Citations philosophiques - K

Le champ de la philosophie, dans ce sens familier, donne lieu aux questions suivantes : 1. Que puis-je savoir ? 2. Que dois-je faire ? 3. Que faut-il espérer ? 4. Qu'est-ce que l'homme ? La métaphysique répond à la première question, la morale à la seconde, la religion à la troisième, et l'anthropologie à la quatrième. Mais au fond, on pourrait tout ramener à l'anthropologie, parce que les trois premières questions se rapportent à la dernière. Kant, Logique, Introduction.

Tout intérêt de ma raison (aussi bien spéculatif que pratique) se rassemble dans les trois questions suivantes : / 1. Que puis-je savoir ? : 2. Que dois-je faire ? / 3. Que m’est-il permis d’espérer ? Kant, Critique de la raison pure "Théorie transcendantale de la méthode", Chapitre II, deuxième section.

[Impératif catégorique] Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle. Kant, Fondements de la métaphysique.

Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. Kant, Fondements de la métaphysique.

On ne deviendra pas plus riche en connaissances avec de simples idées qu’un marchand ne le deviendrait en argent si, dans la pensée d’augmenter sa fortune, il ajoutait quelques zéros à son livre de caisse. Kant, Leçons d’éthique.

On ne peut apprendre aucune philosophie. On ne peut tout au plus qu'apprendre à philosopher. Kant, Critique de la Raison Pure.

Nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes. Kant, Critique de la Raison Pure.

Les sens sans la raison sont vides, mais la raison sans les sens est aveugle. Kant, Critique de la Raison Pure.

Le bois dont l'homme est fait est si courbe qu'on ne peut rien y tailler de tout à fait droit. Kant, L'idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique.

Tu dois, donc tu peux. Kant, Critique de la Raison Pure.

L'homme est un animal qui a besoin d'un maître. Kant, L'idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique.

Le sublime touche, le beau charme. Kant, Observations sur le sentiment du beau et du sublime.

C'est un commandement de la raison moralement pratique et un devoir de l'homme envers lui-même que de cultiver ses facultés. Kant, Doctrine de la vertu.

(...) la malignité de la nature humaine ne doit pas, à vrai dire, s’appeler méchanceté si l’on prend ce mot au sens rigoureux ; c’est-à-dire comme intention (principe subjectif des maximes) d’admettre le mal, en tant qu mal, comme motif dans sa maxime (car c’est là une intention diabolique), mais plutôt perversion du coeur, et ce coeur, suivant la conséquence, se nomme alors aussi mauvais coeur. Kant, La Religion dans les limites de la simple raison.

En l’homme qui malgré la corruption de son coeur garde encore la bonne volonté, demeure l’espérance d’un retour au bien dont il s’est écarté. Kant, La Religion dans les limites de la simple raison.

Deux choses remplissent l’âme d’une admiration et d’une vénération toujours nouvelles : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi. Kant, Critique de la Raison Pratique.

Un État est la réunion d’une multiplicité d’hommes sous des lois juridiques. Kant, Métaphysique des moeurs, “Doctrine du droit”.

Tout État contient en soi trois pouvoirs, c’est-à-dire la volonté universellement unifiée en une triple personne : le pouvoir souverain (souveraineté) en la personne du législateur, le pouvoir exécutif en la personne du gouvernement (en conformité avec la loi) et le pouvoir judiciaire (en tant que capacité d’attribuer à chacun ce qui est sien d’après la loi) en la personne du juge [...]. Ibid.

Le pouvoir législatif ne peut revenir qu’à la volonté unifiée du peuple. Car, dans la mesure où c’est d’elle que tout droit doit procéder, il faut que ce pouvoir ne puisse par sa loi porter tort absolument à personne. Ibid.

L’acte par lequel le peuple se constitue lui-même en un État [...] est le contrat originaire d’après lequel tous au sein du peuple renoncent à leur liberté extérieure pour la recouvrer aussitôt en tant que membres d’une république, c’est-à-dire du peuple considéré comme État [...]. Ibid.

Un gouvernement qui serait en même temps législateur devrait être nommé despotique, par opposition au gouvernement patriotique, par lequel toutefois on n’entend pas un gouvernement paternaliste - en tant que c’est le plus despotique de tous (consistant à traiter les citoyens comme des enfants) -, mais  un gouvernement national où l’État lui-même traite ses sujets certes pour ainsi comme des membres d’une famille, mais en même temps comme des citoyens, c’est-à-dire en se conformant à des lois qui garantissent leur propre indépendance : chacun se possède ainsi lui-même et ne dépend pas de la volonté absolue d’un autre qui serait à côté ou au-dessus de lui. Ibid.

Enfin, ni le souverain de l’État, ni le gouvernant ne peuvent juger, mais ils ont simplement le pouvoir d’installer des juges qui soient des magistrats. Le peuple se juge lui-même par l’intermédiaire de ceux de ses concitoyens qui sont nommés spécialement à cette fin par un libre choix comme ses représentants, et cela, plus précisément, pour chaque acte judiciaire. Ibid.

Si j’étais simplement membre du monde intelligible, mes actions seraient donc parfaitement conformes au principe de l’autonomie de la volonté pure ; si j'étais simplement un élément du monde sensible, elles devraient être tenues pour totalement conformes à la loi naturelle des désirs et des inclinations, par conséquent à l’hétéronomie de la nature. (Dans la première perspective, elles reposeraient sur le principe suprême de la moralité ; dans la seconde, sur celui du bonheur.) Kant, Métaphysique des moeurs.

Deux choses remplissent le coeur d’une admiration et d’une vénération toujours nouvelles et toujours croissantes, à mesure que la réflexion s’y attache et s’y applique : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi.[…] Le premier spectacle, d’une multitude innombrable de mondes, anéantit pour ainsi dire mon importance, en tant que je suis une créature animale qui doit rendre la matière dont elle est formée à la planète (à un simple point dans l’univers), après avoir été pendant un court espace de temps (on ne sait comment) douée de la force vitale. Le second, au contraire, élève infiniment ma valeur, comme celle d’une intelligence par ma personnalité dans laquelle la loi morale me manifeste une vie indépendante de l’animalité et même de tout le monde sensible [...].Kant, Critique de la raison pratique.

Je veux bien, par amour de l'humanité, accorder que la plupart de nos actions soient conformes au devoir ; mais si l’on en examine de plus près l’objet et la fin, on se heurte partout au cher moi, qui toujours finit par ressortir ; c’est sur lui, non sur le strict commandement du devoir, qui le plus souvent exigerait l’abnégation de soi-même, que s’appuie le dessin dont elles résultent. [...] à certains moments [...] on doute que quelque véritable vertu se rencontre réellement dans le monde. Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs.

La vie n'est pas un problème à résoudre, mais une réalité dont il faut faire l'expérience. Kierkegaard, Post-scriptum aux miettes philosophiques.

C'est un avantage infini de pouvoir désespérer. Kierkegaard, Traité du désespoir.

Patrick Moulin, MardiPhilo, août 2024.

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