Bac Philo - V.2. Le Devoir - Fiche n° 1. De quoi parlons-nous ?

Étymologie

Larousse étymologique :

Latin debere.

Gaffiot :

[Debeo, -ere :] tenir quelque chose de quelqu’un, [donc] lui être redevable. 1. Devoir, être débiteur. 2. [fig.] Devoir, être obligé à. 3. [fig.] Devoir, être redevable de.

Définitions

Lalande :

[Verbe]

Marque une nécessité : ce qui doit arriver, en ce sens qu’il ne se peut pas (absolument ou relativement à certaines données) que cela n’arrive pas.

Marque une convenance : ce qui doit avoir lieu (en ce sens qu’il vaut mieux que cela soit que de ne pas être). Il s’oppose en ce sens  soit à ce qui est, soit à ce qui doit ne pas être : par ex. le bien au mal, le vrai au faux, le beau au laid, l’utile au nuisible, le légal à l’illégal. Ce concept ne peut être autrement défini. Il constitue une idée fondamentale, liée à celle d’activité.

Spécialement, s’applique à l’obligation morale : “Tu dois, donc tu peux.”

[Substantif]

Sens abstrait : le devoir est l’obligation morale considérée en elle-même et, en général, indépendamment de telle règle d’action particulière. Se dit surtout, mais non uniquement, de l’“impératif catégorique” kantien.

Sens particulier et concret : un devoir est une règle d’action déterminée, une obligation définie (soit générale, soit spéciale à la fonction, la profession, etc.).

Morfaux :

Ce qui est à faire par suite d’un commandement, d’une loi, d’une obligation d’ordre religieux, juridique, social (déontologie), familial (l’honneur) ou même personnel (respect de soi-même). Le devoir de chacun est en général considéré comme connu immédiatement : “Je ne consulte pas quand je fais mon devoir”, dit Rodrigue dans Le Cid de Corneille. Mais il peut y avoir conflit de devoirs. On a voulu distinguer, de façon moralement très contestable, des devoirs stricts (devoirs de justice) et des devoirs larges (devoirs dits de charité), qui laisseraient une marge d’appréciation individuelle.

L’analyse la plus célèbre et la plus rigoureuse de la notion de devoir est celle de Kant dans la Critique de la raison pratique. La distinction essentielle est celle de l’action seulement conforme au devoir et de l’action faite par devoir, c’est-à-dire de l’action faite par pur respect de la loi morale dans une situation donnée (impératif catégorique). Agir par devoir suppose le désintéressement, l’objectivité (c’est la raison qui commande) et l’autonomie (obéissance à une loi qu’on se donne à soi-même) d’un être libre et doué de raison. Kant récuse expressément l’origine sociale du devoir, en dépit de l’interprétation ultérieure qu’en feront Durkheim ou Bergson. 

Godin :

Ce à quoi la loi humaine (morale ou sociale) oblige d’une manière générale. Seul l’être humain a le sens du devoir [...].

L’expression de morale du devoir désigne une conception morale qui, comme celle de Kant, fait reposer l’action morale sur la loi de la raison et non pas sur la recherche du plaisir ou du bonheur, ni sur l’utilité. La morale du devoir est dite “déontologique”. Fondée sur des principes, elle est aussi dite pour cette raison “principialiste” par opposition à la morale “conséquentialiste” qui juge du bien en fonction du caractère bénéfique d’une action donnée. La morale du devoir croit à des obligations et à des interdits absolus. Elle s’oppose à tout relativisme moral.

En bref/L’essentiel

Le devoir est ce que la loi, la norme, la règle, oblige à faire. Le devoir peut avoir une origine externe à l’homme : les lois divines, les lois naturelles, la tradition. Il peut avoir une origine interne :  l’obéissance à une loi qu’on se donne à soi-même.

Patrick Moulin, MardiPhilo, août 2024.