Soinrano de Bergerac
L’IGNORANT
Vous… heu… vous soignez… heu… vous… vous êtes… soignant.
SOINRANO
Ah ! Non ! c’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… Oh ! Dieu !... bien des choses en somme…
Agressif : “Moi, monsieur, si j’avais à soigner,
Il faudrait avant tout que je vous accueillâsse !”
Amical : “Mais soigner n’est pas prendre la place,
Du patient l’avis n’est pas à mettre à la trappe !”
Descriptif : “C’est un soin… une technique ?... es-tu cap’ ?
Que dis-je, es-tu cap’, c’est le Soin qui bouscule !”
Curieux : “De quoi sert cette oblongue cupule ?
De baignoire, monsieur, ou d’un support pour les mots ?”
Gracieux : “Aimez-vous tant soigner tous les maux
Que professionnellement vous vous occupâtes
De parler au patient avant qu’on le sédate ?”
Truculent : “Ça, monsieur, lorsque vous éduquez,
Être compris du patient doit vous importer
Sans quoi vous n’avez pas complètement soigné !”
Prévenant : “Gardez-vous bien, lorsque vous soignez,
De faire fi des lois, décrets et protocoles !”
Tendre : “N’oubliez pas les acquis de l'École
Le temps du savoir au grand jamais ne se fane !”
Pédant : “Le soin véritable, monsieur, émane
Non pas d’une envie de séparer chair et os,
Mais plutôt de voir l’être avant la bosse !”
Cavalier : “Quoi, l’ami, ce soin est à la mode ?
Faire une vraie démarche serait plus commode !”
Emphatique : “Un soignant se doit, à l’hôpital,
De plaider en faveur du paramédical !“
Dramatique : “Soin parfait vaut bien qu’on l'atteigne !”
Admiratif : “Dans le soin, l’humanisme règne !”
Lyrique : “Le soin dont vous parlez, est-ce un don ?”
Naïf : “Le patient pour vous n’est pas un dindon ?”
Respectueux : “Souffrez, monsieur, qu’on vous salue,
Dans le vrai Soin, tant d’appelés, si peu d’élus !”
Campagnard : “Hé, ardé ! Si vous soignez malin,
Avé l’patient, prenez queuqu’gants, pas qu’sur les mains !”
Militaire : “Soignons, même les sans-abris !”
Pratique : “Voulez-vous le tout dernier avis ?
C’est le patient qui toujours a le dernier mot !”
Enfin, comme Virginia le prônait plus tôt :
“Le voilà donc ce Soin qu’il nous faut reconnaître,
Les quatorze besoins sont ses uniques maîtres !”
- Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit…
Espérons que ces humbles mots puissent permettre
De voir dans le Soin d’abord et avant tout l’Être.
Patrick Moulin, MardiPhilo, septembre 2024.
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