Aucune explication verbale ne remplace jamais la contemplation. Saint-Exupéry, Pilote de guerre.
Au milieu du chemin de notre vie je me retrouvai par une forêt obscure car la voie droite était perdue. I, p. 25.
[À Virgile] Tu es mon maître et mon auteur tu es le seul où j’ai puisé le beau style qui m’a fait honneur. I, p. 29.
Tel est celui qui ne veut plus ce qu’il voulait, changeant d’idée pour des pensées nouvelles, si bien qu’il abandonne ce qu’il a commencé, tel je devins sur cette pente obscure, car en pensant je consumai toute l’entreprise qui fut si rude en son commencement. II, p. 35.
J’étais parmi ceux qui sont en suspens quand une dame heureuse et belle m’appela, telle que je la priai de me commander. Ses yeux brillaient plus que l’étoile, et elle me parla, douce et calme, d’une voix d’ange en son langage. II, p. 35.
Il faut avoir peur seulement de ces choses qui ont pouvoir de faire mal à autrui ; des autres non, car elles ne sont pas redoutables. II, p. 37.
“Par moi on va dans la cité dolente, par moi on va dans l’éternelle douleur, par moi on va parmi la gent perdue. Justice a mû mon sublime artisan, puissance divine m’a faite, et la haute sagesse et le premier amour. Avant moi rien n’a jamais été créé qui ne soit éternel, et moi je dure éternellement. Vous qui entrez laissez toute espérance.” Ces paroles de couleur sombre, je les vis écrites au-dessus d’une porte. III, p. 41.
Ceux qui n’ont pas espoir de mort, et leur vie aveugle est si basse que tout autre sort leur fait envie. Le monde ne laisse pas de renommée pour eux, miséricorde et justice les méprisent : ne parlons pas d’eux, mais regarde et passe. III, p. 43.
Nous allâmes jusqu’à la lumière en causant de choses qu’il est beau de taire, comme il était beau d’en parler alors. IV, p. 53.
Quand je levai un peu plus les yeux, je vis le maître de ceux qui savent assis parmi la famille philosophique. Tous le regardent, et tous lui font honneur : là je vis d’abord Socrate et Platon, qui sont devant les autres, plus près de lui, Démocrite qui soumet le monde au hasard, Diogène, Anaxagore et Thalès, Empédocle, Héraclite et Zénon. IV, p. 55.
Il n’est pas de plus grande douleur que de se souvenir des temps heureux dans la misère. V, p. 65.
Nous passions parmi les ombres que terrasse la pluie lourde, et nous mettions les pieds sur cette vanité qui semble corps. VI, p. 69.
“Retourne à ta science, pour qui plus la chose est parfaite, plus elle sent le bien, et aussi la douleur.” VI, p. 73.
Ah ! justice de Dieu ! qui donc amasse autant que j’en ai vu d’étranges tourments, d’étranges peines ? et pourquoi notre erreur nous détruit-elle ? VII, p. 75.
Je vis bien qu’il avait recouvert son commencement avec la suite, car il dit des mots différents des premiers ; et néanmoins son langage me fit peur, car je donnai à la parole interrompue un sens peut-être pire qu’il ne fallait. IX, p. 91.
C’est le lieu le plus bas et le plus obscur, et le plus loin du ciel qui enclôt toutes choses : je sais bien le chemin ; sois donc tranquille. IX, p. 93.
Avec Épicure tous ses disciples ont leur cimetière de ce côté, eux qui font mourir les âmes avec les corps. X, p. 99.
Ne te souviens-tu pas de ce passage où sont traitées dans ton Éthique les trois dispositions dont le ciel ne veut pas, incontinence, malice et la folle bestialité ? [...] La philosophie [...] à qui l’entend enseigne, et dans plus d’un écrit, comment la nature procède de la divine intelligence et de son art ; et si tu lis bien ta Physique, tu trouveras, dans les premières pages, que l’art humain, autant qu’il peut, suit la Nature, comme un élève suit son maître, si bien que l’art est comme un petit-fils de Dieu. XI, p. 111.
