08 - Le Point du Jour

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Texte brut à usage technique. Utiliser de préférence l'article original illustré de la revue ci-dessus.

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Le Point du Jour

LA ROUTE DE QUARANTE SOUS

Ce chef des essais est un excellent metteur au point. Il n'a pas son pareil pour détecter le moindre trouble fonctionnel. Il a la technique, la sûreté d'oreille et le doigté. Il est doué, c'est d'ailleurs, et à d'autres titres, un ouvrier d'art.

Peu de craintes avec lui de rester en panne. Comme il est très méticuleux et ordonné, sa trousse personnelle d'outillage, son Azor comme on disait alors, comporte une panoplie qui fait rêver. Outre le casuel, sont compris un petit étau portatif et une enclume. On n'est jamais trop prudent et nombre de pannes ont démontré les bienfaits d'un tel attirail.

Lorsqu'un souverain étranger vient en France, c'est à lui qu'est confiée la mission de piloter la voiture mise à la disposition de la Présidence. Aussi, possède-t-il un nombre de souvenirs offerts par les Grands de ce monde, Alphonse XIII, Fallières et d'autres. Il pourrait se mettre marchand de fume-cigarettes ou de cannes à pommeau d'argent, indigence d'esprit des Grands.

Farineau est, par ailleurs, un de ces gars de Ch'Nord, véritable titi et bout-en-train, blagueur à froid, toujours en éveil, dont les farces sont légendaires et énormes.

Il a voué une haine persistante aux voitures de maître propul­sées par la plus noble conquête de l'homme et à leurs cochers. Son grand plaisir est de passer à les frôler et au ralenti auprès de ces équipages. Attrapant par la mèche le fouet qui vacille entre les mains lâches du conducteur, il l'arrache d'un geste sec. Faisant alors mine de fouetter sa propre cavale, tandis que l'autre criant à l'écorché, n'ayant plus que sa voix pour activer ses bêtes, s'épuise sur ses rênes pour rattraper son ravisseur sans y parvenir. De ce fait, pour avoir fait virer le gibus d'un cocher, il a été souvent conduit au poste. Chaque fois, ce diable d'homme s'en tire sans dommages. En ce beau dimanche, il est entendu que, pilotés par Farineau, nous irons, profitant d'une voiture qui a besoin d'une mise au point, jusqu'à Rouen. Comme nous sommes nombreux sur le châssis incriminé, on a fixé deux baquets, le 5< passager montera en lapin. La position pour ce dernier consistant à s'asseoir sur le plancher juste derrière le tablier, en position transversale, les pieds reposant sur le marchepied.

Casquette visière sur la nuque à la Blériot, grosses lunettes, cache-poussière et falbalas, les participants dont l'un tient en main la corne avertisseur ne risquent pas de passer inaperçus. Un spectacle à la Dubout.

Départ dans l'euphorie, et par la route de Quarante sous qui doit son nom'(bien oublié) au fait qu'elle fut construite par des chômeurs à qui l'on donnait 40 sous par jour. C'est en fait l'ancêtre de nos autoroutes.

Euphorie qui se ternit avec les heures qui passent car, sur la route de Louviers, il y a des tas de cailloux et nous n'attein­drons Rouen qu'après huit crevaisons ou éclatements. Dému­nis, et pour cause, à la fin de tout matériel, nous avons dû pour notre dernier pneu qui a rendu l'âme le bourrer d'herbe arrachée au talus de la route.

Heureusement, Manchon, le dépositaire de Rouen, nous dépanne et sans même prendre le temps de faire un tour en ville nous repartons sur Paris avec un notable retard.

La nuit tombe. Phare unique à acétylène alimenté par un charmant petit générateur que l'on garnit de carbure que l'on casse sur le bord de la route. Durée d'utilisation: l heure à l heure 30. Mais il est tard, les gosses réclament, « dînons en route », voici justement une auberge à la mine avenante. Le conducteur stoppe sa machine et suivi du copilote qui l'assiste comme son ombre se pointe auprès de l'hôtesse.

Celle-ci s'avère assez vite revêche et le compagnon de Farineau, malgré ses talents de séduction, ne peut vaincre une résistance qui ne cesse de croître. Le pilote a-t-il senti que la lutte était sans espoir, que la partie était vaine, il se désintéresse du débat et en profite, sans attirer l'attention, pour se glisser dans la cui­sine proche où une bonne odeur de pot-au-feu qui mijote passe largement la porte.

Bonheur ou malheur, la cuisine est vide, Farineau est un colé­reux à froid, un redresseur de torts, la rage l'empoigne, cette femme est stupide et inhumaine, on ne laisse pas des enfants crier leur faim, elle doit être punie. Elle le sera. L'archange exterminateur ou le diable furent-ils complices? Une louche traîne à portée de main. Le temps de le dire, le couvercle saute et la louche plonge et extirpe la pièce de viande qui disparaît dans le charbon. Un coup d'œil en catastrophe repère un de ces énormes pots à moutarde en grès qui a tort de se trouver sous la main et qui prend la place du bœuf défaillant.

