La Généalogie de la morale est structurée en trois parties :
1ère dissertation : analyse historique et critique du mouvement subi par les valeurs issues de l'antiquité gréco-romaine, sous l'influence du christianisme ;
2ème dissertation : intériorisation de la faute, naissance de la mauvaise conscience ;
3ème dissertation : effets de la mauvaise conscience ; le ressentiment.
Comme son titre complet le précise, Pour une généalogie de la morale - Pamphlet - Pour compléter et éclaircir le dernier écrit : Par-delà bien et mal, le texte est en lien avec cet autre ouvrage de Nietzsche qu'est Par-delà bien et mal.
La Généalogie est une réflexion sur la provenance de nos préjugés moraux.
L'ouvrage traite de la valeur et origine de la vie ascétique, de la moralité des mœurs et de la valeur de la morale. La Morale de la pitié est une volonté tournée contre la vie, avec une surestimation de la pitié dans le bouddhisme et le nihilisme. La nouvelle exigence consiste à mettre en question la valeur des valeurs morales.
Nous ne nous connaissons pas nous-mêmes, nous les hommes de la connaissance, et nous sommes nous-mêmes inconnus à nous-mêmes. A cela il y a une bonne raison : nous ne nous sommes jamais cherchés, - pourquoi faudrait-il qu'un jour nous nous trouvions ? [...] Chacun est pour soi-même le plus lointain. p. 846.
Savoir quelle est véritablement l'origine de notre bien et de notre mal [...] chercher l'origine du mal au-delà du monde. [...] [Et] Quelles valeurs les jugements ton-ils eux-mêmes ? p. 847.
La morale serait justement le danger des dangers. p. 851.
Pour comprendre la Généalogie de la morale, Nietzsche recommande de lire les écrits précédents, dont le Zarathoustra.
Il est vrai que, pour pratiquer de la sorte la lecture comme un art, une chose est nécessaire que de nos jours on a parfaitement oubliée - c'est pourquoi il faudra du temps avant que mes écrits soient "lisibles" -, une chose pour laquelle il faut presque être bovin et, en tout cas, rien moins qu'"homme moderne" : la rumination. p. 852.
Les "psychologues anglais", ces "microscopistes de l'âme", mettent en avant la partie honteuse de notre monde intérieur. L'esprit historique (pensée anhistorique antique) inclut plusieurs éléments :
Théorie du "bon" cherchée au mauvais endroit ;
Sentiment de la distance : nobles et puissants contre les bas d'esprit populaciers ;
Règne du préjugé : notions du "moral", "non-égoïste", "désintéressé".
L'utilité de l'action non égoïste est oubliée. L'expression "bon" signifie la transformation des notions de bon-distingué/mauvais-vulgaire en bon-pur/mauvais-impur (avec la prééminence de l'âme, de la caste des prêtres). Il y a un renversement des valeurs : "Seuls les misérables sont les bons". Le ressentiment est un retournement du regard évaluateur.
L'humanité même est encore malade des séquelles de ces niaiseries thérapeutiques inventées par les prêtres [jeûne, abstinence sexuelle]. p. 860.
Une telle race d'hommes du ressentiment finira nécessairement par devenir plus intelligente que n'importe quelle race noble. p. 865.
Nietzsche donne sa définition du nihilisme :
La vision de l'homme n'est plus que fatigue - qu'est aujourd'hui le nihilisme sinon cela ?... Nous sommes fatigués de l'homme. p. 870.
Il décrit la manière dont se fabriquent les idéaux :
Transmutation de la faiblesse en mérite ;
Transmutation de l'impuissance en "bonté" ;
Transmutation de la bassesse craintive en "humilité" ;
Transmutation de la sujétion envers ce que l'on hait en "obéissance".
La foi, l'amour et l'espérance sont un mensonge.
[Au-dessus] de la porte du paradis chrétien et de sa "béatitude éternelle" pourrait à plus juste titre figurer l'inscription : "Moi aussi, la haine éternelle m'a créé", à supposer qu'une vérité puisse figurer au-dessus de la porte qui ouvre sur le mensonge ! p. 874
Il faut promouvoir les études d'histoire de la morale.
