Auguste-Louis)

Paris, 30 novembre 1849 -Domme, 20 novembre 1918.

Peintre, graveur au burin et sur bois.

Débute au Salon en 1870. Graveur au burin d'un talent indiscutable, il est un

de ceux grâce auxquels la gravure cesse d'être exclusivement un procédé de

reproduction et redevient un moyen d'expression artistique. Il est aussi un des

rares artistes modernes ayant fait de la gravure sur bois originale, notamment

des scènes de Paris et de sa banlieue.

Son œuvre gravé a été publié par Lotz-Brissonneau et Léon Bénédite a écrit

dans l'introduction :

"Lepère est devenu le plus extraordinaire graveur sur bois; les virtuosités les

plus subtiles du métier n'ont plus de secrets pour sa main alerte, vive, nerveuse,

qui se joue de toutes les difficultés, qui rivalise avec tous les autres modes

d'expression de l'estampe et qui défie jusqu'à la peinture" (131).

Nous trouvons ainsi, parmi ses eaux-fortes:

-L'hiver, 1892, 69 X98 mm. Sur les bords de la Seine, qui est â droite, en

aval du Point-du-Jour formant le dernier plan, un chiffonnier, vu â mi-corps,

un sac sur l'épaule, est tourné vers la droite. Sur le fleuve, des bateaux; à gau·

che, au second plan, un monticule planté d'arbres. Il neige;

-Route de Billancourt, 1894, 169 X253 mm. La route, plantée d'une double rangée d'arbres agités par le vent, occupe la gauche de la composition et borde en contre-haut la berge de la Seine; des gens échelonnés sont assis ou debout sur la rive et deux d'entre eux se découpent sur l'eau. Au premier plan, à gauche, une jeune femme en cheveux et, plus loin, un homme descendent le talus en courant vers le fleuve. A droite, les arbres de l'Ile de Billancourt se penchent sur l'eau qui les reflète. Au fond se silhouette, à peine indiqué, le via­duc du Point-du-Jour. Pas de signature gravée;

-Dîner à Bellevue, 1894, 95 X 195 mm. Au premier plan, sur une butte qui domine la vallée de la Seine, un couple est installé devant une table servie; la Un coin de l'île de Billancourt (1886), dessin d'Auguste Lepère gravé par Florian (musée de Boulogne-Billancourt).

femme regarde à droite, adossée sur sa chaise, les pieds posés sur un autre siège qui se trouve en face d'elle. Derrière les dîneurs, une tonnelle. Pas de signature gravée. Tirage à 35 épreuves, croquis d'après nature sur zinc;

-A Saint-Cloud, 1895, 173 X 160 mm. Devant le bassin de la grande cascade ...

-Le passeur: bords de la Seine près le Point-duJour, 1899, 120 X 230 mm ;

Ajoutons à cette liste La guinguette, route de Billancourt, non indiquée par Lotz-Brissonneau. Parmi les bois, signalons:

-Station des bateaux-mouches, 1896, 129 X 160 mm. Paru dans la "Revue illustrée". Pêcheurs, ponton, bateaux au repos. Au loin, les coteaux de Meudon;

-Le Point-duJour, 1890.

Quant Au coq des bruyères, restaurant à Bellevue, 310 X456 mm, si la gravure est de Lepère, la composition (et le dessin) sont de Vierge et nous y reviendrons avec cet artiste.

(126) Expositions de 1937 (na 102) et de 1941, Meudon en 1841, catalogue, p. 7.

(127) Don de Mlles Casadavant : Bull. Soc. Amis de Meudon, na 6, janvier 1938, p. 120.

(128) Exposition de 1937, nO 192.

(129) Reproduit par Mlle Alexandre, dans notre Bulletin, na 4, juin 1972, p. 144. La partie gauche du cliché est malheureusement coupée.

(130) Topographie de la France, Saint·Cloud, na 21084. cf. aussi Meudon, nOS 18361· 18506.

(131) Lotz·Brissonneau (A.), L'œuvre gravé d'Auguste Lepère, p. XXI.

