03 - Mes 42 ans à Billancourt

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Texte brut à usage technique. Utiliser de préférence l'article original illustré de la revue ci-dessus.

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Mes 42 ans à Billancourt

Jean Héry.

Quand je pénétrai, en ce 22 novembre 1943, dans la cantine située alors à l'emplacement des vestiaires actuels de U5, j'étais loin de penser que c'est de ce même bâtiment que, quarante­deux ans plus tard, je quitterais l'entreprise.

Apprenti pendant la guerre

Le matin même, j'avais été surpris, en me présentant à l'entrée de l'École professionnelle Renault, rue de la Ferme, de voir que de grandes bâches remplaçaient la porte et une portion du mur détruits lors du bombardement du printemps.

Il est vrai qu'au cours de cette première année d'apprentissage où je débutais comme apprenti modeleur, je passai autant de temps au cours qu'à parcourir les souterrains du métro durant les alertes.

Heureusement les deux années suivantes furent plus studieuses, si j'en excepte ce mois de septembre 1944 où nous allions, par section, ramasser les pommes de terre de la ferme de Louis Renault en Normandie. J'y vis pour la première fois une machine à arracher ces tubercules que nous baptisâmes aussi­tôt " La Patateuse ".

Au cours de ces deux années j'appris la menuiserie, l'ébéniste­rie et la carrosserie bois. En plus des cours qui nous étaient donnés à l'école, nous avions des séances de gymnastique. Au début de 1944 nous passâmes une partie de celles-ci à creuser la piste du stade des Dominicaines, aujourd'hui disparu.

Cette piste et les installations du stade furent inaugurées au printemps de 1944 par Louis Renault en personne. C'était la seconde fois que je voyais le patron, la première se situant à la fin de 1943 où il était venu visiter l'école.

L'apprentissage des métiers du bois était effectué entièrement à la main, selon les méthodes traditionnelles. L'utilisation des machines à bois ne nous était autorisée qu'au cours de la troisième année, sauf pour les essais où même le sciage du bois servant à ceux-ci était effectué à l'aide de la scie à refendre dans les plateaux. C'était dur mais, il faut l'admettre, assez efficace.

A l'issue de ces années je me présentai au C.A.P. de menuisier et de carrossier. J'obtins le premier mais, malheureusement, échouai au second.

En septembre 1946 nous fûmes dirigés sur l'usine 0, point de chute usuel des métiers du bois.

A cette époque, du fait du contingentement de l'acier dû à l'état des aciéries à la fin du conflit, les armatures des camions et utilitaires étaient en bois. Je fus affecté à l'atelier des sous­ensembles comme jeune ouvrier. Nous assemblions, entre autres, des portes arrière des 1 000 kg, les passages de roues, pieds d'auvent, portes de cabines des camions, armatures des sièges avant et arrière de la 4 CV, etc.

C'était encore le temps de " l'épuration ", ce qui me valut de travailler avec un docteur en médecine qui avait été condamné, pour des délits mineurs avec l'occupant, à deux années de travail en usine. Si je n'y acquérais guère de connaissances médicales, j'y améliorais par contre sensible­ment mon vocabulaire.

Nous travaillions également pour la " reconstruction" ; c'est ainsi que nous avons fabriqué des salles à manger, des cham­bres à coucher, des fauteuils de bridge, des baraquements pour reloger provisoirement les sinistrés... et même cinq mille lunettes de W.C. pour la S.N.C.F. !

J'eus également l'occasion de travailler quelque temps, à l'occasion d'un remplacement, à l'atelier de collage. Nous y travaillions dans une atmosphère brumeuse causée par les bacs de colle à l'air libre, entourés de bacs d'eau chaude pour en maintenir la fluidité. Et les échappements d'air comprimé des presses d'emmanchement, c'était le mauvais côté d'un métier qui, sous d'autres aspects, ne manquait pas d'attrait.

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1947 me donna l'occasion de faire connaissance avec les pre­mières grandes grèves de ma jeune carrière. J'en tirai quelques leçons que je n'oublierais pas par la suite.

Professionnel

En mai 1948 je passai de " jeune ouvrier" à menUlSler Pl. J'étais alors affecté à l'atelier de retouche des véhicules en chaîne. Nous allions aussi bien sur celle des 1 000 kg que sur la chaîne des 2,5 tonnes à 7 tonnes.

