06 - Peintre et artistes de la belle boucle (1)

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Peintre et artistes de la belle boucle (1)

Les lignes qui suivent doivent beaucoup au docteur Albert Bezançon : sans ses conseils, prodigués pendant un tiers de siècle, nous n'aurions oser rédiger cette étude, à laquelle rien ne nous préparait.

Albert Bezançon, figure vivante de Boulogne-Billancourt, s'est éteint le 7 jan­vier 1983, dans sa 104' année 1Sa vie a été évoquée (1) et nombreux sont ceux qui n'oublieront pas ce lettré, cet humaniste, cet artiste. Peu de temps avant sa mort, il nous avait remis quelques feuillets sur les peintres ayant" travaillé" dans notre région.

C'est lui, l'auteur de cette jolie expression: "Les peintres de la belle boucle". Peintre lui'même, il avait été frappé de constater que les artistes, au XIX' siè­cle, avaient pris comme motif notre vallée de la Seine, du Bas-Meudon à Saint­Cloud, de Billancourt à Boulogne ... Dans ses conversations avec ses intimes, il savait faire revivre les peintres, lithographes, dessinateurs de la banlieue aval de Paris.

Un autre érudit, Meudonnais celui-là, l'ingénieur Jules Gérard (décédé le 16 février 1957), avait aussi été frappé de voir le même paysage "pris" sensi· blement des mêmes endroits : soit des hauteurs de Bellevue (avec la vue plongeante sur le fleuve, Saint·Cloud et le mont Valérien), soit du bas du parc de Saint-Cloud (avec la perspective en amont, vers le pont de Sèvres et les coteaux de la rive gauche). Une troisième variante montre souvent la pointe aval de l'île Seguin, vue du pont de Sèvres.

Nous nous sommes limités à cette région que nous aimons: de Billancourt à Saint-Cloud. La Régie Renault y est maintenant omniprésente : dans l'île Seguin, à Billancourt, au Bas·Meudon, dans l'île de Monsieur.

Lèpre industrielle, qui a rongé le site le plus séduisant de la banlieue de Paris ­et cela dès la fin du XIX' siècle. Fruit du vandalisme contemporain, où tout le monde prend dorénavant conscience de la nécessité de remédier aux saccages: nous pensons aux projets de la R.N.U.R., afin de devenir la "vitrine" de Billancourt. Paysage étonnant, si décrié, si glorifié...

Recueillant estampes et gravures, examinant peintures et lithographies, nous avons cherché à en connaître les auteurs. Bénézit et les dix volumes de son Dictionnaire des peintres nous a été d'un grand secours. Mais certains noms d'artistes, dont la signature seule apparaît sur une estampe ou un dessin, ne sont pas toujours faciles à identifier. Certaines œuvres ne sont connues que par leur seul titre, relevés dans une biographie ou dans un quelconque catalogue de vente.

Par ailleurs, toutes ces œuvres d'art sont souvent disséminées: collections parti· culières, musées du Louvre, Carnavalet, de Chantilly, de Sceaux sont des endroits privilégiés où l'amateur d'art glane maint document pictural.

Les musées de province conservent aussi des vues précieuses sur notre sujet Bordeaux et son musée des beaux-arts conservent Les Arbres de Billancourt de Marquet ; Reims a Les Hauteurs de Meudon de Lépine; Troyes présente une Culée du pont de Sèvres de Langlacé ; Boulogne·sur·Mer (et non Boulogne. Billancourt 1) garde aussi une Vue du pont de Sèvres de Mme Lacoste ; Louviers a un Bas-Meudon de Rapin.

Les musées étrangers sont nombreux à garder des documents sur la région qui nous est chère: Sisley et ses Ponts de SeVres sont représentés à la Tate Gallery de Londres, au Kunsthalle de Hambourg, au musée du Prince Paul de Belgrade, au musée d'Ordrupgard de Copenhague, à la Galerie nationale de Prague, au musée de Gôteborg (Suède) 1

On sait que le musée Pouchkine, à Moscou, garde aussi un Pont de Sèvres, du Douanier Rousseau 1 Mais qui s'attendrait à trouver à la Galerie royale de Copenhague une vue de la vallée de la Seine, avec le pont de Sèvres et l'île Seguin, exécutée en 1813 par Eckersberg ?

Des musées plus modestes ont été mis à contribution: nous avons" fouillé" le musée du Domaine national de Saint-Cloud, ainsi que le musée local de Boulogne-Billancourt et celui de Meudon. Leurs responsables ne nous ont pas ménagé leur aide et nous remercions: Mme O.-A. Schmitz, chargée de mission à Saint·Cloud ; M. Berrué, conservateur adjoint du musée de Boulogne;

M. Francis Villadier, conservateur du musée de Meudon.

Et surtout, Mme Marie-José Villadier, responsable du centre de documen· tation à Meudon, qui nous a aidés à identifier bien des documents. De même, Mme Beaudonnet, chef du protocole à la mairie de Paris, a accepté très gracieusement de nous conduire dans les splendides salons de l'Hôtel de Ville, afin de "repérer" plusieurs panneaux peints sur notre région. M. Henry Certigny, le meilleur biographe du Douanier Rousseau, nous a aidés à mieux connaître ce dernier. Enfin, Mme Sylvie Carrat nous a traduit des notices allemandes, notamment pour le peintre Sisley.

(1) Cf Le Monde, 11 janvier 1983; Toutes les Nouvelles, 12 janvier; Boulogne· Billancourt Informations, n0117, 18 février, p.9.

Par contre, le musée municipal de Saint-Cloud (que M_ Marie avait "soigné" avec tant d'amour) n'existe plus_ De même, le musée municipal de Sèvres (inauguré en mars 1947) a été démantelé et ses pièces mises en caisses, où elles se détériorent ou se perdent (2)_ Nous avions pu, autrefois, y prendre quelques notes.

Les deux expositions tenues à Meudon en 1936 et 1937, avec leurs Catalogues respectifs (3), fournissent encore une mine de renseignements.

L'étude que nous présentons n'a pas la prétention d'être exhaustive. Imper­fections et erreurs ne sont probablement pas rares. Mais les notices, au nombre de 228 (1) -et cela uniquement pour le XIX' siècle -prouvent à l'évidence que notre région a été le paradis des artistes_ Sous ce terme, nous englobons peintres, graveurs, aquafortistes, dessinateurs, lithographes et même photo­graphes.

Si nous n'avions pas sous les yeux leurs œuvres -et leurs chefs-d'œuvre -, nous aurions peine à imaginer l'état des lieux il y a un siècle et demi... Même en 1876, un naturaliste (4) disait que les aulnes et les saules croissaient en abon­dance dans l'lie Seguin, au milieu d'une riche végétation de plantes herbacées. Partout, des tribus de rats amphibies, des poules d'eau, des bandes de canards... Les guinguettes du Bas-Meudon sont parties au magasin des souvenirs, tout comme les champs de blé de Billancourt ...

Urbanisation galopante et industrialisation anarchique -qu'on commence seulement à corriger -ont changé totalement le paysage. En 1974, lors d'une exposition sur" Les Bords de Seine", organisée à Sèvres, les visiteurs étaient frappés de voir, côte à côte, certaines photographies actuelles et des repro­ductions anciennes des mêmes paysages, pris sous le même angle.

Ce panorama des îles de la Seine et de la plaine de Boulogne-Billancourt a été "croqué" des centaines deJois au XIX' siècle, ce qui est unique dans la région parisienne. Toute cette fresque nous a semblé intéressante, tant au point de vue de l'histoire de la vie que sous le rapport de l'art proprement dit. Tous ces artistes ont su saisir les nuances passagères du ciel de Billancourt, les reflets de la Seine, le jeu minuscule et toujours différent des feuillages de l'île Seguin, le dessin varié à l'infini des taches brunes, roses ou vertes des rives du Bas-Meudon ou de Sèvres (5).

ABINGDON, Lord

Cet officier anglais faisait partie des troupes d'occupation qui atteignirent

Paris le 29 mars 1814 et y rentrèrent le 31. Les alliés s'installèrent à Sèvres aus­

sitôt (7), puis le G.Q.G. autrichien se fixa à Saint-Cloud dès le 9 avril. L'occu­

pation dura deux mois et demi et, à la fin de juin, toutes les troupes évacuèrent

la région. Ces dates permettent de préciser l'époque des deux tableaux exécutés

par Lord Abingdon.

Ces deux tableaux sont Vue du vieux pont de Sèvres et Le Nouveau pont de

Sèvres, tous deux réalisés en 1814. Nous n'avons pas d'autres renseignements

sur l'auteur de ces œuvres, intéressantes au point de vue documentaire (8).

ADAM (Victor-Jean)

Paris, 1801 -Viroflay, 1866.

Peintre et lithographe.

Cet artiste est bien de notre région, d'autant plus qu'il est décédé à Viroflay.

Nous ne connaissons pas d'œuvres spécifiques à notre région, sauf Fête à Belle­

vue (9) et La Diligence Paris-Versailles, cette dernière vendue à Londres, le

22 novembre 1967, pour 1 000 livres sterling.

Cf. aussi Bichebois.