Les illustrations de Lepère sont nombreuses: ainsi, La Seine au Point-du-Jour (gravure sur bois et à l'eau-forte), dans "Paysages parisiens", 1892, page 51, d'Emile Goudeau_ Ou encore Saint-Cloud et Retour en bateau-mouche, dans "Les Dimanches parisiens", 1898, de Louis Morin_

Lepère devint aussi "fournisseur" de différentes revues : dans la "Revue illus­trée" de 1886, on trouve plusieurs Point-du-Jour, Un coin de l'île de Billan­court et Bateau-logement du passeur de Billancourt, ces deux derniers gravés par Florian (132)_

De même dans "Le Monde illustré" du 6 janvier 1883 -c'est-à-dire après la

mort de Gambetta -, Lepère fait paraître Les jardies à Ville-d'Avray. Ces deux revues, analysées par Lotz-Brissonneau, ne sont pas les seules. En dépouillant "L'Illustration", nous avons retrouvé La ligne (de chemin de fer du Bas-Meudon) vue de Bellevue, ainsi que la Manufacture de Sèvres (133). Dans le premier de ces dessins, on voit l'escalier dit de la Verrerie, qui franchit la ligne de chemin de fer, laquelle serpente le long de la Seine; le fleuve, l'île Seguin, les coteaux de Saint-Cloud sont très clairement esquissés.

Le musée de Boulogne-Billancourt conserve un important dossier de gravures sur bois de Lepère, dont Un coin de l'île de Billancourt (1886), Bateau­logement sur la Seine, etc.

LÉPINE (Stanislas-Victor-Édouard)

Caen, 3 octobre 1835 -Paris, 28 septembre 1892.

Paysagiste.

Élève de Corot, Lépine fut un de ceux qui préparèrent la voie aux impression­

nistes. Il sut regarderJongkind et en a parfaitement pénétré les recettes secrètes

pour traduire la profondeur des ciels ou la limpidité de l'onde. Car c'est un

peintre des paysages de la Seine, traités dans une manière où la gamme des gris

domine. On voit notre artiste à Paris, Bercy, Ivry, Charenton, Saint-Ouen, La

Garenne-Saint-Denis, Conflans.

Dans la reproduction des berges de la Seine, il a su rendre toute la vie mouve­

mentée, mais aussi toute la poésie des lieux_ Ce "contemplatif délicat" -nous

disait le docteur Bezançon -a évoqué :

La Sez'ne à Billancourt, 20 X 56 cm, vente du 21 janvier 1898 (480 F), Pont de Sèvres: vue prise du viaduc de Meudon, à la hauteur des Mouli­

neaux, 22,5 X 33 cm, vente de 1899 (660 F), Vue de la Seine au Bas-Meudon, vente du 27 avril 1899 (300 F), Le pont de Sèvres, 50x89 cm, vente de mars 1900 (7700 F), Le pont de Sèvres, 24 X 38 cm, signé en bas et à droite: "Sèvres, S. L "

vente du 30 mars 1944,

-La Seine à Saint-Cloud, vente du 4 mai 1944 (950 dollars),

-La Seine au Bas-Meudon, huile sur toile, 19 X 42 cm, vente du 16 décembre

1981.

Le musée de Reims conserve de Lépine Les hauteurs de Meudon, dont une

reproduction existe au musée de Meudon.

LEREBOURS: cf DAUBIGNY (Charles-François)

LETEURTRÉ (F.)

Cet artiste a fait notamment une aquarelle, vers 1888, sur la Tranchée du

chemin de fer rive gauche, vue de Meudon dans la direction de Bellevue ;

exposée en 1937, elle appartenait alors à M. A. Le Corbeiller (134). Peu

connu, nous savons par ailleurs que Leteurtré est un aquarelliste des XIXe­

XXe siècles. Il a exécuté Pont des Saints-Pères et Gien.

Or nous possédons une rarissime eau-forte, intitulée Souvenir de l'île Seguin,

Billancourt et signée "Leteurtre". Il s'agit très probablement du même artiste.

Ce document (20,8X31,4 cm), non daté, est des dernières années du

XIXe siècle. A droite, un bouquet d'arbres sur un talus, avec, en contrebas, la

Seine et trois barques amarrées sur la rive. Sur le fleuve, un bateau à vapeur

fumant haut. De l'autre côté, les bords du fleuve et quelques maisonnettes. Il

est difficile de dire où est l'île Seguin ...

LEWIS (F.-C.) : cf GIRTIN (Thomas) LIX (F.) : cf DAUDENARDE

LOGAN (Rob.-Fulton)

Né dans l'Etat de Manitoba (Canada), le 25 mars 1889.

