Luz y Caballero, Las Pasiones [Les Passions]

Déception que m'ont causé in illo tempore* l'ouvrage d'Alibert** sur les Passions, et celui de Réveil-Parise***, Physiologie et hygiène des lettrés, malgré la recommandation d'un Docteur réputé****.
En contrepartie, Burdach***** n’apporte pas plus que ce à quoi je m'attendais, malgré ceux nombreux qui me l'ont célébré.
Parfois, il veut revêtir son idée commune et prosaïque d'un voile de grandeur et de sublimité, comme pour éclipser ce qu'il y a de plus noble et de véritablement élevé. Vanitas vanitatum et omnia vanitas******.

Il n’y a personne qui ne domine celui qui se passionne trop.
Il n’y a personne qui ait moins au goût que celui qui s’en sort toujours avec ses goûts.
Tant il est vrai que pour se dominer et se dominer, il est nécessaire que la raison gouverne.
L’orgueil n’a jamais dit : “Je me suis trompé” (De Maistre*).
Aussi haut que s’élève l’orgueil, il ne sera jamais aussi haut que l’humilité chrétienne.

La passion dépasse toujours le but. Même la raison reste souvent par-delà la réalité.
Qu’il est difficile de juger ! La charité est synonyme de pitié*.

En entendant la plainte, l’offense a quelque chose de crédible. Il est nécessaire de connaître plus l’amour-propre.

C'est une grande chose si la colère et la passion laissent l’entendement libre.

Le renfrognement est un poison qui inocule le dégoût jusqu’à la tolérance même. Tempus ridendi, tempus lugendi*. L'ironie est le patrimoine des âmes passionnées : c'est pour cela qu'elle est si éloquente. J'allais dire des âmes fortes, mais la force se caractérise mieux par la capacité à surmonter les passions. Cependant tout est nécessaire – et ici les tempus de Salomon. Parce qu’il y a une satire patriotique, morale, humaine, qui est le trait distinctif des âmes nobles, rédemptrices de l’humanité. Il y a des cas où c’est l’ultime expression d’un sentiment de douleur, et non d’égoïsme.

Quand nous avons plus d’ardeur, ceux qui nous entourent sont-ils ou nous paraissent-ils plus froids ?
Il y a un peu de chaque chose : parce que je crois que là où une force se déplace beaucoup, celle contraire se développe forcément, et plus encore dans le monde moral que dans le monde matériel.

Une passion forte se dévore elle-même ou se noie dans une autre.
Les actions devraient s’appeler les passions. Mais c’est bien le nom (qu’il est difficile de critiquer l'esprit humain universel), de ce que sont alternativement les effets et les causes. Nous, au milieu, neutre ou jouet.
Pour combattre ses propres [passions], toujours aller de front ; pour celles des autres, tantôt de front, tantôt de côté, et le plus souvent à travers des détours.
Avec la jeunesse, le premier moyen est rarement efficace ; pour le sexe féminin, le dernier est meilleur, comme s’ils se guérissaient par ce qu'ils maîtrisent le mieux.

L’exercice de la pensée, le meilleur contrepoids aux passions. Essayez physiologiquement.

La religion et l'amour de la science sont les seuls contrepoids aux passions dans le printemps de la vie.

Patrick Moulin, MardiPhilo, novembre 2024.