ALÉO

Vue prise des hauteurs de Meudon, sur la Seine et les îles, et autre Vue prise

des hauteurs de Bellevue, en direction de Saint-Cloud, sont des photographies

d'Aléo, gendre de Gondoin, architecte du Sénat; elles furent offertes au musée

de Meudon par André Maillos, en 1941 (10). D'autres photographies (ou

Et c'est ce même panorama qui est actuellement "imprenable en photo", comme l'a constaté, en 1962, Yvan Christ (6). Les propriétés des coteaux de Bellevue forment obstacle aux promeneurs pour voir les lieux situés en contrebas. Et si certains propriétaires nous ont autorisés à pénétrer chez eux, les maisons voisines et leurs murs empêchent toute photographie.

Un Corot, un Huet, un Jongkind, un Sisley, un Troyon sont bien évidemment des artistes. Un Bérard, un Clerget, un Dubois, un Férat, un Villain sont plus modestes, mais ils ont fixé des événements pris sur le vif, à l'occasion de faits historiques: révolution de 1830, guerre de 1870, tous ces croquis sont souvent étonnants de vérité et de vie. Sorte de journalistes-dessinateurs, leurs témoi­gnages ne peuvent être négligés. Il serait abusif de vouloir à tout prix rappro­cher, par exemple, le lithographe Engelmann et le photographe Regnault: pourtant, tous deux ont vécu à la même époque et chacun dans son art nous a légué de précieux documents.

Nous avons, entre Billancourt et Saint-Cloud, une véritable "École"_ Une estampe, fort bien dessinée et très représentative du site, exécutée par Girard, porte ces mots: "Leçons de Paysage". Un sieur Bineteau donne des conseils pour l'élaboration d'un dessin et pour cela présente un croquis du Bas­Meudon. Et ce qu'on a appelé le romantisme éclate réellement dans le vallée de la Seine. Paul Huet a été l'initiateur de l'école dite de l'île Seguin.

Les Anglais, surtout après le traité d'Amiens (1802), ont été nombreux à venir dans notre région: l'officier Abington, le capitaine Batty, Bonington, James Charles, Girtin, Hill, Nash, Nattes, Ouless, Reynolds, Turner sont enthou­siasmés en découvrant la vallée de la Seine et les collines de Brimborion et de Saint-Cloud. Les écoles étrangères sont largement représentées. L'Italien Canella, les Allemands Heilbuth et Runk, la Belge Gabrielle Vanier, le Hollandais Jongkind, l'Autrichien Loir, l'Américain Logan, le Polonais Merwart, d'autres encore, sont représentatifs de leurs pays respectifs ou de leur propre vocation artistique.

L'ensemble forme une documentation iconographique de premier ordre, où romantisme et impressionnisme trouvent leurs motifs"chez nous", tout comme l'étrange poésie du Douanier Rousseau... Mais nous ne connaîtrons jamais tous les "peintres du dimanche", amateurs plus ou moins talentueux, qui ont planté leurs chevalets sur nos rivages, uniquement pour leur plaisir ...

Pierre MERCIER

peut-être les mêmes ?) furent également exposées en 1941, présentées par Deroy (Il). Ce sont probablement les plus anciennes photographies connues sur le Bas-Meudon.

ANASTASI (Auguste-Paul-Charles)

Né et mort à Paris, 15 novembre 1820 -15 mars 1889. Paysagiste et lithographe.

Élève de Delacroix, de Corot et de Delaroche. Il peignit de forts jolis paysages des environs de Paris, sachant évoquer en quelques traits, en demi-teintes discrètes, la poésie des heures indécises. C'est le cas de son Parc de Saint-Cloud,

(2)

"Le point le plus noir reste le musée dont le sauvetage des collections inestimables reste aléatoire par absence de local. Déjà une toile a été déclarée irrémédiablement perdue. lors d'une récente visite d'inspection et d'autres sont gravement menacées . .. (Rapport de l'archiviste municipal, 1977.)

(3)

Art et histoire du X VI' au XX' siècle, Meudon, 3 -25 octobre 1936, catalogue, 76 p., 424 numéros; Meudon à travers les âges, Meudon, 13 juillet -15 septembre 1937, catalogue, 50 p., 332 numéros.

(4)

Rengarde (Dr P.-Jules), pseudo Aristide Roger, Promenades d'un naturaliste aux environs de Paris, 1876, p. 140.

(5)

Nous paraphrasons ici Marie-Madeleine Aubrun, jules Dupré, catalogue, 1974.

(6) Les Métamorphoses de la banlieue parisienne, 1962, p. 42.

(7) Il semble que le Q.G. était établi dans le bourg de Sèvres, tout au moins dans les

premiers jours de l'occupation: c'est ce qui ressort d'une lettre du 30 mars.

(8)

Musée mun. de Sèvres, nOs 6 et 7. Un inventaire, consulté en 1948, donne cette variante: Lord Addington.

(9)

Reproduit dans Caïn (Georges), Environs de Paris, (1911), p. 165.

(10) Bull. Soc. Amis de Meudon, nO 22, mars 1941, p. 409.

(11) Exposition A Meudon en 1841, catalogue, 25 mai -3 novembre 1941, p. 8.

dessiné en 1858, où l'on voit la grande allée en bordure de la Seine, avec à gau­che le fleuve et un bateau à vapeur, ainsi que le pont de Sèvres dans le lointain. Les promeneurs conversent par groupes de deux ou trois personnes (12).

Mais Anastasi fut surtout inspiré par Fontainebleau et les gorges d'Apremont. Vers 1870, il devint totalement aveugle. H. Béraldi cite de lui des lithos très soignées de paysages, d'après Cabat, Corot, Diaz, J. Dupré, Isabey, Le Roux, Martin, Th. Rousseau, Lambinet, etc.

ARNOUT (Jean-Baptiste)

Né à Dijon, 24 juin 1788.

Peintre et lithographe.

Élève de Devosges, il travaille à Paris, où il expose quelques aquarelles de monuments, de 1819 à 1865. Il voyage entre-temps en Belgique, en Italie et en Espagne et se fait connaître comme lithographe. On a de lui des estampes sur les cathédrales de Reims et d'Anvers. Une vente du 1" mars 1950 a fait connaître Le Château de Laperre à Issy, dessin rehaussé de sépia et lavis (1 100 F) (13).

Outre cette œuvre sur Issy, nous signalons une Manufacture de la porcelaine de Sèvres, par ledit Arnout, publiée par Jeannin, place du Louvre, 20 (14). Il s'agit des anciens bàtiments de la manufacture, occupés de nos jours par le Centre international d'études pédagogiques.

Nous connaissons aussi une Vue d'une partie du village de Sèvres, prise du parc de Saint-Cloud (15) : au premier plan, une femme avec son ombrelle et un enfant à la main; en arrière, des maisons (de la Grande-Rue ?) ; des arbres encadrent la gravure. Celle-ci a été lithographiée par Delpech : probablement François-Séraphin Delpech (né et mort à Paris, 1778 -25 avril 1825) qui grava surtout des séries de portraits et de costumes, d'après des peintres de son époque.

ARNOUT (Louis-Jules)

Paris, 1" juin 1814 -1868. Peintre et lithographe.

Fils deJ.-B. Arnout et élève de Rouillard, il expose à Paris, de 1852 à 1867, plusieurs séries de vues françaises, anglaises et italiennes.

Nous possédons de cet artiste une superbe épreuve, Saint-Cloud en ballon, vue prise de Boulogne, publiée à Londres le 1" février 1846, imprimée chez Lemer­cier, à Paris. Le panorama sur Saint-Cloud, le pont et le parc est magnifique. Deux bateaux sont sur la Seine. Au premier plan, la plaine de Boulogne, avec ses vastes champs et deux bàtiments clos de murs. La chaussée du pont n'a que quelques maisons. Un cortège de cavaliers et de carrosses quitte le château et s'engage sur le pont. A l'extrême gauche, l'ancienne manufacture de Sèvres, le pavillon de Breteuil, quelques arches du pont de Sèvres et, dans le lointain, en bordure du bois, un train â vapeur sur la ligne Paris-Montparnasse (16).

BACLER D'ALBE (Louis-Albert-Ghislain)

Saint-Pol-sur-Ternoise, 21 octobre 1761 -Sèvres, 12 septembre 1824 (17). Général et baron de l'Empire, peintre, lithographe et graveur.

Topographe et cartographe, Bacler d'Albe devint directeur du dépôt de la Guerre. Il préparait, avec Napoléon, tous les plans des batailles et, pendant dix-sept ans, il exerça la fonction unique de chef de l'état-major, tenant informé l'Empereur de la situation de l'armée par rapport aux positions de l' adversaire.

Mais ce sont ses qualités d'artiste que nous devons évoquer (18). Bacler d'Albe possédait à Sèvres, "22, route de Vaugirard, vis-à-vis le vieux Pont", la belle villa où il mourut, dont le jardin principal forme la terrasse dominant la berge de la Seine. Une gouache originale le montre avec sa femme et leurs trois enfants, vers 1821, dans le jardin. C'est cette habitation, un peu modifiée, qui abrite actuellement le collège arménien Samuel Moorat, 26, rue Troyon.