Toutes les sciences doivent désormais préparer la tâche à venir du philosophe : tâche en ce sens que le philosophe doit résoudre le problème de la valeur, déterminer la hiérarchie des valeurs. p. 878.
Dresser un animal qui puisse promettre : n'est-ce pas précisément la tâche paradoxale que la nature s'est assignée à l'égard de l'homme ? p. 879.
Nietzsche met en avant la force de l'oubli :
Fermer de temps à autre les portes et les fenêtres de la conscience ; rester indemne du bruit et du conflit auxquels se livre, dans leur jeu réciproque, le monde souterrain des organes à notre service ; faire un peu silence, ménager une tabula rasa de la conscience, de façon à redonner de la place au nouveau. pp. 879-880.
Plusieurs éléments sont à l'origine de la responsabilité : l'individu souverain ne ressemble qu'à lui-même ; il est détaché de la moralité des mœurs, autonome, supramoral, et a une volonté libre. Il inspire confiance, crainte et respect, et ose promettre : le droit de promettre est le privilège de la responsabilité. La mnémotechnique possède son propre mécanisme :
On marque du fer rouge ce qui doit rester en mémoire ; seul ce qui ne cesse de faire mal reste dans la mémoire. p. 882.
La notion morale de "faute" vient de la notion très matérielle de "dette". La "mauvaise conscience" a pour origine la relation contractuelle créancier/débiteur, qui donne lieu à l'idée d'une équivalence entre dommage et souffrance. La divinisation de la cruauté dans le châtiment devient spirituelle avec ce principe "trop humain" :
"Voir souffrir fait du bien, faire souffrir, plus encore." p. 887.
Pour les nostalgiques de la croix : il n'y a pas de souffrance absurde. Le sentiment de la faute est le canon moral de la justice : "toute chose a un prix ; on peut s'acquitter de tout". Lorsque la relation créancier/débiteur a lieu dans une communauté, le criminel est un "infracteur" vis-à-vis de l'ensemble de la communauté, autrement dit la personne qui commet une infraction envers elle (du latin infractor, celui qui brise - CNRTL). Il y a une volonté de considérer toute faute comme pouvant être soldée. Le droit pénal dissocie le criminel de son acte.
Tout peut se régler, tout doit se régler. p. 893.
La grâce, privilège du plus puissant, est au-delà du droit : il y a auto-abolition de la justice. Le ressentiment est la tentative de sanctifier la vengeance sous le nom de justice.
[C'est] l'esprit même du ressentiment qui fait naître cette nuance nouvelle de l'équité scientifique. [...] l'homme agressif a de tout temps eu à son avantage le regard plus dégagé, meilleure conscience, parce qu'il est le plus fort, le plus courageux, le plus noble : inversement, on devine déjà qui a sur la conscience l'invention de la "mauvaise conscience" - l'homme du ressentiment. p. 895
Dans la pratique de la loi et du droit, l'évaluation de l'acte est de plus en plus impersonnelle. Dans l'ordre juridique, chaque volonté doit reconnaître l'autre volonté comme son égale : c'est un principe hostile à la vie. Le châtiment a une origine et un but :
[Tout] ce qui arrive dans le monde organique est un assujettissement, une domination et, inversement, tout assujettissement, toute domination est une réinterprétation, un réajustement, qui font nécessairement que le "sens" et la "fin" antérieurs sont obscurcis ou complètement effacés. p. 897.
La volonté de puissance est à l'oeuvre pour imposer un sens à la fonction de quelque chose de moins puissant.
La grandeur d'un "progrès" se mesure même [...] d'après le sacrifice qu'il a fallu lui consentir. p. 898.
Le "misarchisme moderne" s'est emparé de la théorie de la vie.
Comment évaluer les formes de la vie et de la culture ? La réponse de Nietzsche est cruelle : en fonction de ce qu’elles coûtent, de ce qu’elles exigent en termes de sacrifice. La vie est une aventure coûteuse et dépensière, dès qu’il s’agit de fixer un sens sur le sans-fond fluent et sans fin des formes... Cette fixation ne peut être que l’acte d’une décision autoritaire, césarienne, qui pose elle-même sa propre « légitimité », son propre principe de « raison ». Et c’est au nom de ce principe que Nietzsche établit une critique radicale de ce qui nie cet acte « fondateur » du principe – à savoir, du nihilisme sous sa forme idéaliste, démocratique, libérale et administrative : le misarchisme moderne. Philippe Choulet , La violence du sens chez Nietzsche.
