Respect [Kant]

Auteurs – Ouvrages

Kant, Critique de la raison pratique

[Cité par A. Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie.]

Le respect est un tribut que nous ne pouvons pas refuser au mérite (moral).

La loi morale est sacrée (inviolable). L’homme est sans doute assez loin de cette sainteté, mais l’humanité dans sa personne doit lui être sacrée.

[Cité par L.-M. Morfaux, Vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines.]

C’est parce que chaque homme peut être l’auteur d’une législation universelle dans le domaine moral qu’il doit considérer son être et l’être d’autrui comme les lois qui en découlent avec le plus grand respect.

Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs

[Le] devoir est la nécessité d’accomplir une action par respect pour la loi. Première section, p. 66.

[La] détermination immédiate de la volonté par la loi et la conscience que j’en ai, c’est ce qui s’appelle le respect, de telle sorte que le respect doit être considéré, non comme la cause de la loi, mais comme l’effet de la loi sur le sujet. [...] L’objet du respect est donc simplement la loi, loi telle nous nous l’imposons à nous-mêmes, et cependant comme nécessaire en soi. [...] Tout respect pour une personne n’est proprement que respect pour la loi (loi d’honnêteté, etc.) dont cette personne nous donne l’exemple. [...] Tout ce qu’on désigne sous le nom d’intérêt moral consiste uniquement dans le respect pour la loi. Ibid., p. 68, note *.

Kant, Critique de la faculté de juger

[La] représentation d’une légalité universelle du vouloir [doit] en même temps être déterminée par la volonté et capable d’éveiller aussi par là le sentiment du respect, en tant que loi contenue, et plus précisément contenue a priori, dans notre jugement moral. Première introduction, p. 120.

Le sentiment de ce qu’a d’inadéquat notre pouvoir quand il s’agit d’atteindre une Idée qui, pour nous, est une loi correspond au respect. Analytique du sublime, p. 239.

[Si] le respect pour la loi morale nous représente tout à fait librement, à travers la prescription de notre propre raison, la fin finale de notre destination, nous admettons dans nos perspectives morales une cause qui s’accorde avec cette fin et avec sa mise en œuvre, et cela en lui témoignant le respect le plus authentique, lequel est totalement différent de la crainte pathologique, et c’est volontiers que nous soumettons à cette cause. Méthodologie de la faculté de juger téléologique, p. 482-483.

Définition

Chez Kant, sentiment spécifique éprouvé à l’égard de la loi morale.

Étymologie

Larousse étymologique

Latin respectus, “égard, considération”, participe passé substantivé de respicere, “regarder en arrière”, d’où “considérer”.

Gaffiot

[Respectus :] 1. Action de regarder en arrière. 2. Considération, égard. 3. Possibilité de regarder vers quelqu’un ou quelque chose, c’est-à-dire de compter sur quelqu’un ou quelque chose, recours, refuge.

Références

Lalande

Sentiment spécial provoqué par la reconnaissance d’une valeur morale dans une personne ou dans un idéal.

Abstention de tout ce qui peut porter atteinte à une personne ou à une règle.

Remarque. La formule usuelle : le respect de la personne humaine s’entend à la fois aux deux sens [ci-dessus], mais plutôt au second.

Morfaux

La notion de respect dans les relations entre personnes à tous les niveaux de la vie en société (famille, profession, fonctions juridiques et politiques), est liée à des notions comme celle de devoir, d’honneur, de dignité. [...] Les analyses de Kant ont joué un rôle capital en associant le respect (respect de soi et respect de l’autre) à l’autonomie du sujet moral quel que soit son rang social.Chez Kant, sentiment moral spécifique, distinct de la crainte, de l’inclination et des autres sentiments, qui ne provient pas comme eux de la sensibilité mais qui est un produit de la raison pratique [et de la conscience de la nécessité qu’impose la loi morale (CNRTL)].

Bibliographie

KANT E., Critique de la faculté de juger, Paris, GF Flammarion, 2000.

KANT E., Fondements de la métaphysique des mœurs, Paris, Le Livre de Poche, 2017.

Patrick Moulin, MardiPhilo, septembre 2024.