Parmi les nombreux travaux que Bacler d'Albe exécuta (gravures au trait et à l'aquatinte, lithographies, recueils de planches), nous citerons les Promenades pittoresques dans Paris ses environs, publiées en 1822, avec 48 planches et 35 pages de texte. Plus de vingt de ces planches sont consacrées à Issy, Meudon, Sèvres et Saint-Cloud. Faisons un choix, quelque peu arbitraire:

-L'Arche de hallage du vieux pont de Sèvres (19), dont il existe au moins deux éditions: l'une par Villain, l'autre par G. Engelmann. Sur le toit de l'auberge, placée à l'entrée du pont, côté Boulogne, une girouette-enseigne en fer'découpé rappelle l'ancienne galiote et les frustres embarcations qui lui succédèrent (20). Contre la première pile immergée, une cabane a été construite en pièces de bois, planches, douves de fûts, épaves diverses repêchées en Seine par les pêcheurs boulonnais. Nous voyons dans son voisinage plusieurs personnes. Au premier plan à gauche, un paysan assis sur une borne d'amar­rage, regardant paître trois beaux moutons; à côté de lui, un lot de longues et vastes nasses d'osier montre assez l'importance de la pêche fluviale dans les occupations locales. Nos paysans portent la courte veste et le bonnet de laine des portefaix romantiques, pièces de vêtement qui font s'apparenter leur silhouette à celle des Napolitains et des Vénitiens de la même époque. Sur le pont, une voiture bâchée roule en direction de Sèvres: voiture maraîchère revenant de livrer ses légumes frais à Paris ; tandis que le conducteur fouette son cheval, la femme (son épouse ?), à l'arrière, adresse un signe amical ­peut-être galant 1 -à un cavalier monté sur un trotteur anglais. Près de la voiture, marche un soldat, "boisseau" en tête et fusil sur l'épaule;

-Le Nouveau pont de Sèvres, avec également les deux éditions précitées. Vue aussi pittoresque que la précédente, prise de la rive de Boulogne, avec la pointe de l'île Seguin et ses hauts peupliers, ainsi que la demeure de Seguin. Une quinzaine de barques (1), autour des pêcheurs et leurs paniers à poissons, les maisons de la rive de Sèvres et, se détachant, le pavillon de Breteuil ;

-Vue du vieux pont de Sèvres, toujours avec les deux éditions, écoutons le commentateur de l'époque: "On taxe les peintres de bizarreries, c'en est une peut-être de m'arrêter sous la premiêre arche de ce vieux pont, du côté de Sèvres. Mais je trouve du pittoresque sous cette voûte informe de bois rongé par la vétusté. Des pêcheurs et des blanchisseuses s'y mettent à l'abri d'un soleil ardent. Le joli coteau du Bas-Meudon et une partie de l'isle Séguin offrent dans le lointain une vue agréable... Et Becler d'Albe précise -car c'est lui qui écrit : "J'ai vu, pendant un hiver rigoureux, une grande partie des arcs­boutants qui soutiennent le tablier du pont, emportés dans un instant par la débâcle." Ces Promenades pittoresques ont été publiées en 1822, mais Bacler d'Albe a peint les lieux dans l'été 1820, car il nous informe: "Le vieux pont est fermé et condamné à la destruction... Le public jouit d'un nouveau pont solide et élégant, dont le passage n'a plus rien d'effrayant et offre même de très beaux points de vue." Or nous savons par ailleurs (21) que le pont de pierre a été ouvert à la circulation le 25 août 1820 ;

-La Nouvelle Place du pont de Sèvres, deux éditions (celle d'Engelmann existant en couleurs). Citons toujours Bacler d'Albe: "Il a fallu sacrifier le bas du parc de Saint-Cloud et se décider â porter la hache sur une masse consi­dérable d'arbres antiques... Moi-même j'allais, je l'avoue, avec un peu d'humeur, voir le résultat de cet abattis. Mon chagrin bientôt disparut à la vue d'un charmant tableau, formé par la butte de Sèvres couronnée de beaux arbres.

(12)

Bibl. nat., estampes, topogr. de la France, Saint-Cloud. nO 20 783.

(13)

Cf idem, Issy. pièce datée de 1823.

(14) Extrait des Vues des environs de Pans, Saint-Cloud, Meudon, lithographiées par

Arnout.

(15)

Bibl. nat., estampes, Va 92-b, tome 9 ; musée mun. de Sèvres, nO 6.

(16)

Coll. P.M. et musée de Boulogne. Reproduit dans Fleury, Le PalaIS de Saint· Cloud,

p.

221.

(17)

Il fut inhumé le 14. Son acte d'inhumation, à l'église de Sèvres. est signé par Jean­François Robert et Jean·Baptiste Van Marck (témoins) et par Ravanier (curé) .. Sa femme. Marie-Marthe·Alexandrine Godin, mourut le 19 août 1836 (inhumée le 20), âgée de 68 ans. -L'un de leurs enfants. Louis-Marc, était né à 'Issy le 9 brumaire an XIV (31 octobre 1805) ; il fut baptisé à Sèvres en janvier 1825 seulement. Tous ces

renseignements sont inédits.

(18)

Cf Lartigue (Alfred), "Bacler d·Albe". dans Bull. Soc. AmIS de Meudon, nO 24, sep­tembre 1937, p. 83-89.

(19)

Reproduit par Mlle Alexandre, dans son bel article. notre Bulletin, nO 4, juin 1972,

p.

141. Le cliché est malheureusement reproduit à l'envers (négatif).

(20)

Cette girouette a été reconstituée par M. Robillard, instituteur à Boulogne, et expo· sée en 1952 : Traditions populaires des environs de Paru, château de Sceaux, nO 89. Présentée aussi en 1974, à Sèvres, lors de l'exposition" Les Bords de Seine".

(21) Bruyère (L.), Études relatives à l'art des constructions, 1823, p. 14.

Vue des Rives de la Seine au bas du parc de Saint-Claud.

Eau-forte de L.-P. Baltard. Cliché Bibl. nat.

Une riche végétation rafraîchit la vue, elle sert de fond à de jolies fabriques et à des cafés ornés de galeries et de fleurs (22) ; quelques marronniers du parc ont été conservés et ombragent sur le devant des tables de restaurateurs. C'était un jour de fête; la foule des promeneurs était considérable. Ici on buvait, là on chantait, les voitures traversaient la nouvelle place. La roue d'une d'entre elles se brise et offre aux spectateurs une scène grotesque dont par bonheur les acteurs en furent quittes pour la peur. Ainsi donc, ne regrettons plus les beaux arbres ; nous y avons gagné de jolies vues" ;

-L'Allée du bord de l'eau: cette allée est située dans le parc de Saint-Cloud, près de la Seine. Ce sera aussi un motif classique pour de nombreux autres artistes;

-Le Départ de Saint-Cloud : motif que nous retrouverons également souvent. Près de l'entrée du parc (côté Saint-Cloud), c'est la vue sur la Seine, la rive gauche jusqu'au pont de Sèvres au fond, la rive de Boulogne de l'autre côté. Promeneurs ou voyageurs, élégantes ou paysans, se côtoient ou attendent les deux diligences que l'on aperçoit au premier plan;

-Vue des coteaux de Sèmes et Saint-Cloud: "Au-dessous de Bellevue, une partie des coteaux de Sèvres offre l'image du désordre et de l'aridité. De grands éboulements de terre et des débris de carrière servent de retraite à quelques malheureux lapins que l'àpreté d'un terrain exposé à toute l'ardeur d'un soleil d'été, ou au froid pénétrant du vent du Nord, met à l'abri des visites impor­tunes. On y jouit cependant d'une perspective imposante. Les mouvements du terrain contrastent bien avec les plaines voisines qui n'offrent à l'artiste qu'une désespérante monotonie."

-Vue de Paris prise de la butte du Bas-Meudon: le motif est pris du haut de la route des Gardes, vers la capitale, sur la vallée de la Seine. L'île Saint­Germain s'allonge démesurément, quatre îlots sont esquissés entre l'île et la rive de Meudon; au premier plan, hommes et femmes ramassent des fruits sur les arbres.

BADUFLE (Albert-Paul)

Né à Chartres.

Graveur.

Élève de Gouffroy, cet artiste travailla à Issy-les-Moulineaux. Notre reglOn l'attira souvent et il exposa, au Salon de 1903, Coucher de soleil sur les coteaux de Saznt-Cloud. Peintre et graveur de Sèvres, nous connaissons encore Les Rives du Bas-Meudon, charmante peinture faite vers 1900, offerte par sa fille au musée de Meudon en 1951 (23).

BALTARD (Louis-Pierre)

Paris, 9 juillet 1764 -Lyon, 22 janvier 1846.

Peintre et graveur.

Père du peintre Jules Baltard et de l'architecte Victor Baltard. Entre à l'école de l'Académie royale en mars 1783, séjourne à Rome en 1786. A son retour en France, est peintre de paysages. Participe aux Salons de 1795, 1799, 1810, 1814 et 1833. Expose des paysages aux expositions de 1834 et 1835. Occupe une place considérable comme architecte de la ville de Paris, mais nous n'avons à nous occuper ici que de son rôle comme peintre et surtout comme graveur.