Le crime est commis, il n'a pas eu de témoins, tout rentre dans l'ordre. Reste maintenant à déguerpir et en vitesse. Et de tirer sur la manche du compagnon retrouvé qui ne comprend rien et s'efforce toujours de faire du charme.

C'est enfin sur un perfide «bon appétü madame, à vous revoir », que nos deux compères disparaissent, l'un bourrant les côtes de l'autre.

Le véhicule ne fut pas long à démarrer et, pour calmer les gos­ses, on leur raconta l'histoire, ce qui leur fit peut-être passer leur faim.

Ce qui est certain, c'est que, pendant des années, la route de Quarante sous ne fut citée à la maison autrement qu'avec son qualificatif. Ce qui était peut-être une façon de faire survivre l'adage qui voulait que si à Paris on siffle la moutarde, à Rouen on la crie.

ANNÉES TERRIBLES

Décidément, le siècle souffre de sa jeunesse. Il est comme ces enfants impubères que tracasse la formation. Cela a commencé en 1910 par les inondations.

Abcès de fixation et ligne de mire idéale: l'île Seguin au milieu du fleuve. Le premier, le tir aux pigeons qui est en amont disparaît, suivi très vite par le reste de l'île.

Les riverains et les guinguettes déménagent vaille que vaille leurs mobiliers. On aperçoit de maheureuses bêtes qui sautent dans l'espoir d'échapper à la noyade. Un chien enchaîné à sa niche entraînée par le flot, passe en hurlant à la mort.

Les badauds qui s'assemblent sur le quai pour regarder doivent reculer. L'avenue du Cours et le Bas-Meudon aux côtes accores sont inondés. L'eau monte toujours et pernicieusement, insi­dieusement, elle rentre dans l'usine. Chaque atelier, avec les moyens du bord, rien n'a été prévu, édifie des passerelles de liaison. Elles seront vite submergées ou se mettront à flotter.

L'Empereur est sur le front des troupes et partout à la fois. Dans une lutte sans espoir, truelle en main, sans souci de son éternel costume bleu, il colmate, il aveugle, il bouche, il maçonne.

Malheur aux curieux venus constater le désastre. Car s'il est encore intensément aimé, il est déjà craint, méprisé et incompris parce que secret, insouciant des autres et brutal. Il a le don de provoquer l'angoisse individuelle et la panique collec­tive, chez tous il entretient un sentiment de faute. Un tell Par ici, allons, plus vite, démerdez-vous un peu que diable 1 Joseph, son chauffeur, placide et digne, lui sert de tâcheron et lui charie des briques dans une livrée qui n'est plus impeccable.

Sous la pression de l'eau, les barrages, les plaques d'égout, les bouchons sautent. Les pavés de bois de l'atelier l, dit des répa­rations, partent à la dérive. On a paré au plus pressé en met­tant sur des étagères tout ce que l'on a pu. C'est insuffisant. Les passerelles flottent, on circule en bachots.

La calèche présidentielle venue, elle aussi, en curieuse manque d'être engloutie rue du Vieux Pont-de-Sèvres.

Bataille sans espoir, de l'atelier châssis n'émergent que les directions et l'on se demande à quoi servent ces balises. Boquet, toujours en éveil et avec son sens critique n'ayant rien d'autre à faire, effectue des relevés topographiques. Qui eut cru que le sol de l'atelier 1 était plus bas que l'atelier 36 ou 4l.

Les nouvelles les plus pessimistes circulent. Il est question de

faire sauter les ponts de Sèvres et de l'Alma. Quoique mieux

placé, Kellner, le carrossier, lui aussi est inondé.

Enfin, doucement d'abord, puis très vite ensuite, la décrue s;effectue. Le patron est toujours partout, il anime la reprise, il en est l'âme. Il galvanise. Sa volonté toutefois serait bien faible s'il n'avait à ses côtés ses collaborateurs et principalement les plus humbles, les manuels. On cite des cas extraordinaires de travaux, de présences, de veilles. Quelle charité, quel dévoue­ment. Comme tous ils l'aiment leur usine, la boîte, leur patron, leur singe. Grâce à eux, car l'esprit est bien mais il faut des mains, des pieds aussi à écrit Einstein, le désastre s'efface très rapidement.

Esprit d'équipe, tendresse pour cette maison que l'on a vu naî­tre, sentiments nobles d'hommes qui se donnent, ensemble exhaustif qui ne compte, ni ne mesure et pourtant tout près d'être bêtement perdu. La dernière braise de cet esprit, que plus aucune entreprise actuellement ne connaît, s'éteindra en 1926 dans l'incendie du magasin à pneus.

