02 - Le laboratoire central Renault

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Le laboratoire central RENAULT

André Cadilhac

1ère époque des origines à 1933

INTRODUCTION

Le terme de Laboratoire central est utilisé pour le distinguer des Labora­toires spécialisés ou décentralisés, comme le Laboratoire des peintures, le Laboratoire du service des produits chimiques, le Laboratoire des sables et les Laboratoires des usines décentra­lisées (Le Mans, Cléon, etc.).

Comme tous les laboratoires indus­triels, il n'existe et ne fonctionne que par et pour l'usine où il a pris nais­sance et travaille en collaboration avec les fabrications, les bureaux d'études, les services de réception et de contrôle qualité qui lui posent des questions relatives aux matières ou aux procé­dés de mise en œuvre de celles-ci.

L'intégration verticale de l'usine et les nombreuses fabrications annexes vou­lues par Louis Renault étendent la compétence du laboratoire à de nom­breuses matières, métalliques ou non, et à leur transformation.

Son budget est fonction du chiffre d'affaires de l'usine et du crédit qu'il acquiert auprès de la Direction géné­rale par ses réalisations. L'importance de son personnel est de même en rapport avec celui de l'usine.

Bien qu'il ne décide ni de la forme ni de la dimension des pièces de voiture, il est ou a été cependant conseil des études en ce qui concerne la tenue en service (fractographie) et les con­centrations de contraintes (élasticimé­trie) par l'examen des pièces projetées (choix du métal et du traitement) ainsi que des pièces cassées aux essais ou revenant de clientèle.

Bien que séparé administrativement (actuellement) des ateliers de traite­ment thermique, il propose au service méthodes traitement thermique des gammes de traitement permettant de donner au pièces et aux moindres frais les propriétés d'usage qu'en attend le bureau d'étude!?

Enfin, il peut avoir à connaître les causes des déformations des pièces au cours du traitement et chercher à y porter remède.

Il est l'auxiliaire des départements de fabrication pour l'examen des produits en cours de fabrication (fonderies par exemple) et pour la recherche des méthodes de transformation les plus sûres et les moins onéreuses.

Pour cela, il dispose : -d'une Direction (directeur, adjoints, secrétariat);

-de personnel qualifié (ingénieurs, agents techniques, chi mistes, profes­sionnels qualifiés);

-de matériel d'essai approprié; -de locaux adaptés aux travaux à

exécuter.

Non seulement il doit procéder aux essais de routine dans les moindres délais, mais, par une recherche orien­tée vers l'efficacité, proposer les modi­fications de matière ou de méthodes de travail susceptibles d'amener un abaissement du prix de revient, tout en permettant cependant la satisfac­tion de la clientèle par la tenue en ser­vice convenable des matériels vendus.

Il doit, sans cesse perfectionner ses méthodes d'essai et contribuer à leur codification (AFNOR).

Nous examinerons comment ces dif­férents points ont évolué au cours des deux premières grandes époques du laboratoire central,

10

De 1904 à 1933 -La Fondation; 20 De 1933 à 1962 -Le Dévelop­pement; 30 De 1962 à 1976 -l'état récent;

cette dernière époque ne devant, à notre sens, être exposée que plus tard et par un autre auteur que le signataire.

1re

époque

LA FONDATION -de 1904 à 1933

Trois laboratoires se sont succédé durant cette époque :

1er laboratoire : 1904 à 1911

La première mention du laboratoire, sous le numéro d'atelier 23, apparaît dans le plan général de l'usine No 271 du 1er août 1904 où un rectangle de 7 m par 12 m (84 m2) lui est attribué rue Gabrielle, dans l'enceinte de l'ancienne usine, sur l'emplacement actuel du bâtiment A 9.

Nous n'avons pas pu obtenir de ren­seignements sur le personnel de ce laboratoire, mais il devait pouvoir dis­poser, dès 1904, de l'appareil de bil­lage Guillery à rondelles Belleville, d'une machine d'essais de traction force 5 à 10 tonnes à commande à main par volant et manivelle, de la machine de traction Rondet -Schorr de 500 kg en 1910 et d'un mouton de choc Charpy en 1910 également.

