Contexte :
Mort de Louis XIV le 1er septembre 1715.
La Régence confiée initialement à un conseil dirigé par le duc du Maine.
Contestation par le parlement et la grande noblesse, qui soutiennent Philippe d’Orléans.
Résultats :
Philippe d’Orléans exerce la Régence.
Échec du système de Law en 1720 :
Fondé sur la monnaie de banque.
Effondrement du papier-monnaie et rejet de l’idée de banque.
Période initiale (1723-1743)
Majeur en 1723 :
Confie les affaires au cardinal Fleury.
Actions intérieures :
Opposition au parlement de Paris.
Lutte contre les jansénistes et les protestants.
Actions extérieures :
Guerre de la Succession de Pologne (1723-1733).
Objectif : Soutenir Stanislas Leszczynski, beau-père du roi.
Résultat : Traité de Vienne (1738), la Lorraine intègre la France à la mort de Stanislas.
Période post-Fleury (1743-1774)
Influences personnelles :
Duchesse de Châteauroux et marquise de Pompadour.
Attentat contre le roi :
5 février 1757, Robert-François Damiens écartelé place de Grève.
Guerre de Sept Ans (1756-1763) :
Alliances :
France et Autriche contre Angleterre et Prusse.
Russie contre la Prusse, puis paix séparée (1762).
Défaites françaises :
Canada : Perte de la vallée de Saint-Laurent et du Québec (1759).
Indes : Dupleix rappelé (1754), capitulation à Pondichéry (1762).
Traité de Paris (1763) :
Cessions à l’Angleterre : Canada, partie de la Louisiane, Antilles, Sénégal.
Perte : Martinique, Guadeloupe, Saint-Domingue.
Fin de règne :
Tentative de réformes :
Appel de Maupeou, Terray et d’Aiguillon.
1771 : Suppression du parlement de Paris.
Accession au trône :
Succède à Louis XV à 20 ans (1774).
Mariage (1770) : Marie-Antoinette d’Autriche, fille de l’empereur François 1er.
Turgot et Necker
Turgot (1774-1776) :
Mesures réformistes :
Défend la libre circulation des grains.
Supprime les corvées (1776).
Opposition et départ.
Necker (1777-1781) :
Critique des gaspillages de la cour.
Renvoi en 1781.
Calonne et Brienne
Calonne (1783) :
Grands travaux endettant l’État.
Traité commercial avec l’Angleterre (1786) :
Ruine de l’industrie et du commerce français.
Participation à la guerre d’Indépendance américaine (1778-1783).
Projets de réforme fiscale : Opposition des privilégiés.
Brienne (1787) :
Reprend les idées de Calonne.
Conflit avec le parlement de Paris.
Convocation des États généraux :
Initialement prévue pour 1792, avancée au 1er mai 1789.
Retour de Necker (1788)
Actions clés :
Août 1788 : Restauration de la légitimité du parlement.
Décembre 1788 : Doublement de la représentation du tiers état.
Non-résolution du vote par ordre ou par tête.
I. La population française sous l’Ancien Régime
Régime alimentaire
Dominance céréalière : consommation de 3 livres de pain par personne et par jour (optimum).
Fluctuations des récoltes :
XVIIe siècle : fluctuations fortes.
XVIIIe siècle : fluctuations atténuées sauf durant l’intercycle de la Révolution.
Carences alimentaires : vitamines, protéines, oligo-éléments → déficiences physiologiques et malformations du squelette.
Contrastes sociaux :
Paysans faméliques.
Débauche alimentaire à la cour royale et chez les bourgeois et seigneurs.
Problèmes de chauffage
Bois rare dans les villages.
Charbon de terre insuffisant en ville pour lutter contre les rigueurs hivernales.
Déficiences médicales
Incapacité à contrer les épidémies : lèpre, peste, fièvres typhoïdes, variole.
Insuffisance des hôpitaux.
Taux de mortalité élevé :
Épidémies (peste de 1627, peste de 1720).
Mortalités infantiles (<1 an) et juvéniles (1-4 ans).
Découverte du vaccin contre la variole (Jenner, 1798).
Conséquences des famines
Révoltes : attaques contre les convois de grains et moulins.
Augmentation du nombre de mendiants : assièges des villes.
Poids de la guerre
Ravages sur les paysans :
Soudards détruisant récoltes et bétail.
Incendies et massacres.
II. L’évolution sociale
Organisation de la société
Trois ordres :
Clergé : prier.
Noblesse : combattre.
Tiers-État : travailler.
Division juridique en ordres → éclatement sous l’évolution économique et sociale.