Non seulement la semaine anglaise est inconnue, mais encore pour réparer, panser, étayer, sauver, on travaille 24 heures sur 24.

La Seine redevenue sereine, l'usine souffle à nouveau. Vedrines avec son monoplan fait un atterrissage forcé, heureusement· sans gravité, dans un champ, dans la rue Francis-Garnier. Au photographe amateur, reporter avant la lettre qui veut fixer son image sur la pellicule, vexé il présente son poster.

Astra, de l'autre côté de la route de Versailles, construit des aéronefs, tandis que passe, à faible hauteur, le dirigeable Patrie.

Gabriel Voisin, qui en 1905, avait fait des essais malheureux de planeur sur la Seine face à l'île Seguin, travaille toujours avec son frère rue de la Ferme. Il met au point son volant de direc­tion qui place les commandes sous la main du pilote, invention qui le sauvera de la misère.

1911 -Le train expérimental du colonel Renard, long au moins de 20 à 25 mètres, descend de Chalais-Meudon et vient, par la route, faire un exercice d'embarquement chez Farman. Il n'en résulte aucun embouteillage sur la route de Versailles, qu'il barre totalement, seul un mouvement de curiosité de la part des aborigènes. Tout à côté, Alda construit une voiture à radiateur arrière et dont le capot est étrangement précurseur de celui que Zimbinski dessinera 15 ans plus tard au bureau d'études de Billancourt.

Gobron-Brillé et ses machines de sport dont les ateliers étaient quai de Boulogne n'arrivent pas à se relever de l'inondation. Étrange préfiguration, la liste sera longue de ceux qui se noieront.

1912 -Le sifflet de la centrale qui vient d'être édifiée et qui pique les heures de quart de travail, mugit à une heure inhabituelle, longuement, lugubrement.

La grève, bête, inhumaine, avec des torts de tous côtés, déborde des ateliers. Un patron maladroit, extravagant, viscé­ral, dont l'atroce égoïsme est la condition de sa propre survie dans un monde manichéen, aux raisonnements en spirales, au service de l'hagiographie de l'usine, qui ne veut pas écouter, s'entête et sera le grand responsable des événements de 1936 et plus tard de sa mort. Un monde ouvrier qui se bute, que les syndicats travaillent et qui ne cherche ni ne veut comprendre.

Les gardes républicains avec leurs chevaux viennent caserner dans l'usine et la protéger. Ils ont installé des chambrées, font leur popote, jouent aux cartes et dorment en dehors des rondes.

Cohard sortant de l'usine avec sa voiture par une porte déro­bée, prend peur et veut forcer un piquet de grève. Il tue un gréviste, on le protège à grand peine. La mort d'un homme est toujours une affaire grave. Mourir pour rien, quelle bêtise, quelle ineptie 1 La tension monte, le ressentiment s'exaspère, les meneurs ont beau jeu. Qui dira le courage des mensuels qui viennent quand même travailler 1L'entrée se fait encore assez bien, seulement sous les « lazzi », mais le soir c'est du sport.

Attendus par les grévistes, ils sont conspués et battus par la populace qui leur jette des boulons pris dans les ateliers. Enca­drés par les gardes, parqués comme des bestiaux pour les sous­traire à la vindicte, ils sont hissés de force dans le tram du Louvre-Versailles, même s'ils demeurent à cent mètres de l'usine.

Bien ou mal, les àffaires finissent par s'arranger, la reprise et le calme interviennent.

1913 -L'usine ronfle à nouveau et grandit. Trop même, le carnet de commandes se gonfle, on commence à parler de délais.

L'atelier des forges s'enorgueillit d'un mouton de 5 tonnes venu, tiré par des bœufs, de son Ardenne natale.

La terre tremble à ce point qu'il y aura une pétition des habitants du Bas-Meudon de l'autre côté de l'eau.

Dérision que tout cela, elle tremblera bien davantage lorsque, dans moins d'un an, en un vol de gerfauts, s'abattra &ur le monde le cataclysme d'une guerre inexorable et inexpiable.

Tout alors sera balayé etemporté comme fétu de paille, et il ne restera plus rien de ce qui fut le doux et charmant Hameau Fleuri.

MOBILISATION

Sarajevo, 2 août 1914. La guerre, le gouvernement hors les arsenaux qui doivent suffire à tout, n'a aucun plan industriel. L'usine ferme pratiquement ses portes.

Reste le personnel non mobilisable, ou ceux qui ne doivent rejoindre que plus tard (dans les 30 jours, comme si la guerre allait attendre) et viennent par habitude pour ne pas perdre leur salaire et bricolent.

Le patron apparaît en pantalon rouge, simple biffin de 2· classe, tandis que Joseph, son chauffeur, arbore les sardines de 1"' jus pour lui ouvrir la porte de sa voiture. Étrange époque 1

Au moment de regagner les armées, le chef est maintenu sur place pour la défense nationale, in extremis, et chargé de fabrications annexes en sous-traitant des arsenaux.