2e

laboratoire : 1911 à 1920

Après achat par Renault des deux pavillons situés place Nationale, entre la rue du Point-du-Jour et la rue de Meudon, le laboratoire fut installé dans le plus petit (environ 8 m par 10 m au sol), sur deux niveaux : au rez-de­chaussée, les machines d'essais méca­niques (machine de traction et mouton de choc Charpy), les machines à biller et les fours de traitement des éprou­vettes. Au premier étage, le laboratoire de chimie.

Marcel Chevassus devient en 1917 chef du laboratoire d'essais mécaniques.

Machine de traction à main et mouton Charpy du premier laboratoire central installés au laboratoire d'essais mécaniques de l'Ëcole d'Apprentissage. Derrière la machine de traction, M. M. Chevassus, professeur de physique et chimie à l'Ëcole et son assistant M. E. Toufflet, dans le coin à droite, derrière le mouton

Charpy.

Le chef de laboratoire était M. Escudié qui embaucha comme chimiste Marcel Chevassus le 1er janvier 1914. Celui-ci, mobilisé en août 1914, est rappelé à l'usine après une brillante conduite sur la Somme et organise en particulier le traitement des obus. Il est nommé ensuite chef des traitements en 1917, composés de l'atelier 5 (cémentation et traitement des pièces usinées), alors au bâtiment C 2, chef d'atelier Pineau et par l'atelier 44 au bâtiment 17 (trai­tement des pièces forgées), chef d'ate­lier Bughin, succédant ainsi à MM. de Vazeille et Adam.

Après le départ de M. Escudié en 1917, remplacé par M. Roux de Bezieux, il reçoit la responsabilité du laboratoire d'essais mécaniques vers 1917 et du laboratoire de chimie confié à

M. Marion vers 1920.

On peut estimer de 15 à 18 personnes le personnel total du laboratoire, avec en particulier, depuis 1917, l'active et souriante Mme Valognes; le contre­maître des essais mécaniques, Émile Toufflet, depuis 1915 ; le trempeur (puis employé) M. H. Pommepuit, depuis 1914; l'aide-chimiste Mme A. Lesbres, depuis 1917 et le chimiste M. G. Guinet, depuis 1919, toutes ces per­sonnes qui resteront 40 ans ou plus au laboratoire.

Le laboratoire d'essais mécaniques, organisé par M. Chevassus comportait des bains de sel et bains de plomb chauffés au gaz (à partir de 1925, plu­sieurs fours électriques à moufle) pour le traitement des éprouvettes de traction et de choc. L'imprécision des méthodes d'analyse obligeait en effet à contrôler par traitement sur éprouvette les propriétés des aciers livrés par les fournisseurs, pour être sûr de leurs possibilités de traitement correct en atelier.

Les appareils d'essais mécaniques comportaient une machine de traction Amsler de 50 t depuis 1915, encore en service en 1976, un mouton pendule Charpy de 30 kgm (livré en 1918), la machine de traction de 500 kg Rondet et Schorr, plusieurs machines à biller Guillery et Alpha (depuis 1918). Un tableau de correspondance de la dure­té et de la résistance à la traction des aciers figurait dans le No 16 du bulle­tin des Usines Renault, du 15 mars 1919.

La machine de traction à main et le mouton Charpy du premier laboratoire furent remis à l'école d'apprentissage pour l'instruction des apprentis et des futurs cadres.

Le laboratoire de chimie comportait le matériel classique à l'époque pour le dosage des éléments d'alliage dÈls aciers. des fontes. des bronzes. des antifrictions et des alliages d'alumi­nium.

En 1918 (bulletin N0 10 des Usines Renault). il existait 13 catégories d'aciers de construction désignés pour la commodité du marquage par des let­tres majuscules A. B. C....X. fourni cha­cun par un ou plusieurs des 15 ou 20 fournisseurs. Les barres. pour' éviter les confusions sur parc. comportaient un double marquage par peinture et marques frappées à froid indiquant la catégorie de l'acier et le fournisseur. Ces marques étant reportées sur les pièces forgées « dans une partie judi­cieusement choisie » (bulletin des Usi­nes Renault No 1 0 -15 décembre 1918).