Nous possédons de cet artiste quatre belles épreuves (24) :

-Vue du parc et du château de Saint-Cloud prise des hauteurs de Sèmes,

aquatinte, 34 X 49 cm. Le paysage est pris de Brimborion, sur la Seine et le pont de Saint-Cloud, avec pavillon d'Italie, lanterne de Diogène et château de Saint-Cloud. Une grande partie de la gravure est occupée par le sommet des arbres du parc et, au loin, un ciel d'orage et de nuages menace la région;

-Vue de la partz'e suPérieure du maz'l, dans le parc de Saint-Cloud, eau-forte et burin, 25 X 31,5 cm. Il s'agit ici du pavillon d'Italie, aujourd'hui pavillon de Breteuil ;

-Vue des rives de la Seine au bas du parc de Saint-Cloud, eau-forte, 21 X 8 cm. La terrasse de Saint-Cloud, au bord de l'eau, s'étend sur une grande longueur; au loin, le château de Bellevue, le vieux pont de Sèvres et cinq de ses arches de bois, l'île de Monsieur, désertique et non rattachée à la rive. Au premier plan, deux cavaliers et un piéton, une barque sur le fleuve;

-Vue de la lanterne de Démosthène prise d'une des avenues du parc de Saznt-Cloud : cette vue de la lanterne sera souvent citée au cours de la présente étude. Il s'agit du monument qui existait jusqu'en octobre 1870, sur la terrasse du parc qui domine Boulogne et Paris, et qui reproduisait le monument choré­gique de Lysicrate d'Athènes. Quand l'Empereur résidait à Saint-Cloud, on allumait une "lanterne", pour informer les Parisiens: ceux-ci prirent l'habi­tude d'appeler le monument" Lanterne de Diogène", en souvenir du philo­sophe grec qui se promenait en plein midi, dans la capitale hellénistique, en disant: "Je cherche un homme."

BARBANT: cf. CLERGET (Hubert)

BASTIEN (Charles)

Né à Rombas (Moselle). Peintre.

Sociétaire du Salon des Artistes français, cet artiste contemporain a fait : Paysage d'automne à Saznt-Cloud (1928), La Neige au Bas-Meudon (s.d.), La Neige près de Sèmes (1936). Mme Ch. Bastien a offert au musée de Meudon Vue prise de la terrasse de l'ancien château de Mme de Pompadour, peint par son mari (25).

BATAILLE (jean-Auguste-Émile)

Né à Paris en 1818.

Paysagiste.

On connait de lui des Bords de l'eau et il a exposé au Salon, de 1853 à 1869. Est-ce lui qui a fait La Seine au Bas-Meudon, huile sur toile, de 1881, actuel­lement au musée de Meudon?

(22) Il est curieux de noter que les cartes postales de 1900 montrent aussi les restaurants du bas de Sèvres, avec galeries et fleurs.

(23) Bull. Soc. Amis de Meudon, nO 62, décembre 1951, p. 1.

(24) Calcographie du Louvre, nOs 3091, 3092 et 3095; Bibl. nat., estampes. topo­graphie de la France, Saint-Cloud, cliché 21 018. Fleury, op. ct/., p. 124, reproduit la première de ces épreuves avec cette légende : .. dessin anonyme".

(25) Bull. Soc. Amis de Meudon, nO 26. novembre-décembre. p. 527.

BATTY (Robert)

Londres, 1789 -20 novembre 1881.

Peintre, dessinateur, aquarelliste et graveur à l'eau-forte (école anglaise).

Batty abandonna l'étude de la médecine pour la carrière militaire. Il prit part à la

guerre d'Espagne et fixa ses impressions de Waterloo dans une série d'aquarelles.

Estampe du capitaine anglais Batty_ Publiée à Londres le 1" mars 1820.

Sur la vallée de la Seine, on distingue l'ancien pont de bois de Sèvres (qui traversait

l'île Seguin), ainsi que le nouveau pont de pierre, nouvellement construit, plus en

aval. -Le long du parc de Saint-Cloud, sur la rive gauche, l'île de Monsieur est déjà

rattachée à la terre ferme, mais reste un immense banc de sable.

Entre 1822 et 1832, il publia des suites de scènes tirées de différents pays européens, qui furent gravées. Lui-même grava en 1813 The campaign ofthe left wing of the allied army in the western Pyrenees and south of France.

Nous possédons deux estampes identiques, intitulées Sèvres .-l'une est datée du 1" mars 1820 et publiée à Londres par Rodwell and Martin; l'autre, non datée, comporte aussi les noms de Rodwell and Martin, ainsi que C.-F. Panckoucke, de Paris (26). Les deux estampes ont été gravées par Edward­Francis Finden (né et mort à Londres, 30 avril 1791 -9 février 1857). Celui-ci était l'élève de James Mitan; il fit quelques planches pour le célèbre Literary Souvenirs.

Cette gravure du capitaine Batty est intéressante: prise des collines de Belle­vue, on y voit les deux ponts de Sèvres (le récent, en pierre, est en service, car on y distingue une voiture se dirigeant vers Paris), ainsi que le pont de Saint­Cloud et le mont Valérien dans le lointain. Des arbres encadrent la gravure et, au premier plan, sur les pentes, un troupeau de moutons est gardé par un berger assis qui parle à un autre homme debout.

Du même Batty, nous possédons également sa Viewfrom Montretout at Saint­Cloud (dont une épreuve en couleurs), publiée à Londres le 1" novembre 1820 et gravée par J-C. Edwards, peintre et graveur qui devait présenter l'année suivante, à l'Académie, sa peinture Petite fille. Cette fois-là, la vue est prise du côté opposé et l'on voit au loin les deux ponts de Sèvres. A perte de vue, des arbres d'où émergent seulement le château de Bellevue, le pavillon d'Italie et la lanterne de Démosthène_

BÉRARD (De)

Le Monde illustré, nO 704, samedi 8 octobre 1870, page 237, a publié un dessin de M. de Bérard, intitulé : "Combat du Claymore, chaloupe canonnière, contre une batterie prussienne établie près du pont de Sèvres." -Cf. aussi PIERDON (François).

BERNIER (Camille)

Colmar, 1823 -Paris, 13 mai 1902. Paysagiste et graveur.

C'est probablement lui qui a peint La Seine à Billancourt, panneau qui orne les splendides salons de l'Hôtel de Ville de Paris.

BERTRAND (Paulin-André)

Toulon, 4 février 1852 -La Garde, 27 mars 1940. Peintre et sculpteur.

Élève de Cabanel. Débute au Salon des Artistes français en 1878 et y expose sans interruption jusqu'en 1925. Ses motifs sont pris en Provence et en Normandie. Il a fait des marines et le musée de Meudon conserve de lui un Bas-Meudon, épreuve de l'Art français .-le tableau lui-même avait été présenté au Salon de 1887.

BEZANÇON (Professeur Fernand)

1868-1948.

Médecin à l'hôpital Boucicaut, de 1918 à 1925.

Frère aîné du docteur Albert Bezançon, inspirateur de cette étude. Fernand Bezançon, ébloui par le soleil couchant flamboyant sur les nes de la Seine, a laissé une petite toile, Vue sur la Seine, de 1895, que le musée de Boulogne­Billancourt conserve précieusement. Cette peinture avait été présentée pour la première fois à la Société historique de Boulogne, le 28 mars 1958.

Lithographie de Bichebois, 1830.

La vue est prise du chemin qui descend de Bellevue au Bas-Meudon. L'île Seguin reste

un fouillis de verdure. A gauche, on distingue au milieu des arbres du parc de Saint­

Cloud, la lanterne de Démosthène qui sera détruite en octobre 1870_

BICHEBOIS (Louis-Philippe-Alphonse)

Paris, 14 avril 1801 -1850. Paysagiste et lithographe.

Élève de Rémond et de Regnault. Il expose dès 1824 au Salon, notamment des vues d'Auvergne et du Languedoc. Ses lithos sont faites d'après ses propres dessins. Il collabore à un certain nombre de recueils de vues de voyages et de cours de paysages.

(26) Les Panckoucke forment une lignée de libraires et d'éditeurs. L'un d'entre eux, Charles-Louis, est mort à Meudon en 1844.

Nous possédons une vue romantique de cet excellent artiste: Sèvres et Saint­Cloud, parue dans La Seine, 1" livraison, pL 9_ Elle est datée de 1830 et, après le nom de Bichebois, on lit: "Fig. par V. Adam" (cf. ce nom). Le paysage est pris du chemin descendant de Bellevue, un le couple de cavaliers se retourne pour parler à une femme du pays. Le pont de Sèvres garde sa saveur d'autre­fois, l'île Seguin est toute boisée, la rive de Sèvres et surtout Saint-Cloud, dans le lointain, sont déjà bâtis (27).

BINETEAU

Une gravure du cabinet des estampes (28) représente une Vue prise à Meudon, nO 4. Elle est probablement extraite d'un cours de dessin ou de paysage, car la légende du cliché donne des conseils pour l'élaboration du dessin. Celui-ci n'offre guère d'intérêt documentaire: le croquis, qui" a été dessiné le matin", a été pris du "chemin qui conduit du Bas-Meudon au château un peu au-dessous du projet du chemin de fer de Paris à Versailles (rive gauche)". On peut donc dater cette gravure des environs de 1839. Seule indication : "Lith. Bineteau, r. des Maçons".