Au printemps de 1949 on nous annonça que, l'acier n'étant plus contingenté, les armatures en bois avaient vécu. Nos ate­liers allaient donc être supprimés et les ouvriers d'un certain âge mutés dans les divers ateliers d'emballage. Pour les jeunes on nous proposa d'apprendre un nouveau métier parmi ceux de la mécanique. C'est ainsi que je pris le chemin de l'école d'apprentissage afin d'apprendre le métier de tourneur sur métaux.

La section des tours se divisait en deux parties: une moderne, équipée de tours " Progrès" à moteur individuel et boîte d'avance, l'autre, de tours anciens à entraînement par poulies étagées entraînées par courroies et poulies sur arbres fixés dans les fermes. L'ensemble était entraîné par un moteur unique de forte puissance. Cela donnait un aspect un peu touffu avec ces courroies partant de chaque machine et ces leviers en bois de commande. C'est sur cette partie que j'appris mon nouveau métier.

En octobre je passai l'examen de fin de stage et le réussis. Le 18 du même mois je partais en occupation en Allemagne comme mon père vingt-six ans auparavant.

A l'outillage des forges

A mon retour, en janvier 1951, après une courte remise en route à l'école d'apprentissage, je fus dirigé vers l'atelier 6235 ..\ (outillage des forges) plus connu alors sous le nom de " 17 ".

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Je conserve un souvenir inoubliable de ma première entrée dans le bâtiment des forges. Je revois encore le rougeoiement des fours aux gueules béantes, le bruit des pilons frappant le métal au milieu de gerbes d'étincelles; le. choc sourd des " moutons à corde" tombant de leur position haute, et surtout cette fumée qui entourait les installations et donnait à l'ensem­

ble un aspect irréel.

Je songeais alors, en observant la faible épaisseur de la cloison qui séparait l'outillage des forges, que j'aurais beaucoup de difficulté à m'y habituer. A mon grand étonnement, après quelques jours passés dans cette ambiance, je m'y étais fait et bientôt n'y pensais plus !

Sous la houlette d'un chef d'équipe efficace j'y appris réelle­ment mon métier, aidé en cela par un vieil ouvrier qui, quand je m'énervais sur une pièce à réaliser, me disait: " Ça n'a pas l'air d'aller, hein? As-tu fait cela? ". Et, devant ma réponse négative, il me montrait ce qu'il fallait faire et ajoutait: " Tu es jeune, rappelle-toi, au cours de ta vie quand une difficulté se présentera tu auras toujours deux voies devant toi, l'une qui te semblera facile et que tu auras tendance à choisir, l'autre, plus ardue. Et pourtant c'est cette dernière qu'il te faudra prendre! ". Jamais par la suite je n'ai oublié la leçon.

Je passai outilleur Pl en 1954, tourneur-outilleur P2 en 1955 et P3 outilleur en matrices en 1959.

Je fus également de l'équipe qui travailla sur les premiers outil­lages de filage à froid : soupapes, électrodes, poussoirs de culbuteurs, écrous de roues, roulements pour la S.N.R., joints Bendix, etc.

Nous fîmes également des outillages d'essai pour les plastiques, ainsi que la mise au point de la machine" Anocut .. récem­ment acquise qui, contrairement aux machines d'électro­érosion à électrodes en cuivre, utilisait des électrodes en gra­phite qui désintégraient par bain d'électrolyse sans toucher la pièce.

Agent de maîtrise

A partir de 1965 j'effectuai de temps à autre des remplace­ments de chef d'équipe d'outillage, puis en 1966 en perma­nence par suite au départ en retraite de l'un d'eux. Je suivais en parallèle des cours afin de passer la commission permettant d'accéder éventuellement au poste. Ce qui m'amena à être nommé chef d'équipe en octobre 1967.

Chaîne de montage des moteurs (département 14).

A cette époque on ne nommait pas un chef d'équipe dans l'ate­lier où il travaillait comme ouvrier. C'est ainsi que j'effectuai une période de remplacement à l'atelier de" rectif ", machine à pointer et électro-érosion dépendant du groupe d'ateliers d'outillage 58.