Des fléchettes pour avions qui doivent transpercer l'avant­garde montée allemande ; rangées dans des caissettes et déver­sées par dessus bord lorsque l'aviateur se trouve au droit de l'objectif, elles économiseront la poudre et doivent faire merveille: On se doute du résultat.

Plus sérieux, des poignées de baïonnettes et des brancards ; en somme, le mal et sa pauvre parade. Des bougies; puis très vite, une commande de moteurs 80 CV en V avec refroidissement par air pour l'aviation. Moteur qui a fait ses preuves avec le commandant Renaud et à l'époque a bien donné du souci au bureau d'études. Incident technique et savoureux des deux magnétos calées chacune sur l'un des arbres à cames.

L'ennemi est à Gonesse. Paris n'en sait que peu de choses, mais le gouvernement, lui, est parti comme un péteux pour Bordeaux. Pensez donc, si Poincarré allait être capturé. Quel chemin parcouru en si peu de temps 1

Gallieni prend la direction des opérations et comme panacée, on ferme les grilles des portes de la ville et l'on dépave pour dresser les barricades. Le siège de 70 n'a pas dû être préparé autrement et qui a écrit que nous étions toujours en retard d'une guerre ?

A la porte Molitor, on a mis un chemin de frises. La boîte à puces, le tram qui relie les portes d'Auteuil et de Versailles, s'arrête avant la barrière où veille un vieux territorial armé d'un chassepot. En 40, j'ai vu à Bohain (Aisne) un civil, bras­sard au bras, attendant l'ennemi armé d'un simple fusil de chasse. Les hommes en âge de porter les armes doivent possé­der une pièce d'identité ou arborer à la manche un brassard jaune taillé dans la toile à ballons et timbré du sceau de l'autorité militaire pour passer la porte.

Dans les fossés des fortifs, des recrues s'entraînent à tirer sur des cibles. Les nouvelles sont de plus en plus mauvaises. Les 250 000 soldats du général von Kluck sont aux portes de Paris, mais Paris heureusement n'en sait rien. Ordre est donné de déménager l'usine, machines et personnel, à Lyon chez Rochet-Schneider. Ce qui reste est laissé à la sauvegarde de mon père (mobilisé sur place) sur le plan général et administra­tif, et de Leisse, centralien et lieutenant d'artillerie sur le plan technique.

Mission: Recevoir l'ennemi, mais comment, nul n'en sait rien. Vous vous débrouillez; toujours le système français. Le chef, lui, part (il en a reçu l'ordre) avec ses soldats seulement chargés de leurs armes, laissant au camp toutes les richesses de ses hom­mes et de sa caisse, caisse que mon père, empruntant la tor­pedo 20 CV Skiff patronale, a été chercher dans des sacs au Crédit Lyonnais du boulevard de Strasbourg de Boulogne, actuellement boulevard Jean-Jaurès, sans vérification, et sous la responsabilité de sa seule signature. Opération fébrile, pres­que clandestine.

Comme les magasins d'armement sont abondamment dépour­vus, on leur a fait dotation de vieux fusils gras. En fait, de vieil­les pétoires juste bonnes â l'instruction, ceci afin de laisser les « Lebels» et mousquetons aux combattants.

Dans le bâtiment livraison, quarante châssis sont prêts à partir chez les carrossiers à l'habillage. Pour les rendre inutilisables, on retire les magnétos. Ainsi, s'il vient, l'ennemi sera bien embêté et vaincu par sa conquête.

Cela est dit sans rire. Alors que tout le matériel d'allumage est allemand et vient directement des usines Bosch de Stuttgart, on feint de l'oublier. La création de la S.E.V. n'aura d'autres raisons que de combler justement ce vide dont on ne s'est jusqu'alors nullement soucié. Il y a bien Lavalette, mais, d'une part, ses fabrications sont douteuses, puis, ensuite, il n'est pas équipé pour avoir une production à l'échelle de la demande.

Les magnétos d'un côté, la comptabilité et les archives de l'autre (en particulier les plans du moteur d'aviation 80 CV qui ne sont pas un secret pour les Allemands, car ils sont en leur possession depuis longtemps) sont placés dans d'énormes cof­frets soudés que l'on enterre dans le terrain de la cantine qui n'est pas encore devenu l'emplacement de l'artillerie.

Par dessus et par prudence, on sème des radis, dont la crois­sance est rapide, de saison et dépistera les recherches. Faute de mieux et le secret étant de Polichinelle, certains désœuvrés vIennent surveiller la plantation.

Un hôpital auxiliaire a été installé dans ce qui reste des écuries du château de Saint-Cloud. C'est assez sombre, sinistre et sale. C'est aussi un immense caravansérail de femmes bien inten­tionnées, surtout de dames d'œuvres, dames d'âge déjà sur le déclin qui se mêlent de tout, se donnent du galon, minaudent et trouvent en ce cataclysme l'espoir d'un renouveau à leur féminité.