La'diversité des modes de fabrication de ces aciers : acier Thomas. acier Martin. acier électrique. acier au creu­set leur donnait. à analyse égale. des propriétés de transformation et d'usa­ge très différentes qui justifiaient l'em­ploi des essais mécaniques et surtout des résiliences en long et en travers. seules susceptibles de les différencier. en éliminant les coulées de mauvaise qualité.

De plus. une grande variété d'aciers d'outillage était utilisée sous les mar­ques et désignations des fournisseurs et il était important d'éviter les mélan­ges par un marquage soigné.

A ce travail important de réception des aciers. s'ajoutaient les contrôles des productions des fonderies de fonte et de bronze. les antifrictions achetés ou fabriqués à l'usine.

Le laboratoire de chimie assurait en outre l'examen des matières premières: fontes de hauts fournaux. cokes. char­bons. huiles pour voitures et pour décolletage~ tissus et simili-cuirs. etc.

3

e

laboratoire : 1920 à 1935

Le laboratoire devenant trop petit. il lui fut réservé une place au 3e étage du bâtiment A8 nouvellement construit. au coin des rues Gustave-Sandoz et Gabrielle. ainsi qu'un appentis au 3e étage du bâtiment Dl. pour tirage des acides et bains de sable (environ 40 m2) (voir plan page 262).

Il occupait au bâtiment A8 une super­

m2

ficie de 320 environ. La chimie pre­nant 110m2 et le reste étant pris par le traitement des éprouvettes. les machines de traction de 50 t et 500 kg. le mouton Charpy. les prélèvements de

260

copeaux pour analyse. la salle des ses au bâtiment lors de la rupture balances et de dosage du carbone. la d'éprouvettes de traction de forte section de métallographie avec le

résistance. était placée près d'un pilier

microscope Le Chatelier (fabrication de soutien de cette curieuse construc­

Pellin). la pyrométrie et le bureau du tion en ciment armé et reposait sur une laboratoire.

forte chambre à air de camion pour La machine de traction de 50 t. éviter une catastrophe! (idée de pesante et donnant de fortes secous-M. Renault).

Fac-similé de deux documents sauvés de l'incendie du laboratoire en 1942. Datant de 1922, ils montrent avec quel intérêt on suivait déjà à cette époque, l'influence du traitement thermique et de la composition des aciers sur leurs propriétés mécaniques.

Le laboratoire de chimie comportait 4 tables-paillasses avec évier en bout, une série de hottes rassemblées sur le grand côté du rectangle de 9 m par 13 m.

La salle des balances était adjacente et au coin des rues Gustave-Sandoz et Gabrielle.

Tout cet ensemble et chaque salle comportaient des cloisons vitrées les isolant les unes des autres et de l'ex­térieur.

Le laboratoire de contrôle et d'essais, atelier 140, faisait partie du service de

M. Henri Benoit qui avait remplacé

M. Roux de Bezieux; ce service com­portait en outre les essais de voitures (essais spéciaux atelier 153), la docu­mentation technique et les deux ate­liers de traitement 5 et 44. Ceux-ci étaient sous la responsabilité adminis­trative et technique de M. Marcel Chevassus qui, au départ du chef de la chimie, M. Marion en 1927, eut auto­rité sur l'ensemble de l'atelier 140 dont il contrôlait déjà les essais mécani­ques. M. Marion fut remplacé par

M. R. Michaud, puis au départ de celui­ci en 1928, par le signataire qui fut l'ad­joint de M. Chevassus pour l'ensemble de l'atelier 140.

