Introduction
Les Fourberies de Scapin est une comédie écrite par Molière, créée le 24 mai 1671 au Théâtre du Palais-Royal à Paris. Bien qu'au départ, la pièce n'ait pas rencontré un grand succès, elle est aujourd'hui l'une des œuvres les plus jouées du répertoire théâtral français. Cette comédie en trois actes, écrite en prose, est une brillante illustration du genre de la comédie populaire, inspirée en grande partie de la commedia dell'arte et des farces italiennes. L'intrigue de la pièce, par son caractère burlesque et ses personnages truculents, est également influencée par des œuvres classiques telles que le Phormion de Térence.
Le Théâtre du Palais-Royal était en pleine rénovation au moment de la création des Fourberies de Scapin. Molière, conscient des contraintes matérielles (espace réduit et décor sommaire), a écrit une pièce qui pouvait être jouée facilement dans un cadre restreint. Cette rapidité de composition révèle la nécessité de maintenir une activité théâtrale dans un contexte difficile. Molière, fidèle à son esprit d'innovation, crée ainsi une comédie qui, tout en s'inspirant de la tradition comique de l'Antiquité, se distingue par une forte influence de la commedia dell'arte. Ce genre théâtral populaire, venu d'Italie, repose sur l'improvisation et l'utilisation de types de personnages stéréotypés, un élément que Molière exploite à merveille.
Bien que l'intrigue des Fourberies de Scapin ait des racines dans le Phormion de Térence, la pièce s'éloigne de l'esprit de la comédie classique pour se rapprocher de l'exubérance et de l'exagération des caractères propres à la commedia dell'arte.
La première représentation des Fourberies de Scapin n’a pas remporté un grand succès. En effet, la recette de la soirée s'éleva à 545 livres, une somme relativement faible pour une première au Théâtre du Palais-Royal. Ce premier échec a été attribué par certains à l'exagération des caractères et au ton populaire de la pièce, comme l'a souligné le critique Nicolas Boileau dans son Art poétique en 1674. En effet, Boileau reprochait à Molière d'avoir donné à son œuvre un aspect trop populaire et de ne pas avoir respecté la noblesse des caractères, ce qui est typiquement attendu dans une comédie de mœurs classique.
Cependant, après la mort de Molière en 1673, la pièce connut un immense succès. Reprise par ses compagnons de scène, elle fut jouée 197 fois entre 1677 et la mort de Louis XIV en 1715, et s'imposa comme l'une des pièces les plus populaires et les plus jouées du répertoire français.
Les personnages des Fourberies de Scapin sont typiques de la comédie de mœurs de Molière, mais avec une grande influence de la commedia dell'arte, ce qui leur confère une certaine universalité et un côté caricatural. Voici une présentation détaillée des principaux personnages de la pièce :
Scapin : Le personnage central de la pièce, un valet astucieux et fourbe. Scapin est un personnage issu de la commedia dell'arte, dont le nom italien est Scappino. C'est un maître du déguisement et des stratagèmes, et il manipule les autres personnages avec une grande habileté.
Silvestre : Le valet d'Octave, il est le complice de Scapin dans les intrigues et les tromperies. Son personnage est souvent plus naïf et moins habile que Scapin, ce qui le rend souvent un peu comique.
Octave : Le jeune homme amoureux de Hyacinte. Fils d'Argante, il est un personnage un peu naïf, pris dans les manigances de son valet Scapin. Son amour pour Hyacinte est l'un des ressorts de l'intrigue.
Léandre : Fils de Géronte, il est amoureux de Zerbinette, une jeune femme d'origine égyptienne. Comme Octave, il est manipulé par Scapin pour parvenir à ses fins amoureuses.
Hyacinte : La fille de Géronte, elle est l'amante d'Octave. Hyacinte, tout comme son père, est un personnage central de l'intrigue amoureuse de la pièce.
Zerbinette : Une jeune Égyptienne, amoureuse de Léandre, elle est au centre de l'intrigue et des intrigues qui entourent les amants.
Argante : Père d'Octave et de Zerbinette. Il est un personnage avare et autoritaire, souvent la cible des ruses de Scapin.
Géronte : Le père de Léandre et de Hyacinte, il est un personnage rigide et un peu comique par ses comportements autoritaires.
Nérine : Nourrice de Hyacinte, elle joue un rôle secondaire mais apporte une touche de comique par son caractère simple et naïf.
Carle : Un personnage qui complète le tableau des serviteurs et des valets, avec un rôle secondaire mais essentiel à la dynamique comique de la pièce.
L'intrigue des Fourberies de Scapin repose sur un enchevêtrement de quiproquos, de manigances et de tromperies. Elle met en scène les amours contrariés des personnages principaux, Octave et Léandre, qui sont chacun confrontés à la résistance de leurs pères respectifs, Argante et Géronte. Scapin, le valet, intervient pour aider ses maîtres à tromper leurs pères et à réaliser leurs désirs amoureux.
L'un des ressorts comiques majeurs de la pièce réside dans les ruses que Scapin invente pour manipuler les personnages. Par exemple, il fait croire à Argante qu'il a été kidnappé et demande une rançon, ou il utilise le déguisement et l'illusion pour faire croire à Géronte qu'un autre personnage est son fils disparu. Ces fourberies et les quiproquos qui en résultent génèrent des scènes comiques et dynamiques.