A la fin de 1967 je fus convoqué au bureau du chef du person­nel du département 62 dont dépendait le GAO 58. J'y appris que j'étais nommé chef d'équipe au département 14, à l'atelier 1440 (carters-cylindres). Il ajouta: " D'ailleurs, après dix-sept ans passés dans le mème secteur, cela vous fera le plus grand bien l ". J'en convins volontiers.

Le 2 janvier 1968 je prenais contact avec U5 et mon nouvel ate­lier. J'avoue avoir été assez impressionné lors de ma première visite de l'ensemble de" transferts" : par la taille des machines de l'installation, le bruit de celles-ci et surtout l'automation qui relie entre eux les différents groupes de transferts et cette pous­sière fine qui semblait stationner en permanence au-dessus de certains groupes.

Ma formation fut prise en charge par un chef d'équipe de l'ate­lier qui était, comme on me l'affirma : "né avec les machines". Il est vrai qu'il avait une grande connaissance des installations... et de leurs défauts.

C'est sous sa férule" énergique" que j'appris le métier. Il sut me transmettre le dynamisme et la passion qui l'animaient.

Ma formation s'achevait à peine qu'éclatèrent les grandes grèves, consécutives à ce que l'on appellera ensuite" les événe­ments de mai". Nous fûmes expulsés des bâtiments, et quand, un mois plus tard, nous avons réintégré l'usine, ce fut pour commencer la préparation de la montée en cadence, les fameux 2 400 par jour, maximum de production des chaînes d'usinage, nécessités par les demandes de véhicules équipés de ce moteur, en attendant la sortie du moteur cinq paliers de Cléon qui devait prendre en partie la relève du nôtre.

Au retour des congés, la nouvelle cadence nécessitant une équipe de nuit permanente, on me demanda de la prendre pour environ trois mois ... qui devinrent finalement trois ans et demi!

Pendant deux ans je n'eus à m'occuper que des carters­cylindres avec une équipe complète. J'y vécus l'introduction des nouvelles machines à laver, Triton et Centry-Spray, qui amé­liorèrent sensiblement la qualité du produit fini ; et surtout la suppression de la scie qui coupait un des angles du carter pour le montage sur véhicule et qui était une source perpétuelle de pannes.

Progressivement, à mesure que Cléon montait en cadence, la nôtre diminuait. Je pris alors les équipes réduites des chemises, de l'ensemble volants, couvercles et des pistons. Ensuite, quand les équipes diminuèrent et que l'encadrement" remonta" de jour, je pris le reste du département.

Ce passage relativement long en équipe de nuit me fut béné­fique. J'y affermis mes connaissances techniques et acquis en plus le sens des responsabilités. J'étais passé, entre-temps, chef d'équipe 2" échelon, en 1969, contremaître 1"' échelon à la fin de la même année, contremaître 2" échelon à la veille de ma remontée de jour en 1972, retour nécessité par le décès subit d'un contremaître des carters-cylindres à quatre jours de sa prise de retraite.

Tableau synoptique de la machine-transfert d'assemblage de palier sur les carters-cylindres.

Environ deux ans après, je quittai à nouveau les carters pour remplacer, comme responsable du soir du département, le res­ponsable d'alors qui partait à la retraite. Je restai environ six mois à ce poste et réintégrai ensuite les carters-cylindres.

En 1975 je passai contremaître principal puis, un an plus tard, à la suite d'un nouveau départ en retraite, je devins agent tech­nique de l'atelier. Ce poste me plaisait. Je pouvais porter plus d'attention aux problèmes de qualité, de loupés et d'outillages et tenter d'améliorer notre qualité sans pour autant négliger les problèmes de sécurité toujours d'actualité dans une unité entiè­rement automatisée.

En 1977, je passai agent technique principal et restais à ce poste jusqu'au départ du chef d'atelier en exercice, M. Stanciu, en 1983. Je le remplaçai et fus confronté aux baisses de cadence qui nous amenaient progressivement de 1 800 par jour aux 210 que nous faisons actuellement.

Sortie de la machine de montage des chapeaux de paliers sur les carters­cylindres.