Peintre et aquafortiste (école américaine)_

Naturalisé américain en 1918. De nombreux musées (Art moderne, British

Museum, Metropolitan Museum, Chicago Art Institute, Detroit et Brooklyn)

conservent ses oeuvres. Artiste du XXe siècle, ayant vécu à Paris, on connaît de

lui une eau-forte: Les usines Renault, vues des hauteurs de Bellevue (135),

ainsi qu'une peinture: La Seine au Bas-Meudon (136), exécutée en 1924.

LOIR (Luigi) ou ALOYS (François-Joseph)

COritz (Autriche), 22 décembre 1845 -Paris, 9 février 1916.

Paysagiste et peintre de genre, aquarelliste et lithographe.

Né de parents français, Loir entra à l'Ecole des beaux-arts de Parme en 1853.

Vint à Paris en 1863 et débuta au Salon de Paris en 1865. Participe au combat

du Bourget en 1870, puis se consacre presque exclusivement à la peinture des

vues de Paris, à laquelle il doit le meilleur de sa réputation. Il fut par excel­

lence le peintre de la capitale, dont il a saisi et interprété les aspects à toutes les

heures du jour.

On peut lui reprocher un excès de procédé, mais on ne saurait lui dénier des

qualités très précieuses d'observation. Ce fut un lithographe de talent. Le

musée de Nice conserve de lui Le quai National à Puteaux; les villes du Puy et

de Rouen ont aussi des Vues de la Seine. A une vente de juin 1903, on a relevé

des Bords de Seine.

La Bibliothèque nationale, comme le musée de Boulogne-Billancourt, conser­

vent Billancourt, exécuté par Loir en 1878, gravé par L. Rousseau: paysage

un peu triste (de gros nuages noirs courent dans le ciel), le quai de Billancourt

est bordé de grands arbres; sur la Seine, une péniche amarrée. A gauche, sur

l'autre rive, l'île Seguin; au loin, les collines de Saint-Cloud (137).

Billancourt, dessin de Loir Luigi (1878) -Gravé par L. Rousseau -Musée de Boulogne-Billancourt et Bibliothèque nationale. Estampes_

(132) Probablement l'un des deux frères Florian, de nationalité suisse et graveurs sur bois:

Frédéric, de son vrai nom Rognon (né à Gorgier, près de Neuchâtel, 20 février

1858), à l'interprétation très intéressante et qui a fait beaucoup d'illustrations pOUT

ouvrages de bibliophiles; Ernest (Chez-le-Bart, 5 décembre 1863 -Paris, 20 mars 1914), élève de son frère.

(133) N° du 20 avril 1889, p. 321.

(134) Exposition de 1937, nO 156.

(135) Exposition de 1936, nO 361.

(136) Exposition de 1937, nO 261.

(137) Bibl. nat., estampes, Topographie de la France, Boulogne-Billancourt, nO 17427, et

musée de Boulogne·Billancourt.

LORMAIN

Nous ignorons totalement la biographie de ce peintre. Le musée municipal de Sèvres (numéro 637) conservait ~utrefois une aquarelle de cet artiste: L'île Seguin et le pont de Sèvres, vus du chemin de halage du Bas-Meudon. C'était un don de M. Gastineau.

LUCE (Maximilien)

Né et mort à Paris, 13 mars 1858 -6 février 1941.

Peintre, dessinateur et graveur. Graveur, il se forma lui-même par l'étude de la nature. C'est l'un des fonda­teurs de l'École des néo-impressionnistes. Il s'attacha à partager les soucis et les peines du peuple et nombre de ses oeuvres montrent des terrassiers, débardeurs ou maçons. Camille Pissarro l'avait aidé de ses conseils: dans la vente de ce dernier artiste, on trouve un panneau signé Luce (21 X 33 cm) représentant

Parizelle à la pêche au Bas-Meudon (138).

On a pu écrire que Luce s'était épris du Bas-Meudon et qu'il y avait couru le motif avec l'allégresse d'un vieux rapin (139). En novembre 1899 s'ouvre, à la galerie Durand-Rue!, une exposition: Luce y présente plus de trente peintures, dont des paysages du Bas-Meudon avec l'île Seguin et les restaurants où, l'été venu, les amoureux s'isolent. En 1902, il fait un Viaduc d'Auteuil et un Petü bras de la Seine. En novembre 1910, Luce fait une démonstration complète chez Bernheim-Jeune, avec des gravures sur bois, eaux-fortes et peintures, où l'on retrouve les bords de Seine: Point-du-Jour, pont Mirabeau, Issy, Meudon.