Noblesse
Noblesse traditionnelle déséquilibrée :
Noblesse de robe (paulette, bénéfices ecclésiastiques).
Déclin de la noblesse terrienne :
Baisse de la rente seigneuriale.
Asservissement sous Louis XIV.
Fusion avec grandes familles parlementaires au XVIIIe siècle.
Clergé
Haut clergé : noblesse (évêques, abbés riches, chanoines).
Bas clergé : peuple (curés pauvres, vivants de la portion congrue).
Bourgeoisie
Affirmation au rythme du commerce international.
Intégration dans l’administration royale :
Baillages, présidiaux, généralités, bureaucratie monarchique.
Voies de promotion :
Commerce, terres, rapprochement avec la noblesse, culture juridique.
Influence culturelle : écrivains militants (Voltaire, Diderot, Rousseau).
Milieux populaires
Paysannerie : 90 % de la population.
Artisanat pauvre : faubourgs des villes.
"Gens sans aveu" : errants, vagabonds, rôdeurs, mendiants.
Condition paysanne
Régime féodal persistant jusqu’à la Révolution de 1789.
Exploitation fiscale :
Taille (État), gabelle, dîme (Église), redevances (noblesse).
Dépossession par les bourgeois (biens communaux, richesse foncière).
III. L’évolution économique
Régime seigneurial
Dominant au XVIIe siècle : noblesse terrienne vivant honorablement.
Érosion sous Louis XIV (à partir de 1661).
Déclin de la rente seigneuriale → alliance noblesse/bourgeoisie enrichie.
Crises agricoles
Crises majeures : 1661, 1693, 1694, 1709 → mortalités épidémiques.
Stabilisation de la livre tournois (1735).
Croissance harmonieuse des prix agricoles (1735-1770) → instabilité ensuite.
Agriculture traditionnelle
Persistance jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
Révolution agricole anglaise et hollandaise adoptée tardivement.
Physiocratie (Turgot, Quesnay) : nouvelles aspirations libérales ("laissez-faire").
Conflit entre bourgeoisie et noblesse
Bourgeoisie prospère → opposition au système de privilèges.
Noblesse obsédée par un passé révolu.
Naissance de la Révolution → fin de l’Ancien Régime.
I. L’Évolution de la Pensée
Confusion et évolution des paradigmes
Descartes a confondu physique et métaphysique : la réalité phénoménologique et la vision idéelle.
Newton écarte le « monde mystérieux des causes » en proposant une saisie quantifiée des lois de la nature, confirmant Galilée et mettant fin à la physique d’Aristote.
Naissance de nouvelles doctrines
Empirisme anglais (Locke).
Sensualisme français (Condillac, Helvétius, La Mettrie).
Passage de la spéculation abstraite à l’observation, de la déduction à l’induction.
Progrès scientifique et technologique
Multiplicateurs sensoriels : microscopes, lunettes.
Calculs infinitésimaux : différentiels, intégraux.
Rejet de la théorie fixiste au profit de l’évolution (Lamarck).
Enseignement mathématique encouragé par les Jésuites, l’Oratoire, les Bénédictins.
Transmission et diffusion du savoir
Rôle des écoles privées, sociétés savantes, journaux spécialisés, encyclopédies.
Recule du latin comme langue médicale internationale au profit du français et de l’anglais.
Avancées dans divers domaines
Chimie moderne : triomphe avec Lavoisier.
Art de l’ingénieur : grandes écoles d’ingénieurs (ponts, mines).
Progrès en navigation, imprimerie (première presse métallique à Bâle, presse à platine à Paris).
Nouvelles orientations thématiques
Moins de livres religieux, plus d’histoire moderne (France, Angleterre, Russie).
Récits de voyages hors Europe.
Progrès en horlogerie, astronomie (multiplication des observatoires).
Exploration de l’infiniment petit : microscope de Van Leeuwenhoek (microbiologie).
Passion pour les sciences
Sciences naturelles prioritaires.
Histoire et sciences sociales émergent.
Fractionnement de la culture : spécialisation des sciences, fin des génies universels (Descartes, Leibniz).
II. Le Renouveau Philosophique
Une histoire à temps humain
Début des sciences humaines : « L’Esprit des lois » (1748), « Essai sur les mœurs » (1756).
Europe des Lumières trilingue : anglais, français, allemand.
Phase critique (1715-1750) : rationalisme, empirisme, sensualisme.
Matérialisme et critique religieuse
Matérialisme : La Mettrie (« L’Homme machine », 1748), Helvétius (« De l’esprit », 1758), d’Holbach (« Système de la nature », 1770).