A côté, quelques femmes, des vraies, plus humaines et d'un autre cœur, en attendant les blessés, s'occupent en confection­nant de la charpie. Décidément, nous n'avions rien appris depuis la dernière.

Un autre hôpital s'installe sur le coteau de Montretout car tout ce que l'on avait prévu se trouve dépassé.

Le moral de la population est bas, très très bas. Les taubes ont fait leur apparition dans le ciel et, comble de l'horreur, un Zeppelin a survolé Paris sans être détecté par les services de sur­veillance. Heureusement, il s'est contenté de lancer des tracts.

On en profite pour occulter les lumières. Les réverbères à gaz sont munis de manchons. Les rues sont noires. On craint aussi les espions. Une campagne maladroite par affiche le confirme d'ailleurs: Taisez-vous, méfiez-vous, les oreilles ennemies vous écoutent.

Dans cette crainte, les rues qui conduisent à l'usine sont bar­rées; barrées la rue Gustave-Sandoz, l'avenue du Cours, la rue du Hameau, d'autres encore. Ainsi, la surveillance sera plus facile. Autre conséquence qui ne sera visible qu'après guerre, l'usine constitue, à l'exception de quelques maisons où l'on a dû créer un« modus vivendi », un ensemble, un bloc cohérent et compact que nul, même la ville de Boulogne, ne saura récla­mer après guerre. D'ailleurs, à quoi bon puisque ces rues ne mèneront plus nulle part hors l'usine.

Le bruit de la canonnade porté par le vent se fait entendre. C'est la bataille de la Marne, Paris se remet à espérer, l'étreinte se desserre. L'usine qui était en léthargie espère aussi. Elle reprend vie et son rythme de guerre ira s'accroissant à une vitesse folle jusqu'à la victoire.

Le patron, mis en affectation spéciale avec un titre qui l'égale aux plus grands, est de retour. Toute une partie du personnel restera à Lyon jusqu'à la fin de la guerre.

Oui, il y eut le miracle de la Marne, mais qui a parlé de celui de l'armement? Des canons, des munitions, l'usine saura en fabriquer et fort bien.

ANNÉES DE GUERRE

La France fait la guerre. Billancourt fait la guerre, mieux que bien, il faut lui rendre cette justice, totalement, pleinement, sans idée mercantile. C'est grâce à son chef et à lui seul si l'armement est parvenu à ce rendement. Les arsenaux eux sont en dessous de leurs tâches avec des conceptions rétrogrades. Des canons, des munitions; rien d'autre ne compte, nulle spé­culation sur l'avenir ou si peu, tout est dans l'instant présent.

L'Empereur se démène, le visage rude, poreux, très fortement coloré, sur un front haut, avec un nez lourd et des joues fendil­lées de rides, secoue les arsenaux, fustige le Comité des forges qui ne pense qu'à ses profits. Il est l'âme de la fabrication, engueule l'administration et l'armée et ne s'en 'gêne pas. Rage contre l'impéritie, la négligence, la paresse des uns et des autres et d'autres bassesses. Il est l'Archange, il est Saint-Michel car il anime l'Armée du Bien, il est Saint-Georges car il est cuirassé contre toutes les peaux de bananes qu'on ne manque pas de lui lancer.

Il y en aura beaucoup. Il est Roger délivrant Angélique. Il est la pierre angulaire, le straurophore de la défense. Tous fuyant (ou presque mais si peu 1) devant les responsabilités et ne pen­sant qu'à leurs petits profits, à leur petites combines, ils sont trop heureux de trouver un bouc émissaire à qui éventuelle­ment on saura, avec générosité, faire supporter la responsabi­lité d'incapacités, de retards, de loupés, d'impérities. S'il s'y prête sans calcul, il saura aussi le moment venu leur faire sentir qu'il n'a pas été dupe.

Dernières années exaltantes et exhaustives. Bouquet final d'un ballet fulgurant, né d'un postulat faux qui dure depuis 20 ans. Il est au sommet de sa courbe, mais non au sommet de sa puis­sance. Vingt-cinq années lui restent à vivre; vingt-cinq années d'où rien ne sortira, où il se contentera d'être un maître despo­tique et tyrannique, de vivre sur sa lancée, soumis à ses humeurs et suivant la concurrence, odieux dans bien des cas et où il portera les stigmates de sa mort.