La majeure partie du travail du labora­toire, atelier 140, était le contrôle de nombreux matériaux, métalliques ou non, provenant de l'extérieur ou éla­borés par les fonderies de l'usine de Billancourt. Son matériel était progres­sivement modernisé au fur et à mesure des progrès des techniques d'essais : balances anciennes remplacées par des balances à amortisseurs et lec­ture directe jusqu'à 100 milligrammes pour faciliter le travail des chimistes, verrerie en verre ordinaire remplacée par du pyrex, méthodes révisées et remises à jour (dosage du carbone des aciers et fontes par combustion et gazométrie, appareil Strëhlein exécuté à partir de 1927 par M. Kotchetkov), etc.

1 -Réception des matières

provenant de l'extérieur

10

Aciers.

Ainsi que nous venons de le voir, les 13 nuances d'aciers étaient déjà codi­fiées avant 1919 et la réception chez les fournisseurs s'organisait vers 1925.

M. Chevassus, témoin des difficultés causées au traitement thermique par des livraisons défectueuses, organisa un système d'essais mécaniques de traction et de chocs sur barreaux entaillés (type Mesnager) permettant de vérifier l'aptitude au traitement et à l'emploi sur pièces. Ces essais étaient complétés par des analyses chimiques, mais les essais mécaniques étaient déterminants (on vend au client des propriétés mécaniques du véhicule et non des teneurs en nickel ou en chrome).

On voit apparaître dans les comptes rendus du laboratoire, dès avant 1922, la mesure de la résilience en travers qui permettait de qualifier l'acier et qui devait se révéler comme indispensable pour le choix du métal pour pièces chargées, pignons de boîte de vitesses par exemple, (fig. page 260).

Pour des pièces de haute sécurité, boules de levier de direction par exem­ple, un contrôle barre par barre fut organise par M. Chevassus à la demande expresse de M. Renault, en plus des vérifications sur chaque pièce avant montage.

La recherche des économies sans sacrifice de la qualité fit éliminer les aciers à 12 % et 33 % de nickel, pour les remplacer par des aciers moins alliés, tels les inoxydables au chrome pour les soupapes d'échappement.

De même, l'usure trop rapide des pignons de boîte de vitesses amena ~ leur appliquer, dès 1927, le procédé de durcissement par cyanuration au bain de cyanure fondu, déjà utilisé pour de nombreuses pièces dès 1920, d'abord sur les aciers au nickel-chrome, puis, dès 1931, sur les aciers au chrome et au chrome-molybdène moins chers et donnant des pignons plus résistants à l'usure.

L'organisation d'un service indépen­dant de réception en usine des four­nisseurs, pour éviter l'envoi de métaux non conformes, aboutit en 1930 au pre­mier cahier des charges des aciers de construction, établi sur les indications du laboratoire.

Pendant ce temps, les méthodes d'ana­lyse constamment révisées, faisaient l'objet de publication sur fiches qui devenaient la règle de travail du labo­ratoire de chimie (1927).

20

Matiéres diverses.

Les matières diverses faisaient déjà, avant 1930, l'objet de spécifications particulières. Huiles, graisses, char­bons, cokes, tissus et simili-cuirs étaient commandés suivant ces spécifi­cations dont le nombre augmentait sans cesse, suivant les indications du laboratoire.

Il -Esslais de contrôle de fabrication

Ce travail de préparation des specI­fications s'ajoutait aux examens de séries de contrôle des fabrications analyse des fontes moulées (fonte à cylindres, fonte mécanique, fontes à tambours de freins, à segments, fonte

malléable, etc.), des produits des fon­deries de bronze, d'aluminium, d'anti­friction, tous produits dont l'achat à l'extérieur était réduit le plus possible. Toutes ces analyses étaient enregis­trées, lancées et les résultats trans­crits et présentés au chef de labora­toire par Mme L. Valognes.

Les essais de traction sur fontes mal­léables complétaient leurs analyses et les essais sur aciers étaient lancés par

M. H. Pommepuit, qui en faisait faire le forgeage aux « petites " forges et l'usinage à l'outillage central. Les éprouvettes étaient traitées, puis cas­sées par la section essais mécaniques de M. E. Toufflet.

Les essais micrographiques étaient exécutés par M. Arpaillage, par polis­sage à la main et examen et photo­graphie sur le banc micrographique type Le Chatelier (fab. Pellin), qui datait d'avant 1920.