Luce peint l'effort ouvrier, tout le prolétariat peinant dur, mais aussi les bords de Seine animés de barques, de chalands, de remorqueurs, de canotiers, de pêcheurs à la ligne, les baignades, de la banlieue proche à la plus lointaine.

Tabarant, dans sa biographie de Luce, le décrit ainsi:

"Tel il est: agressif, hargneux, hérissé, rêche,

Mais sous la rude écorce est une sève fraîche.

Il voue à la nature un amour filial.

L'âme du vieux Corot de la sienne est voisine,

Et c'est un ciel de paix qu'il étend sur l'usine

Où peinent les damnés de l'enfer social."

Parmi les oeuvres de Luce, nous trouvons La neige à Boulogne (signé et daté, en bas à droite: Luce, 1905), La Seine àJavel, La Seine à Issy-les-Moulineaux (140). Mais l'exposition sur Luce, qui s'est tenue au musée Marmottan en février-avril 1983, a présenté Inondations à Sèvres, 1910, huile sur toile (50 X 65 cm) : il y a là une erreur, car il est impossible de reconnaitre dans ce paysage nos bords de Seine (141).

Sur Luce, cf. aussi Pierdon (François).

MACHARD (Pierre)

Le musée de Boulogne-Billancourt conserve de cet artiste La Seine et le pont de Sèvres (1908). Le paysage est pris par temps de neige, de la rive droite de Boulogne, en aval du pont.

MARBEAU (Édouard)

Vue du pont de Sèvres prise de Bellevue est une photographie exposée en 1937 et offerte par Édouard Marbeau au musée de Meudon (142).

MARIE

Le Monde illustré, numéro 709, 12 novembre 1870, page 305, publie un dessin de Marie, sur l'Entrevue de M. Thz"ers et de M. Jules Favre, décz"dant de la rup­ture des négociations relatives à l'armistice.

Cette entrevue célèbre eut lieu le samedi 5 novembre 1870, en plein siège de Paris: Thiers, qui venait de Versailles et en accord avec les Prussiens, entama des négociations avec le gouvernement français, en vue d'un armistice entre la France et la Prusse. La gravure de Marie est criante de vérité: chaque détail est confirmé par les nombreux documents d'archives que nous connaissons. On y reconnait Thiers, J. Favre (ministre des Affaires étrangères) et, un peu à l'écart, le général Ducrot. Sur le pont de Sèvres, près de son arche coupée, des soldats tiennent le drapeau blanc des parlementaires pour le cessez-le-feu entre les deux rives. Au milieu de la Seine, une barque se tient prête à ramener sur la rive gauche Thiers. On sait que ces négociations n'eurent pas de suite et que le siège de Paris dura jusqu'en janvier 1871. La maison, toute proche du pont, où les négociateurs s'étaient un moment abrités, reçut le nom de "Maison des Par­lementaires". Elle devait être détruite lors du bombardement anglais du 3 mars 1942 (143).

MARQUET (Pierre-Albert)

Bordeaux, 27 mars 1875 -Paris, 13 juin 1947.

Peintre.

Marquet est trop connu pour faire ici sa biographie. Il trotte de son petit pas au long de la Seine "et, répondant à quelque mystérieux appel, plutôt en aval qu'en amont". Le musée de Bordeaux, où il est né, conserve de lui Les arbres à Billancourt, vers 1900. Il fera encore Point-duJour(1903-1904). Une vente du 2 juin 1928 a fait, pour Le tir aux pigeons, Bas-Meudon, la coquette somme de 10 350 F. Car Marquet s'est consacré principalement au paysage. Il y sacrifie les détails à l'accentuation des rythmes directeurs. Il simplifie, résume, dit l'essentiel. Il affectionne les tons d'opale, délicats, rapprochés.

MARTENS

Artiste non identifié, à la fois dessinateur et graveur, car sa vue de Saint-Cloud porte ces mots: "Martens deI. et sc.". Il s'agit d'une belle gravure en couleurs, avec le pont de Saint-Cloud et la rive gauche près du pont, pris de la rive de Boulogne. Elle a été publiée en 1832, chez Rittner et Goupil, ainsi qu'à Londres (144). On la trouve encore au musée de Boulogne-Billancourt.

MARTIN (Alfred-Louis)

Mauriac, 15 juillet 1839 -Genève, 22 avril 1903.

Paysagiste.

Débute au Salon en 1870. C'est peut-être lui dont on conserve un dessin (145),

La batterie de Breteuil dans le parc de Saint-Cloud, d'avril 1871.