On usine. Mise au point de la fabrication des obus de 75 en une seule pièce. Les anciennes ogives visées se sont révélées un désastre au combat, outre le danger que présente la poudre qui se dépose sur les pas de vis. Procédé de fabrication mis au point parle chef de l'emboutissage et aussitôt communiqué à tous les munitionnaires. Les arsenaux n'en décolèrent pas. Un civil leur faire cela 1

Le patron est partout à la fois, au ministère, à l'usine, à la direction des arsenaux, à Puteaux. C'est Méphistophélès dans un bénitier, le satyre chez les carmélites. Il ne se gêne pas pour engueuler tout le monde et il a raison, sinon dans la forme, du moins dans l'esprit, car combien de bas intérêts matériels qui se soucient du pays comme d'une guigne, tant qu'ils ne sont pas personnellement intéressés. Il est sans faille, compact, dur et froid comme le métal qu'il usine. Ses mâchoires mordent.

C'est là que son matérialisme foncier, une préférence certaine pour un pragmatisme efficace au détriment de la pensée spéculative fait merveille. C'est un fonceur.

Il rentre un matin du polygone de Bourges au volant de sa tor­pédo 20 CV sport, le pare-brise en triplex de sa voiture parfai­tement éclaté en son centre, un territorial de service n'ayant pas hésité à tirer sur un véhicule circulant de nuit plein phares dans le polygone. Dans son esprit, il n'a pu réaliser que, si la nuit, les arsenaux, malgré la pénurie, la gravité, dorment et chôment le dimanche, l'industrie privée, elle, travaille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

La balle passant entre les deux occupants, que serait-il advenu si son impact avait été déplacé de quelques centimètres ?

Les cadences de livraisons sont telles que le contrôle devient ridicule et faux. Les calibres à fourche maxi-mini qui doivent délimiter le diamètre des obus bien qu'en acier trempé s'usent. Le fait jusqu'alors n'avait pas été constaté. Le contrôle de l'armée refoule des lots entiers sous prétexte de prélèvements ayapt fait apparaître des tolérances excessives.

Aucune importance, l'âme des canons elle-même n'est-elle pas usée ? Les lots recalés seront fragmentés et réincorporés dans d'autres lots et acceptés. Cela constitue seulement une tracasserie et une perte de temps.

La cadence de livraisons des camions 16 CV EP s'accroît. Matériel sur bandages, increvable, commande de vitesses (qui gueulent) par secteur unique que l'on manœuvre au pied. Pont forgé ; le tout d'une robustesse extrême et qui sera d'un grand secours dans l'enfer de Verdun.

Le moteur aviation 80 CV fait place à un 300 CV, puis un 380 CV d'une très belle réalisation. Pour l'époque, la puissance massique, le rapport puissance poids en est remarquable.

Les petits chars Estienne sortent. Étude beaucoup trop hâtive, ils sont trop faibles, trop courts, menacent de se renverser. Le patron, au cours d'essais où il se complaît, a failli y laisser sa peau dans les fondations du hall de l'artillerie en présence de Poincaré, Président de la République et de Loucheur, ministre de l'Armement. Bien sûr, l'incident sera tenu secret mais il est évocateur. On a dû, pour éviter qu'ils ne se renversent et facili­ter le franchissement des tranchées où ils se révèlent manquer de longueur, les doter d'une étrange queue de pie qui prolonge aussi leur gabarit et protège de surcroît l'arbre de lancement.

La vie à bord et au combat est intenable, chaleur étouffante, gaz d'échappement, gaz de déflagration qui asphyxient. Combien ainsi périrent ? Impossibilité du moindre mouvement et de coordonner la manœuvre entre le conducteur et le mitrailleùr. Ce que l'un voit, l'autre ne le sait pas.

L'ennemi surpris a su s'emparer de machines embourbées et connaît leurs défauts. Un combattant plus courageux et aussi certainement renseigné, profitant de l'angle mort qu'ils comportent, a su monter sur la tourelle avec laquelle il tourne, tandis que, par les meurtrières, il tue ses occupants comme lapins au terrier. On sera d'ailleurs amené à en modifier...

Les barbotins comportent une partie de bois qui résiste mal aux efforts tangentiels, et seront remplacés à l'usage par des pièces en acier coulé. Au début, le moindre coup au but d'un canon de 37 les fait éclater. Les Allemands sont de remarquables tireurs.

Les chaînes font un bruit énorme, s'usent terriblement vite et la progression de l'engin en terrain de campagne ne ·dépasse pas 5 km à l'heure. C'est un jeu pour l'ennemi de les ajuster.

L'atelier d'artillerie enfin édifié, on met en route la fabrication de canons de 155.

Plus vite, plus vite, toujours plus vite. L'usine achète terrains, matériels, des tours et des rectifieuses Milwaukèe et Cincinnati en Amérique, édifie deux fours Martin et un convertisseur Bessemer pour couler l'acier, dont certaines pièces viennent d'Allemagne en passant par la Suisse. Un ange passe 1 ... construit, exproprie, s'enfle démesurément, ce sera toujours autant de moins sur les 80 % de bénéfices de guerre que d'autres moins fortunés payeront. Le royaume de Billancourt s'est fort bien fait à cette existence. La guerre? Qui en souffre à l'exception de ceux qui sont là-haut?

