A mes yeux, la nécessité n'établit jamais la légitimité, le monde de la nécessité est celui de la faiblesse. Jacques Ellul, Propagandes.
La nature contient-elle des normes et des valeurs ? Non. Le monde naturel est un monde de faits (désenchanté, comme le dit Max Weber), non de valeurs. Il suit son cours de la même manière, qu’il apporte souffrance et ruine, ou paix et prospérité. Iago est aussi “naturel” que Mère Térésa. C’est nous qui forgeons des valeurs ou des normes. Pascal Engel, Épistémologie pour une Marquise.
Le meilleur temps, c’est le temps présent, ou plutôt l’éternité dans le présent. Pascal Engel, La Dispute.
Comme l’État est né du besoin de réfréner des oppositions de classes, mais comme il est né, en même temps, au milieu du conflit de ces classes, il est, dans la règle, l’État de la classe la plus puissante, de celle qui domine au point de vue économique et qui, grâce à lui, devient aussi classe politiquement dominante et acquiert ainsi de nouveaux moyens pour mater et exploiter la classe opprimée. Engels, L’Origine de la famille , de la propriété privée et de l’État.
La forme d’État la plus élevée, la république démocratique, qui devient de plus en plus une nécessité inéluctable dans nos conditions sociales modernes, et qui est la forme d’État sous laquelle peut seule être livrée jusqu’au bout l’ultime bataille décisive entre prolétariat et bourgeoisie, la république démocratique ne reconnaît plus, officiellement, les différences de fortune. Ibid.
L’État n’existe donc pas de toute éternité. Il y a eu des sociétés qui se sont tirées d’affaire sans lui, qui n’avaient aucune idée de l’État et du pouvoir d’État. [...] Nous nous rapprochons maintenant à pas rapide d’un stade de développement de la production dans lequel l’existence de ces classes a non seulement cessé d’être une nécessité, mais devient un obstacle positif à la production. Ces classes tomberont aussi inévitablement qu’elles ont surgi autrefois. L’État tombe inévitablement avec elles. La société, qui réorganisera la production sur la base d’une association libre et égalitaire des producteurs, reléguera toute la machine de l’État là où sera dorénavant sa place : au musée des antiquités, à côté du rouet et de la hache de bronze. Ibid.
Je suis cadavre. Or un cadavre est du fumier. Or le fumier est de la terre. Mais puisque terre est Dieu, point ne suis cadavre, mais je suis Dieu. Épicharme.
Ce qui tourmente les hommes, ce n'est pas la réalité mais les jugements qu'ils portent sur elle. Ainsi, la mort n'a rien de redoutable. Socrate lui-même était de cet avis: la chose à craindre, c'est l'opinion que la mort est redoutable. Épictète, Arrien de Nicomédie, Le Manuel d’Épictète.
N'attends pas que les événements arrivent comme tu le souhaites; décide de vouloir ce qui arrive comme cela arrive et tu seras heureux. Épictète, Arrien de Nicomédie, Le Manuel d’Épictète.
Où que tu te trouves, ne te présente jamais comme philosophe. Ne parle pas longuement, devant des profanes, des principes de la philosophie, agis plutôt suivant ces principes. Épictète, Arrien de Nicomédie, Le Manuel d’Épictète.
Souviens-toi que ce n'est pas celui qui t'injurie, ou qui te frappe, qui t'outrage, mais le jugement que ces hommes t'outragent. Lorsque donc quelqu'un te met en colère, sache que c'est ton jugement qui te met en colère. Efforce-toi donc avant tout de ne pas te laisser emporter par ton idée ; car, si une fois tu gagnes temps et délai, tu deviendras plus facilement maître de toi. Épictète, Arrien de Nicomédie, Le Manuel d’Épictète.
Ainsi, lorsque l’esclave d’un voisin casse une coupe, nous sommes aussitôt prêts à dire : “Ce sont des choses qui arrivent.” Sache donc, lorsque ta coupe sera cassée, qu’il faut que tu sois tel que tu étais quand fut cassée celle d’un autre. Épictète.
Le plaisir est le principe et la fin de la vie heureuse. Épicure, Lettre à Ménécée.
Prends l'habitude de penser que la mort n'est rien pour nous. Car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or la mort est privation de toute sensibilité. Par conséquent, la connaissance de cette vérité que la mort n'est rien pour nous, nous rend capables de jouir de cette vie mortelle, non pas en y ajoutant la perspective d'une durée infinie, mais en nous enlevant le désir de l'immortalité. Car il ne reste plus rien à redouter dans la vue, pour qui a vraiment compris que hors de la vie il n'y a rien de redoutable. Épicure, Lettre à Ménécée.
Ici le plaisir est le souverain bien. Épicure, devise du Jardin.
A tous les désirs, il faut appliquer cette question: que m’arrivera-t-il s’il est accompli, et quoi s’il ne l’est pas. Épicure.
Du pain et de l’eau, si on les prend dans le manque, donnent le plaisir le plus haut. Épicure, Lettre à Ménécée.
Nous voyons l’autarcie comme un grand bien, non pour faire en tout usage de peu, mais afin que, si nous n’avons pas beaucoup, nous fassions usage de peu, bien persuadés que ceux-là profitent avec le plus de plaisir du luxe qui en manquent le moins. (...) Car nous faisons usage, dans certaines circonstances, du bien comme d’un mal, et dans certains cas inversement, du mal comme d’un bien. Épicure.
La vie ne lui est pas à sa charge, et il n’estime pas non plus qu’il y ait le moindre mal à ne plus vivre. De même que ce n’est pas toujours la nourriture la plus abondante que nous préférons, mais parfois la plus agréable, pareillement, ce n’est pas toujours la plus longue durée qu’on veut recueillir, mais la plus agréable.” Épicure, Lettre à Ménécée.
Plus on est fou, plus on est heureux. Érasme, Éloge de la folie.
On ne naît pas homme, on le devient. Erasme, De pueris statim ac liberaliter instituendis.
Patrick Moulin, MardiPhilo, août 2024.
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