BLANCARD (H_)

Ce photographe -sur lequel nous n'avons pas de renseignements, mais qui habitait à Meudon, place Rabelais -nous a laissé une série de platinotypies d'un grand intérêt documentaire. Il s'agit d'un procédé où l'image est consti­tuée par du platine; les épreuves sont conservées dans deux albums, à la bibliothèque de la ville de Paris (29) et un Catalogue général de ces platino­typies, édité en 1891, se trouve à la Bibliothèque nationale (30). Il est évident que les platinotypies elles-mêmes ont été exécutées antérieurement, quelques années avant 1891 (31)_

Nous avons ainsi 159 clichés sur Meudon, 17 sur Bellevue et 18 sur Sèvres, dont un grand nombre concernent le Bas-Meudon, l'île Seguin, le pont de Sèvres et la vallée de la Seine. Citons:

-A Meudon: Grande-rue du Bas-Meudon, Restaurant au bord de la Seine, Passe entre les îles, Petit-Bras de la Seine, Arbres sur la rive gauche de la petite île, Petites îles, Un Cheval se baignant, La Station des bateaux à vapeur, Grande île, Un Pêcheur, L'ÎLe qui fait face au Bas-Meudon, Nouvelle voie

ferrée, etc.

-A Bellevue: Vue de Saint-Cloud et de Billancourt, avec le pont de Sèvres, Vue du Bas-Meudon et de Sèvres, le pont de Sèvres dans le fond, Vue du Bas-Meudon, le pont de Sèvres et le mont Valérien dans le fond à droite, etc.

-A Sèvres : Petit bras de la Seine, Pont de Sèvres (Péniche, bateau-lavoir, etc.), Station des bateaux à vapeur, Bateau à vapeur entre Sèvres et Saint­Cloud, etc.

(Nous tenons à la disposition de nos lecteurs tous ces clichés.)

BONINGTON (Richard Parkes)

Arnold, 1802 -Londres, 1828.

Peintre (école anglaise).

Mort à 26 ans, Bonington vint dans "notre" île Seguin, à l'été 1820, retrouver son camarade d'atelier Paul Huet. Ses peintures et aquarelles sont remar­quables par la fraîcheur des tons et par leur grâce artistique. On connaît de lui un Parc de Versailles et L'fucalier de Saint-Cloud, ce dernier vendu 9 000 F lors des enchères Alphonse Kann (6-8 décembre 1920). Est-ce lui qui peignit Pêcheur au pont de Sèvres, "œuvre exceptionnellement lumineuse" ? Ce qui est sùr, c'est que Paul Huet et Bonington ont travaillé ensemble et échangé certaines de leurs œuvres: il n'est donc pas impossible de trouver sous le cachet de P. Huet des œuvres de Bonington et vice-versa. Celles de l'artiste anglais sont néanmoins reconnaissables, le plus souvent, grâce à un trait plus sec et plus fin que celui de Huet (32).

BOUDIN (Eugène)

Honfleur, 12 juillet 1824 -Deauville, 8 aoùt 1898.

Peintre.

Vers 1868, cet artiste aurait habité 19, rue des Binelles, à Sèvres. De son atelier, d'où la vue sur la vallée était à l'époque magnifique, il aurait été touché par ce paysage (33).

BOURGEOIS

Le musée de Sceaux possède une peinture, non datée, intitulée La Seine au Bas-Meudon, 40 X 65 cm. Nous ignorons tout de ce peintre_

Une estampe, datée de 1819, est intitulée: Vue du pont de Saint-Cloud prise des hauteurs de Sèvres. Elle parut chez F. Delpech, imprimeur-lithographe, que nous avons évoqué avec le peintre Arnoul. Quant à l'estampe elle-même, elle a été reproduite dans un de nos précédents articles (34). Malheureusement, les artistes portant le nom de Bourgeois étant très nombreux, nous n'avons pu connaître la biographie de ce peintre. Peut-être pouvons'nous l'identifier avec le dessinateur suivant.

BOURGEOIS (Florent-Fidèle-Constant)

Guiscard, 1767 -Paris, 1848.

Une vente de cet artiste, en 1814, indique Vue de l'intérieur du parc de Saint­Cloud, dessin au bistre, 51 X 72 cm, 326 F (35).

BOURGEOIS (Paul-Jérôme)

Né â Paris, 1811. Peintre paysagiste.

Il expose au Salon, de 1835 â 1840. On cite de lui une Vue prise au Bas-Meudon. Peut-être est-ce la gravure de la Bibliothèque nationale, qui porte ce même titre (36) ?

BOUTON

Le musée de Meudon possède un Point de vue pris au Bas-Meudon, esquisse d'une peinture faite par un sieur Bouton. La lithographie est de C. Motte. A qui attribuer ce document? Il y a Charles-Marie Bouton (16 mai 1781 -28 juin 1853) qui fit surtout des vues des monuments, etJoseph Bouton qui travaillait à Paris entre 1790 et 1803.

(27) Cette estampe est reproduite dans Dubois (René), Île-de-France, commissariat géné­

ral au Tourisme, "présentation", sans identification ("gravure anonyme").

(28)

Topographie de la France, Meudon·, nO 18 367.

(29)

Paris-Album, in-4°, nOs 27-28. Nous avions consulté, en 1943 (!), à la Bibliothèque de la ville de Paris (à l'époque au musée Carnavalet) l'ouvrage suivant : Environs de Paris .' Meudon, Bellevue, Sèvres, s.d., platinotypie H. Blancard. Malgré plusieurs demandes effectuées au début de 1978, nous n'avons pu retrouver cet ouvrage.

(30)

4' v. 3 167.

(31)

C'est ainsi que le cliché: Sèvres. Station du nouveau chemin de fer, est probablement de 1889 : la gare du pont de Sèvres -telle que nous la connaissons actuellement -qui ne comporte auneune vitre et où l'horloge n'est pas encore placée, a certainement été photographiée avant le 1" mai 1889, jour d'inauguration de la ligne. Il en est de même pour le cliché qui représentela voie ferrée en construction au Bas-Meudon, photographiée sans doute en 1888. D'autres clichés portent la date de 1887.

(32)

Cf notre.Bulietin, nO 22, juin 1981, p. 144.

(33)

Témoignage d'un vieux Sévrien. Sur Boudin, cf Benezit, t. II, p. 216-218.

(34)

Notre Bulletin, nO 25, décembre 1982, p. 342. Nous possédons aussi deux exem­

plaires. couleurs et noir. d'une estampe d'un sieur Bourgeois, titrée: Entrée d'une

camëre à Sèvres, litho de G. Engelmann.

(35) Mireur (Dr H.), Dictionnaire des ventes d'art.

(36) Topographie de la France, Meudon, nO 18 376.

BRACQUEMOND (Félix)

Né et mort à Paris, 22 mai 1833 -29 octobre 1914. Peintre et graveur.

Le célèbre graveur débute au Salon de 1852 et, dès 1866, il s'affirme comme un aquafortiste de grande valeur. Directeur des travaux d'art à la manufacture de Sèvres, il n'y reste que six mois et devient directeur artistique des ateliers de céramique Haviland à Paris, de 1872 à 1880. Il vécut longtemps sur les hauteurs boisées de Sèvres et des lettres que nous possédons de lui attestent ses grandes qualités artistiques.

Il ne pouvait pas ne pas être attiré par la région proche de son domicile et nombreuses sont ses œuvres faites à Sèvres et aux environs. Bachots au bord de la Seine, plume et aquarelle (ventes de mai 1921 et de février 1934) ne sont peut-être pas exécutés"chez nous", mais on peut citer Arbres dans le parc de Saint-Cloud (37), croquis à l'eau-forte, ou encore Une Allée dans le parc de Saint-Cloud, fusain (vente du 9 déc'embre 1920).

Mais nous avons surtout une suite de huit planches, sous le titre collectif Au Bas-Meudon, dessinées sur le vernis directement, d'après nature; au tirage, elles sont venues renversées. Ce sont :

-La Seine au Bas-Meudon: chemin de halage, à gauche la palissade d'un chantier de bois et des arbres, à droite la Seine et l'île Seguin. Au milieu, l'île dite des Mottiaux. Au premier plan, des bachots amenés sur la rive et, au bord de la rivière, des blanchisseuses; 1868. -Reproduction gillotée dans l'Art, 1878, et dans la Gazette des beaux-arts, 1" mai 1884.

-La Scierie du Bas-Meudon: à gauche la Seine, au fond les hauteurs de Sèvres, à droite, au sommet de la berge où l'on monte par une rampe, un groupe de constructions, commençant par une scierie en planches et se terminant par le cabaret du "Poisson rouge" ; bachots et canots sur la Seine au premier plan; s.d.

-Le Pêcheur à l'éPervier: la rive de l'île Seguin au Bas-Meudon et un fort bouquet d'arbres; la Seine coule au premier plan, qu'elle occupe en entier. Au milieu du fleuve, un bachot et un pêcheur jetant l'épervier, avec son "cartayeux" : on appelait ainsi l'homme qui conduisait la barque ; s.d. ­Certaines épreuves n'ont que la rivière, sans le pêcheur.

