Gnose

Auteurs – Ouvrages

Bible, Nouveau Testament

Pour ce qui est des viandes sacrifiées aux idoles, tous, c’est entendu, nous possédons la connaissance [gnôsis]. La connaissance enfle, mais l’amour édifie. [...] Mais tous n’ont pas la connaissance. Quelques-uns, marqués par leur fréquentation encore récente des idoles, mangent la viande des sacrifices comme si elle était réellement offerte aux idoles, et leur conscience, qui est faible, en est souillée. [...]. Car si l’on te voit, toi qui as la connaissance, attablé dans un temple d’idole, ce spectacle édifiant ne poussera-t-il pas celui dont la conscience est faible à manger des viandes sacrifiées ? 1 Corinthiens, 8.1-7-10.

Miguel de Unamuno, Le Sentiment tragique de la vie

D'où viens-je et d'où vient le monde où je vis et duquel je vis ? Où vais-je et où va tout ce qui m'entoure ? Que signifie cela ? Telles sont les questions que se pose l'homme, dès qu'il se libère de l'abrutissement nécessité par l’obligation d’avoir à se sustenter matériellement. Et si nous regardons bien, nous verrons que sous ces questions il n'y a pas tant le désir de connaître un “par quoi” qu’un “pour quoi”, la cause que la finalité. On connaît la définition que Cicéron donnait de la philosophie en l'appelant “science du divin et de l'humain, et des causes dont elles dépendent” [...]. Cette définition cicéronienne, qui est la stoïcienne se trouve aussi chez ce formidable intellectualiste que fut Clément d'Alexandrie [...]. Mais ce même philosophe chrétien [...] nous dit qu’au gnostique, c’est-à-dire à l’intellectuel, doit suffire la connaissance, la gnose [...]. II, p. 45-46.

José Lezama Lima, Confluencias

Le jour où nous pourrons établir un éclaircissement entre l’oisiveté et le pâturage, la véritable Nature sera de nouveau habitée, puisque dans les deux coexiste l'attente du stellaire, le monde d'une ouverture infinie, car la relation totale de l'animal avec son environnement n'a pas encore été approfondie et nous ignorons la manière selon laquelle s'établissent les interrelations du verbe universel, mais un jour le monde de la gnôsis et celui de la physis seront univoques. In Las eras imaginarias.

Albert Camus, L’Homme révolté

La gnose par ses origines grecques reste conciliatrice et tend à détruire l'héritage judaïque dans le christianisme. Elle a aussi voulu éviter, à l'avance, l'augustinisme, dans la mesure où celui-ci fournit des arguments à toute révolte. Pour Basilide, par exemple, les martyrs ont péché, et le Christ lui-même, puisqu'ils souffrent. Idée singulière, mais qui vise à enlever son injustice à la souffrance. À la grâce toute puissante et arbitraire, les gnostiques ont voulu seulement substituer la notion grecque d'initiation qui laisse à l'homme toutes ses chances. La foule des sectes, chez les gnostiques de la deuxième génération, traduit cet effort multiple et acharné de la pensée grecque pour rendre plus accessible le monde chrétien, et ôter ses raisons à une révolte que l'hellénisme considérait comme le pire des maux. Mais l'Église a condamné cet effort et, le condamnant, elle a multiplié les révoltés. p. 53.

Définition

Connaissance ésotérique (réservée à des initiés) expliquant le sens profond des religions.

Étymologie

Larousse étymologique

Grec ecclésiastique gnôsis, connaissance.

Bailly

[Gnôsis :] Action de connaître, d’où connaissance, notion ; avoir la connaissance ; science, prudence, sagesse.

Références

Lalande

Doctrine des Gnostiques : éclectisme théosophique prétendant à concilier toutes les religions et à en expliquer le sens profond par le moyen d’une connaissance ésotérique et parfaite des choses divines, communicable par tradition et par initiation. L’enseignement des différents groupes gnostiques n’était pas uniforme : leurs dogmes communs sont seulement l’émanation, la chute, la rédemption, la médiation exercée entre Dieu et l’homme par un grand nombre de “puissances célestes” ou d’“éons” ; ces êtres forment une hiérarchie d’esprits descendant du principe suprême, qui est conçu comme l’Un des néoplatoniciens, tandis que le Dieu créateur de la Genèse et le Christ sont considérés comme des “puissances” inférieures et subordonnées à lui.

Morfaux

Connaissance ésotérique des choses divines par lesquelles les gnostiques prétendent expliquer le sens profond de toutes les religions.

Chez saint Paul, connaissance éclairée du chrétien, qui distingue clairement sa foi de la croyance des païens en des dieux de pure fiction.

CNRTL

Connaissance se présentant non comme un savoir acquis, mais comme une intuition salvatrice, une révélation intérieure, reposant sur le dualisme de la connaissance et de l'ignorance, du bien et du mal, de l'esprit et du corps, et se fondant sur l'idée que le monde sensible est dominé par des puissances mauvaises, hostiles au Dieu transcendant, source du monde spirituel que le gnostique cherche à connaître.

Connaissance initiatique et ésotérique.

Académie 9e édition

Emprunté du grec ecclésiastique gnôsis, “connaissance”. Doctrine ésotérique proposant à des initiés une voie vers le salut, par la connaissance de certaines vérités cachées sur Dieu, le monde et l'homme. Par ext. Se dit de toute connaissance de caractère initiatique et ésotérique.

Littré

La science religieuse supérieure.

Doctrine des gnostiques, par laquelle on donnait un sens purement spirituel à l'Écriture.

Dictionnaire de l’ésotérisme (P. Riffard)

Connaissance salvifique*. Ce n’est donc ni un savoir ni une foi mais une sagesse concernant les mystères sacrés et donnant la délivrance (conçue comme un retour au soi, à l’Un). La gnose est donnée sous forme de mythe, de discours, ou de discours mythique.

Voir aussi

Gnoséologie.

Patrick Moulin, MardiPhilo, septembre 2024.