Deux éléments sont à distinguer dans le châtiment :
Ce qui est durable : usage, acte, suite de procédures ;
Ce qui est "fluent" : le sens, la finalité, l'attente.
Fluente est la forme, et plus encore le sens. p. 897.
Le sentiment de la faute éveille la mauvaise conscience et le remords chez le coupable. Mais le remords est extrêmement rare chez le criminel. Le résultat est du châtiment est donc inverse : il durcit, refroidit et exclut. Les affres de la conscience (morsus conscientiae) sont évoqués par Spinoza avec la notion de "déception".
La Déception [...] est la Tristesse opposée au consentement. [...] L'homme est affecté du même sentiment de joie ou de tristesse par l'image d'une chose passée ou future et par l'image d'une chose présente. Spinoza, Éthique, III, proposition 18.
Les criminels frappés d'une peine ont deux réactions :
Quelque chose a mal tourné ;
Et non pas "Je n'aurais pas du faire cela".
Nietzsche décrit l'origine de la mauvaise conscience, avec l'inhibition des pulsions par un processus d'intériorisation de la faute.
Tous les instincts qui ne se déchargent pas vers l'extérieur se tournent vers l'intériorité - c'est là ce que j'appelle l'intériorisation de l'homme ; c'est alors seulement que pousse en l'homme ce qu'on appellera plus tard son "âme". p. 903.
La domestication de l'homme "sauvage, libre et nomade" retourne ses instincts contre lui et invente la "mauvaise conscience". Elle instaure une relation de dette et de sacrifice envers les ancêtres : l'aïeul est transfiguré en Dieu. C'est la peur qui est l'origine des dieux. La conscience de la faute engendre un sentiment de culpabilité envers la divinité.
L'avènement du Dieu chrétien, comme le plus grand des dieux jusqu'ici atteints, a fait également naître pour cette raison le plus grand degré de culpabilité sur terre. p. 909.
L'athéisme pourrait affranchir l'homme de son sentiment de dette, lui donnant une "seconde innocence". La mauvaise conscience est liée à la notion de Dieu :
Dieu est notre créancier, notre dette est insolvable ;
Le châtiment est éternel ;
La malédiction à l'origine est le "péché originel" ;
L'existence est sans valeur en soi : c'est le nihilisme, le bouddhisme.
[Le] coup de génie du christianisme : Dieu lui-même se sacrifiait pour la dette de l'homme, Dieu se payant sur lui-même, Dieu comme le seul qui puisse racheter à l'homme ce que l'homme même ne peut plus racheter - le créancier se sacrifiant pour son débiteur, par amour (le croirait-on ?), par amour pour son débiteur. p. 910.
Les instincts naturels sont des fautes envers Dieu. Il existe une volonté de se trouver coupable. Les dieux grecs, "reflets d'hommes plus nobles", sont utilisés pour se garder de la mauvaise conscience : il y a notion de folie et non de péché.
Nietzsche conclut le deuxième traité avec une allusion à Zarathoustra le sans Dieu ("Dieu est mort") :
Cet homme de l'avenir qui nous sauvera de l'idéal antérieur autant que de ce qui devait sortir de lui, du grand dégoût, de la volonté de néant, du nihilisme, lui, cette cloche de midi et de la grande décision, qui rend sa liberté au vouloir, qui restitue à la terre son but et à l'homme son espérance, cet antichrétien et antinihiliste, ce vainqueur du Dieu et du néant - il viendra bien un jour. p. 914
La signification des idéaux ascétiques différent selon les hommes :
Les artistes : ils ne signifient rien ;
Les philosophes et érudits : ce sont des préalables à la "plus haute intellectualité" ;
La majorité des mortels a tendance à se croire "trop bon" ;
Les prêtres en font l'instrument de leur puissance.