MARTIN (Antoine-Marius)

Né à Arles, 28 août 1869.

Lithographe.

Exposa au Salon des artistes français (depuis 1896), aux Indépendants

(en 1919) et au Salon d'automne. On nous a indiqué (collection privée) un

tableau: Sèvres: vue prise de la terrasse de Bellevue; l'auteur serait un nommé

Antoine Martin. Il ne peut s'agir d'Antoine-Marius Martin, car on distingue

sur le motifla Lanterne de Démosthène, laquelle fut abattue en octobre 1870.

La boucle de la Seine est harmonieusement dessinée et l'île Seguin est toute

boisée, avec toujours le même bâtiment vers sa pointe aval. Les ponts de Sèvres

et de Saint-Cloud, le mont Valérien forment le paysage classique du

XIXe siècle.

(138) Vente de C. Pissarro et autres, lundi 3 décembre 1928, nO 87, avec reproduction.

(139) Tabarant, Maximilien Luce, Paris, 1928, p. 48. RaPin: autrefois, dans les ateliers de peinture, apprenti chargé des besognes subalternes.

(140) Idem, planches 19, 25 et 26.

(141) Catalogue, nO 48, avec reproduction.

(142) Exposition de 1937, nO 286.

(143) Sur ces négociations et l'histoire de cet hôtel, cf nos articles dans Toutes les Nouvelles, 7 mai, 4, Il, 25 juin et 23 juillet 1959.

(144) PrinCIPales vues de Paris et de ses environs (Bibl. nat., estampes, Ve 282, in-quarto).

(145) Bibl. nat., estampes, Topographie de la France, Saint-Cloud, nO 20711.

Ile de Sèvres, dessinée par Ch. Marville (1836). Collection P. M. (estampe originale).

MARTIN (Louis-Auguste)

Louis-Auguste Martin était sténographe à l'Assemblée nationale. II a publié, en 1850, des Promenades poétiques et daguerriennes, petite brochure de 16 pages et 7 vues. Parmi ces dernières, il y a une vue au daguerréotype, repor­tée sur papier photographique. L'île Seguin y est représentée prise des hauteurs de Bellevue, avec le cours de la Seine.

L'épreuve de la réserve de la Bibliothèque nationale est en très mauvais état

(146) ; mais une reproduction existe au musée de Boulogne-Billancourt, que nous avons pu identifier il y a quelques années. D'autre part, M. Jules Gérard (décédé le 16 février 1957), érudit meudonnais, dès 1940, a su nous en garder également la reproduction. Quant au texte accompagnant ce cliché, nous en citerons ce passage :

"Or, le même sentier se prolonge en tournant Jusqu'à la Verrerie au toit noir et fumant Et près du Bas-Meudon s'arrondit en terrasse. Je m'arrête à ce point d'où le regard embrasse Boulogne, que la Seine enferme dans un arc, Le Calvaire et son fort, Saint-Cloud et son grand parc."

Le tout est de la même veine: L.-A. Martin, poète à ses heures -médiocre en vérité -célèbre ainsi Bellevue, objet de son petit opuscule:

"Bellevue est au flanc de la haute colline

Dont la pente aboutit à Sèvres et le domine.

Riche panorama d'objets multipliés,

Bellevue offre aux yeux des sites variés,

Graves pour le penseur et gais pour le touriste;

Ceux-ci pour le poète et ceux-là pour l'artiste."

MARVILLE (Charles)

Milieu du XIXe siècle.

Dessinateur et lithographe.

Vivant à Paris, il a fourni des illustrations pour le livre Les Français sous

Louis XIV et Louis X V, ainsi que des lithographies pour la Propagande socia­

liste en 1849 et 1850.

Un de ses dessins représente l'Île de Sèvres, gravure originale sur bois

(13,7 X 23,2 cm), publiée par Nodier en 1836 (147) : il s'agit de la pointe aval

de l'île Seguin, .avec les culées de l'ancien pont et deux maisons; sur le fleuve,

une barque accoste le rivage.

MASSON (Noël) ou NOËL-MASSON (Charles-Étienne)

Né à Paris en 1854.

Graveur.

II débuta au Salon de 1878. Pendant le siège de Paris, ayant 16 ans, en voulant

dévisser un obus, il eut les deux mains arrachées et dut être amputé de ses

avant-bras. Ceux-ci furent remplacés par des avant-bras mécaniques, avec les­

quels il grava à l'eau-forte. L'une de ses gravures, Le Bas-Meudon, a été expo­

sée en 1936 et en 1937 (148).

