Citations philosophiques - D

Autant que savoir, douter me plaît. Dante Alighieri, La Divine Comédie.

La conversation est presque morte, et bientôt le seront beaucoup de ceux qui savaient parler. Guy Debord, Commentaires sur la société du spectacle.

Un philosophe, c'est quelqu'un qui fabrique des concepts. Gilles Deleuze.

La vitesse, c’est être pris dans un devenir. Deleuze, Dialogues.

Seul est libre celui qui n’a rien à espérer ni rien à craindre. Démonax.

Oui, il y a de l’impardonnable. N’est-ce pas en vérité la seule chose à pardonner ? La seule chose qui appelle le pardon ? Si l’on était prêt à pardonner que ce qui paraît pardonnable, ce que l’Eglise appelle le “péché véniel”, alors l’idée même de pardon s’évanouirait. Jacques Derrida, “Le siècle et le pardon”, Le Monde des débats.

À la limite, le don devrait ne pas apparaître comme don : ni au donataire, ni au donateur. Jacques Derrida, Donner le temps.

Imaginez que je pardonne à la condition que le coupable se repente, s’amende, demande pardon et donc soit changé par un nouvel engagement, et que dès lors il ne soit plus tout à fait le même que celui qui s’est rendu coupable. Dans ce cas, peut-on encore parler d’un pardon ? Ce serait trop facile, des deux côtés : on pardonnerait un autre que le coupable même. Pour qu’il y ait pardon, ne faut-il pas au contraire pardonner et la faute et le coupable en tant que tels, là où l’une et l’autre demeurent, aussi irréversiblement que le mal, comme le mal même, et seraient encore capables de se répéter, impardonnablement, sans transformation, sans amélioration, sans repentir ni promesse ? Ne doit-on pas maintenir qu’un pardon digne de ce nom, s’il y en a jamais, doit pardonner l’impardonnable, et sans condition ? Jacques Derrida, Le Siècle et le Pardon.

Être démocrate, ce serait agir en reconnaissant que nous ne vivons jamais dans une société assez démocratique. Derrida.

Le pardon, s’il y en a, ne doit et ne peut pardonner que l’impardonnable, l’inexpiable - et donc faire l’impossible. Derrida, Pardonner. L’impardonnable et l’imprescriptible.

Je pense, donc je suis. Descartes, Discours de la méthode.

Changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde. Descartes, Discours de la méthode.

Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils n’en ont. (...) ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais le principal est de l’appliquer bien. Descartes, Discours de la méthode.

(...) ce qui nous définit ce sont d’abord des chiffres, des mensurations, des couleurs, une forme, un corps. Ce qui permet de nous identifier est paradoxalement ce que nous n’avons pas choisi. Laurence Devillairs, Guérir par la philosophie.

Rien n’est plus révoltant que cette moralisation de la maladie, qui entraîne nécessairement la culpabilisation du malade. Si garder le moral est essentiel, guérir n’est pas une épreuve sportive, et être malade n’est pas la conséquence d’un laisser-aller. Le malade n’a pas plus à se battre qu’il n’est responsable de sa maladie : on ne fabrique pas plus son cancer qu’on ne doit le vaincre en combat singulier. Continuer à vivre malgré tout est déjà largement suffisant. Laurence Devillairs, Guérir par la philosophie.

Aucun homme n'a reçu de la nature le droit de commander aux autres. Diderot, Encyclopédie, article "Autorité politique".

Le prince tient de ses sujets mêmes l'autorité qu'il a sur eux ; et c'est cette autorité qui est bornée par les lois de la nature et de l'Etat. Diderot, Encyclopédie, article "Autorité politique".

Lorsque le peuple meurt de faim, ce n'est jamais la faute de la Providence, c'est toujours celle de l'administration. Diderot, Encyclopédie, article "Faim, appétit".

Homme qui manque des choses nécessaires à la vie au milieu de ses semblables qui jouissent avec un faste qui l'insulte, de toutes les superfluités possibles. Une des suites les plus fâcheuses de la mauvaise administration est de diviser la société en deux classes d'hommes, dont les uns sont dans l'opulence et les autres dans la misère. Diderot, Encyclopédie, article "Indigent".

Le repos absolu est un concept abstrait qui n’existe pas dans la nature. Denis Diderot, Principes philosophiques sur la matière et le mouvement.

La croyance en Dieu fait et doit faire presque autant de fanatiques que de croyants. Partout où il y a un Dieu, il y a un culte ; partout où il y a un culte, l’ordre naturel des devoirs moraux est renversé, et la morale corrompue. Tôt ou tard, il vient un moment où la notion qui a empêché de voler un écu fait égorger cent mille hommes. Diderot, Lettre à Sophie Volland.

On demandait un jour à quelqu’un s’il y avait de vrais athées. - Croyez-vous, répondit-il, qu’il y ait de vrais chrétiens ? Diderot, Pensées philosophiques.

Tout s’anéantit, tout périt, tout passe. Il n’y a que le monde qui reste. Il n’y a que le temps qui dure. Diderot.

Ôte-toi de mon soleil. Diogène à Alexandre le Grand.

Si Dieu n'existe pas, tout est permis. Dostoïevski, Les Frères Karamazov.

La société domestique comme la société religieuse est un puissant préservatif contre le suicide.  Emile Durkheim, Le Suicide.

Patrick Moulin, MardiPhilo, août 2024.

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