-Les Saules des Mottiaux, baignant dans la rivière. Certaines épreuves n'ont qu'un bachot, attaché à un arbre, à droite; d'autres ont en plus un bachot sur l'île et trois canots attachés au pied des arbres, ainsi que trois petits canards à gauche; d'autres enfin montrent le bachot sur l'île couvert de tailles; s.d. Petite reproduction gillotée dans la Galerie contemporaine.

-Le Bateau du teinturier au Bas-Meudon, au pied des arbres des Mottiaux, avec au fond le Bas-Meudon. -Tiré seulement à 25 épreuves.

-Le Bord de l'île Seguin, avec bouquet d'arbres sur la rive de la Seine; à gauche, près de l'angle inférieur, l'arrière et le gouvernail d'un gros bateau de transport, ainsi qu'un petit bachot.

-Le Canot à voile ponté: attaché à un pieu, il est au milieu de la Seine; au fond, la berge avec un canot, un bachot et une charette; à gauche, l'avant d'un bateau de blanchisseuse. -Une rarissime épreuve à quatre arbres sur le haut de la berge, et sur les autres épreuves, les arbres ont été enlevés.

-Essai avec une rivière au premier plan, un bouquet d'arbres et deux bateaux à gauche, un batelier et deux canards à droite; au fond, la rive opposée. -Pièce inachevée.

Quatre des vues prises au Bas-Meudon avaient été exposées au Salon de 1870.

C'est l'époque où Paris-Caprice écrit:

Bracquemond, graveur franc, ton œuvre réconforte.

Sois trois fois salué, bon artiste qui rends

Les charmes de l'eau vive et ses saules vibrants,

Avec un peu de cuivre, avec un peu d'eau-forte.

Il convient de citer encore une carte de visite de Pierre Guichard, avec un troupeau d'oies au bord d'une rivière, un bachot, des régates dans le fond. Au premier plan, sur un écriteau : "Pierre Guichard, secrétaire du sport nautique, défense d'entrer dans cette île." Cette jolie carte est de 1867 et nous ne sommes pas sûr qu'il s'agisse de l'île Seguin.

Par contre, une intéressante petite pièce forme une carte d'invitation (1868), avec les bords de la Seine au lever de lune, plusieurs barques, porte ces mots: "M... M. Émile Renard vous prie d'honnorer (sic) de votre présence le bal précédé de nopces et festin qui aura lieu le vendredi 14 août chez Belizaire, md de vin pêcheur île de Billancourt, 6 h précises. " -Nous avons vérifié: le 14 août 1868 était bien un vendredi!

Bracquemond est donc venu très souvent sur nos bords de Seine. Au Bas­Meudon, où existait autrefois une verrerie (45, route de Vaugirard), rachetée par les usines Renault en 1933, il viendra dans cette manufacture et dessinera différentes pièces de verre (pichet, sucrier, flacon, etc.) (38).

Ces dernières années, plusieurs expositions lui ont rendu un hommage mérité (39). Et l'on a pu dire qu'à partir de 1868, avec Les Saules des Mottiaux, il y a un tournant important dans la manière de l'artiste: paysages clairs et aérés, où l'effet lumineux devient essentiel, où l'air circule largement entre les formes. Troncs d'arbres, feuillages de textures variées, surface de l'eau légèrement ridée, sont rendus avec une maîtrise et une sûreté de main étonnantes. Travail consciencieux, que les amateurs d'art apprécient. Mais les historiens locaux ont aussi des documents qui montrent l'état des lieux il y a plus d'un siècle: documents qu'on ne trouve que là.

En automne 1979, nous avons vu "passer" en vente Les Bords de la Seine au Bas-Meudon, légère aquarelle (20,5 X 31,5 cm), signée de l'initiale, pour 3 500 F. Le fleuve occupe une large place, la colline de Meudon-Issy est à droite, des barques sont amarrées; au fond, les îles du Bas-Meudon (40).

BRAM-MANUEL

Versailles, 1809 -Paris, 1878. Musicien et peintre.

C'était l'oncle du poète Eugène Manuel. Premier prix de violoncelle, conser­vatoire de Paris en 1819, à l'âge de dix ans; il fut membre de l'orchestre de l'Opéra pendant trente-quatre ans. Ce fut un peintre amateur, sans que cet adjectif soit péjoratif, car ses aquarelles sur les environs de Paris, ses intérieurs, 'ses portraits ont une saveur délicate.

Le musée de Meudon, qui possède son portrait (peinture anonyme), garde aussi, grâce aux dons de sa petite-fille, Mme Zay-Manuel (41), L'Entrée du parc de Saint-Cloud, le pont de Sèvres et les hauteurs de Bellevue, peinture, vers 1847. Le même musée conserve aussi plusieurs aquarelles, dont: Bords de Seine (1856), La Gare de Sèvres (1870), La Belle propriété de M. Deliste (22 juin 1870), et quatre autres aquarelles, non datées: Vue de la Seine et de l'île Seguin, Le Pont de Sèvres, Le Chemin de fer de Bellevue à Sèvres, et Le Pavé des Gardes. D'autres motifs représentent Chaville, Clamart, Fleury.

BREMOND (Jean-Louis)

Né et mort à Paris, 22 novembre 1858 -1943.

Peintre paysagiste et graveur.

Exposa au Salon à partir de 1881. A réalisé des vues sur Passy et illustré plusieurs volumes. Le musée municipal de Sèvres (NOS 504-505) conservait autrefois deux gravures de cet artiste, don de son fils: Pont de Sèvres (petit bras de la Seine) et Fumées sur la Seine, où l'on voit le pont de Sèvres, le quai de Billancourt, avant la construction des usines Renault.

(37)

Beraldi (H.), Les Graveurs du XIX' siècle, t. III, Paris, 1855, nO 123. -Sur bracque­mond, nous avons consulté: Monod (Lucien), Le Prix des estampes anciennes et modernes, t. l, 1920, p. 123.

(38)

Bibl. des arts décoratifs, coll. Maciet, section 481, vol. 4, fol. 4 (six gravures sans indi­

cation de provenance).

(39) Expositions à la Bibl. nat. : Peintres graveurs français, 1974 ; Principales techniques de l'estampe impressionniste, 1978, nOs 158-160.

(40)

Catalogue Prouté, nO 73, automne 1979, nO 10.

(41)

Bull. Soc. Amis de Meudon, nO 21, janvier 1941, p. 391.

BRUANDET : cf. MICHEL (Georges)

BURN-SMEETON

Peintre.

Nous connaissons de cet artiste deux peintures exécutées vers 1880 : Les Mou· tons au Bas-Meudon et La Seine au Bas-Meudon, exposées en 1937.

CALMELET (Hedwig)

Née à Laon, 1814.

Peintre de paysages à l'aquatinte.

Cette femme expose entre 1848 et 1870 des aquarelles sur les montagnes de Suisse. Elle nous a laissé ces trois motifs :

-Vue prise des hauteurs de Sèvres le 12 octobre 1851 (en bas à gauche) avec signature (en bas à droite), conservée aux estampes de la Bibliothèque nationale (42) ;

-Le Bas-Meudon et Près du Bas-Meudon, dessins juxtaposés (31,5 X 17,6 cm), conservés au musée de Sceaux.

CANELLA (Giuseppe), le Vieux

Vérone, 1788 -Florence, 1847. Peintre (école italienne).

Fit un long séjour à Paris où il exposa en 1826 et 1827 des vues de cette ville. Il figure dans les musées de Nantes et à Carnavalet. A la vente Robert Schu­mann, le 7 décembre 1934, Le Pont de Sèvres et la Seine vus du parc de Saint­Cloud a été adjugé 6 500 F. Cette peinture fait partie de la collection Levallois (43). On peut admirer le chemin du bord de l'eau et l'allée parallèle du parc ­tous deux rectilignes. Les promeneurs y sont nombreux, bourgeois ou ouvriers se côtoient; deux calèches longent le fleuve.

CARDANO (Felipe ou José-Maria)

Graveur et lithographe (école espagnole).

C'est lui qui introduisit la lithographie à Madrid; il fut exilé à Paris avant 1824.

Nous possédons, sous sa signature, une estampe ranSSlme, intitulée Vue de Sèvres près Paris (12,5 X 17 cm). Mais nous ne pouvons nous empêcher d'avoir un sentiment de malaise: des rochers énormes apparaissent à droite, un arbre démesuré encadre la gravure à gauche, deux hommes au premier plan près de l'eau, deux arches du pont de pierre de Sèvres (détruit ?) ; au loin, et surtout au fond, une vraie muraille abrupte, front montagneux (à la place des collines de Bellevue 1) et peut-être même, au pied, un château fort 1 Oui, l'historien qui veut connaître la réalité de la nature reste sceptique ...

CARL-ROSA (Marie-Cornilleau-Raoul)

Loudun, 1855 -juillet 1913.

Peintre de paysages.

Ce peintre brosse des bords de rivière, dont le sentiment d'abord romantique évolue vers des recherches plus viriles. Une vente du 21 octobre 1942 signale Dans l'île de Croissy (2200 F) ; une autre, à Lucerne, en novembre 1961, indique un Paysage de la Seine (10 000 F suisses).