Tous gagnent au minimum 40 francs par jour, ce qui est cer­tes, outre le fait de coucher quiètement dans son lit, beaucoup plus intéressant que de se faire casser la gueule pour 25 centimes.

Avec les trois postes de travail, les commerçants travaillent jour et nuit et gagnent de l'argent. N'empêche qu'une grève menace.

Une compagnie de sécurité est cantonnée à tout hasard dans les écuries voisines de la glacière de Paris et les territoriaux qui la composent ne se gênent pas pour engueuler et insulter les ouvriers qui passent.

Seule manifestation de la tourmente, les alertes aériennes avec le temps deviennent plus fréquentes. La chose devient d'ail­leurs si habituelle et si anodine qu'elle n'effraye plus personne. Elle est seulement l'occasion de déscendre aux abris, descente aux enfers pour des jeux peu innocents.

Les services de surveillance et d'entretien s'inquiètent en effet qu'après chaque alerte tout ce qui de loin ou de près peut servir dans la nuit froide et hostile à des transports amoureux, où Watteau n'aurait point trouvé son inspiration pour l'Embar­quement à Cythère, soit retrouvé dans des lieux parfaitement insolites. Si nos guerriers d'arrière ne relèvent que de Vulcain, la femme n'en reste-t-elle pas moins faite pour leur repos.

ARMISTICE

Il novembre 1918. L'usine travaille, tout le personnel est à son poste. Elle fait la guerre et la fait, je l'ai dit, mieux que bien, très bien. 24 heures sur 24, trois équipes, chaque fois que la chose est possible.

Elle est indifférente aux bruits du dehors qui parlent d'un arrêt des hostilités. Huit heures 1/4, huit heures 30 peut-être. Bien que le patron soit en pleine lune de miel car il vient de se marier, il est déjà présent à son poste.

Par son ordre, Tarisien, l'huissier qui interdit sa porte, frappe aux seuils des bureaux situés dans le carré du hall alentour où bat le rappel des plus éloignés par téléphone. Le patron vous demande. Il doit s'agir d'une question d'importance car le maî­tre déteste parler en public et les manifestations de ce genre sont extrêmement rares, l'aéropage fût-il de serviteurs.

La haute maistrance, ceux qui sont connus sous le vocable de garde de fer, sont tous présents. En tout, une quinzaine, une vingtaine tout au plus de collaborateurs.

Il y a là Paul Hugé, le puritain de glace et de marbre, poli et cassant comme un biscuit, véritable contrôleur général Colbert. Rien ne l'anime ou ne l'intéresse en dehors des intérêts de la couronne. Édouard Richet, directeur des ateliers, aux cheveux de copeaux serrés et le premier des apÔtres. Saint-Pierre de l'équipe, il périra bien plus tard non pas pour avoir renié son maître, mais parce qu'il ne le comprendra plus et aura perdu la foi.

Duc, le paladin, Morny par l'élégance, Albe par la disgrâce qui suivra peu après. Bocognano le Corse, jalousé et discuté, sans doute parce qu'il est plus fin et plus perspicace que tous ceux qui l'entourent. Il sait, mystère, beaucoup de choses.

Serre, des Études, inconditionnel et inquiétant père Joseph, le seul de l'équipe qui survivra. Maître, qui se voudrait Monsieur le Grand. Fusier, sorti major des Arts, mousquetaire du Roi, une fine laine et une fine dialectique. Desmurs des forges à la tête de tribun et fait penser à Jaurès.

Jannin, encore des Arts, le reître épais et lourd de la conquête espagnole. Gourdou, ancien professeur des Arts à Châlons, au bon sourire, plein de douceur et raison et qui a quitté son école pour devenir Grand Maître de l'artillerie. Fuchs du cabinet noir qui ne vole pas son nom de renard, personnage ambigu, lucide et luciférien. Leisse, le centralien dont il a été déjà parlé, au léger cheveu sur la langue et qui zozote. Pfeiffer de la fonderie, de la rondeur.

Ensemble de maréchaux d'empire qui s'observent et se suppor­tent plus qu'ils ne s'estiment. Ces truands qui semblent échap­pés de la tentation de Saint-Antoine ont des langues de vipères et des âmes de rufians. Minuscules intrigues, rivalités, subtilités dans la bêtise. Jugements définitifs, erronés, sur le ton de la confidence, à voix basse, pour donner plus de poids. Le patron sait tout cela et s'en sert car il ne déteste pas le cancanage. Et puis, pour lui, cette division pour régner lui laisse à penser qu'elle préserve son porte-monnaie.

La calomnie, dès que l'entreprise dépasse le stade artisanal, devient plus facile, plus insidieuse, nocive et moins décelable.