Les relations maîtrise-personnel

Les résultats d'un atelier sont liés en grande partie aux rela ­tions maîtrise-personnel d'atelier. Je dois constater que je n'ai pas rencontré, dans ce domaine, de grandes difficultés. Pas par l'absence d' " accrochages" 1 Mais je me suis toujours efforcé de régler les différends dans un climat de compréhension qui n'exclut pas pour autant une certaine rigueur.

Je me suis imposé â moi-même une certaine discipline, esti­mant que pour être suivi et accepté, il importe avant tout de s'imposer quelques principes de base : exactitude, connais­sance du ou des produits que l'on a pour mission de faire exé­cuter en quantité et qualité ainsi que du matériel â employer. A cela j'ajouterai une certaine disponibilité envers le personnel.

L'agent de maîtrise se doit d'être un coordonnateur, un forma­teur ét être â l'écoute de son personnel afin d'en obtenir une production de qualité... , ce qui implique également de le faire progresser dans les limites de ses possibilités. Ce sont ces quel­ques principes qui ont servi de base â mon action, quels qu'aient été les différents postes que j'ai tenus.

Il m'est apparu rapidement que le dernier commandement que j'ai assuré était bien différent de celui qui était le mien â l'outil­lage. Dans un cas il y avait une majorité de Français ayant une bonne connaissance de leur métier; dans l'autre cas il y avait un pourcentage important d'immigrés (environ 75 % quand j'arrivai au département 14 en 1968 et presque 95 % â la fin de ma carrière). Une majorité de Maghrébins mais aussi des ressortissants des pays de la péninsule ibérique et quelques représentants des nations d'Afrique noire.

J'appris rapidement que l'approche de ces différentes natio­nalités ne pouvait être la même. C'est ainsi que les cours ethniques que nous avions suivis â Garches m'ont été très utiles pour comprendre certains comportements.

Mon idée était de faire progresser mon personnel dans la limite qui m'était octroyée en le formant pour qu'il devienne polyva­lent. Le principe alors établi, et qui se justifiait par la cadence élevée â réaliser, était de laisser les gens dans le poste où ils étaient le plus efficaces et de les changer le moins possible. Cela était valable pour les professionnels mais également pour les régleurs de groupe qui, presque' tous, avaient été formés" sur le tas". Ils étaient d'une grande efficacité mais sans formation de base.

Dès que la cadence chuta (de 2 400 â 1 800 par jour), nous pûmes commencer, en prévision d'un avenir évident, de former des polyvalents. Dire que cela souleva l'enthousiasme serait exagéré ; certains acceptèrent certes mais ce ne fut pas la majorité. Certains accords nous aidèrent, par exemple la

• création des Pl fabrication pour ceux travaillant sur machines spéciales. D'autres eurent des résultats moins heureux, par exemple la création des Pl CS qui n'eut pas totalement l'effet escompté, mais permit néanmoins de faire accepter le principe de la polyvalence.

Un autre but que je poursuivais était de sensibiliser les opéra­teurs â leur travail et au résultat de celui-ci sur le résultat final.

Au début, les opérateurs étaient conscients de leur travail mais n'avaient qu'une idée toute relative de l'influence d'un défaut (casse de forets ou de tarauds, état d'un alésoir ou d'une fraise, etc.) sur les opérations suivantes. Ce fut un des résultats de la polyvalence d'amener les A.P. et les régleurs â connaître les opérations effectuées sur d'autres groupes que le leur et de constater par eux-mêmes l'influence de leur travail sur les suites des opérations d'usinage. Et l'on put voir les A.P. et les régleurs, dès qu'ils s'apercevaient d'un défaut d'usinage, remonter ou descendre la chaîne pour,aller voir sur un autre groupe d'usinage les raisons ou les conséquences du défaut observé. Ce qui eut d'heureuses conséquences sur le nombre des MU.

Il est évident que ces efforts demandés aux A.P. ainsi qu'aux régleurs nous amenèrent des revendications de salaires, ce qui me semblait compréhensible. C'est ainsi qu'en accord avec la hiérarchie, nous pûmes envoyer certains A. P. ayant, grâce â des cours' du soir, atteint un certain niveau, en formation

F.P.A.

L'un d'entre eux nous demanda même de suivre une

F.P.A.

