Aucune explication verbale ne remplace jamais la contemplation. Saint-Exupéry, Pilote de guerre.
— Il y a des êtres qui justifient le monde, qui aident à vivre par leur seule présence.
— Oui, et ils meurent. p. 46.
Lui avait toujours grandi au milieu d’une pauvreté aussi nue que la mort, parmi les noms communs ; chez son oncle, il découvrait les noms propres. p. 73.
La mémoire des pauvres déjà est moins nourrie que celle des riches, elle a moins de repères dans l’espace puisqu’ils quittent rarement le lieu où ils vivent, moins de repères aussi dans le temps d’une vie uniforme et grise. [...] Le temps perdu ne se retrouve que chez les riches. Pour les pauvres, il marque seulement les traces vagues du chemin de la mort. p. 93.
[La] misère est une forteresse sans pont-levis. p. 163.
[Toute] sa vie ce fut la bonté et l’amour qui le firent pleurer, jamais le mal ou la persécution qui renforçaient son cœur et sa décision au contraire [...]. pp. 187-188.
Il n’avait connu jusque-là que les richesses et les joies de la pauvreté. Mais la chaleur, l’ennui, la fatigue lui révélaient sa malédiction, celle du travail bête à pleurer dont la monotonie interminable parvient à rendre en même temps les jours trop longs et la vie trop courte. p. 292.
On ne peut vivre avec la vérité - “en sachant” -, celui qui le fait se sépare des autres hommes, il ne peut plus rien partager de leur illusion. pp. 329-330.
Je haïssais les suicides. A cause de ce qu’ils font aux autres. p. 332.
Arracher cette famille pauvre au destin des pauvres qui est de disparaître de l’histoire sans laisser de traces. Les Muets. Ils étaient et ils sont plus grands que moi. p. 338.
Se libérer de tout souci d’art et de forme. Retrouver le contact direct, sans intermédiaire, donc l’innocence. Oublier l’art ici, c’est s’oublier. Renoncer à soi non par la vertu. Au contraire, accepter son enfer. [...] Seul celui-là renonce à ce qu’il est, à son moi, qui accepte ce qui vient avec les conséquences. Celui-ci est alors en prise directe. p. 343.
Je n’étais dans rien de ce que j’ai dit ni écrit. p. 344.
Il faudrait vivre en spectateur de sa propre vie. Pour y ajouter le rêve qui l’achèverait. Mais on vit, et les autres rêvent votre vie. p. 353.
En somme, je vais parler de ceux que j’aimais. Et de cela seulement. Joie profonde. p. 357.
L’angoisse en Afrique quand le soir rapide descend sur la mer ou sur les hauts plateaux ou sur les montagnes tourmentées. C’est l’angoisse du sacré, l’effroi devant l’éternité. La même qui, à Delphes, où le soir, produisant le même effet, a fait surgir des temples. Mais sur la terre d’Afrique les temples sont détruits, et il ne reste que ce poids immense sur le cœur. Comme ils meurent alors ! Silencieux, détournés de tout. p. 362.
Depuis quand l’honnête homme qui refuse de croire le menteur est-il le sceptique ? p. 366.
La noblesse du métier d’écrivain est dans la résistance à l’oppression, donc au consentement à la solitude. p. 366.
Tout ce qui est exagéré est insignifiant. p. 367.
CAMUS A., Le premier homme, Folio Gallimard.
Nous ne sommes que les autres. Henri Laborit, Mon Oncle d'Amérique, film d'Alain Resnais.
Notes contemplatives de lecturePatrick Moulin, MardiPhilo, août 2024.
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