Les déterminations des points de trans­formation des aciers étaient faites par

M. Toufflet, par mesure directe et lec­ture sur un comparateur au 1/100. A partir de 1931, sur dilatomètre méca­nique Chevenard.

Les examens de cassure avaient été utilisés par M. Chevassus dès avant 1920 (bulletins des Usines Renault No 16 et No 22 de 1919). Le grain des pièces avant et après cémentation, le grain des cassures de pièces traitées lui servaient à vérifier la qualité de l'acier ou du traitement. Il savait dis­tinguer les cassures brusques et les cassures progressives qui permettaient de porter un jugement sur l'emploi des pièces en service. Ses qualités d'ob­servation et sa sûreté de jugement étaient inappréciables et il savait en faire profiter ceux qui l'entouraient.

III -Études diverses

10 Études et mises au point

de fabrications.

En 1924-1926, Marcel Didier étudiait le moyen de limiter les déformations des pignons de boîte au cours de la trempe et, bien avant les brevets Krupp sur la question, faisait les premiers essais de nitruration par l'ammoniac (appelée alors nitration) qui ne furent pas appli­qués par suite du temps trop long de traitement qui ne se prêtait pas à des fabrications de grande série. En 1925­1928, Bernard Jousset mettait au point à Clichy, dans les ateliers de

M. Leclerc, le traitement des bagues et billes de roulement (chef du traitement:

M. Chesnon). et faisait l'application au contrôle des bagues de roulements de l'appareil « Scléromètre magnétique » (étudié par M. Bancelin, chef pyromé­treur jusqu'en 1929). Cet appareil, per­fectionné par M. Brodier qui remplaça

M. Bancelin, fut utilisé sur une large échelle à Clichy, puis à Billancourt et à Annecy, lors des déménagements successifs de cette fabrication, assu­rant une grande sécurité dans l'emploi de ces pièces.

En 1929, par suite d'une usure cata­strophique des cylindres de moteurs en quelques heures au banc d'essai, un examen comparatif de pièces incrimi­nées avec des cylindres de voitures américaines (analyses, micrographies, dureté Rockwell Bille) fixa pour les trente années suivantes, les critères de qualité des fontes devant résister à l'usure tout en restant usinables.

Embauché en 1931, Marcel Chateau est chargé par M. Chevassus, de l'étude des règles obscures du redressage à chaud des tôles de blindage pour chars.

En 1932, Étienne Spire commence les essais de classification des tôles d'em­boutissage.

Jusqu'en 1932, le cément utilisé à l'ate­lier 5 était formé de charbon de bois pulvérisé, préparé dans l'atelier de car­bonisation de l'usine avec des débris de bois de carrosserie et de carbonate de baryte en poudre. Ce cément recou­vrait tout l'atelier au cours des manipu­lations. Un nouveau type de cément granulé, efficace et plus propre à l'em­ploi étant apparu sur le marché,

M. Colonna-Cesari en prépara un avec des produits de l'usine et devint en­suite un des chefs de l'atelier 5 et chargé de son utilisation.

20

Études sur les aciers à outils

L'usine, par suite de l'utilisation sur une grande échelle de la soudure oxy­acétylénique pour la réalisation des carrosseries, était grande consomma­trice de carbure de calcium.

3

eme

Bât. A8 LABORATOIRE de 1920 à 1935

ETAT en 1929

RUE GUSTAVE-SANDOZ

Vers bât. D : tirage acides ~ Bâtiment en ciment armé bains de sable

COUR INTERIEURE

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1

M. Renault, inquiété par cette dépense, songea, comme dans d'autres cas, à fabriquer son carbure de calcium. Il acheta pour cela une petite usine à St-Michel-de-Maurienne. Les fabricants de carbure ayant ultérieurement forte­ment abaissé leurs prix, il demanda de transformer cette usine en aciérie d'aciers spéciaux et en confia la direc­tion à M. Martinoni; il disposait d'un petit four électrique Héroult de 6 t et se lança dans la fabrication des aciers à outils les plus utilisés à Billancourt (1927).