C'est probablement le même artiste qui a fait un immense Bas-Meudon (vers 1900-1910 ?) exposé au musée de Boulogne-Billancourt: l'île qu'on aperçoit est une des îlettes du bras gauche du fleuve aujourd'hui disparue.

Un Coin de Seine: Meudon et les coteaux de Bellevue, fait en 1908 et exposé au Salon l'année suivante, nous fait découvrir la luxuriante végétation sur les bords du fleuve 'et dans l'île de Billancourt (44).

CHARLES (James)

5 janvier 1851 -27 août 1906.

Peintre de genre et de paysages (école anglaise).

Ce peintre nous est connu grâce aux tableaux brossés à Montreuil et aux environs de Paris. Nous avons noté, au musée de Meudon, une toile de Charles, de 1900 : Vue sur l'île Seguin depuis Meudon (45). Est-ce le même peintre précité?

CLARY (Jean-Eugène)

14 juin 1856 -vers 1930. Peintre.

Paysagiste délicat, à la jolie facture. A fait de nombreux Bords de rivière ou de lacs, des vues sur la Seine (Bougival, les Andelys, etc.). On connaît un Bas­Meudon, signé en bas et â droite, sans être certain de l'attribuer à ce peintre. L'épreuve a été faite chez l'imprimeur Lemercier et Cie, à Paris.

CLERGET (Charles-Ernest)

Né à Paris, 4 juillet 1812. Dessinateur et graveur d'ornements.

Sous-bibliothécaire de l'Union centrale des beaux-arts. A composé de nombreuses planches pour Goupil et 150 planches pour le Muséum d'histoire naturelle. A exécuté des dessins pour la manufacture de Sèvres. Un dessin aux estampes de la Bibliothèque nationale peut lui être attribué: Bords de la Seine à Sèvres (46).

CLERGET (Hubert)

Dijon, 29 juillet 1818 -Saint-Denis, 1899.

Peintre et lithographe.

Il exposa au Salon de Paris, de 1843 à 1865. Professeur de dessin à l'École impériale d'état-major. Nous rattachons à cet artiste les cinq documents suivants:

-La Batterie prussienne établie à la lanterne de Diogène, parc de Saint­Cloud, avant le bombardement de ce point par le mont Valérien: ne reflétant pas la réalité -on voit quatre gros canons prussiens en batterie contre Paris, au milieu de nombreux soldats -ce dessin est paru pendant le siège de Paris; il est gravé par Meaulle (47) ;

-La Batterie de Breteuil, construite par les Prussiens, occuPée par l'armée régulière depuis le 3 avrz1 (1871) : cette fois-là la réalité semble proche. Deux soldats versaillais gardent paisiblement deux canons, tandis qu'un troisième fouette deux chevaux qui traînent une bouche à feu. En aval du pont de Sèvres, se trouve un pont de bateaux, dont l'existence nous est confirmée par ailleurs par divers documents d'archives. L'île Seguin est entièrement dénudée. Dessiné" d'après nature", ce dessin est paru également dans Le Monde illustré (48), gravé par L. Delmont ;

-La Vallée de Billancourt, vue prise des hauteurs de Meudon, montre toute la plaine recouverte par les eaux lors de l'inondation de mars 1876 (49) ;

(42)

Va 92, tome 9.

(43)

Cliché à la Caisse nationale des monuments historiques.

(44)

Agence H. Roger-Viollet, N.D. 3512.

(45)

Cité par Soc. hist. et art. de Boulogne-Billancourt, séance du 22 avril 1955, procès-verbal.

(46)

Ve 26-g, in-folio.

(47)

Le Monde illustré, nO 706, samedi 22 octobre 1870, p. 269.

(48)

Idem, nO 733, samedi 29 avril 1871, p. 260.

(49)

Bibl. nat., estampes, topographie de la France, Boulogne-Billancourt, nO 17 450, et musée de Boulogne-Billancourt.

-Vue des hauteurs de Bellevue, gravure en couleurs, parue dans une revue sur la Seine-et-Oise, probablement en 1881 (50). La vue est prise vers Paris, on aperçoit à mi-plan l'ancien viaduc d'Auteuil et, au loin, la colline de Mont· martre. Le graveur est Charles Barbant (né au XIX' siècle et mort en 1922), qui collabora à différents journaux et revues, notamment au Tour du monde;

-Vue de Saint· Cloud prise sur le pont de Sèvres (51) : une péniche est amarrée sur la rive gauche, quelques arches du pont de Saint·Cloud, le fort du mont Valérien se détache nettement.

COLIN (Gustave)

Arras, 1828 -1910.

Peintre paysagiste.

Ce fut un artiste au tempérament réaliste, dont les toiles sont remarquables, tant au point de vue de la composition qu'au point de vue du coloris. Une exposition générale de son œuvre a eu lieu au Salon de la Nationale en 1906. Il a fait surtout des motifs pris dans les Pyrénées et le Sud-Ouest, se spécialisant à peindre des taureaux.

Mais sa peinture, La Seine au Bas·Meudon, forme un panneau agréable, dans le salon d'honneur de l'Hôtel de Ville de Paris.

CONSTANS (Charles-Louis) : cf. DEVELLY (Jean-Charles)

COROT (Jean-Baptiste-Camille)

Né et mort à Paris, 28 juillet 1796 -23 février 1875). Peintre.

La vie et l'œuvre de Corot sont trop connus pour être évoqués ici. Le grand peintre -qui était entré à l'atelier de Michallon que nous retrouverons plus loin -a célébré les étangs de Ville-d'Avray où il vécut longtemps. Il ne pouvait pas ne pas peindre aussi notre région. A. Robaut a pu écrire : "De Ville-d'Avray à Chaville ou à Sèvres, il est chez lui. Ces bois sont les siens et non pas ceux des autres" (52). Voici quelques·unes de ses œuvres:

-Entrée du parc de Saint-Cloud, vers 1823-1824, 22 X 38 cm, vendue 155 000 F le 15 juin 1926 ;

-Vue prise â Sèvres, vers 1823·1825, 23 X 38 cm. Prise des lisières du domaine de Saint-Cloud (parc aux chèvres), avec vue plongeante sur la vallée de Sèvres et Brimborion;

-Le Mont Valérien, pris de Bellevue, vers 1829·1833, 18 X 30 cm, adjugé 275 F à Rousset en mai 1875 ;

-Idem, vers 1860·1865, 43 X 56 cm, vendu par Corot à Détrimont en 1872 ;

A Bellevue, en regardant le mont Valérien, vendu 1 100 000 F le 10 février 1943 ;

-Paris vu de Saint-Cloud, vers 1824·1825, 33,5 X 46 cm. Peinture non signée. Dessin et calques par A. Robaut ;

-Les Hauteurs de Sèvres, pâture enclose, vers 1865·1870, 52 X 100 cm. Peint de la fenêtre de l'atelier de Troyon. Ce tableau a été copié au moins deux fois, dans l'atelier de Corot, par Devillers et Corot a retouché une de ces copies et l'a signée de sa main;

-Les Coteaux de Sèvres. Collection particulière; cliché à la Caisse nationale des monuments historiques;

Sèvres-Brimborion : vue prise en regardant Paris, vers 1855·1865, 45 X 60 cm. Étude peinte à Sèvres, rue Brancas ;

-Idem, vers 1855·1865, 45 X 60 cm, variante de l'étude précédente, actuel­lement au musée du Louvre (legs Thomy-Thiéry) ;

-Idem, effet du matin, vers 1860·1870, 21 X 33 cm (53) ;

-Les Fonds de Paris vus de Sèvres, vers 1865-1870, 30 X 63 cm. Exposé à l'école des beaux-arts en 1875 (nO 144) ;

Sèvres: vue prise des hauteurs en regardant Paris, vers 1865-1870, 45 X 75 cm (photogravure dans les catalogues Robertson et Warren) ;

166

-Les Hauteurs de Saint-Cloud, 24 X 40 cm, qui atteignit 1 460 F à la vente Kuyper en 1897 ;

-Souvenir des bords de Seine, vers 1865-1870, toile de 4 mètres environ; esquisse déjà en très mauvais état, très craquelée, en 1872 ;

-Idem, vers 1870-1872,31,5 X 59 cm.

Naturellement, cette liste n'est pas complète; elle montre néanmoins que Corot s'est beaucoup intéressé à notre vallée de la Seine.

COURVOISIER

Une Vue de Saint-Cloud et de ses environs, prise de la lanterne de Diogène, représente la vallée de la Seine, encore prise de la terrasse du parc et qui domine les environs. Il s'agit d'un dessin d'un nommé Courvoisier, gravé par Michon, et publié à Paris, chez Basset, rue Saint-Jacques, nO 64. L'original se trouve à la Bibliothèque nationale et la gravure a été reproduite par le comte Fleury (54).

Nous hésitons à l'attribuer à Pierre Courvoisier, peintre paysagiste, né à La Flèche, le 5 août 1756, marié à Paris le 16 juin 1804. Il existe également Henri Courvoisier-Voisin, peintre, dessinateur et graveur au burin, né en 1757, décédé en 1830.