(146) Réserve, Ye 2152. Ces Promenades poétiques ... avaient été signalées par Biver (comte Paul), Le château de Bellevue, p. 414-415, et par-Bull. Soc. Amis de Meudon, nO 58, juin 1950, p. 1005.

(147) Nodier (C.), La Seine et ses bords, vignettes de Ch. Marvillé et J.-M. Foussereau, Paris, 1836, hors· texte, p. 114-115. Même gravure dans Archives des Hauts·de· Seine, 1 Fi Sèvres 2 (identifiée par nous). Cette gravure existe aussi en couleurs (collection P. M.).

(148) Expositions de 1936 (nO 208) et de 1937 (nO 149).

MASSON (Th.)

Peintre sur qui on n'a guère de renseignement, qui fit La lanterne de Démos­thène, dans le parc de Saint-Cloud, acquis par la ville de Paris et qui est actuel­lement au musée de Sceaux.

MEAULLE (F.) : cf. CLERGET (Hubert)

MEISSONIER (Ernest) : cf. FRANÇAIS (François-Louis)

MELLING (André)

Le musée de Sceaux conserve de cet artiste un tableau encadré (38 X 61 cm) sur

La Seine et Sèvres.

MERCIER (Charles)

Le musée de Meudon a acquis, en 1957, quatre peintures de Ch. Mercier, remises par sa petite-fille, Mme Vieillard (149). Ce sont: La sablière de Clamart (1853), La Seine au Bas-Meudon (1853), huile sur toile, 27 X 37 cm, La Plaine de Chaville (1893) et Chaville (1894).

On trouve deux peintres portant ces nom et prénom: le major Ch. Mercier, né le 9 juin 1834 et Ch. -Jean Mercier, né à Paris et mort en 1909 ; ce dernier était peintre de marines et paysagiste. Elève de Français. il figura au Salon, de 1861 à 1870.

MERWART (Paul)

Marianowke, 1855 -Saint-Pierre de la Martinique, 8 mai 1902.

Peintre de marines, de genre et illustrateur (école polonaise).

Élève de l'Académie des beaux-arts de Vienne, il travaille à Munich en 1876 et

à Düsseldorf en 1877. C'est le gouvernement français qui l'envoya à la Marti­

nique, où il devait périr lors de l'éruption de la montagne Pelée.

La vallée de Sèvres est un dessin publié en 1893 (150). A gauche, un paysan, le

fouet sur l'épaule droite, conduit un tombereau qui remonte un chemin de

terre. Dans une prairie. une ..légante cueille des fleurs, tandis que, sur le bord

du chemin, un artiste, abrité par un parasol, croque le paysage lointain où l'on voit la tour Eiffel nouvellement construite. Près du peintre, une femme, assise, semble rèver ...

MICHALLON (Achille-Etna)

Né et mort à Paris, 22 octobre 1796 -24 septembre 1822.

Très jeune, il perdit son père, le sculpteur Claude Michallon. Il travailla avec

Dunouy, Bertin, Valenciennes et David. A peine àgé de 15 ans que déjà ses

tableaux attirèrent l'attention. Le prince russe Issoupoff le remarqua particu­

lièrement, le protégea et lui fit une pension.

En 1812, à 16 ans, Michallon expose au Salon plusieurs paysages, dont un petit tableau où l'île Seguin apparaît au milieu des coteaux de Sèvres et de Saint· Clolid. Il obtient alors une médaille de deuxième classe.

Cette Vue de Saint· Cloud et des environs sera gravée ultérieurement par un nommé Jaxet et publiée "A Paris, Chez Osterwald l'aîné, Éditeur, Rue de la Parcheminerie". L'épreuve en couleurs que nous possédons (28,7 X 43 cm) est certainement l'un des documents les plus véridiques sur la physionomie de la région au début du XIXe siècle. Panorama splendide, où la Seine s'étend paresseusement, bordée sur la rive gauche par les frondaisons de Saint-Cloud. Trois cavaliers (deux hommes et une femme) descendent le chemin de Bellevue au Bas-Meudon, tandis qu'un homme, assis sur un bloc de rochers, dessine le paysage que lui montre du doigt un autre compagnon. Sur le vieux pont de Sèvres, aux frêles arches de bois, deux charrettes roulent en direction de Sèvres; le nouveau pont, un peu plus en aval, est en cours de construction et des cintres de bois préparent les futures arches. Rien ne bouge, tout est dou­ceur idyllique. Une barque paresse sur les eaux limpides du fleuve, une carriole remonte le chemin du bord de l'eau. L'île de Monsieur, déjà rattachée à la terre ferme, forme une grande étendue de sable. Sur la colline, le pavillon d'Italie (Breteuil) et, plus loin, le chàteau de Saint-Cloud ainsi que les maisons du bourg montant au flanc du coteau. Plus loin encore, le mont Valérien. L'île Seguin, massif de verdure et de fourrés inextricables, laisse deviner le canal de dérivation de la blanchisserie Riffé de 1787 et l'ancien bâtiment où Seguin a tanné sous la Révolution les cuirs des armées républicaines.

