Abbaziale normanna

Recensione apparsa su Cahiers de civilisation médiévale, Année 1998, Volume 41, Numero 164 pp. 17 - 18

Luigi R. Cielo. - L ‘abbaziale normanna di S. Salvatore deTelesia. Naples, ESI, 1995, 118 pp., 64 ill., 24 plans (Bibl. Molise e Sannio, 4).

L'abbaye Saint-Sauveur de Telese, probablement fondée par des conquérants normands établis dans la principauté de Capoue, est attestée pour la première fois en 1075. Celle abbaye n 'est connue de la plupart des historiens que parce que son abbé Jean, ancien moine du Bec et par la suite cardinal, a hébergé saint Anselme pendant sa visite en Italie méridionale en 1098, et parce qu'un de ses successeurs, Alexandre, a composé une biographie calomnieuse du roi Roger de Sicile, vers 1136. Comme de nombreux monastères italiens, à l'époque des abbés commendataires au XVe s., Telese vit un déclin catastrophique, et  l'observance monastique fut abandonnée vers 1600, meme si les batiments existaient encore, quoiqu'en mauvais état. La plupart d'entrec eux furent plus tard détruits, tandis que l'église, très endommagéc par le tremblement de terre de 1688, fut transformée en ferme et en moulin.

L. Cielo décrit ce que l'on peut connaitre de l'histoire de ce monastère, bien que nos informations restent rares. Il essaie surtout de fixer sa première histoire dans le contexte de la principauté normande de Capoue et de la grande seigneurie fondée à l'est de cette principauté par un parent des princes, le comte Robert de Caiazzo. L. Cielo émet l'hypothèse que celui-ci fut probablement le fondateur et le bienfaiteur principal de Saint-Sauveur. Mais il consacre l'essentiel de son livre à une discussion sur l'architecture de l'église, telle qu'elle est apparue après Ies travaux de rénovation qui eurent lieu au début des années 90. L'édifice était assez grand, à peu près 36 x 15 m, beaucoup plus imposant que la majorité des églises d'alors, qui ont survécu dans la principauté jusqu'à nos jours, comme la célèbre dépendance cassinésienne de Sant'Angelo in Formis, près de Capoue. En outre, son architecture était très différente de ces églises, presque toutes construites sur le modèle de la basilique Saint-Benoit bâtie par l'abbé Didier du Mont-Cassin et consacrée en 1071. À l'inverse, l'église Saint-Sauveur, commencée peut-étre peu avant 1100, avait des pilastres et non des colonnes dans la nef, un presbytère voûté, un chevet entouré de trois absides, l'abside centrale dominant Ies deux absides latérale, une coupole au-dessus de la croisée de transepts et - caractéristique très insolite - une crypte. On peut également relever quelques influences de la cathédrale d'Aversa et de l'abbaye Saint-Paul de celle meme ville, qui est à moins de quarante km de Telese; ces édifices furent commencés quelques années avant l'église de Telese, à partir de modèles français comme Saint-Savin-sur-Gartempe en Poitou. Mais le pian de l'église Saint-Sauveur est plus proche des églises de Calabre, telles que la Trinité de Mileto et Sainte-Marie de Rocella, près de Catanzaro, ainsi que de la cathédrale de Mazzara en Sicile (toutes de la meme époque) que des autres édifices campaniens. Ces églises prenaient essentiellement pour modèles la deuxième église de Cluny et, en Normandie, les abbayes d'influence clunisienne comme Bernay (v. 1025/55) et Lessay (commencée v. 1091). L. Cielo donne une description claire et détaillée des restes de l'église de Telese et offre une discussion convaincante sur ses liens  artistiques avec d'autres églises de l'époque normande. Grace à cela, il apporte un témoignage nouveau et important pour !es historiens de l'architecture médiévale en Italie méridionale.

G. A. Loud

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