CUTBERT (Abert)

Peintre, dessinateur et aquarelliste de la première moitié du XIX' siècle.

Une aquarellle de cet artiste, Vue du Bas-Meudon, vers 1840, avait été exposée en 1936. Elle appartenait alors à M. René Legueltel.

DAMANE-DEMARTRAIS (Michel-François)

Né et mort à Paris, 1763 -27 avril 1827.

Peintre et graveur.

Le musée de Boulogne-Billancourt conserve de cet artiste les trois documents

suivants:

L'Extérieur du parc de Saint-Cloud;

Vue du Château de Saint-Cloud, début du XIX' siècle : magnifique gravure en couleurs, où le panorama est pris de la terrasse du chàteau, sur le pont de Saint-Cloud et le mont Valérien (55) ;

-La Terrasse basse de Saint-Cloud, près de la Seine, avec vue vers le pont de Sèvres et Bellevue ; eau-forte en couleurs.

On a vendu, le 23 avril 1937, du même auteur, Vue prise des hauteurs d'Auteuil: la Seine, Grenelle et les Invalides; 4000 F.

DAUBIGNY (Charles-François)

Né et mort à Paris, 15 janvier 1817 -19 février 1878.

Paysagiste et graveur.

Grand peintre de la nature, il figure à son premier Salon en 1938, àgé de 21 ans, et sa prédilection pour les paysages de fleuves et de rivières, ou les étangs, s'affirme à partir de 1844. Le maître "marinier" se fit construire une

(50)

Coll. P.M.

(51)

Topographie de la France, Saint· Cloud, nO 21 089.

(52)

Robaut (Alfred), L'Xuvre de Corot, t. l, 1905, p. 28.

(53)

Sur cette toile, cf Arts, nO 608,27 février -5 mars 1957, p. 13 ; nO 610, 13-19 mars,

p.

15, col. 3. Reproduite dans le Catalogue de la Vente, par Champetier de Ribes, 1" mars, pl. l, nO 4. -Adjugée 1 200000 F (Le Monde, 5 mars, p. 7, col. 4).

(54)

Topographie de la France, Saint-Cloud, nO 21017; Fleury, op. cit., hors·texte,

p.

192-193.

(55)

Reproduite dans L'Illustration, 5 octobre 1935.

péniche, le" Bottin", où il vivra une existance errante, explorant tout le bassin de la Seine. Quand un site l'attire, il s'y arrête, admirant la transparence ou le mystère trouble de l'eau dormante, les brouillards humides, les pommiers en fleurs.

Tel est l'homme qui parcoure la Seine, du Bas-Meudon jusqu'à l'Oise. Il a peint lui-même Emménagement au "Bottin" (1861), Le Bateau-atelier (mai 1874), où on le voit, Coucher à bord du "Bottin" (1861) (56).

Vue prise sur les bords de la Seine apparaît aux Salons de 1849 et de 1852 ; Le Parc de Saint-Cloud est exposé en 1865. A la vente Daubigny (1878), on relève Plateau de Saint-Cloud qui "fait" 255 F. Les musées de Châlons-sur-Marne et de Chantilly conservent La Cascade de Saint-Cloud et Le Château de Saint-Cloud.

Nous possédons une très belle estampe de Daubigny : Vue prise au Bas­Meudon, 14,3 X 20,4 cm, en aquatinte et pointe, d'après une épreuve daguerrienne de Lerebours. Elle est extraite du journal l'Artiste, 5· série, tome IX, 1852-1853. Le petit bras de la Seine coule paresseusement au milieu des îles du Bas-Meudon; un berger est allongé, appuyé sur un coude, avec ses deux chiens à ses pieds. Des moutons, à gauche, sur le bord du fleuve, paissent; un ponton est amarré à la rive; à droite, les arbres d'une île.

De même, nous avons Le Soir au Bas-Meudon, en 1874, Il,6 X 20,4 cm : au premier plan, les eaux dormantes de la Seine, où les grands arbres se reflètent. Sur la rive, une maison.

Enfin, un cliché-verre, Le Pont, de 1862, 15 X 18,7 cm, ressemble au pont de Sèvres (57).

DAUDENARDE (Louis-Joseph-Amédée)

Paris, XIX· siècle -1907. Graveur.

Débute au Salon de 1869.

Cf. Ferat, Lix, Marie, Provost.

DELARUE fils

Nous possédons une Vue de Paris prise de la route de Sêvres (sic), lithographie de Delarue fils. L'épreuve comporte seulement cette précision: "à Paris, chez Delarue fils, éditeur, rue de Bièvre, nO 31". A qui l'attribuer? Nous hésitons entre Fortuné Delarue, né à Amiens en 1794, lithographe et aquarelliste, qui a fait un recueil de lithographie, paru en 1827 : "Tableau de Paris... ". Il existe aussi André-Léon Larue, ou Larue fils, dit Menssion (Nancy, 29 novembre 1785 -Paris, vers 1834), miniaturiste et élève d'Isabey qui exposa au Salon de Paris de 1808 à 1834.

Quoi qu'il en soit, la gravure a toujours ce caractère romantique de la première moitié du XIX· siècle. D'une route qui descend la route des Gardes et ses pavés, on voit la Seine et sa courbe d'Issy, avec au loin les Invalides et la colline de Montmartre. Du paysage, on ressent un calme extraordinaire; pas un oiseau, pas un bateau, sur le fleuve ... Un paysan et sa fillette remontent paisiblement le chemin pavé, un cavalier est déjà en bas de la descente ...

DELMONT (L.) : cf. CLERGET (Hubert)

DELPEUCH (Marcel-Paul)

Né à Paris, 12 juillet 1894.

Peintre.

Fit des études artistiques aux beaux-arts de Paris. Reçoit une médaille en 1923. Sociétaire du Salon des artistes français depuis 1935. Peintre figuratif, avec des paysages, des natures mortes et des portraits qui ne sont pas sans rappeler Marquet. Le musée de Boulogne-Billancourt possède de lui Le Pont de Sèvres, huile, non datée.

DEMEURISSE (René)

Paris, 16 août 1894 -1961.

Peintre et graveur.

A exposé au Salon de la Société nationale des beaux-arts, au Salons des Indé­pendants, au Salon d'automne et au Salon des Tuileries dont il était membre fondateur. C'est un artiste d'une faCture très personnelle, il a peint des portraits, dont celui du sculpteur animalier Pompon, des figures, des nus et surtout des paysages, dont ceux qu'il exposait au Salon d'automne de 1919.

Comme Deipeuch cité ci-dessus -tous deux sont nés en 1894 -Demeurisse est un des derniers peintres qui connurent l'île Seguin avant son industriali­sation. Il vint souvent dans le bas de Sèvres, chez son ami et collègue du Salon d'automne, Maurice Savreux. Ormes et peupliers d'Italie, masse de verdure riche en beaux arbres, tout cela allait prendre fin dans le premier quart de notre siècle...

DEROY

Les Deroy sont au nombre de quatre et nous hésitons à qui attribuer ces deux estampes:

-Pont de SèTRes, lithographie de C. Motte: pris de la rive gauche, à Saint­Cloud, on voit un remorqueur fumant haut sur la Seine et, dans le fond, le pont de Sèvres. L'allée du bord de l'eau et les arbres du parc de Saint-Cloud forment perspective. On trouve cette gravure également avec ce titre: Vue du Pont de Sèvres, prise du Parc de Saint-Cloud, impr. lithogr. Fromentin et Cie, que la Bibliothèque nationale date de 1843 (58) ;

-Saznt-Cloud, lithographie de C. Motte, pris des hauteurs de Bellevue, avec l'île Seguin, le pont de Sèvres, la plaine de Boulogne, le fleuve, le pont de Saint-Cloud, etc.

DEROY (Auguste-Victor)

Né à Paris, mort en 1906. Lithographe.

A. Deroy prenait plaisir à exécuter de nombreux croquis au cours de ses promenades. On en connaît un nombre considérable, qui ne sont pas dénués d'intérêt.

La Seine à Saznt-Cloud est un dessin publié en 1893 (59). A droite, le parc de Saint-Cloud et les deux pontons pour les deux compagnies de bateaux­mouches, avec de nombreux voyageurs. Un train à vapeur longe la rive et se dirige vers le pont de Sèvres. Ce dernier est esquissé, dans le lointain. Sur la rive droite, une longue rangée d'arbres borde le quai de Boulogne, où des péniches sont amarrées. En pleine Seine, une barque et son pêcheur et une autre avec trois rameurs.

Nous connaissons aussi un dessin signé" Deroy", représentant État actuel du pont de Sèvres, publié pendant le siège de Paris (60) : on voit une arche du pont coupé. Mais il n'est pas certain que l'auteur de ce dessin soit A.-V. Deroy.

Pierre MERCIER

(à suivre)

(56)

Delteil (L.). Le Peintre-graveur illustré, t. XIII, nOs lOI, III et 113.

(57)

Idem, t. XIII. nO 136.

(58) Topographie de la France. Saint-Cloud. nO 21 050.

(59) Martin (Alexis), Mes Promenades à Versailles et dans ses environs, 1893. p. 5. Réédité en 1894 (coll. P.M.).