Il existait à l'époque, 35 nuances d'aciers à outils livrées par 17 fournis­seurs. Les études du laboratoire les ramenèrent à 30 en 1932, en liaison avec l'aciérie, et ils furent désignés par des numéros de 1 à 30 précédés du sigle AT (aciéries du Temple, à St-Michel-de-Maurienne). Ces aciers ayant été vivement appréciés par les usineurs, M. Renault en donna la fourniture exclusive à St-Michel-de­Maurienne.

30

Études sur les aciers à pignons de bOÎtes de vitesses.

Les bons résultats obtenus sur la fabrication des aciers à outils amenè­

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rent MM. Benoit et Chevassus à demander la fabrication des aciers au chrome Y et des aciers chrome-molyb­dène W à St-Michel-de-Maurienne, les nuances pouvant aller par classement des coulées des plus douces pour maillons de chars, aux plus dures pour arbres de roues de camions.

Les essais mécaniques, les essais de St-Michel à mettre deux fours élec­

chocs répétés et les essais sur ple­triques de 10 t en 1935, pour assurer

ces furent un succès total et donnèrent ces fournitures.

une importante économie de nickel,

dès 1932.

40

Études diverses.

L'augmentation des cadences et des La mise au point de nombreuses spé­tonnages demandés amenèrent cifications nécessita l'embauche de plu-

ËVOLUTION DU LABORATOIRE CENTRAL DE 1904 A 1962

Date Surfaces occupées et situation approximatives Personnel (approximatif) Désignation

1" 1904 Rez-de-chaussée -1·' groupe

laboratoire à 1911 (1) d'ateliers angle avenue du Cours et rue du Polnt-du-Jour Côté rue Gabrielle 7 m X 12 m -Bât. A 84 m2 1 Atelier nO 23

2' laboratoire 1911 (1) à 1920 Pavillon place Nationale: esti­mé 8 m X 10 m Rez-de-chaussée : essais mécaniques 80 m2 -1" étage: chimie 80 m2 Environ 160m2 Atelier 140

3' laboratoire 1920 à 1935 Bâtiment A 8 -3· étage Coin rues Gustave-Sandoz et Gabrielle + appentis bâti­ment Dl 360 m2 1924:22 1927: 27 (dont 5 pyrométreurs) Sce de M. BENOIT Atelier 140

4· 1935 Bâtiments A6 et A8, 3·

laboratoire à 1943 étage + magasin chimie et acides A 8, 4· étage (40 m2) + blockhauss rez-de-chaus­sée 1939 + salle essais car­bures 1935: 500 m2 1939: 850 m2 1939: 45 (dont 12 pyrométreurs) Sce de M. POMEY puis Sce 980 -Laboratoire 4 072 -Contrôle

5' laboratoire 1944 à 1947 Rez-de-chaussée -Bâtiment A 3 (salle de conférences) + blockhauss : essais méca­niques, salles de balances, pyrométrie 1944: 1 000m2 1944 : env. 55 (dont 14 pyrométreurs) Sce 980 puis juillet 1945 Sce 871 -Laboratoire 4 072 -Contrôle

6· 1947 Sce 871 -puis A partir de janvier 1961

laboratoire à ce jour 3· étage -Bâtiments A 6 et A8 1947 rue Gustave-Sandoz 900 m2 av. 'Ëmile-Zola 390 m2 rue Gabrielle 480 m2 1960 2800 m2 1957: 142 janvier 1952 08.50 -Direction et Sce 871 -Direction Secrétariat des Recherches 08.51 -Laboratoire Scientifiques Chimie et Contrôle Sce 872 -Recherches 08.52 -Ëlasticimétrle Scientifiques 08.53 -Métaux et Générales transformations Sce 873 -Recherches 08.54 -Matériaux et

+ hall usine 0 PUiS~ h a Il transformation 200 m2 des métaux Rue il 3000 m2 environ 1962: 232 Scientifiques produits organiques Appliquées 4 072 -Laboratoire contrôle