Pamphlets religieux attaquant Église et institutions.
Organisation politique et sociale
Montesquieu (« L’Esprit des lois ») : séparation des pouvoirs.
Voltaire : critique du gouvernement, de l’Église, des privilèges.
Rousseau : « Le Contrat social » (1761-1762), égalité sociale, liberté, souveraineté du peuple.
Influence et conséquences
Impact de Rousseau : sentiments républicains, socialistes.
Transition de la raison et science vers sensibilité et nature (émergence du Romantisme).
L’Encyclopédie : réservoir et arme intellectuelle
Diderot et d’Alembert : systématisation des acquis scientifiques.
Collaboration des philosophes : Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Condorcet.
Rejet des idées obscurantistes, critique de l’Ancien Régime.
Le paradoxe des Lumières
Rationalisme athée conduisant à la Révolution de 1789.
Transition vers un romantisme mystique et panthéiste.
A. Caractéristiques générales
Peinture comme art libéral
Promotion des arts mécaniques dans l'univers mental de l'Encyclopédie.
Accent sur le foyer et le repli affectif sur le for familial.
Influences principales
Besoins de décoration intérieure des nouvelles classes sociales urbaines accédant à l'aisance.
Poids de la demande traditionnelle ou princière toujours présent, mais avec une orientation changeante.
Transformation des genres : évolution de la peinture d'histoire et religieuse.
B. Conséquences de ces évolutions
Nouvelle géographie de la peinture
Passage de l’art italien et flamand-néerlandais à une dominance française.
La France bourgeoise et ses nouvelles pensées dominent le XVIIIe siècle avec une peinture adaptée au goût du jour.
Domination de la peinture française et anglaise dans les pays où la bourgeoisie prospère et où se préparent les conditions préalables à la révolution industrielle.
La querelle française de la couleur
Affirmation des droits de la couleur contre l'empire du dessin.
Querelle des coloris opposant Poussinistes et Rubénistes depuis 1671.
Triomphe des coloristes de 1690 à 1780, de Watteau à David.
C. Les grandes figures de la peinture du XVIIIe siècle
Jean Antoine Watteau (1684-1721)
Création d'une catégorie unique à l’Académie : "peintre de fêtes galantes".
Rêve d’enfance sensuel et caressant (« Les Saisons », « Le Pèlerinage à Cythère »).
Influence du théâtre (« L’Amour paisible », « La Toilette intime »).
Symbole de la Régence et d'une civilisation rêvée.
Lancret (1690-1743) et ses successeurs
Continuation de la fête galante, avec plus de concret et moins de légèreté.
Jean-Baptiste Pater (1695-1736) et François Octavien (1682-1740) : représentations concrètes des préparatifs.
François Boucher (1703-1770)
Peinture frivole et sensuelle en accord avec la transformation des mœurs.
Œuvres variées (« Le Triomphe de Vénus », « Le Festin de l'empereur de Chine »).
Image du XVIIIe siècle riche, frivole, et sensuel.
Portraitistes et la fonction sociale du portrait
Protection contre la fragilité du temps et expression de la joie de vivre.
Quentin de La Tour (1704-1788) : portraits des salons et des philosophes.
Jean-Baptiste Perronneau (1715-1783) : noblesse de robe et bourgeoisie hollandaise.
Jean-Marc Nattier : aristocratie politique et naissance (« Portrait du Maréchal de Saxe »).
Chardin (1699-1779)
Peintre du for familial et de l’éducation (« La Bénédicé », « La Gouvernante »).
Peintre des choses simples mais à l'âme profonde (« Le Buffet », « Le Panier de fraises »).
Greuze (1725-1805)
Peintre des paysans et des artisans (« L’Accordée du village », « Le Fils ingrat »).
Influence de Diderot, représentant les valeurs éthiques du second XVIIIe siècle.
Paysagistes et néo-classicisme
Paysages affirmés (époque de Louis-Gabriel Moreau, Hubert Robert, Joseph Vernet).
Émergence du néo-classicisme avec Joseph-Marie Vien.
Fragonard (1732-1806)
Synthèse des influences du XVIIIe siècle : sensualité, grivoiserie, scènes de genre.
Évocation vivante et sincère de la vie quotidienne (« La Bacchante endormie », « Les Baigneuses »).
D. Expansion de la peinture française en Europe
Influence de la France dans presque toute l’Europe : Italie, Espagne, Russie.
La peinture française reflète l'espace des Lumières, tant par le nombre que par le talent.