[La forêt des suicidés] J’entendais partout des lamentations et ne voyais personne qui pût les faire ; aussi, je m’arrêtai tout éperdu. Je crois qu’il crut que je croyais que toutes les voix sortaient, entre ces branches, de gens qui se cachaient à nous. Aussi le maître dit : “Si tu casses une petite branche d’une de ces plantes, toutes tes pensées seront tronquées.” Alors je tendis un peu la main devant moi et cueillis un rameau d’une grande ronce ; son tronc cria : “Pourquoi me brises-tu ?” Et quand il fut tout noir de sang, il se remit à dire : “Pourquoi me déchires-tu ? N’as-tu en toi nul esprit de pitié ? Nous fûmes hommes, et nous sommes broussailles : ta main devrait nous être plus bienveillante, même si nous étions âmes de serpents.” XIII, p. 123-125.
Nous reviendrons comme les autres vers nos dépouilles, mais nulle ne s’en revêtira, car il n’est pas juste d’avoir ce qu’on jette. Nous les traînerons ici, et nos corps seront pendus par la triste forêt, chacun à la ronce de son ombre hargneuse. XIII, p. 127-129.
Déjà la nuit dernière la lune était ronde : tu dois t’en souvenir, car elle t’aida plus d’une fois, dans la forêt profonde. XX, p. 187.
Et lui, il avait fait un clairon de son cul. XXI, p. 195.
En cette époque de l’année toute jeune où le soleil trempe ses cheveux dans le verseau, et les nuits sont la moitié du jour, quand le givre transcrit sur la terre l’image de sa très blanche sœur, mais l’encre dure peu à sa plume, le villageois qui n’a plus de fourrage se lève et regarde, et voir la campagne toute blanchie ; alors il bat ses flancs, rentre dans sa maison, çà et là se lamente, comme un pauvret qui ne sait que faire ; puis il ressort, et l’espoir vient dans son panier, quand il voit que le monde a changé de visage en quelques heures, et il prend son bâton pour mener ses brebis au pâturage. XXIV, p. 217.
“Il faut maintenant que tu chasses la paresse”, dit mon maître, “ce n’est pas assis sous la plume ni sous la couette, qu’on arrive à la gloire ; or qui consume sa vie sans elle laisse de soi, sur terre, trace pareille à celle de la fumée dans l’air, et de l’écume dans l’eau. Lève-toi donc ; vaincs cette angoisse par le courage qui gagne les batailles, s’il ne fléchit pas sous le poids du corps. [...] Si tu m’entends, que la leçon te serve.” XXIV, p. 219.
Ainsi les grands sages disent-ils que le phénix meurt et puis renaît, quand il approche la cinq centième année ; il ne mange dans sa vie ni herbe ni fourrage, mais larmes d’encens et de cardamome, et le nard et la myrrhe sont ses derniers langes. XXIV, p. 223.
Certes toute langue y échouerait car notre discours et notre pensée pour tant saisir ont peu d’espace. XXVIII, p. 253.
Lorsque ta vue veut pénétrer trop loin dans les ténèbres, il advient qu’en imaginant tu t’égares. XXXI, p. 279.
Là les larmes même empêchent de pleurer, et la douleur, qui trouve obstacle sur les yeux, se retourne au-dedans et fait croître l’angoisse. Car les premières larmes font une masse, et comme des visières de cristal, remplissent toute la coupe sous les cils. XXXIII, p. 299.
Comme je devins alors glacé, sans force, ne le demande pas, lecteur, et je ne l’écris pas, car toute parole serait trop peu. Je ne mourus pas, et ne restai pas vivant ; juge par toi-même, si tu as fleur d’intelligence, ce que je devins, sans mort et sans vie. XXXIV, p. 305.
[La chute de Lucifer] Il fait jour ici quand c’est le soir là-bas, et celui qui nous fit échelle de ses poils est encore planté comme il l’était avant. C’est de ce côté qu’il tomba du ciel : et la terre qui jadis s’étendait par ici, effrayée par lui, se cacha sous la mer, et s’en vint dans notre hémisphère ; c’est pour le fuir peut-être que laisse ce vide celle qui apparaît ici, où elle émergea. XXXIV, p. 311.
Mon guide et moi par ce chemin caché nous entrâmes, pour revenir au monde clair ; sans nous soucier de prendre aucun repos, nous montâmes, lui premier, moi second, si bien qu’enfin je vis les choses belles que le ciel porte, par un pertuis rond ; et par là nous sortîmes, à revoir les étoiles. XXXIV, p. 311.
DANTE, La Divine Comédie - L’enfer, Paris, Flammarion, 2004.
Nous ne sommes que les autres. Henri Laborit, Mon Oncle d'Amérique, film d'Alain Resnais.
Notes contemplatives de lecture - Sommaire de la Divine ComédiePatrick Moulin, MardiPhilo, septembre 2024.
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