Nietzsche évoque le cas Wagner et la chasteté des vieux jours. Chasteté et sensualité ne sont pas contradictoires. Luther avait le courage de la sensualité. Parsifal l'ingénu est la forme la plus grossière de l'idéal ascétique. L'artiste comme seul préalable de son oeuvre est un cas typique.
[Un] Homère n'aurait pas pu créer un Achille, un Goethe crée un Faust, si Homère avait été un Achille et Goethe un Faust. p. 921.
Les artistes sont les "valets de chambre d'une morale, d'une philosophie ou d'une religion" : le musicien devient un prêtre, un "téléphone de l'au-delà". Nietzsche critique l’esthétique de Schopenhauer et de Kant :
Prédicats du beau : impersonnalité et universalité ;
Erreur de Kant : "Est beau (...) ce qui plaît sans intérêt".
Schopenhauer : l'esthétique agit contre "l'intérêt" sexuel.
On pourrait même être tenté de se demander si sa conception fondamentale de la "volonté et de la représentation", la pensée que seule la "représentation" peut sauver de la "volonté" n'est pas née d'une généralisation de cette expérience sensuelle. p. 925.
Schopenhauer était torturé par la sexualité :
Un philosophe marié relève de la comédie. [...] [Le philosophe] ne nie pas "l'existence", il affirme au contraire par là son existence et rien que son existence. p. 927.
L'idéal ascétique est indispensable au philosophe, pour se débarrasser de la contrainte, et avoir "la tête claire" [p. 927]. Les trois grands mots de l'idéal ascétique sont : pauvreté, humilité, chasteté, comme conditions de "l'existence la meilleure". La devise des philosophes est "qui possède est possédé".
[Nous] autres philosophes, s'il y a une chose qui doit nous laisser tranquilles, c'est surtout "Aujourd'hui". [...] On reconnaît un philosophe à ce qu'il évite trois choses voyantes et tapageuses, la gloire, les princes et les femmes. pp. 928-929.
Nietzsche reprend l'historique du lien entre philosophie et idéal ascétique :
Pulsions du philosophe : au doute, à la négation, expectative ("éphectique"), analytique, exploratrice ;
Volonté de neutralité, d'objectivité, d'être toujours sine ira et studio (sans colère et détermination) ;
Démesure (hubris) de l'attitude du philosophe envers la nature, Dieu et lui-même.
Toutes les bonnes choses ont été jadis choses mauvaises ; chaque péché originel est devenu une vertu originelle. p. 932.
[La] philosophie n'aurait pas été du tout possible [...] sans l'illusion ascétique. [...] [Le] prêtre ascétique a pris, jusqu'à l'époque la plus récente, la forme de la chenille, répugnante et sinistre, sous laquelle seule la philosophie avait le droit de vivre. p. 934.
Le prêtre ascétique trouve dans l'idéal ascétique "sa foi, sa volonté et sa puissance", son "droit à l'existence". Il impose son évaluation de l'existence. Il est hostile à la vie, contre la beauté, la joie. En philosophie, le prêtre ascétique et la philosophie cherche l'erreur là où est la vérité. Il refuse "de croire à son propre moi", dénie "sa propre réalité". Il exclut la raison du "royaume de la raison et de l'être", et joue la raison contre la raison.
[Éliminer] toute volonté, suspendre les affects sans exception [...] : comment ne serait-ce pas la castration de l'intellect ? p. 937.
Le prêtre ascétique joue aussi la vie contre la vie. L'homme est "l'animal malade". La morbidité est une normalité chez l'homme.
[Les] malades sont un danger extrême pour les bien-portants ; ce ne sont pas les plus forts qui causent les malheurs des forts, mais les plus faibles. p. 939.
Le nihilisme est la "dernière volonté" du néant. Le sens du prêtre ascétique se construit autour de plusieurs croyances :
Il y a nécessité de médecins et de gardes-malades qui soient eux-mêmes malades ;
Le prêtre ascétique est le sauveur, le berger, l'avocats des malades ; il domine les souffrants ; il est lui-même malade mais aussi fort, avec une volonté de puissance intacte ;
Il tient les malades par la confiance et la crainte, pour les défendre contre les bien-portants ;
il est l'antagoniste et contempteur (il méprise, dénigre) de toute santé ;
Il est le maître des souffrants.