Départ Pyrométrie au Sce tlectrique : 1·' janvier 1955 : 26 personnes Bureau 4 Chimistes 18 Laboratoire de contrôle 4 072 en 1959 Essais mécaniques 9 44 personnes Usinage éprouvettes 9 Spectographle 4

sieurs chimistes, en particulier M. A. Gassner, habile chimiste aux con­naissances étendues, à qui furent confiées les analyses délicates ou sor­tant de l'ordinaire. Entré au laboratoire en 1927, il Y resta jusqu'en 1948 pour aller, comme ingénieur chimiste, au laboratoire des fabrications de caoutchouc, jusqu'à son départ en retraite en 1967. Le personnel du labo­ratoire de contrôle passa ainsi de 22 en 1924 à 27 en 1929.

50 Pyrométrie.

Les mesures des températures des fours de traitement étaient faites le plus souvent à l'oeil par le chef de four avant 1915, de rares vérifications étant faites à l'aide de couples thermo­électriques au platine, platine à 10% de rhodium, rares et chers. Après 1915, une lunette pyrométrique Fery fut mise en service et aida quelque peu les opérateurs en étalonnant leur oeil. Il fallut attendre l'arrivée, en 1928, de couples en alliages nickel-chrome et nickel-aluminium pour pouvoir diffuser ce mode de mesure.

M. 1. Brodier, qui remplaça en 1929

M. Bancelin à la pyrométrie, nous signale les chiffres cités dans le tableau ci-dessus.

En 1924, il n'y avait qu'un seul pyro­métreur.

On voit, en particulier, que le nombre d'appareils a été multiplié par 4, faci­litant ainsi le travail des ateliers de traitement. Mais la régulation automa­tique n'a pu être exercée que plus tard, le mode de chauffage des fours (gaz pauvre) ne s'y prêtant guère. Enfin, la réalisation de pyromètres optiques portables et précis permit de fournir aux fonderies un moyen commode de faire des coulées à températures régu­lières et à l'atelier de fabrication des soupapes, par refoulement, d'opérer dans des limites étroites de tempéra­tures, dès 1932.

M. Brodier organisa un dispositif de secteurs avec, à chacun, un pyromé­treur responsable, un autre préparant au laboratoire les cannes et couples nécessaires.

IV. -Arrivée de M. Pomey

le personnel du laboratoire, non com­pris M. Benoit et son secrétariat, était d'environ 22 personnes en 1924 et s'éleva à environ 27 en 1929.

M. Renault ayant muté M. Benoit en 1933, il fut remplacé par M. Jacques Pomey, l'atelier d'essais spéciaux de voitures (153) étant rattaché au bureau d'études de M. Serre.

Date Nombre total d'appareils Appareils indicateurs Appareils régulateurs Personnel

1928 1929 20 87 15 79 5 8 5 5

Il faut mentionner, à la fin de cette première époque, le rôle éminent joué par M. Marcel Chevassus qui fut l'ar­tisan principal du développement du laboratoire.

Il fut aidé dans cette tâche par

M. Lucien Jannin, qui, entré en 1911 comme chef du chronométrage, devint l'ingénieur en chef de l'usine. Il s'in­téressa au laboratoire et en favorisa le développement et l'équipement, grâ­ce à son influence sur M. Renault; c'était un ingénieur de grande valeur, s'intéressant à la flualification des piè­ces par les essais mécaniques. Auteur d'un traité de mécanique, esprit pra­tique et expérimental, son influence a été grande pour la réalisation des pro­jets de M. Pomey, qui seront exposés dans la 2e époque.

André CADILHAC

Je tiens à remercier Mme Vve Chevas­sus, Mme Valognes, MM. Metzmaier,

M. Didier, B. Jousset, J. Brodier,

A. Gassner, dont les souvenirs m'ont été précieux pour évoquer cette épo­que déjà lointaine, ainsi que

M. J. Guittard, dont l'inestimable documentation a été particulièrement appréciée.

Je remercie la Direction générale de la Régie, la Direction du personnel

(M. Hatry), M. Tiberghien et M. Wyss, pour m'avoir permis d'accéder aux documents anciens de leurs archives.