Aucune explication verbale ne remplace jamais la contemplation. Saint-Exupéry, Pilote de guerre.
Nous sommes des enfants du rêve, nous naissons d’un rêve, du rêve de nos parents, du rêve de la nature entière, du rêve de Dieu. p. 14.
La nuit, elle l’avait toujours attendue ; depuis son enfance, il en était ainsi. p. 17.
La mémoire est toujours là, vivante ; elle ne prend aucun repos. p. 19.
Est-elle nôtre alors, partie de nous, cette ombre qui enveloppe tout, cette opacité où les choses et les personnes se retirent comme pour se défendre ? p. 31.
[Les] notes ne composent une mélodie que lorsque chacune sonne juste. p. 44.
La pensée [...] a tendance à se transformer en sang. C’est pourquoi penser est chose si grave, ou peut-être le sang doit-il répondre de la pensée. p. 50.
“L'homme est la mesure de toutes les choses”, en particulier de celles qui l’affectent le plus, qui ne doivent pas parvenir à l’asservir, à asservir son intangible solitude, “cette solitude sans repos” du poète : “Je vais tel un prisonnier ; derrière marche mon ombre, devant ma pensée.” p. 76.
La pensée a toujours une fonction médicinale. Médicament parfois amer que la poésie adoucit, bien que ce soit seulement parce que cette pensée est mélangée à un peu de délire. La poésie est de l’ordre du délire. p. 90.
Les vrais maîtres sont ainsi, oui, ils voient une personne mieux qu’elle ne se voit elle-même, ils la comprennent parce qu’ils la pensent meilleure qu’elle n’est. p. 101-102.
Car tout éveil est oubli, celui qui s’éveille a besoin de l’oubli pour reprendre le fil dans l’heure qui suit. p. 113.
Parler à quelqu’un qui nous écoute nous révèle, sans qu’il nous dise rien, le degré de vérité et, surtout, le degré de conviction de ce que nous disons. Celui qui sait écouter sert à l’autre de conscience, et c’est ainsi que survient parfois un silence : le silence de celui qui parle avec sa conscience ou devant elle. p. 115.
La plante est-elle née ? N’est-elle pas “dedans”, entièrement dedans, n’ayant jamais connu le choc que provoque la sortie ? p. 129.
[Ce] qu’il y a de plus horrible dans le temps, c’est d'avoir le sentiment de se trouver seul à seul avec lui ; seul à seul avec l’écoulement du temps… L’enfer serait-il simplement cela ? p. 133.
Seule la précision donne de la musique : de la musique ou du silence. Ainsi, lorsqu'une chose atteint sa perfection, quelle qu’elle soit, elle fait de la musique. p. 151.
La gloire, la splendeur historique laisse toujours des traces dans des ruines, dans des espaces irréguliers, dans l’inégalité, elle laisse même des abîmes de misère et de magnificence. p. 153.
[Respirer] à l’unisson, au même rythme, c’est presque devenir une seule âme. p. 156.
La clarté est parfois la plus grande énigme. p. 165.
Certaines personnes ne peuvent lire que si le livre est posé à certaine distance. p. 167.
Quand la couleur de la peau reflète la lumière solaire, la lumière et non la couleur, seulement alors l'âme, s’élargissant, sourit. Quand dans cette lumière du visage humain figure celle du soleil, c’est qu’elle naît de l’intérieur. p. 197.
En tout processus créateur il y a un instant de vide ou une preuve du vide. p. 205.
Car il semble qu’à chaque forme d’existence qu’ait atteint l’homme dans sa marche historique corresponde un crime d’espèce différente : “Le crime se décline de bien des manières.” p. 210.
Les morts n’ont pas de voix ; c’est ce qu’ils perdent en premier. p. 229.
La représentation de la marche continue de l’histoire est une erreur, comme l’est toute représentation simplifiée ; les événements historiques ont plusieurs dimensions, ils ont un dedans, une profondeur, comme la vie personnelle. p. 261-262.
Oui, un mot agréable, beau : merci. Et qu’il est agréable de devoir le dire. p. 267.
Je vais parler de moi-même, bien qu’en toute rigueur cela constitue une réitération, car on ne peut strictement parler que de soi-même. Posons donc la question en ses termes stricts : Qu’est-ce que parler et qui parle ? Il y a une seule réalité qui parle : moi, c’est-à-dire l’homme — mais l’homme au sens strict, c’est moi, moi-même. / Celui qui parle ne peut parler de soi qu’en le faisant à partir de soi. p. 299.
Ô toi, lumière première, éternelle aurore sans passion, vierge sans histoire qui naît à chaque instant, sans être pour cela ici ou là, nulle part, sans éclairer aucune forme, libre de donner le jour… où commencent ton travail et ta peine ? p. 316.
ZAMBRANO M., Délire et destin, Paris, Édition des femmes, 1997.
Nous ne sommes que les autres. Henri Laborit, Mon Oncle d'Amérique, film d'Alain Resnais.
Notes contemplatives de lecturePatrick Moulin, MardiPhilo, juin 2025.
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