(149) Bull. Soc. Amis de Meudon, nO 81, avril·juin 1958. p. 1292 (assemblée générale du 29 juin 1958, compte rendu pour 1957).

(150) Martin (Alexis). Mes promenades ... , op. cit., p. 31.

En 1817, Michallon remporte le Grand Prix du paysage historique qui venait

d'être fondé et il partit pensionnaire à l'Ecole de France. Il eut l'honneur d'être

le premier maîtrede Corot ou le second après J.·B.·Gabriel Langlacé.

L'œuvre gravé de Michallon est au Cabinet des Estampes (151) et le

Louvre conserve de lui vingt-neuf peintures. Michallon disparaîtra trop tôt, à

peine âgé de vingt-six ans: c'était un grand artiste. '

MICHEL (Georges)

Né et mort à Paris, 12 janvier 1763 -7 juin 1843.

Paysagiste et aquarelliste.

Très délicat artiste, père du paysage moderne. Puisa les sujets de ses tableaux à

Montmartre et dans la plaine Saint-Denis. Bruandet, qui mourra en 1804,

l'entraîna dans les bois des environs de Paris, à Boulogne et à Meudon (152).

On a écrit aussi que De Marne (qui travaillait à la Manufacture de Sèvres),

Bruandet et G. Michel peignirent, "avec cette vision assombrie", les coteaux de

Saint-Cloud (153).

Nous n'avons rien trouvé de précis sur ce motif. Pourtant les peintures et des­

sins de Michel, rehaussés de couleurs, représentant les environs de Paris, sont

nombreux. Sa facture simplifiée et énergique en fait un artiste

original.

MICHON : cf Courvoisier

MONET (Claude)

Paris, 1840 -Giverny, 1926.

Peintre.

Le musée Rodin possède une peinture, Le Bas-Meudon, vers 1865, qui était

dans la chambre de Rodin, à Meudon. Cette peinture est attribuée à Monet et

exposée comme telle en 1936 (154). Quoi qu'il en soit, il ne semble pas que

Monet ait choisi ses motifs dans notre banlieue immédiate. A noter toutefois

que Monet rencontra très tôt Sisley, puis Daubigny et Jongkind. Pour observer

la Seine à Argenteuil, il peindra à bord d'un bateau qu'il avait fait aménager

en atelier. Le fleuve aux saules, La Seine à Bougival, etc., prouvent que les

jeux changeants de la lumière et de l'eau sur la Seine lui étaient chers. La ville

de Cologne possède de lui La Seine, 1884-1885.

MONTHALON

Le docteur Bezançon possédait une belle estampe d'un nommé Monthalon,

faite des hauteurs de Sèvres, peut-ètre du pavillon d'Italie (Breteuil) : vaisseau

de verdure, l'île Seguin s'y détache avec sa proue et le petit bloc de construction

de la pointe, son entour élancé d'arbres. Le fleuve semble emporter l'île vers la

mer.

MONTHELIER (Jules-Alexandre), ou MONTELIER,

ou MONTHELLIER

Paris, 6 août 1804 -1883.

Peintre de paysages et d'architecture, lithographe.

Élève de Bouton, il figura au Salon, de 1822 à 1847. Médaille de deuxième

classe, en 1824, dans la section "Peinture". L'île Seguin à Sèvres est de cette

époque: paysage assez sombre, presque triste, avec de gros nuages dominant la

pointe de l'île et la courbe du Bas-Meudon, dont on aperçoit le bâtiment de la

verrerie et sa fumée noire. Au premier plan, sur la rive de Sèvres, trois

chevaux, dont l'un s'abreuve dans le fleuve (155).