â l'extérieur, ce qui â l'époque signifiait quitter l'entre­prise et accepter une baisse sensible de salaire pendant la période de six mois que duraient les cours. Le résultat fut satis­faisant et, l'entreprise embauchant encore â cette époque, il put réintégrer son emploi.

Il fut établi comme principe que tout nouveau régleur serait dorénavant polyvalent et qu'il occuperait alternativement tous les postes de régleurs en chaîne. Cette action, comme celle réservée aux A.P., était toujours précédée d'une réunion expli­cative au cours de laquelle nous exposions les buts de ces for­mations ainsi que l'enrichissement professionnel en résultant.

Je dois reconnaître que, que ce soit dans l'une ou dans l'autre catégorie, je n'ai jamais rencontré d'opposition. Tous accep­taient d'apprendre. Nous en profitions également pour les sen­sibiliser â l'aspect sécurité, point très important sur une chaîne d'usinage entièrement automatisée -ce qui ne signifie pas pour autant sans problèmes.

Évidemment il y avait aussi les problèmes avec les délégués. Je reconnais que celui de mon atelier ne m'a jamais causé trop d'ennuis. Parfois les délégués venaient me voir â plusieurs soit pour un problème général de l'atelier, soit pour un cas particu­lier, sans acrimonie ni virulence de langage. Je les écoutais, formulais des objections sur certains points, mais je prenais toujours des renseignements sur les problèmes soulevés afin de fournir une réponse cohérente. Cependant, avant de m'enga­ger, j'ai toujours pris un temps de réflexion afin d'étayer mes réponses d'arguments solides. Il m'est quand même arrivé par­fois d'être persuadé d'avoir raison et de me rendre â l'évidence sur mon erreur. Cela m'a rendu plus perspicace et plus modeste dans mes réponses... que dans mes demandes. J'ai tou­jours écouté les ouvriers qui travaillaient avec moi, soit dans mon bureau, soit â leur poste de travail ou même quand je passai dans l'atelier.

Nous avons parfois tendance, pris par nos différentes occupa­tions, â négliger cet aspect de notre travail. Et pourtant il m'a été souvent une source de meilleure connaissance de l'autre, même sans poser de questions, simplement en écoutant.

Le dernier volet que j'ai commencé â traiter a été celui de la réduction d'effectifs, prélude â la disparition du département 14.

La diminution d'effectif est avant tout un problème de choix.

Il devient alors nécessaire de décider qui partira le premier...

et ce n'est pas le plus facile. Je continue â penser que notre tra­

vail est de privilégier l'individu et non notre intérêt immédiat

-toutes proportions gardées évidemment.

Pierreuses : finition du diamètre des chemises.

Après les années de travail que nous avons effectuées ensemble, il est de notre rôle, même si cela nous cause quelques ennuis (et souvent ils sont réels), de tenir principalement compte des inté­rêts de l'individu et de ceux de la Régie. C'est ainsi que nous nous sommes séparés, en quelques années, d'éléments de valeur qui ont, dans leur grande majorité, donné satisfaction dans

leur nouveau secteur. Les derniers accords nous ont donné l'occasion de créer des postes de P2, ce qui nous a permis, tout en donnant satisfaction à certains Pl CS de valeur, de les conforter.

Si je devais conclure sur mes relations avec le personnel que j'ai commandé, je dirais que, dans l'ensemble, j'ai obtenu de grandes satisfactions. J'ai peut-être beaucoup donné, mais j'ai beaucoup appris. Disons que l'on forme autant que l'on est formé. Commander, c'est un échange, une responsabilité et toujours un enrichissement.

Paniers de tri des bielles.

Un seul regret

Mon seul regret est de quitter la Régie dans la situation qui est la sienne en ce moment. Non pas que j'aie le moindre doute sur ses possibilités de surmonter la crise. L'entreprise a vécu, ne fût-ce qu'à la fin de la guerre oû son potentiel industriel était en partie détruit, des moments assez difficiles.

Mais je suis persuadé que pour surmonter cette épreuve il fau­dra de la volonté, du courage et peut-être un peu de cette foi qui, si elle" ne soulève pas les montagnes" comme on le dit parfois, est néanmoins la clé de bien des réussites.

Jean HÉRY