Bien vite, le si joli petit bureau intime où l'on sent la présence et le goût d'une femme (vraisemblablement Jeanne Hatto de l'Opéra qui à l'époque était sa maîtresse et fut vraisemblable­ment la seule femme qu'il ait vraiment aimée) fait d'acajou verni et semblable à une passerelle de navire où tout est aima­ble et chaud, où l'occupant n'a pas l'air d'un juge, et qui sera remplacé par cette froide et impersonnelle galère capitaine du bâtiment X, est comble.

Ce sera alors cet énorme bureau du genre Proust dans l'appar­tement de Genève où règne un ordre sec, où pas un dossier, pas un livre ne traîne, où par les fenêtres glisse une lumière sans éclat.

La cabine du commandant est archicomble.

S'asseoir, il n'en est pas question. S'asseoit-on en présence du patron? Par ailleurs, la place est aussi mesurée que le temps. Tous debout, certains en blouse de travail, en une attitude qui va, suivant les caractères, du garde à vous servile au maintien respectueux, car c'est un fait, jusqu'à la fin, le patron en impo­sera et, en sa présence, nul ne se permettra la moindre détente.

Aujourd'hui plus que d'habitude, le masque est de cuir tanné, les yeux profondément enfoncés sous d'épaisses arcades sourcilières.

Le monologue débute sans préambule, sourd, âpre, grave, déconcertant. L'homme a peur et se méfie des mots. Pour lui, parler a toujours été un exercice périlleux et pénible.

Que de fois, s'embrouillant, n'a-t-il pas lorsque ce fut néces­saire, se tournant vers Paul Hugé, son ombre, ordonné « parle toi ». Or, le premier ministre, s'il sait parfaitement s'exprimer et écrire, est presque aussi mauvais orateur que son maître. Ce Il novembre au matin et étant donné les résolutions qu'il a pri­ses, le chef ne peut déléguer ses pouvoirs.

«Le ministère de la Guerre me communique à l'instant qu'un armistice doit intervenzr incessamment. Je vous az· fait venz·r pour vous dz·re ce que nous allons devenzr. Dès maz·ntenant, û faut prévoir l'arrêt des fabrications de guerre et nous orienter vers des fabn·catt"ons nouvelles.

Je pense à des constructions métalliques pour les régz·ons dévas­tées. De la menuisen·e et de la Hterie mécanz·que, des éléments de wagons, châssis et essz·eux (û z·nsiste sur ces deux demz·ers ter­mes) à d'autres choses encore ... » Les bras se lèvent dans un sentiment d'inconnu, d'imprévu...

Ignorance universelle pour ce qu'il veut, qu'il n'a pas su calcu­ler. Et pourtant, la réussite c'est une éternelle lutte, une éter­nelle recherche, des préparatifs toujours différents. Des études, des espoirs. C'est rechercher, s'obstiner avec plus de soins, plus de perfection, dans ce que l'on a commencé.

L'entretien est terminé. Tous retournent à leurs tâches. Père, comme chacun des autres participants, est heureux de la nou­velle, mais terriblement soucieux de l'avenir et du manque d'imagination de son chef.

Peu après, le sifflet de la centrale, à petits coups, pour ne pas effrayer et différencier du signal des alertes, vite suivi par les sirènes d'alentours qui ont compris le message, annonce au monde environnant la fin du cauchemar.

D'elle-même, et sans en recevoir l'ordre, l'usine s'arrête et se vide. Tous, hommes et femmes, bras dessus, bras dessous, on chante dans toutes les cours, un ténor toulousain s'en donne à cœur joie à l'outillage central, ne pensant qu'à s'évader, à oublier.

Demain, demain, il sera assez tôt pour penser à l'avenir.

Demain, demain, on se souciera de cette Citroën type «A» qui, paraît-il, doit sortir. Voiture qui n'est pas un secret dans le monde de l'industrie et que la direction ignore.

Bien des fois depuis, et maintenant encore, je m'interroge, songe à ce soliloque et voudrais lui trouver une raison, une explication, une excuse. Ne point parler de la reprise de constructions automobiles, n'était-ce pas habileté, suprême finesse, désirs messianiques pour éviter des fuites.

Non, non et non, ce n'est pas possible. L'homme est trop direct, trop d'une seule pièce pour jouer ainsi les Machiavel, pour déguiser sa pensée. Il est trop direct et, ce sera son hon­neur, n'a pensé qu'à la guerre. Il a livré le fond de sa pensée.

Des camions, des munitions, telle était alors sa devise. Mais demain? « Demaz·n, nous allons nous on·enter vers des fabn·ca­tz·ons nouvelles, différentes du passé ». Comme elle était lourde de sens cette simple phrase.

Resterait-il un doute? Tous les plans du châssis 9 CV GS qui va être élaboré sont postérieurs à cette date du Il novembre 1918.

Roger BUSSONNAIS