Luz y Caballero, La Naturaleza humana [La Nature humaine]

L’homme doit-il par hasard sa petitesse ou sa grandeur à lui-même ? N'est-il pas peut-être une pièce du grand tout, destinée à accomplir un mouvement spécial et partiel, cependant, ou pour la même raison, harmonisant ?
Il ne s’agit pas néanmoins de dévaloriser le mérite ou le démérite des actions humaines. Rien ne l'assure mieux que l'existence de la connaissance du mal, qui se révèle dans l'homme à chaque instant, depuis que point la lumière de la raison.

Tout comme des espèces naissent contre des espèces, dans le monde physique, par exemple les chats contre les souris, de même des espèces sociales naissent contre des espèces sociales, par exemple les véridiques contre les hypocrites et même des individus contre des individus. À qui manque-t-il son antagoniste naturel ?

Que les hommes soient obligés d'opérer sous l'emprise du Code pénal !

Le pauvre a peur de la police, le riche a peur du prétoire, tous ont peur du gouvernement. Dans un autre genre : les poussins craignent l’épervier, la poule le boa, et tous craignent le lion.

Oui, des formes primitives se perdent, et d'autres se gagnent et multa renascentur quae jam cecidere*. Quoi ! Ces théologiens veulent nous parler d’une nature qui n’est ni humaine ni nature ! C’est absurde !

La végétation est un processus désoxydant et l'animalisation est un processus oxydant (Schelling*).
Chez l’animal est réuni ce qui est séparé dans le végétal. Chez l'animal (dis-je) la synthèse générale en miniature.

Ceux qui n'étudient pas la machine humaine admirent quand ils ne le devraient pas, et n'admirent pas quand ils le devraient certains faits de l'ordre hygiénique ; semblable en cela aux gens qui contemplent les pelotaris*, ce qu’ils croient être une chance prodigieuse qui, en réalité, est une bagatelle ; et vice versa, celui qui vous semble le plus trivial est souvent le plus prodigieux.

Nous ne sommes ni égaux au point de nous confondre, ni si différents au point que nous nous opposons.

Chaque homme veut être un centre et lancer des rayons à la périphérie.

L’homme ne peut pas être un moyen terme entre Dieu et la création.

Les hommes très virils sont aussi des enfants, des choses quas humana parum cavit natura*, c'est-à-dire que nous enseignons toujours les grosses ficelles.

La créature la plus vaine, et celle qui devrait le moins s’enorgueillir au monde : l’homme !
Chaque fois qu'il fait quelque chose de grand, une force extraordinaire se révèle en lui, et à la première occasion, la conviction (ou pour mieux dire, l'expérience) de son néant et de sa fragilité.
Et au milieu de tout le tourbillon des passions, de la grandeur ou de la faiblesse, s'élève la voix de la raison pour le faire ressentir et connaître.

Je n'aime pas les hommes-livres ; bien qu'ils aient leur application. Qu'est-ce qui ne l'a pas ?

Patrick Moulin, MardiPhilo, novembre 2024.