MOREAU (Louis)

Le musée municipal de Sèvres possédait autrefois un dessin à la plume et au

lavis de Louis Moreau, Ile Seguin, 19 août 1870. L'auteur est peut-être Louis·

François Moreau, peintre, né à Dammartin (S.-et-M.) au XIXe siècle. Élêve de

Monginot, il débuta au Salon avec des natures mortes en 1869.

MOREAU (Louis-Gabriel), dit l'Aîné

Né et mort à Paris, avant le 24 avril 1730 -12 octobre 1805.

Peintre.

Ses vues des environs de Paris le font considérer comme un des précurseurs des paysagistes français. Mort en 1805 (ou 1806 ?), c'est aussi pour notre région le premier peintre du XIX' siêcle, et l'on peut citer (156) :

Le parc de Saint-Cloud, gouache, vente de mai 1929 (265 000 F), -La terrasse de Saint-Cloud, vente du 9 juin 1953 (1 120000 F), -Vue prise dans le parc de Saint-Cloud, dernière œuvre qu'il exposa au Salon <:lu Louvre, le premier jour complémentaire an XII (18 septembre 1804),

Escalier conduisant à la terrasse d'un parc (probablement à Saint-Cloud), -Une chasse au château de Bellevue, gouache.

Mais sa plus belle peinture restera Les coteaux de Meudon, vus du parc de Saint-Cloud (54 X 79 cm), oû le site apparaît dans l'encadrement de deux grands arbres, acquis par le musée du Louvre (157). Quand la toile fut expo­sée, elle causa quelque surprise : quelle différence avec cette verdure et les levers de soleil classiques 1 Le motif est pris du bas du parc de Saint-Cloud, oû les promeneurs sont nombreux. Toute la rive gauche de la Seine est bordée par les coteaux et seul le château de Bellevue se détache; deux barques au premier plan. Et une étude attentive de la toile montre dans l'extrême lointain les arches du pont de Sèvres, ainsi que le bâtiment de la verrerie du Bas-Meudon, exactement esquissé, comme le fera Monthelier.

Moreau sut aimer les verdures fraîches et printanières de notre région, avec ses ciels d'argent traversés de nuages rapides.

MORIOT(A.)

Le musée municipal de Sèvres possédait Le pont de Sèvres, en 1840, peinture d'A. Moriot.

Peut-être faut-il y voir François-Adolphe Moriot, né en 1817, peintre sur por­celaine, qui travailla à Sèvres. Un François Moriot, né et mort à Sèvres, vit sa famille s'allier avec les Develly (158). Par ailleurs, Elise-Marguerite Moriot, née à Sèvres, élêve de F.-A. Moriot, devint miniaturiste et portraitiste, et exposa des émaux au Salon de Paris, de 1865 à 1877.

MORLAND (V,)

Dessinateur qui publia en 1871 Les environs de Paris après le siège et la guerre civile. Deux planches (pl. 3 et 18), signées par lui, sont intitulées: Le pont de Sèvres (avec la passerelle de bois sur l'arche qui avait été coupée en septembre 1870) et Maison des parlementaires au bout du pont de Sèvres: cet hôtel, dont il existe par ailleurs plusieurs photographies, avait servi à abriter Thiers etJules Favre lors de leurs entretiens du 5 novembre 1870, lorsqu'on envisagea un cessez-le-feu avec les Prussiens. Reconstruite ensuite, la maison fut définitive­ment détruite lors du bombardement du 3 mars 1942.

(à suivre)

Pierre MERCIER

(151) Dc 162, folio, et Cahier de quatre paysages ... , 1817, Kc 97·2, petit folio.

(152) Bénézit, op. cit.

(l53) Boucher (François), dans Larousse mensuel, nO 203, janvier 1924, p. 350.

(154) Exposition de 1936, nO 205.

(155) Château de Sceaux. Reproduit dans Poisson (G.), La curieuse histoire ... , op. czi, La

municipalité de Sèvres en a inséré une reproduction dans son Bulletin mun'iâPal

pour 1976. Cliché à l'Agence Giraudon, PE 2758. (l56) Cf Wildenstein (Georges), Louis Moreau, Paris, 1923, cf aussi Larousse mensuel,

op. cz~., p. 349·350.

(157) Notamment dans Dayot (A.), La peinture française au X VIlle siècle, planche 111, et dans Larousse mensuel, op. cit., p. 349. Cliché à l'Agence Giraudon, LAC 95761.

(158) Une tombe, portant ces deux patronymes, était à l'abandon, en 1952, au cimetière des Bruyères de Sèvres.