Le prêtre ascétique fait dévier le ressentiment, en anesthésiant la souffrance par l'affect, en recherchant un coupable, par le "soupçon".
Il apporte baume et onguents, certes, mais il lui faut d'abord infliger la blessure pour être médecin, puis en calmant la douleur que cause la blessure, il envenime du même coup la plaie. p. 943.
C'est toi qui es en faute contre toi-même. p. 945.
La "peccabilité" (le fait être enclin à pécher - CNRTL) : n'est pas un état de fait mais l'interprétation d'un état de fait. Le prêtre ascétique médecin combat la souffrance mais pas sa cause. Il a un talent de consolateur. L'activité machinale : la "bénédiction du travail" est une succession d'activité pour détourner de la souffrance. La dépression se combat par une petite joie" : "le plaisir de faire plaisir". La volonté de mutualité pour développer la communauté) crée la formation de troupeaux. Les forts ne s'associent que pour satisfaire leur volonté de puissance, dans l'oligarchie et la tyrannie.
Le prêtre ascétique a pour moyens coupables : le débordement du sentiment ; le message déloyal des "hommes bons", "transis de moralité". Il faut se méfier de soi-même, des "premiers mouvements". L'astuce du prêtre ascétique réside dans le sentiment de culpabilité. Le péché entraîne la mauvaise conscience, la recherche de sa faute ; et souffrir est le châtiment.
La soi-disant amélioration de l'homme l'a en fait dégradé au travers des épidémies d'épilepsie, paralysies, dépressions, hystéries, syphilis, etc. Les "Pères de l'Eglise" rejettent la culture gréco-romaine antique. Nietzsche respecte l'Ancien Testament mais pas le Nouveau, qui n'est qu'une "joli ménage de petites sectes, de rococos de l'âme" [p. 960].
L'idéal ascétique se caractérise par plusieurs éléments:
L'énormité de sa puissance ;
Une seule interprétation, la sienne ;
Sa forme la plus récente et la plus aristocratique : la conscience scientifique ;
Les scientifiques ne redoutent qu'une chose : reprendre conscience [p. 963].
Les philosophes sont-ils des anti-idéalistes ? Ce sont des "fébriles hectiques de l'esprit" (ils ont une fièvre continue). Ils croient à la vérité, leur idéal et ont foi en la métaphysique. Dieu est-il notre plus long mensonge ? Le problème est la valeur de la vérité : il faut mettre la vérité en question.
Quel serait l'idéal contraire ? Platon contre Homère : "l'homme de l'au-delà" contre celui qui divinise la vie et la nature. L'historiographie moderne a pour exigence de se faire miroir. Elle récuse toute théologie et est nihiliste, comme l'idéal ascétique. La volonté de puissance, "transvaluation de toutes les valeurs" réside-t-elle dans l'athéisme, l'abstinence de l'idéal ? Non, c'est un résidu, un moyen d'idéal, une forme finale.
Toutes les grandes choses périssent par elles-mêmes, par un acte de surpassement de soi [...]. C'est ainsi que le christianisme, comme dogme, a péri de sa propre morale ; c'est ainsi qu'il faut que périsse encore le christianisme comme morale. [...] [La] prise de conscience de la volonté de vérité [...] signifie la mort de la morale. p. 972.
Pourquoi l'homme ? La signification de l'idéal ascétique est de donner un sens à la souffrance "faute de mieux". Il veut sauver l'homme mais avec une volonté de néant.
[L'homme] préfère encore vouloir le néant plutôt que de ne pas vouloir du tout... p. 973.
Friedrich Nietzsche, Œuvres, coll. Mille & une pages, Flammarion.
Philippe Choulet , La violence du sens chez Nietzsche.
Paul Rée, L'origine des sentiments moraux.
Spinoza, Éthique.
Friedrich Nietzsche (1844-1900).
« De Spinoza à Sartre - Philosophie - Fiches de lecture, tome 2 ». Fiches de lecture : n° 1 - Spinoza, Éthique ; n° 3 - Nietzsche, Ecce Homo.
Patrick Moulin, MardiPhilo, août 2024.
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