Résumé des Fourberies de Scapin de Molière
Dans cette comédie, deux jeunes hommes, Octave et Léandre, rencontrent des difficultés avec leurs pères, partis en voyage. Octave, fils d'Argante, s'est secrètement marié à Hyacinte, une jeune fille pauvre dont la famille est inconnue. Léandre, quant à lui, est tombé amoureux de Zerbinette, une "jeune Égyptienne" qu'il a rencontrée dans une troupe de théâtre. Lors du retour de leurs pères, les deux jeunes hommes sont inquiets car leurs pères ignorent ces mariages et souhaitent arranger d'autres unions pour leurs enfants.
Octave, anxieux et manquant d'argent, demande de l'aide à Scapin, le valet de Léandre. Scapin, connu pour sa ruse et ses stratagèmes, accepte d'aider Octave malgré les difficultés. Cependant, malgré ses efforts, Scapin ne parvient pas à faire changer d'avis Argante, le père d'Octave.
Dans une autre scène, Scapin révèle à Géronte, le père de Léandre, que son fils a commis une grave erreur. Géronte, furieux, gronde Léandre mais finit par accepter de l'aider, car Léandre est prêt à payer une rançon pour Zerbinette, qui risque d'être enlevée par des Égyptiens.
Scapin met alors en œuvre une série d'astuces pour extorquer de l'argent aux deux pères. Pour se venger de Géronte qui l’a critiqué, Scapin invente un prétendu frère de Hyacinte, un "spadassin", qui menacerait Géronte. Scapin cache ensuite Géronte dans un sac et le frappe violemment pour simuler qu’il le protège des ennemis.
Mais finalement, la vérité éclate : les fourberies de Scapin sont découvertes. Cependant, grâce à une série de révélations et de malentendus, Hyacinte est reconnue comme la fille de Géronte et Zerbinette comme la fille d'Argante. Scapin, feignant la douleur d’un accident, obtient finalement le pardon des deux vieillards.
Acte I
Scène 1 : Octave, qui s'est marié sans le consentement de son père, apprend par Silvestre que ce dernier est de retour et veut le marier à la fille de Géronte.
Scène 2 : Octave raconte à Scapin qu'en l'absence de son père, il s'est marié à Hyacinte, et que son ami Léandre, fils de Géronte, est tombé amoureux d'une jeune Égyptienne, Zerbinette.
Scène 3 : Hyacinte et Octave implorent Scapin de leur venir en aide. Scapin accepte.
Scène 4 : Seul face à Argante, Scapin défend la cause d'Octave. Mais Argante reste déterminé à annuler le mariage.
Scène 5 : Scapin expose à Silvestre son plan. Silvestre devra se déguiser en « spadassin ».
Acte II
Scène 1 : Géronte apprend d'Argante que son propre fils, Léandre, s'est mal conduit.
Scène 2 : Géronte rencontre son fils Léandre qui se défend maladroitement.
Scène 3 : Léandre insistant pour qu'il avoue son crime, Scapin avoue trois fourberies, mais se déclare innocent de ce dont on l'accuse.
Scène 4 : Carle annonce à Léandre qu'il doit verser une rançon pour ne pas perdre Zerbinette, enlevée par des Égyptiens. Désespéré, Léandre implore alors l'aide de Scapin.
Scène 5 : Scapin commence par Argante. Il invente un frère à Hyacinte, spadassin, qui n'accepterait de voir le mariage de sa sœur annulé que si on lui offre deux cents pistoles. Argante refuse.
Scène 6 : Arrive le spadassin en personne - Silvestre déguisé. Argante donne les deux cents pistoles.
Scène 7 : Scapin s'attaque alors à Géronte. Il lui raconte que son fils vient d'être enlevé par des Turcs, qui ne le restitueront que contre une rançon de cinq cents écus. Géronte finit par céder.
Scène 8 : Scapin retrouve Octave et Léandre et leur annonce qu'il a accompli sa mission.
Acte III
Scène 1 : Zerbinette et Hyacinte discutent sur la condition des femmes, mais Scapin se sépare du groupe pour aller goûter le plaisir de sa vengeance.
Scène 2 : Scapin suggère à Géronte d'échapper à la fureur du spadassin en se cachant dans un sac. Le valet roue de coups son maître, mais, celui-ci découvrant la traîtrise, il doit s'enfuir.
Scène 3 : Zerbinette raconte à Géronte, dont elle ignore l'identité, comment Scapin lui a volé son argent.
Scène 4 : Silvestre révèle à Zerbinette l'identité de l'homme à qui elle vient de parler.
Scène 5 : Un peu après Géronte, Argante exprime son intention de se venger des fourberies dont il a été victime.
Scène 6 : Argante et Géronte réaffirment leur ressentiment. Aux tourments de Géronte s'ajoute la crainte que sa fille n'ait péri dans un naufrage.
Scène 7 : Nérine, la nourrice de Hyacinte, explique à Géronte que, sous la pression des événements, elle vient de marier la jeune fille à… Octave !
Scène 8 : Silvestre informe Scapin des derniers développements de la situation et le met en garde.
Scène 9 : Géronte se réjouit de retrouver sa fille.
Scène 10 : Argante explique à Octave que la fille de Géronte qu'on voulait lui faire épouser n'est autre que Hyacinte. Mais Géronte continue de s'opposer au mariage de Léandre avec Zerbinette.
Scène 11 : Argante reconnaît en Zerbinette sa propre fille grâce à un bracelet qu'elle porte depuis son enfance et qui lui vient de ses parents.
Scène 12 : Carle annonce que Scapin vient d'être victime d'un accident mortel.
Scène 13 : C'est en fait une nouvelle fourberie qui permet au valet d'amener Géronte et Argante à lui pardonner ses mauvais tours.